448 ARCHIVES PARLEMENTAIRES CONVENTION NATIONALE 50 « La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de [BRIEZ, au nom de] son comité des secours publics sur la pétition de la citoyenne Marguerite Ruelle, veuve Benoît, aubergiste à Quimper, département du Finistère; laquelle, après 6 mois de détention, a été acquittée et mise en liberté par jugement du tribunal révolutionnaire de Paris, du 1er thermidor présent mois, « Décrète que, sur la présentation du présent décret, la trésorerie nationale paiera à la citoyenne Ruelle, veuve Benoît, la somme de 600 liv. à titre de secours et indemnité, et pour l’aider à retourner dans son domicile. « Le présent décret ne sera pas imprimé » (l). 51 « La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son comité des secours publics sur la pétition de la citoyenne Marianne Royer, veuve de Claude Pillot, volontaire dans le 9e bataillon de Paris, mort à son poste d’un coup de feu qu’il reçut le 14 frimaire sur les remparts d’Angers, de la part des rebelles qui assiégeoient cette ville, décrète ce qui suit : « La trésorerie nationale paiera sur le vu du présent décret, à ladite veuve Pillot une somme de 300 liv. à titre de secours provisoire, et renvoie au comité de liquidation pour le règlement de la pension. « Le présent décret ne sera imprimé que dans le bulletin de correspondance » (2). 52 Le citoyen Gillon, officier municipal de Maubeuge, offre à la patrie une somme de 142 liv. 10 s., qui lui a été allouée en 1792 (vieux style) pour indemnité en qualité d’électeur. La Convention accepte le don, décrète la mention honorable et l’insertion au bulletin (3). 53 Un membre [BARÈRE] du comité de salut public fait à la Convention le rapport suivant. (l) P.V., XLII, 135. Minute de la main de Briez. Décret n° 10 050; (2) P.V., XLII, 135. Minute de la main de R. Ducos. Décret n° 10 048. M.U., XLII, 136; F.S.P., n° 387. Mentionné par -J. Sablier, n° 1455. (3) P.V., XLII, 136. Citoyens, Le comité peut vous rendre compte aujourd’hui des opérations des cinq armées de la République. Les opérations sont plus ou moins importantes, suivant le caractère et la masse des ennemis que les armées ont à combattre; mais du moins elles sont toutes heureuses. Je vous parlerai de l’armée d’Italie, de celles des Pyrénées-Occidentales, du Rhin, de Sambre-et-Meuse, et de celle du Nord. L’armée d’Italie a battu les Piémontais et dissipé une levée en masse de quelques fanatiques qui s’étoient chargés de vaincre les troupes de la liberté : ils s’étoient rangés, au nombre de 10,000, sous l’étendard de la très-sainte vierge Marie; quelques sans-culottes ont suffi pour repousser cette pieuse masse piémontaise, et leur ont enlevé le drapeau miraculeux. Ce seroit faire trop d’honneur à ces esclaves du tyran de Sardaigne, si nous en parlions plus long-temps. Voici les lettres; Nice, le 20 messidor, l’an 2 de la République une et indivisible. Le général en chef Dumerbion fait passer le rapport du 20 messidor, dans lequel il est dit que les Piémontais ont été chassés par les troupes françaises. Il fait aussi passer un manifeste du chevalier Gatti, pour une levée de 40,000 hommes, et qui s’est réduite à 10,000, mise pareillement en dérouté. ARMÉE D’ITALIE « On mande de Garessio que le 17 les avant-postes du général français furent attaqués par les ennemis. Les sans-culottes méprisent si fort les esclaves piémontais, que la compagnie des éclaireurs de la 46e demi-brigade marcha contre eux avec les fusils en bandoulière, et dansant la carmagnole. Les ennemis furent si effrayés de cette nouvelle manière de les poursuivre, qu’ils s’enfuirent sans oser les attendre. Nous avons reçu aujourd’hui, avec la bannière à l’effigie de la Vierge, qui servoit d’étendard à la levée en masse piémontaise, le manifeste publié pour cette levée, qui devoit être de 40,000 hommes, et qui s’est réduite à 10,000, qu’une poignée de sans-culottes a mis en déroute. Le 17, un Croate a été tué par nos troupes, voulant sauver un mulet chargé de cartouches qui sont tombées en notre possession ». Signé, Dumerbion [Copie du manifeste du chevalier Gatti-Mentone, capitaine des milices volontaires de la Veglia, département de Cherosco, province de Mon-dovi, uni à MM. Jean Avia, capitaine-adjudant-major de ladite province; Manuel, capitaine de la compagnie des milices Cairo ; Joseph Forberi Sindine, capitaine de la population du Cairo : au très-illustre maire du lieu de Cascaro, ce 1er juillet 1794] 448 ARCHIVES PARLEMENTAIRES CONVENTION NATIONALE 50 « La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de [BRIEZ, au nom de] son comité des secours publics sur la pétition de la citoyenne Marguerite Ruelle, veuve Benoît, aubergiste à Quimper, département du Finistère; laquelle, après 6 mois de détention, a été acquittée et mise en liberté par jugement du tribunal révolutionnaire de Paris, du 1er thermidor présent mois, « Décrète que, sur la présentation du présent décret, la trésorerie nationale paiera à la citoyenne Ruelle, veuve Benoît, la somme de 600 liv. à titre de secours et indemnité, et pour l’aider à retourner dans son domicile. « Le présent décret ne sera pas imprimé » (l). 51 « La Convention nationale, après avoir entendu le rapport de son comité des secours publics sur la pétition de la citoyenne Marianne Royer, veuve de Claude Pillot, volontaire dans le 9e bataillon de Paris, mort à son poste d’un coup de feu qu’il reçut le 14 frimaire sur les remparts d’Angers, de la part des rebelles qui assiégeoient cette ville, décrète ce qui suit : « La trésorerie nationale paiera sur le vu du présent décret, à ladite veuve Pillot une somme de 300 liv. à titre de secours provisoire, et renvoie au comité de liquidation pour le règlement de la pension. « Le présent décret ne sera imprimé que dans le bulletin de correspondance » (2). 52 Le citoyen Gillon, officier municipal de Maubeuge, offre à la patrie une somme de 142 liv. 10 s., qui lui a été allouée en 1792 (vieux style) pour indemnité en qualité d’électeur. La Convention accepte le don, décrète la mention honorable et l’insertion au bulletin (3). 