560 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j «V novemtae�S maintenir jusqu’à la mort l’unité et l’indivisi¬ bilité de la République. « Les président et secrétaires de la Société populaire d' Embrun, « Fantin, président ; Silvain ; Denoion, secrétaire; Robert; Sibourd, secrétaire. » Le citoyen Pierre Pourteiron fait don à la République d’une pension de 2,400 livres qui lui a été accordée par décret du 20 janvier 1792, ainsi que des arrérages qui lui sont dus. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre du citoyen Pourteiron (2). Pierre Pourteiron, au président du comité de liquidation. « Le 28 brumaire, l’an II de la République française, une et indivisible. « Conformément au décret rendu hier, je le fais passer, citoyen président, le brevet d’une pension de 2,400 livres qui m’a été accordée par décret du 20 janvier 1792, dont je fais don à la République ainsi que des arrérages qui me sont dus. « Salut et fraternité. « Pourteiron. « Le citoyen Pourteiron, cour de la Sainte-Chapelle, à Paris. » Le représentant du peuple Boisset, qui vient de parcourir les quatre départements de la Drôme (de l’Hérault), de l’Ardèche et du Gard, assure que le Midi est à la patrie, et n’espère qu’en la Montagne. Les catholiques et les protestants, si longtemps ennemis, unis aujourd’hui pour la même cause, ne connaissent plus d’autre culte que celui de la liberté; et dans peu l’on verra dans chaque village l’autel de la patrie rem¬ placer ceux du christianisme (3). Compte rendu du Bulletin de la Convention (4). Boisset, à la Convention national#. séance du 1er frimaire. Un grand conspirateur, que vous avez mis hors la loi, a dit à cette tribune, il y a quelques mois : « Montagne, Marseille n’est plus à toi », et moi je viens, par une vérité plus grande, vous (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 2. (2) Archives nationales, carton C 283, dossier 802. (3) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 2. (4) Bulletin de la Convention du 5e jour de la lre décade du 3e mois de l’an II (lundi 25 no¬ vembre 1793). D’autre part, le Moniteur universel [n° 63 du 3 frimaire an II (samedi 23 no¬ vembre 1793), p. 255, col. 2], le Journal des Débats el des Décrets (frimaire an II, n° 429, p. 5), l'Auditeur national [n° 426 du 2 frimaire an II (vendredi 22 no¬ vembre 1793), p. 4], le Journal de Perlet [n° 426 du 2 frimaire an II (vendredi 22 novembre 1793), p. 419], le Journal de la Montagne [n° 9 du 2e jour du 3e mois de l’an II (vendredi 22 novembre 1793), p. 71, col. 2] et le Mercure universel (2 frimaire an II dire : « Le Midi est à la patrie, à la République ; le Midi ne voit, n’espère qu’en la Montagne. » J’ai parcouru quatre départements, la Drôme, l’Hérault, l’Ardèche, le Gard. Je ne parlerai plus de mes opérations. Alors que l’homme public s’occupe de lui, il ne peut utilement servir sa patrie. On a toujours du plaisir à s’applaudir de sa paternité, et l’on ferme les yeux sur les défauts de ses enfants. Je laisse au comité de Salut public, à cette réunion d’hommes éclairés, à vous en rendre compte Les conspirateurs qu’a frappés et que frappe chaque jour la loi, ont, avec l’or, corrompu les administrateurs, par une éloquence perfide égaré les administrés, et poussé le peuple sur. le bord de l’abîme. Il faut répandre la lumière dans les (vendredi 22 novembre 1793), p. 25, col. 1] rendent compte du discours de Boisset dans les termes sui¬ vants î I. Compte rendu du Moniteur universel. Un membre : Un grand conspirateur, mis hors de la loi, avait dit : « Montagne, la ville de Marseille n’est plus à toi. » Législateurs mes collègues, je viens vous dire : « Tout le Midi appartient à la Répu¬ blique. » J’ai parcouru quatre départements de cette région. Je rendrai compte de ma mission au comité de Salut public. Je lui laisse le soin de vous en