[Convention nationale.] ARCHIVES connaissance en sera donnée par les officiers municipaux aux comités de surveillance. « Fait à Roehefort, le 8e jour du 2e mois de la 2e année de la République, une et indivisible. « Signé : Lequinio et Laignelot; G. Jamet, secrétaire. » Les sections de Mutius-Scévola et du Bonnet-Rouge réunies ont été admises à la barre. « Ces sections, a dit l’orateur, ne seront pas les der¬ nières à être pénétrées du feu sacré que vous avez allumé sur l’autel de la philosophie dans le temple de la raison. « Elles viennent, par le ministère de leurs co¬ mités révolutionnaires, déposer dans le temple de la liberté et aux pieds de ses vrais défenseurs 20 brancards chargés de vils instruments de la tyrannie et du fanatisme qui a été exercé dans leur ci-devant paroisse Saint-Sulpice, ces monu¬ ments de l’orgueil et de la superstition, qui, depuis l’origine des siècles, ont insulté la nature entière. « Elles déclarent que ce temple superbe, dont le marbre, l’or et le bronze nous reprochent les larmes de la veuve et de l’orphelin, restera fermé jusqu’à sa régénération prochaine pour le retour à la raison. » Mention honorable et insertion au « Bulle¬ tin » (1). Suit V adresse présentée à la barre par les sec¬ tions de Mutins Scœvola et du Bonnet-Rouge réunies. (2). SECTIONS DE MUTIUS SCŒVOLA ET DU BONNET-ROUGE, RÉUNIES. « Représentants du peuple français, « Vengeurs de la raison et de l’humanité, l’univers vous décernera, jusque dans les siècles les plus reculés la reconnaissance due à ses ré¬ générateurs. « Vous avez consacré le principe éternel de la raison en abjurant, dans le grand temple gothique de cette commune, les fanatiques er¬ reurs de dix -huit siècles, cimentées par les tor¬ tures et le sang de nos pères. C’est le premier acte religieux rendu à la nature entière. « Représentants français, les sections de Mu-tius Scœvola et celle des Bonnets-Rouges ne se¬ ront pas les dernières à être pénétrées du feu sacré que vous avez allumé sur l’autel de la philosophie dans le temple de la raison. « Ils viennent, par le ministère de leurs co¬ mités révolutionnaires déposer dans le temple de la liberté et aux pieds de leurs -vrais défen¬ seurs, vingt brancards chargés de vils instru¬ ments de la tyrannie et du fanatisme qui ont été exercés dans la ci-devant paroisse Saint-Sulpice, ces monuments de l’orgueil et de la superstition qui, depuis l’origine des siècles ont insulté la nature entière. « Ils déclarent que ce temple superbe, dont le marbre, For et le bronze nous reprochent les larmes de la veuve et de l’orphelin, restera fermé fl) Procès-verbaux de là Convention, t. 25, p. 173. (2] Archives nationales, carton C 280, dossier 769. PARLEMENTAIRES. { 22 brumaire an II 70 (12 novembre 1793 1 ° jusqu’à la régénération prochaine pour le retour à la raison. « Digne et célèbre Montagne, poursuis tes glo¬ rieux travaux, tu avances a grands pas vers le bonheur du genre humain. « Nos vœux sont que tu dégages le peuple français de la chicane oppressive qui l’ont plongé dans le malheur; que tu presses l’éducation na¬ tionale commune et uniforme pour tous et qu’elle facilite principalement l’indigent ver¬ tueux. « 22 brumaire, l’an II de la République fran¬ çaise, une et indivisible. Compte rendu du Journal des Débats et des Décrets (1). Les sections de l’indivisibilité, des Droits de l’homme, des Halles et de Mutius Scœvola vien¬ nent déposer sur l’autel de la patrie l’or et l’argent qui ornaient leurs églises. L’offrande est (1) Journal des Débals et des Décrets (brumaire an II, n° 420, p. 295). D’autre