53 Un membre [BARÈRE] du comité de salut public fait à la Convention le rapport suivant. (l) P.V., XLII, 135. Minute de la main de Briez. Décret n° 10 050; (2) P.V., XLII, 135. Minute de la main de R. Ducos. Décret n° 10 048. M.U., XLII, 136; F.S.P., n° 387. Mentionné par -J. Sablier, n° 1455. (3) P.V., XLII, 136. Citoyens, Le comité peut vous rendre compte aujourd’hui des opérations des cinq armées de la République. Les opérations sont plus ou moins importantes, suivant le caractère et la masse des ennemis que les armées ont à combattre; mais du moins elles sont toutes heureuses. Je vous parlerai de l’armée d’Italie, de celles des Pyrénées-Occidentales, du Rhin, de Sambre-et-Meuse, et de celle du Nord. L’armée d’Italie a battu les Piémontais et dissipé une levée en masse de quelques fanatiques qui s’étoient chargés de vaincre les troupes de la liberté : ils s’étoient rangés, au nombre de 10,000, sous l’étendard de la très-sainte vierge Marie; quelques sans-culottes ont suffi pour repousser cette pieuse masse piémontaise, et leur ont enlevé le drapeau miraculeux. Ce seroit faire trop d’honneur à ces esclaves du tyran de Sardaigne, si nous en parlions plus long-temps. Voici les lettres; Nice, le 20 messidor, l’an 2 de la République une et indivisible. Le général en chef Dumerbion fait passer le rapport du 20 messidor, dans lequel il est dit que les Piémontais ont été chassés par les troupes françaises. Il fait aussi passer un manifeste du chevalier Gatti, pour une levée de 40,000 hommes, et qui s’est réduite à 10,000, mise pareillement en dérouté. ARMÉE D’ITALIE « On mande de Garessio que le 17 les avant-postes du général français furent attaqués par les ennemis. Les sans-culottes méprisent si fort les esclaves piémontais, que la compagnie des éclaireurs de la 46e demi-brigade marcha contre eux avec les fusils en bandoulière, et dansant la carmagnole. Les ennemis furent si effrayés de cette nouvelle manière de les poursuivre, qu’ils s’enfuirent sans oser les attendre. Nous avons reçu aujourd’hui, avec la bannière à l’effigie de la Vierge, qui servoit d’étendard à la levée en masse piémontaise, le manifeste publié pour cette levée, qui devoit être de 40,000 hommes, et qui s’est réduite à 10,000, qu’une poignée de sans-culottes a mis en déroute. Le 17, un Croate a été tué par nos troupes, voulant sauver un mulet chargé de cartouches qui sont tombées en notre possession ». Signé, Dumerbion [Copie du manifeste du chevalier Gatti-Mentone, capitaine des milices volontaires de la Veglia, département de Cherosco, province de Mon-dovi, uni à MM. Jean Avia, capitaine-adjudant-major de ladite province; Manuel, capitaine de la compagnie des milices Cairo ; Joseph Forberi Sindine, capitaine de la population du Cairo : au très-illustre maire du lieu de Cascaro, ce 1er juillet 1794] SÉANCE DU 5 THERMIDOR AN II (23 JUILLET 1794) - N" 53 449 Une population entière des provinces de sa Majesté ici voisines, unie en masse, avec l’approbation du roi et sous l’étendard de la très-sainte vierge Marie, au nombre de 40,000 hommes et plus, armés, lassée de souffrir les insultes et les menaces des Français, proteste, au nom de la grande mère de Dieu, que chacun est résolu de mourir ou de chasser une fois pour toujours des états du roi cette horde de gens ennemis de la religion et du bon ordre, ainsi que du territoire de la très-sérénissime République de Gênes, sur lequel nous serons nécessairement obligés de passer, tant pour nous porter dans les Etats du roi envahis, que pour poursuivre l’ennemi; mais nous promettons qu’il sera inviolablement respecté. Vive marie ! pour Marie, jusqu’à la dernière goutte de notre sang ! [on rit]. Le susdit manifeste présenté au nom de M. Rebuffi, commandant-général de la levée en masse. [BARÈRE], l’armée des Pyrénées-Occidentales a porté un coup plus utile aux intérêts de la République; elle l’a délivrée de 150 émigrés. Ces traîtres à la patrie avoient eu l’audace de former un camp près de Berdaritz dans les Al-dudes. Le général a chargé une division de gauche de les chasser du voisinage des terres de la République, et de délivrer les autres peuples de cette lie de l’espèce humaine, qui, après avoir trahi son pays, assassiné ses frères, a donné à l’Europe le fléau de la guerre, et à l’histoire leur infamie à tracer. C’est le 22 messidor que cette expédition a eu lieu. Cent émigrés décorés de leurs brevets, de leurs titres de noblesse, de leurs croix de Saint-Louis, ont subi la mort sur le champ de bataille; cinquante ont été pris et fusillés à la tête de l’armée française; un plus grand nombre a été couvert de blessures : le reste a émigré avec rapidité sur les montagnes espagnoles ; mais ils nous ont laissé leur camp tout tendu, les effets de campement, les munitions de guerre, des tentes neuves pour deux bataillons, et une grande quantité de bestiaux pour nourrir l’armée, des chevaux et des mulets pour les transports. Ces braves émigrés n’ont pas eu le temps, en fuyant, de secourir un marquis de Saint-Simon, leur commandant, qui a été blessé, et d’emporter un sac de 6,000 liv. en numéraire. Cinq républicains seulement ont été blessés. [On applaudit]. [Chauvin -Dragon, le 24 messidor II] Muller, général en chef, écrit que, le 22 messidor, les émigrés qui étoient venus camper près de Berdaritz, ont été attaqués et battus par la division de gauche : 100 ont été tués, 49 pris et beaucoup de blessés. Leur camp, leurs munitions et beaucoup de bêtes à corne ont été conduits à Berdaritz; et on croit que le marquis de Saint-Simon qui commandoit cette légion, a été blessé. Il fait passer le rapport que Moncey, général de division, lui fait de cette affaire, dans laquelle nous n’avons eu que cinq hommes blessés légèrement. [Au quartier-général de Chauvin-Dragon, le 24 messidor II] Le général en chef de l'Armée des Pyrénées-Occidentales, aux citoyens représentons du peuple composant le comité de salut public. Citoyens représentans, Les émigrés ayant eu l’audace de venir se camper, comme je vous l’ai annoncé, près de Berdaritz, dans les Aldudes, j’ai donné ordre à la division de gauche de les attaquer; cette expédition a eu lieu avant-hier 22 messidor, et la victoire n’a pas balancé un instant entre des Républicains et des traîtres. Ils ont laissé 100 des leurs sur la place, parmi lesquels plusieurs croix de Saint-Louis; le nombre de leurs blessés est encore plus considérable.: 49 ont rendu les armes et vont recevoir le prix de leurs crimes; les autres n’ont dû leur salut qu’à une fuite précipitée. Le camp tout tendu, les munitions de guerre, les effets de campement, des tentes neuves pour 2 bataillons sont en notre pouvoir; nos troupes ont ramené beaucoup de bêtes à corne, des chevaux et des mulets. On assure que le marquis de Saint-Simon, commandant la légion, a été blessé; du moins a-t-il laissé ses équipages, ses chevaux et mêmes ses habits, de sorte que cet événement l’aura mis sans culottes : il n’est pas le seul, car nos troupes, outre le bagage, ont emporté un sac d’argent de 6,000 liv. en espèces, qui étoit sans doute le trésor de ces assassins. Tous nos soldats ont combattu en républicains, et cinq seulement ont été légèrement blessés. Salut et fraternité. Le général en chef. Signé, Muller [BARÈRE :] Sur le Rhin, la marche de nos troupes légères ne peut atteindre à l’agilité des Prussiens; la nuit ne met pas d’obstacle à leur fuite continuelle; ils iront se rallier sans doute à Vienne ou à Berlin. Nous avions annoncé l’évacuation de Kaiserslautern par les Prussiens; aujourd’hui nous apprenons que nos troupes