pré¬ senter les détails. Les conspirateurs�que vous avez frappés du glaive de la loi, ont par“ une éloquence perfide ouvert l’abîme sous les pas des patriotes simples et de bonne foi. Il faudra, surtout dans les montagnes, éclairer les citoyens sur leurs ma¬ nœuvres astucieuses. L’observateur qui pense, croit qu’il faut un culte à l’homme. J’en conviens; aussi bientôt dans chaque commune on verra s’élever, à la place des autels du christianisme, l’autel de la patrie. U. Compte rendu du Journal des Débats el des Décrets. Un membre annonce qu’envoyé dans le Midi par la Convention, il s’est convaincu que cette partie de la France appartient aujourd’hui entièrement à la République. Les quatre départements qu’il a parcourus sont à la hauteur de la Révolution. Il rendra compte au comité de Salut public des me¬ sures qu’il a prises. (Applaudissements.) III. Compte rendu de l'Auditeur national. Boisset, revenu de sa mission dans les départe¬ ments du Midi, a rendu compte que cette partie de la République était tout entière dévouée à la Mon¬ tagne, c’est-à-dire au parti de la liberté et de l’éga¬ lité. Longtemps désunis par les manœuvres infer¬ nales des prêtres, les catholiques et les protestants n’y font plus aujourd’hui qu’une famille de frères, et dans peu l’on ne verra, dans chaque commune de ces départements, qu’un autel élevé à la patrie, et au pied duquel les citoyens viendront chaque dé¬ cade rendre hommage à la nature, à la raison et à toutes les vertus sociales. IV. Compte rendu du Journal de Perlet. Boisset. L’un des grands conspirateurs que vous avez mis hors de la loi disait, il y a quelques mois, à cette tribune ; « Montagne, Marseille n’est plus à toi... » Et moi je viens vous dire i « Marseille est [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j *!r binaire an H 561 1 1 21 novembre 1793 détroits, dans les montagnes les plus escarpées, et secouant sur la France le flambeau de la raison, allumer dans chaque département des feux dévorants qui ne s’ éteindront qu’avec la nature Républicains collègues, le législateur qui pense, convient qu’il faut un culte à l’homme; j’en conviens aussi. Écoutez... Les catholiques et les protestants, si longtemps ennemis, con¬ fondus aujourd’hui par le même intérêt, unis pour la même cause ne forment plus qu’une fa¬ mille; et j’annonce qu’à la place des autels du christianisme, on verra dans peu, dans chaque village, un autel plus saint, plus sacré, l’autel de la patrie; et le peuple, chaque décade, pros-terfié à ses pieds, adorer la liberté. Les représentants du peuple près l’armée de la Moselle écrivent de Bliescastel, le 28 brumaire, que l’armée a marché le 27 sur 8 colonnes sur Bitche et Bliescastel : malgré tous les obstacles que l’ennemi avait multipliés sur les routes pour empêcher notre artillerie de passer, les avant-postes ennemis ont été bientôt forcés, et notre artillerie légère a mis en fuite la nombreuse cava¬ lerie prussienne. Arrivés à portée du canon du camp ennemi, une vive canonnade s’est engagée; la colonne de droite s’est portée près la hauteur où étaient les esclaves des rois; là, deux charges très vives et très chaudes ont été exécutées par les hommes libres sur 25 pièces d’artillerie; mais la nuit a retardé le succès de nos troupes, qui avaient besoin de repos après douze heures de combat et seize heures de marche par les plus mauvais che¬ mins. Rien n’égale le courage qu’elles ont montré. Nous n’avons perdu que peu de défenseurs, et l’ennemi a profité de la nuit pour nous abandon¬ ner Bliescastel, où nous n’avons trouvé que quelques traîneurs. Les ennemis ont également évacué leur posi¬ tion de Sarrebruck; nos troupes les ont pour-régénérée et le Midi ne respire que pour la Mon¬ tagne. Les modérés, les Girondins et les fanatiques sont écrasés. » (Applaudissements. ) V. Compte rendu du