part, le Moniteur universel [n° 54 du 24 brumaire an II (jeudi 14 no¬ vembre 1793), p. 219, col. 3], le Journal de la Mon¬ tagne [n° 164 du 23e jour du 2e mois de l’an II (mer¬ credi 13 novembre 1793), p. 1210, col. 2], le Mer¬ cure universel [j23 brumaire an II (mercredi 13 no¬ vembre 1793), p. 207), col. 2] et l'Auditeur national [n° 417 du 23 brumaire an II (mercredi 13 no¬ vembre 1793), p. 4] rendent compte de l’admission à la barre de toutes ces députations dans les termes suivants s I. Compte rendu du Moniteur universel. Des députations sont introduites. Elles annoncent qu’elles sont chargées par plusieurs sections de Paris pour apporter à la Convention les richesses d’un culte proscrit. La superbe arche de Saint-Paul, un grand nombre de châsses presque d’une égale richesse, 12 brancards portant des calices, des candélabres, des chappes, et mille autres objets provenant des églises de Paris, de Saint-Paul, de Saint-Sulpice, des caisses pleines de sacs d’argent, des bustes dorés d’évêques, de moines, des Saint-Esprit, une longue sacoche remplie de numéraire, un caisson plein d’écus, traîné par 10 hommes, et le contenu d’un chariot plein d’or et d’argent venu du département de la Nièvre, entrent dans la salle des séances de la Convention, au bruit des applaudissements univer¬ sels et des cris de i Vive la République ! II. Compte rendu du Journal de la Montagne. Les sections de l’Arsenal, de l’Indivisibilité et-des Droits de l’homme déposent 18 brancards char¬ gés des dépouilles précieuses de l’église Saint-Paul et annoncent qu’elles sont suivies de deux voitures qui apportent le reste. La section de Mutius Scœvola et autres situées dans l’arrondissement de la ci-devant paroisse de Saint-Sulpice présentent des monuments non moins considérables de l’orgueil et du fanatisme. III. Compte rendu du Mercure universel. Les sections de la Réunion et de l’Indivisibilité, celles de Mutius Scœvola et du Bonnet-Rouge vien¬ nent déposer les vases et les nombreux objets d’ar¬ genterie des églises Saint-Paul, Saint-Sulpice. (Les plus vifs applaudissements les accueillent. J 80 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. | *| bnimai/e an H M2 novembre 1793 faite aveo le patriotisme le plus pur et avec des hommages sans nombre rendus à la raison et à la philosophie. L’un des citoyens de ces sections a chanté un hymne que nous avons presque entièrement recueilli; nous allons le rapporter : Que les autels du fanatisme Tombent à nos pieds abattus; Dignes suppôts du despotisme Soyez avec lui confondus. O cri puissant de la nature, Remplis nos esprits et nos cœurs ! Et qu’à la fois, des imposteurs Disparaisse la race impure. O toi ! qui vois nos cœurs, Écoute nos accents; Délivre-nous des imposteurs; Sauve-nous des tyrans ! Le fanatique atrabilaire Nourri de superstitions, Avait d’une affreuse chimère Composé sa religion Son âme atroce est endurcie, Rien n’a plus sur lui de pouvoir Et, dénaturé par devoir, Il trahit son sang, sa patrie. O toi I qui vois nos cœurs..., etc., etc. Écoutez le signal terrible Du fanatisme en ses fureurs; Regardez ce carnage horrible, Entendez ces lugubres pleurs : Le frère est teint du sang du frère La femme égorge son époux; En brisant les nœuds les plus doux, Le fils assassine son père. O toi ! qui vois nos cœurs, etc., etc. Joyau céleste, flamme pure, Portion de la divinité, Dont le maître de la nature Fit présent à l’humanité : O raison 1 lumière de l’âme, Dispose en entier, de mon sort; Éclaire-nous jusqu’à la mort; Fais luire en nous toujours ta flamme. Fuyez à son aspect, Atomes imposteurs : Vertu, Patrie et Liberté Sont les dieux de nos cœurs. Cet hymne a été chanté avec enthousiasme; chaque couplet a été marqué par les plus vifs applaudissements. L'orateur annonce que Saint-Sulpice sera fermée jusqu’à sa régénération. L'un des pétitionnaires chante un hymne qui ter¬ minait par ce refrain : Délivrez-nous des imposteurs, Sauvez-nous des tyrans 1 Les pétitionnaires font observer que 12 voitures chargées d’argenterie les accompagnent. Ces objets auxquels sont joints des ornements de diverses églises, ainsi que des pierres précieuses, sont ren¬ voyés au comité d’inspection avec mention hono¬ rable. IV. Compte rendu de l’Audifeur national. Les sections réunies de l’Arsenal, de l’ Indivisibi¬ lité et des Droits-de-1’ Homme apportent l’arche de la ci-devant église Saint-Paul, avec des calices, so¬ leils et autres instruments de prêtres. Elles annon¬ cent qu’elles font conduire à la Monnaie deux voi¬ tures chargées d’argenterie. Le citoyen Beauval, le citoyen Marie, le ci¬ toyen Fosserier, vicaire de Saint-Sauveur de Pa¬ ris, abdiquent les fonctions sacerdotales (1). Suit le texte de la déclaration du citoyen Fos¬ serier, d'après un document des Archives natio¬ nales (2). « Législateurs, « La volonté nationale a toujours été et sera toujours la règle de ma conduite. Je saisis l’oc¬ casion de faire un hommage public à ma pa¬ trie, comme je la vois toute en vous, législateurs, c’est dans vos mains que je donne la démission de ma place de premier vicaire de Saint-Sauveur de Paris. Je renonce, de ce jour, au ministère du culte catholique, recevez mes lettres d’or¬ dre. J’ai notifié au commissaire de( police de la section Bon-Conseil, en l’informant de ma résolution, que je vous remettrai mes titres. Sol¬ liciter une faible retraite après des études dis¬ pendieuses et quinze années de ministère, ce serait douter de votre humanité, législateurs : j’en suis incapablo. Je demande acte du dépôt et de ma déclaration. « Agréez l’assurance de l’attachement le plus inviolable. « Jean -Baptiste-Marie Fosserier, natif de Paris. « Le 22 brumaire, l’an II de la République française, une et indivisible. » Compte rendu du Moniteur universel (3). Le premier vicaire de la paroisse de Saint-Sauveur de Paris écrit qu’il renonce à la prê¬ trise et demande une indemnité pour quinze ans de service. Renvoyé au comité des finances. Adresse de la Société populaire de la ville d’Uzel, département des Côtes-du-Nord. « Le tyran d’Angleterre et son exécrable mi¬ nistre, dit cette Société, ont fait égorger Baille et commandé le supplice de Beauvais dans l’infâme ville de Toulon, rien nepeut contenir le juste res¬ sentiment des républicains; ils vous crient tous vengeance. Vous tenez entre vos mains la foudre nationale : lancez-la contre Londres, ne faites la paix qu’avec les sans-culottes de cette île; ils sont purs comme les sans-culottes français. « N’offrez point de millions pour vous appor¬ ter la tête de George, les hommes libres veulent aller la chercher et y joindre celle de Pitt; dites un mot, et bientôt vous verrez ces deux monstres abattus. » Mention honorable et insertion au « Bulle¬ tin » (4). Viennent ensuite les citoyens de la section de Mutius-Scœvola qui déposent aussi 20 brancards chargés de l’or et de l’argenterie de la ci-devant église Saint-Sulpice. (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 173. (2) Archives nationales, carton G 280, dossier 769. (3) Moniteur universel [n° 54 du 24 brumaire an II (jeudi 14 novembre 1793), p. 219, col. 1]. (4) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 174.