occupent ce poste important que l’ennemi n’a pas eu le temps d’évacuer. Il a pourvu aux plus pressans besoins dans ce moment. Un vaste magasin d’avoine a été laissé dans une église ; il avoit eu la même discrétion à Tripps-tadt, où ils ont abandonné aux républicains 800 sacs d’avoine. Les prisonniers et les déserteurs deviennent tous les jours plus nombreux. A Neustadt, le 29 messidor II Michaud, général-en-chef, aux représentans composant le comité de salut public de la Convention nationale Citoyens représentans, La déroute des esclaves est partout complète : vainement nos troupes légères sont à leur poursuite, elles ne peuvent les joindre; ils profitent de la nuit et du jour pour accélérer leur fuite. Kaiserslautern est encore une fois à la République; l’ennemi n’a pas eu le temps d’évacuer un vaste magasin d’avoine qu’il avoit 29 SÉANCE DU 5 THERMIDOR AN II (23 JUILLET 1794) - N" 53 449 Une population entière des provinces de sa Majesté ici voisines, unie en masse, avec l’approbation du roi et sous l’étendard de la très-sainte vierge Marie, au nombre de 40,000 hommes et plus, armés, lassée de souffrir les insultes et les menaces des Français, proteste, au nom de la grande mère de Dieu, que chacun est résolu de mourir ou de chasser une fois pour toujours des états du roi cette horde de gens ennemis de la religion et du bon ordre, ainsi que du territoire de la très-sérénissime République de Gênes, sur lequel nous serons nécessairement obligés de passer, tant pour nous porter dans les Etats du roi envahis, que pour poursuivre l’ennemi; mais nous promettons qu’il sera inviolablement respecté. Vive marie ! pour Marie, jusqu’à la dernière goutte de notre sang ! [on rit]. Le susdit manifeste présenté au nom de M. Rebuffi, commandant-général de la levée en masse. [BARÈRE], l’armée des Pyrénées-Occidentales a porté un coup plus utile aux intérêts de la République; elle l’a délivrée de 150 émigrés. Ces traîtres à la patrie avoient eu l’audace de former un camp près de Berdaritz dans les Al-dudes. Le général a chargé une division de gauche de les chasser du voisinage des terres de la République, et de délivrer les autres peuples de cette lie de l’espèce humaine, qui, après avoir trahi son pays, assassiné ses frères, a donné à l’Europe le fléau de la guerre, et à l’histoire leur infamie à tracer. C’est le 22 messidor que cette expédition a eu lieu. Cent émigrés décorés de leurs brevets, de leurs titres de noblesse, de leurs croix de Saint-Louis, ont subi la mort sur le champ de bataille; cinquante ont été pris et fusillés à la tête de l’armée française; un plus grand nombre a été couvert de blessures : le reste a émigré avec rapidité sur les montagnes espagnoles ; mais ils nous ont laissé leur camp tout tendu, les effets de campement, les munitions de guerre, des tentes neuves pour deux bataillons, et une grande quantité de bestiaux pour nourrir l’armée, des chevaux et des mulets pour les transports. Ces braves émigrés n’ont pas eu le temps, en fuyant, de secourir un marquis de Saint-Simon, leur commandant, qui a été blessé, et d’emporter un sac de 6,000 liv. en numéraire. Cinq républicains seulement ont été blessés. [On applaudit]. [Chauvin -Dragon, le 24 messidor II] Muller, général en chef, écrit que, le 22 messidor, les émigrés qui étoient venus camper près de Berdaritz, ont été attaqués et battus par la division de gauche : 100 ont été tués, 49 pris et beaucoup de blessés. Leur camp, leurs munitions et beaucoup de bêtes à corne ont été conduits à Berdaritz; et on croit que le marquis de Saint-Simon qui commandoit cette légion, a été blessé. Il fait passer le rapport que Moncey, général de division, lui fait de cette affaire, dans laquelle nous n’avons eu que cinq hommes blessés légèrement. [Au quartier-général de Chauvin-Dragon, le 24 messidor II] Le général en chef de l'Armée des Pyrénées-Occidentales, aux citoyens représentons du peuple composant le comité de salut public. Citoyens représentans, Les émigrés ayant eu l’audace de venir se camper, comme je vous l’ai annoncé, près de Berdaritz, dans les Aldudes, j’ai donné ordre à la division de gauche de les attaquer; cette expédition a eu lieu avant-hier 22 messidor, et la victoire n’a pas balancé un instant entre des Républicains et des traîtres. Ils ont laissé 100 des leurs sur la place, parmi lesquels plusieurs croix de Saint-Louis; le nombre de leurs blessés est encore plus considérable.: 49 ont rendu les armes et vont recevoir le prix de leurs crimes; les autres n’ont dû leur salut qu’à une fuite précipitée. Le camp tout tendu, les munitions de guerre, les effets de campement, des tentes neuves pour 2 bataillons sont en notre pouvoir; nos troupes ont ramené beaucoup de bêtes à corne, des chevaux et des mulets. On assure que le marquis de Saint-Simon, commandant la légion, a été blessé; du moins a-t-il laissé ses équipages, ses chevaux et mêmes ses habits, de sorte que cet événement l’aura mis sans culottes : il n’est pas le seul, car nos troupes, outre le bagage, ont emporté un sac d’argent de 6,000 liv. en espèces, qui étoit sans doute le trésor de ces assassins. Tous nos soldats ont combattu en républicains, et cinq seulement ont été légèrement blessés. Salut et fraternité. Le général en chef. Signé, Muller [BARÈRE :] Sur le Rhin, la marche de nos troupes légères ne peut atteindre à l’agilité des Prussiens; la nuit ne met pas d’obstacle à leur fuite continuelle; ils iront se rallier sans doute à Vienne ou à Berlin. Nous avions annoncé l’évacuation de Kaiserslautern par les Prussiens; aujourd’hui nous apprenons que nos troupes occupent ce poste important que l’ennemi n’a pas eu le temps d’évacuer. Il a pourvu aux plus pressans besoins dans ce moment. Un vaste magasin d’avoine a été laissé dans une église ; il avoit eu la même discrétion à Tripps-tadt, où ils ont abandonné aux républicains 800 sacs d’avoine. Les prisonniers et les déserteurs deviennent tous les jours plus nombreux. A Neustadt, le 29 messidor II Michaud, général-en-chef, aux représentans composant le comité de salut public de la Convention nationale Citoyens représentans, La déroute des esclaves est partout complète : vainement nos troupes légères sont à leur poursuite, elles ne peuvent les joindre; ils profitent de la nuit et du jour pour accélérer leur fuite. Kaiserslautern est encore une fois à la République; l’ennemi n’a pas eu le temps d’évacuer un vaste magasin d’avoine qu’il avoit 29 450 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE dans une église; il nous en a aussi laissé huit cents sacs à Trippstadt. Les déserteurs et les prisonniers nous arrivent toujours en grand nombre; nous employons tous nos moyens pour continuer à rendre cette victoire permanente sur le Rhin comme au Nord. Salut et fraternité. Signé, Michaud [BARÈRE :] Quant à l’armée de Sambre-et-Meuse, la