Journal de la Montagne. \ Boisset, qui arrive de Marseille, assure que cette commune est tout entière à la Montagne. Les pro¬ testants et les catholiques fraternisent ensemble. Le fanatisme y expire, comme dans le reste de la République, et bientôt chaque village n’offrira plus aux yeux du voyageur que l’autel de la patrie à la place de ceux de la superstition. VI. Compte rendu du Mercure universel. Boisset. Un fameux conspirateur, que vous avez mis hors la loi, vous avait dit à cette tribune ! « Montagne, Marseille n’est plus à toi. » Eh bien, je vous déclare aujourd’hui que non seulement Mar¬ seille, mais tout le Midi est à la République. Catho¬ liques, juifs, protestants, tous sont réunis et ne font plus qu’un peuple; tous n’ont plus maintenant pour culte que l’amour de la liberté et de la patrie. Les autels élevés par le fanatisme seront bientôt rem¬ placés dans tout le Midi par des autels plus saints, plus dignes, ceux de la patrie. ( Applaudissements. ) suivis, et sont maintenant à Limback, à deux lieues de Deux-Ponts (1). ; Suit la lettre de Lacoste, Soubrany et Richaud, représentants du peuple près Varmée de la \ Mo - s die (2). Les représentants du peuple envoyés à Varmée de la Moselle, à la Convention nationale. « De Bliscastel, le 28 brumaire, l’an II de la Republique française, une et indivisible. « L’armée s’est mise en marche hier 27, à 3 heures du matin sur plusieurs colonnes ; une, partant de Bouquenom, a marché sur Bitche; deux, partant de Sarreguemines, ont marché sur Bliescastel. Nous avons trouvé les routes, par où devait passer notre artillerie de position, coupées dans plusieurs endroits, mais les répu¬ blicains ont eu bientôt comblé, franchi tous les obstacles que l’armée des despotes a voulu leur opposer. « Leurs avant-postes n’ont pu résister long¬ temps, aussi nous avons été bientôt à la vue des camps de l’armée prussienne. Ils ont aussitôt détenté (sic) et se sont mis en bataille. Ils avaient beaucoup de cavalerie répandue dans les plaines : notre artillerie légère l’a mise en fuite. « Arrivé à portée de canon du camp prussien, une vive canonnade s’est engagée. La colonne de droite s’est portée près la hauteur où étaient les esclaves des rois. Là, deux charges très vives et très chaudes ont été exécutées par les hommes libres sur vingt -cinq pièces d’artillerie, mais la nuit est arrivée et a retardé les succès de nos troupes. Il leur fallait aussi du repos après douze heures de combat et plus de seize de marche dans de fort mauvais chemins. Rien n’égale le courage, la constance et les vraies vertus des sans-culottes. « Vous apprendrez avec plaisir que malgré la chaleur et la durée du combat d’hier, la Répu¬ blique n’a perdu que peu de défenseurs. L’armée est dans les meilleures dispositions et non seulement ça ira, mais ça va. « Les ennemis n’ont pas jugé à propos de nous attendre, la nuit a favorisé leur retraite, et nous sommes entrés ici, ne trouvant que quelques traîneurs. « Nous avons été instruits, cette nuit, que les ennemis de la République ont évacué leur position de Sarrebruck : nos troupes les ont poursuivis et sont maintenant à Limbach, à une lieue de Deux -Ponts. " *T -B. Lacoste; P. -A. Soubrany; Hippolyte Richaud. » (I) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 2. (2) Archives du ministère de la guerre : Armées du Rhin et de la Moselle, carton 2/24. Bulletin de la Convention du 1er jour de la lre décade du 3e mois de l’an II (jeudi 21 novembre 1793); Moniteur uni¬ versel [n° 62 du 2 frimaire an II (vendredi 22 no¬ vembre 1793), p. 252, col. 3]; Journal des Débats et des Décrets (frimaire an II, n° 429, p. 3); Audi¬ teur national [n° 426 du 2 frimaire an II (vendredi 22 novembre 1793), p. 3], Aulard ! Recueil des actes et de la correspondance du comité de Salut public, t. 8, p. 547. lre SÉRIE, T. LXXIX. 36