gauche est à Tirlemont, où l’ennemi a fait une assez vive résistance : mais les Républicains l’ont chassé avec un grand avantage. Nous lui avons fait éprouver une perte considérable en morts et en prisonniers. L’armée républicaine aura sans doute pris Huy hier, et l’Autrichien est en arrière de Saint-Trond. [Voici la lettre que le gal Jourdan a fait passer au C. de S.P. :] Au quartier-général à Nil-Saint-Martin, le 2 thermidor IL Jourdan, commandant en chef l’armée de Sam-bre-et-Meuse, au comité de salut public Je vous préviens, citoyens représentans, que l’armée a fait hier un mouvement en avant, et qu’elle s’est portée sur la grande Geete, la gauche à Tirlemont. L’ennemi a fait une assez vive résistance dans cette ville et sur les hauteurs qui sont en arrière ; mais il en a été chassé avec une perte assez considérable, et il s’est retiré en arrière de Saint-Trond. Nous avons fait des prisonniers. Une partie de l’armée marche sur Huy, et j’espère qu’elle s’en rendra maître demain. Les détails qui me sont arrivés annoncent 51 pièces de canon. Il y a une abondante provision de munitions bien en état; il y a de la farine, du vin, de la bière : le nombre des prisonniers s’élève à 400. [BARÈRE :] L’armée du Nord, qui depuis quelques jours sembloit avoir laissé la victoire dans l’armée de Sambre-et-Meuse, l’a vue revenir au milieu de ses bataillons. C’est à Nieu-port qu’elle est venue dresser des batteries foudroyantes contre ce port fortifié de l’Autriche. Vous savez que sans Nieuport il falloit faire un long détour par Ypres pour arriver à Os-tende, et que le transport des marchandises et des matières pouvoit supporter un grand déchet et un retard très considérable. L’armée du Nord étoit chargée d’abréger la route en réunissant la prise de Nieuport à celle d’Ostende, et Nieuport appartient en ce moment à la République. Je ne vous dirai point combien ce port très-fortifïé est utile à la France contre le commerce des brigands anglais dans le Brabant et dans la Flandre autrichienne. Vous savez qu’après cette prise de Nieuport, les vaisseaux anglais n’ont plus de ressource sur les côtes, et que la mer d’Allemagne ne sera plus tyrannisée par les pirates de la Grande-Bretagne. Je me contenterai de vous dire que les bords de la mer sont purgés enfin de ces exécrables insulaires, et que leurs marchands ne viendront plus tromper la Belgique, et empoisonner la France de leur commerce et de leurs dangereuses communications. Nieuport a tenu 5 jours de tranchée ouverte, et elle n’étoit attaquée que par 5 bataillons et 4 compagnies de sapeurs. Selon les règles de l’art militaire, il au-roit fallu un mois pour prendre cette place, et perdre 4000 républicains; mais aussi il y auroit eu un certain nombre d’esclaves hanovriens de moins sur la terre, et la liberté s’en seroit réjouie. Mais telles ont été les dispositions des représentans à cause des circonstances : la garnison a demandé presqu’à genoux à capituler. Les émigrés ont été exceptés, et la capitulation, conforme à celle d’Ypres, a été adoptée. La garnison, qui n’avoit pas même été sommée, a demandé avec instance de capituler; elle est composée de 2000 hommes, dont 100 de cavalerie. Des émigrés qui existoient dans Nieuport, 300 s’étoient noyés en fuyant, ou poursuivis par les républicains; d’autres se sont jetés et ont péri dans les inondations : quelques-uns comptent se sauver à l’écluse par les environs de Bruges; mais le général Moreau a pris des précautions telles qu’il n’en échappera aucun. [On applaudit]. Plus de 30 ont déjà été fusillés. Nous avons pris à Nieuport 60 pièces de canon, et une grande quantité de munitions de guerre et de bouche. C’est aux marins à sentir l’avantage de cette victoire, comme aux politiques à présumer comment elle retentira à Londres; c’est une nouvelle que nous devons nous empresser de faire parvenir à l’accapareur des ports français, à l’honorable ministre Pitt. [On rit et on applaudit]. Les Anglais sont capables d’apprécier aujourd’hui les formes républicaines, et le courage de ce qu’ils appellent les Carmagnoles et les troupes conventionnelles. [Voici les lettres officielles] : Dune-Libre, le 1er thermidor II Le représentant du peuple français, Lacombe Saint-Michel, au comité de salut public. La capitulation de Nieuport, mes chers collègues, rend libre toute cette partie de la côte dans l’intérieur. Ce siège qui, soutenu dans les règles de l’art, nous eût coûté 4000 hommes, la perte d’un mois de temps et dérangé peut-être toutes nos combinaisons, en ce qu’il falloit faire rétrograder des troupes de la grande armée pour pousser les travaux du siège, a été fini en 5 jours de tranchée ouverte; nos batteries ont foudroyé la ville et les remparts; la garnison a demandé à capituler : elle est prisonnière de guerre, les émigrés non compris. Les conditions de la capitulation sont à-peu-près les mêmes que celles de la garnison d’Ypres. J’attends le général Moreau; et j’espère, par ce courier, vous faire passer les articles de la capitulation. 450 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE dans une église; il nous en a aussi laissé huit cents sacs à Trippstadt. Les déserteurs et les prisonniers nous arrivent toujours en grand nombre; nous employons tous nos moyens pour continuer à rendre cette victoire permanente sur le Rhin comme au Nord. Salut et fraternité. Signé, Michaud [BARÈRE :] Quant à l’armée de Sambre-et-Meuse, la gauche est à Tirlemont, où l’ennemi a fait une assez vive résistance : mais les Républicains l’ont chassé avec un grand avantage. Nous lui avons fait éprouver une perte considérable en morts et en prisonniers. L’armée républicaine aura sans doute pris Huy hier, et l’Autrichien est en arrière de Saint-Trond. [Voici la lettre que le gal Jourdan a fait passer au C. de S.P. :] Au quartier-général à Nil-Saint-Martin, le 2 thermidor IL Jourdan, commandant en chef l’armée de Sam-bre-et-Meuse, au comité de salut public Je vous préviens, citoyens représentans, que l’armée a fait hier un mouvement en avant, et qu’elle s’est portée sur la grande Geete, la gauche à Tirlemont. L’ennemi a fait une assez vive résistance dans cette ville et sur les hauteurs qui sont en arrière ; mais il en a été chassé avec une perte assez considérable, et il s’est retiré en arrière de Saint-Trond. Nous avons fait des prisonniers. Une partie de l’armée marche sur Huy, et j’espère qu’elle s’en rendra maître demain. Les détails qui me sont arrivés annoncent 51 pièces de canon. Il y a une abondante provision de munitions bien en état; il y a de la farine, du vin, de la bière : le nombre des prisonniers s’élève à 400. [BARÈRE :] L’armée du Nord, qui depuis quelques jours sembloit avoir laissé la victoire dans l’armée de Sambre-et-Meuse, l’a vue revenir au milieu de ses bataillons. C’est à Nieu-port qu’elle est venue dresser des batteries foudroyantes contre ce port fortifié de l’Autriche. Vous savez que sans Nieuport il falloit faire un long détour par Ypres pour arriver à Os-tende, et que le transport des marchandises et des matières pouvoit supporter un grand déchet et un retard très considérable. L’armée du Nord étoit chargée d’abréger la route en réunissant la prise de Nieuport à celle d’Ostende, et Nieuport appartient en ce moment à la République. Je ne vous dirai point combien ce port très-fortifïé est utile à la France contre le commerce des brigands anglais dans le Brabant et dans la Flandre autrichienne. Vous savez qu’après cette prise de Nieuport, les vaisseaux anglais n’ont plus de ressource sur les côtes, et que la mer d’Allemagne ne sera plus tyrannisée par les pirates de la Grande-Bretagne. Je me contenterai de vous dire que les bords de la mer sont purgés enfin de ces exécrables insulaires, et que leurs marchands ne viendront plus tromper la Belgique, et empoisonner la France de leur commerce et de leurs dangereuses communications. Nieuport a tenu 5 jours de tranchée ouverte, et elle n’étoit attaquée que par 5 bataillons et 4 compagnies de sapeurs. Selon les règles de l’art militaire, il au-roit fallu un mois pour prendre cette place, et perdre 4000 républicains; mais aussi il y auroit eu un certain nombre d’esclaves hanovriens de moins sur la terre, et la liberté s’en seroit réjouie. Mais telles ont été les dispositions des représentans à cause des circonstances : la garnison a demandé presqu’à genoux à capituler. Les émigrés ont été exceptés, et la capitulation, conforme à celle d’Ypres, a été adoptée. La garnison, qui n’avoit pas même été sommée, a demandé avec instance de capituler; elle est composée de 2000 hommes, dont 100 de cavalerie. Des émigrés qui existoient dans Nieuport, 300 s’étoient noyés en fuyant, ou poursuivis par les républicains; d’autres se sont jetés et ont péri dans les inondations : quelques-uns comptent se sauver à l’écluse par les environs de Bruges; mais le général Moreau a pris des précautions telles qu’il n’en échappera aucun. [On applaudit]. Plus de 30 ont déjà été fusillés. Nous avons pris à Nieuport 60 pièces de canon, et une grande quantité de munitions de guerre et de bouche. C’est aux marins à sentir l’avantage de cette victoire, comme aux politiques à présumer comment elle retentira à Londres; c’est une nouvelle que nous devons nous empresser de faire parvenir à l’accapareur des ports français, à l’honorable ministre Pitt. [On rit et on applaudit]. Les Anglais sont capables d’apprécier aujourd’hui les formes républicaines, et le courage de ce qu’ils appellent les Carmagnoles et les troupes conventionnelles. [Voici les lettres officielles] : Dune-Libre, le 1er thermidor II Le représentant du peuple français, Lacombe Saint-Michel, au comité de salut public. La capitulation de Nieuport, mes chers collègues, rend libre toute cette partie de la côte dans l’intérieur. Ce siège qui, soutenu dans les règles de l’art, nous eût coûté 4000 hommes, la perte d’un mois de temps et dérangé peut-être toutes nos combinaisons, en ce qu’il falloit faire rétrograder des troupes de la grande armée pour pousser les travaux du siège, a été fini en 5 jours de tranchée ouverte; nos batteries ont foudroyé la ville et les remparts; la garnison a demandé à capituler : elle est prisonnière de guerre, les émigrés non compris. Les conditions de la capitulation sont à-peu-près les mêmes que celles de la garnison d’Ypres. J’attends le général Moreau; et j’espère, par ce courier, vous faire passer les articles de la capitulation. SÉANCE DU 5 THERMIDOR AN II (23 JUILLET 1794) - N° 53 451 Au quartier général d’Ost-Dunkerque, le premier thermidor IL Moreau, général de division, aux représentons du peuple composant le comité de salut public. Je reçois à l’instant, citoyens représentans, un courier du représentant du peuple Richard, qui me prescrit de regarder comme non avenu l’arrêté pris par lui et le représentant du peuple Lacombe Saint-Michel, qui me permettoit de recevoir à capituler la garnison de Nieuport. Ce courier m’est arrivé trop tard : la capitulation étoit signée d’hier. Nieuport a tenu 5 jours de tranchée ouverte ; elle n’ étoit attaquée que par 5 bataillons et 4 compagnies de sapeurs; les autres troupes fai-soient seulement l’investissement. J’ai reçu sur sa demande, cette garnison à capituler; je ne l’avois pas sommée. Il existoit encore quelques émigrés dans Nieuport, qui se sont déguisés et jetés dans les inondations, comptant se sauver à l’Ecluse par les environs de Bruges; mais j’ai pris des précautions si sûres qu’il ne s’en échappera guè-res : plus de 30 ont déjà été fusillés. Nous avons trouvé dans cette place près de 2000 hommes de garnison, dont 100 de cavalerie; environ 60 pièces de canon, une grande quantité de munitions de guerre et de bouche. Je me loue beaucoup de la bonne conduite de la troupe, et surtout de l’artillerie : tous, malgré l’excessive chaleur, et campés dans les dunes où il manquoient d’eau, ont travaillé avec une activité dont les républicains, seuls sont capables. Salut et fraternité. Signé, Moreau [BARÈRE :] Mais au milieu des victoires qui se succèdent, craignons le génie malfaisant de l’étranger, qui renoue son parti à côté de nous avec autant d’adresse et d’activité que nous mettons d’énergie et de force à combattre les armées de la coalition. C’est des inquiétudes des prisons que sortent aujourd’hui les coupables espérances des Anglais; c’est dans les auxiliaires qu’ils ont dans Paris, qu’ils espèrent retrouver des complots, des conspirations, des troubles publics et de longs assassinats. Avant-hier, dans la nuit du 1er au 2, 40 individus (ce ne sont pas des citoyens) se sont présentés à Bicêtre, et se sont fait ouvrir les portes, au nom du comité de salut public; 3 seulement ont été arrêtés, la fuite nous a enlevé les autres; mais les perquisitions et les instructions reçues nous en rendront compte. Les bons patriotes veillent, et le gouvernement révolutionnaire les suit. Il est d’autres complots qui se sont manifestés à l’arsenal, où l’on a coupé les soufflets. Les auteurs n’en sont point inconnus; mais, encore une fois, c’est à la Convention nationale, c’est aux bons citoyens à veiller plus que jamais, à ne pas s’endormir au sein de la victoire, et à porter la terreur dans l’ame des vrais conspirateurs, qui semblent se multiplier à mesure que les armées sont victorieuses. Ils voudroient amener des changemens dans les principes de la révolution, pour amener des indulgences dans l’intérieur et des transactions au-dehors; ils voudroient se servir de l’amnistie pour l’aristocratie, de la paix pour le peuple, et des modifications politiques pour les rois; ils voudroient un gouvernement foible et ignorant, qui s’élevât ou s’abaissât au gré de leurs viles passions; qui se relevât ou déclinât selon les besoins de leur funeste politique, pour pouvoir, à la fin de toutes ces secousses convulsives et irrégulières, accabler les patriotes les plus célèbres, et affoiblir ou briser les ressorts du gouvernement révolutionnaire. Ce gouvernement les offusque sans cesse; c’est un pont d’airain sur lequel le peuple français a passé de la monarchie corruptrice à la République régénératrice. Les scélérats voudroient briser le pont pour rejoindre la monarchie à travers des flots de sang. Le gouvernement révolutionnaire est ce qui blesse les gouvernements étrangers, ce qui frappe les conspirateurs, ce qui déjoue les intrigues, ce qui désespère le parti des indulgens, ce qui multiplie les victoires ; il faut donc attaquer le gouvernement révolutionnaire. Le gouvernement révolutionnaire est ce qui donne de l’intensité à l’esprit public, de l’énergie aux amis de la liberté, de l’ensemble et de la vigueur aux opérations du gouvernement, de la subordination aux autorités constituées, de la surveillance sur les fonctionnaires publics, de la force au peuple et des succès aux armées. Il faut donc atténuer, amollir, neutraliser le gouvernement révolutionnaire. Les armées sont en victoire permanente. Les ennemis sont chassés comme de vils troupeaux d’esclaves; les rois sont humiliés comme de lâches usurpateurs ; les ministres des gouverne-mens étrangers sont avilis comme des fripons privilégiés; les généraux autrichiens, espagnols, piémontais, anglais ou prussiens sont déshonorés comme Brunswick : il faut donc intriguer à Paris, pour enchaîner la victoire, paralyser les mouvemens des armées, arrêter leurs approvisionnemens, tourmenter l’opinion et bouleverser les moyens que les sans-culottes préparent à Paris pour les armées. Il faut donc arrêter, selon nos ennemis, et retarder les convois des poudres qui vont assurer le cours de la victoire. Il faut dégrader, dénaturer les approvisionnemens préparés pour les armées. Il faut, avant d’incendier des établissemens publics militaires, tarir la source qui peut arrêter l’incendie. Il faut ouvrir les prisons, et répandre dans Paris des détenus atroces et vindicatifs, pour les armer de glaives et de crimes contre la Représentation nationale. Il faut faire croire qu’il y a de la division, de la mésintelligence dans le gouvernement, et une variation survenue dans les principes révolutionnaires. Vous croyez peut-être que je viens tracer une tactique idéale et des projets chimériques : tous ces dangers, toute cette théorie de contre-révolution s’est réalisée en peu de jours; et SÉANCE DU 5 THERMIDOR AN II (23 JUILLET 1794) - N° 53 451 Au quartier général d’Ost-Dunkerque, le premier thermidor IL Moreau, général de division, aux représentons du peuple composant le comité de salut public. Je reçois à l’instant, citoyens représentans, un courier du représentant du peuple Richard, qui me prescrit de regarder comme non avenu l’arrêté pris par lui et le représentant du peuple Lacombe Saint-Michel, qui me permettoit de recevoir à capituler la garnison de Nieuport. Ce courier m’est arrivé trop tard : la capitulation étoit signée d’hier. Nieuport a tenu 5 jours de tranchée ouverte ; elle n’ étoit attaquée que par 5 bataillons et 4 compagnies de sapeurs; les autres troupes fai-soient seulement l’investissement. J’ai reçu sur sa demande, cette garnison à capituler; je ne l’avois pas sommée. Il existoit encore quelques émigrés dans Nieuport, qui se sont déguisés et jetés dans les inondations, comptant se sauver à l’Ecluse par les environs de Bruges; mais j’ai pris des précautions si sûres qu’il ne s’en échappera guè-res : plus de 30 ont déjà été fusillés. Nous avons trouvé dans cette place près de 2000 hommes de garnison, dont 100 de cavalerie; environ 60 pièces de canon, une grande quantité de munitions de guerre et de bouche. Je me loue beaucoup de la bonne conduite de la troupe, et surtout de l’artillerie : tous, malgré l’excessive chaleur, et campés dans les dunes où il manquoient d’eau, ont travaillé avec une activité dont les républicains, seuls sont capables. Salut et fraternité. Signé, Moreau [BARÈRE :] Mais au milieu des victoires qui se succèdent, craignons le génie malfaisant de l’étranger, qui renoue son parti à côté de nous avec autant d’adresse et d’activité que nous mettons d’énergie et de force à combattre les armées de la coalition. C’est des inquiétudes des prisons que sortent aujourd’hui les coupables espérances des Anglais; c’est dans les auxiliaires qu’ils ont dans Paris, qu’ils espèrent retrouver des complots, des conspirations, des troubles publics et de longs assassinats. Avant-hier, dans la nuit du 1er au 2, 40 individus (ce ne sont pas des citoyens) se sont présentés à Bicêtre, et se sont fait ouvrir les portes, au nom du comité de salut public; 3 seulement ont été arrêtés, la fuite nous a enlevé les autres; mais les perquisitions et les instructions reçues nous en rendront compte. Les bons patriotes veillent, et le gouvernement révolutionnaire les suit. Il est d’autres complots qui se sont manifestés à l’arsenal, où l’on a coupé les soufflets. Les auteurs n’en sont point inconnus; mais, encore une fois, c’est à la Convention nationale, c’est aux bons citoyens à veiller plus que jamais, à ne pas s’endormir au sein de la victoire, et à porter la terreur dans l’ame des vrais conspirateurs, qui semblent se multiplier à mesure que les armées sont victorieuses. Ils voudroient amener des changemens dans les principes de la révolution, pour amener des indulgences dans l’intérieur et des transactions au-dehors; ils voudroient se servir de l’amnistie pour l’aristocratie, de la paix pour le peuple, et des modifications politiques pour les rois; ils voudroient un gouvernement foible et ignorant, qui s’élevât ou s’abaissât au gré de leurs viles passions; qui se relevât ou déclinât selon les besoins de leur funeste politique, pour pouvoir, à la fin de toutes ces secousses convulsives et irrégulières, accabler les patriotes les plus célèbres, et affoiblir ou briser les ressorts du gouvernement révolutionnaire. Ce gouvernement les offusque sans cesse; c’est un pont d’airain sur lequel le peuple français a passé de la monarchie corruptrice à la République régénératrice. Les scélérats voudroient briser le pont pour rejoindre la monarchie à travers des flots de sang. Le gouvernement révolutionnaire est ce qui blesse les gouvernements étrangers, ce qui frappe les conspirateurs, ce qui déjoue les intrigues, ce qui désespère le parti des indulgens, ce qui multiplie les victoires ; il faut donc attaquer le gouvernement révolutionnaire. Le gouvernement révolutionnaire est ce qui donne de l’intensité à l’esprit public, de l’énergie aux amis de la liberté, de l’ensemble et de la vigueur aux opérations du gouvernement, de la subordination aux autorités constituées, de la surveillance sur les fonctionnaires publics, de la force au peuple et des succès aux armées. Il faut donc atténuer, amollir, neutraliser le gouvernement révolutionnaire. Les armées sont en victoire permanente. Les ennemis sont chassés comme de vils troupeaux d’esclaves; les rois sont humiliés comme de lâches usurpateurs ; les ministres des gouverne-mens étrangers sont avilis comme des fripons privilégiés; les généraux autrichiens, espagnols, piémontais, anglais ou prussiens sont déshonorés comme Brunswick : il faut donc intriguer à Paris, pour enchaîner la victoire, paralyser les mouvemens des armées, arrêter leurs approvisionnemens, tourmenter l’opinion et bouleverser les moyens que les sans-culottes préparent à Paris pour les armées. Il faut donc arrêter, selon nos ennemis, et retarder les convois des poudres qui vont assurer le cours de la victoire. Il faut dégrader, dénaturer les approvisionnemens préparés pour les armées. Il faut, avant d’incendier des établissemens publics militaires, tarir la source qui peut arrêter l’incendie. Il faut ouvrir les prisons, et répandre dans Paris des détenus atroces et vindicatifs, pour les armer de glaives et de crimes contre la Représentation nationale. Il faut faire croire qu’il y a de la division, de la mésintelligence dans le gouvernement, et une variation survenue dans les principes révolutionnaires. Vous croyez peut-être que je viens tracer une tactique idéale et des projets chimériques : tous ces dangers, toute cette théorie de contre-révolution s’est réalisée en peu de jours; et 452 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE voici les faits qui le prouvent, d’après les procès-verbaux qui les constatent. Le commandant du poste à la barrière de la Villette a fait arrêter des poudres qui partoient pour l’armée de Sambre-et-Meuse. Cet individu est arrêté, et le comité examine les motifs de sa conduite pour lui faire appliquer la peine qu’il mérite. Le premier de ce mois, des malveillans qui se sont introduits dans les cours de l’Arsenal de Paris, ont crevé, presque sous les yeux des sentinelles, et avec des instrumens tranchans, les soufflets de 5 forges de campagne qui fai-soient partie du convoi préparé pour l’armée du Nord. Ce délit est constaté par le directeur et les agens de l’arsenal; la force publique fait toutes les perquisitions nécessaires. La surveillance de police nous apprend que trois particuliers se sont approchés du réservoir de l’arsenal, et ont dit au garde du réservoir, avec un air de simplicité, de lâcher les écluses ou robinets, pour en voir l’effet. Sur son refus, ils ont offert de lui donner ce qu’il voudroit, et ils ont long-temps persisté. Ces curieux contre-révolutionnaires n’ont pas été arrêtés par la sentinelle. Dans la nuit du 1er au 2 de ce mois, entre minuit et une heure, il s’est présenté à la porte des prisons de Bicêtre un grand nombre d’individus qui ont demandé à entrer, au nom du comité de salut public. Les trois citoyens qui étoient les premiers ont été arrêtés, 40 autres ont pris la fuite : les arrêtés ont été interrogés par l’administration de police. Tels sont les symptômes des manœuvres employées dans les circonstances où nous sommes, par les agens de l’étranger réunis aux partisans de l’aristocratie. Les avoir dénoncés à la Convention, c’est avoir déjà commencé à les déjouer : mais les mesures que les deux comités ont prises hier pour faire juger dans peu de temps les ennemis du peuple qui sont détenus dans toute la République, vont être en activité et rendront à la nation cette sécurité, ce calme imposant qu’on veut lui ravir sans cesse, signe de la force et de la République affermie. Ce ne sont pas là les seules mesures qui ont été résolues hier. Les deux comités réunis ont délibéré de faire un rapport général sur l’influence que l’étranger avoit tenté d’acquérir, et sur les moyens de faire cesser la calomnie et l’oppression sous lesquelles on a voulu mettre les patriotes les plus ardens et qui ont rendu les plus grands services à la République. Ce sont encore les héritiers d’Hébert qui ont osé espérer de démoraliser le peuple et de corrompre l’opinion publique. Il faut de temps en temps retremper l’esprit public et accabler l’aristocratie. Ce sera un tableau bien instructif que celui des intrigues habiles par lesquelles ont a voulu diviser les patriotes pour les opprimer, et les opprimer pour anéantir la République. Quand le rapporteur aura examiné devant vous l’influence que l’étranger avoit tenté de nouveau d’acquérir en France et à Paris; quand il aura examiné avec vous l’influence que les erreurs ou les préjugés de quelques patriotes ont eue sur les événemens, et les fautes nouvelles dont les événemens ont manqué d’être la source à leur tour, nous apprendrons enfin à démêler ces trames odieuses, ces enchaînemens éternels de division, de persécution, de calomnie et d’injustice, mis à l’ordre du jour dans toutes les bouches, dans tous les esprits contre les meilleurs Républicains et les plus anciens défenseurs de la liberté. C’est aussi pour prouver aux patriotes combien le gouvernement révolutionnaire les estime dans ses travaux, qu’il vous propose de faire disparoître de la loi du 2 thermidor ce qui contient une généralité effrayante pour les bons fonctionnaires publics, pour ceux que des raisons légitimes ont forcés à donner leur démission : ceux-là ne sont pas compris dans la loi. Les comités n’ont pas cru non plus devoir y comprendre indéfiniment tous les fonctionnaires publics destitués ou suspendus depuis 1789, mais seulement ceux qui depuis le 31 mai (vieux style) ont été éloignés de leurs fonctions. Cette époque est célèbre dans les annales de la République. Ceux qui ont voulu son unité ont voté pour elle; ceux-là ne sont encore à Paris que des ennemis invétérés et incorrigibles; ceux-là sont frappés. Quant aux patriotes qui ont été éloignés des fonctions par quelque passion, ou par quelque erreur, et qui ont à se plaindre à la Convention ou au gouvernement, loin de nous l’idée de les écarter de Paris, et d’attenter au droit si légitime de faire réparer leur erreur. Qu’ils viennent à Paris, les patriotes opprimés; ils trouveront dans la Convention nationale, dans les comités, dans la société populaire, tous les cœurs prêts à les défendre, tous les organes prêts à parler pour eux, et l’autorité nationale attentive à écraser leurs lâches ennemis et leurs calomniateurs éternels; qu’ils viennent ou qu’ils demeurent à Paris, il leur suffira de se faire inscrire au comité de sûreté générale, avec les motifs de leur arrivée ou de leur séjour. C’est en montrant ici l’asyle du patriote et ses vengeurs, que la Convention nationale fondera plus facilement la République. [Voici le décret que la Convention vous propose :] « La Convention nationale, après avoir entendu le rapport [de BARÈRE, au nom] des comités de salut public et de sûreté générale, décrète : « Art. I. - Tout fonctionnaire public destitué ou suspendu par les Représentans du peuple", qui auroit des réclamations à faire auprès de la Convention nationale ou du Gouvernement, pourra se rendre à Paris ou y demeurer, à la charge de se présenter en personne aux comités de salut public et de sûreté générale, et de leur transmettre par écrit les motifs de son arrivée ou de son séjour à Paris : il y aura à cet effet un registre au comité de sûreté générale seulement. « Art. IL - Les ci-devant fonctionnaires publics remplacés ou démissionnaires qui remplissent en ce moment des fonctions, emplois ou missions qui leur ont été confiées par le gouvernement ou par les commissions exécu-452 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE voici les faits qui le prouvent, d’après les procès-verbaux qui les constatent. Le commandant du poste à la barrière de la Villette a fait arrêter des poudres qui partoient pour l’armée de Sambre-et-Meuse. Cet individu est arrêté, et le comité examine les motifs de sa conduite pour lui faire appliquer la peine qu’il mérite. Le premier de ce mois, des malveillans qui se sont introduits dans les cours de l’Arsenal de Paris, ont crevé, presque sous les yeux des sentinelles, et avec des instrumens tranchans, les soufflets de 5 forges de campagne qui fai-soient partie du convoi préparé pour l’armée du Nord. Ce délit est constaté par le directeur et les agens de l’arsenal; la force publique fait toutes les perquisitions nécessaires. La surveillance de police nous apprend que trois particuliers se sont approchés du réservoir de l’arsenal, et ont dit au garde du réservoir, avec un air de simplicité, de lâcher les écluses ou robinets, pour en voir l’effet. Sur son refus, ils ont offert de lui donner ce qu’il voudroit, et ils ont long-temps persisté. Ces curieux contre-révolutionnaires n’ont pas été arrêtés par la sentinelle. Dans la nuit du 1er au 2 de ce mois, entre minuit et une heure, il s’est présenté à la porte des prisons de Bicêtre un grand nombre d’individus qui ont demandé à entrer, au nom du comité de salut public. Les trois citoyens qui étoient les premiers ont été arrêtés, 40 autres ont pris la fuite : les arrêtés ont été interrogés par l’administration de police. Tels sont les symptômes des manœuvres employées dans les circonstances où nous sommes, par les agens de l’étranger réunis aux partisans de l’aristocratie. Les avoir dénoncés à la Convention, c’est avoir déjà commencé à les déjouer : mais les mesures que les deux comités ont prises hier pour faire juger dans peu de temps les ennemis du peuple qui sont détenus dans toute la République, vont être en activité et rendront à la nation cette sécurité, ce calme imposant qu’on veut lui ravir sans cesse, signe de la force et de la République affermie. Ce ne sont pas là les seules mesures qui ont été résolues hier. Les deux comités réunis ont délibéré de faire un rapport général sur l’influence que l’étranger avoit tenté d’acquérir, et sur les moyens de faire cesser la calomnie et l’oppression sous lesquelles on a voulu mettre les patriotes les plus ardens et qui ont rendu les plus grands services à la République. Ce sont encore les héritiers d’Hébert qui ont osé espérer de démoraliser le peuple et de corrompre l’opinion publique. Il faut de temps en temps retremper l’esprit public et accabler l’aristocratie. Ce sera un tableau bien instructif que celui des intrigues habiles par lesquelles ont a voulu diviser les patriotes pour les opprimer, et les opprimer pour anéantir la République. Quand le rapporteur aura examiné devant vous l’influence que l’étranger avoit tenté de nouveau d’acquérir en France et à Paris; quand il aura examiné avec vous l’influence que les erreurs ou les préjugés de quelques patriotes ont eue sur les événemens, et les fautes nouvelles dont les événemens ont manqué d’être la source à leur tour, nous apprendrons enfin à démêler ces trames odieuses, ces enchaînemens éternels de division, de persécution, de calomnie et d’injustice, mis à l’ordre du jour dans toutes les bouches, dans tous les esprits contre les meilleurs Républicains et les plus anciens défenseurs de la liberté. C’est aussi pour prouver aux patriotes combien le gouvernement révolutionnaire les estime dans ses travaux, qu’il vous propose de faire disparoître de la loi du 2 thermidor ce qui contient une généralité effrayante pour les bons fonctionnaires publics, pour ceux que des raisons légitimes ont forcés à donner leur démission : ceux-là ne sont pas compris dans la loi. Les comités n’ont pas cru non plus devoir y comprendre indéfiniment tous les fonctionnaires publics destitués ou suspendus depuis 1789, mais seulement ceux qui depuis le 31 mai (vieux style) ont été éloignés de leurs fonctions. Cette époque est célèbre dans les annales de la République. Ceux qui ont voulu son unité ont voté pour elle; ceux-là ne sont encore à Paris que des ennemis invétérés et incorrigibles; ceux-là sont frappés. Quant aux patriotes qui ont été éloignés des fonctions par quelque passion, ou par quelque erreur, et qui ont à se plaindre à la Convention ou au gouvernement, loin de nous l’idée de les écarter de Paris, et d’attenter au droit si légitime de faire réparer leur erreur. Qu’ils viennent à Paris, les patriotes opprimés; ils trouveront dans la Convention nationale, dans les comités, dans la société populaire, tous les cœurs prêts à les défendre, tous les organes prêts à parler pour eux, et l’autorité nationale attentive à écraser leurs lâches ennemis et leurs calomniateurs éternels; qu’ils viennent ou qu’ils demeurent à Paris, il leur suffira de se faire inscrire au comité de sûreté générale, avec les motifs de leur arrivée ou de leur séjour. C’est en montrant ici l’asyle du patriote et ses vengeurs, que la Convention nationale fondera plus facilement la République. [Voici le décret que la Convention vous propose :] « La Convention nationale, après avoir entendu le rapport [de BARÈRE, au nom] des comités de salut public et de sûreté générale, décrète : « Art. I. - Tout fonctionnaire public destitué ou suspendu par les Représentans du peuple", qui auroit des réclamations à faire auprès de la Convention nationale ou du Gouvernement, pourra se rendre à Paris ou y demeurer, à la charge de se présenter en personne aux comités de salut public et de sûreté générale, et de leur transmettre par écrit les motifs de son arrivée ou de son séjour à Paris : il y aura à cet effet un registre au comité de sûreté générale seulement. « Art. IL - Les ci-devant fonctionnaires publics remplacés ou démissionnaires qui remplissent en ce moment des fonctions, emplois ou missions qui leur ont été confiées par le gouvernement ou par les commissions exécu-