SÉANCE DU 3 FRUCTIDOR AN II (20 AOÛT 1794) - N° 1 305 non pour servir tel ou tel personnage, telle ou telle passion, ou tel ou tel parti. Grâces vous soit rendu, héros représentants, car les amis sincères de la cause sacrée du peuple ne craignent plus en s’abandonnant au sommeil de se voir arracher au milieu des ténèbres de la nuit, des bras de leurs femmes et de leurs enfans, par quelque ordre arbitraire vomi par la vengeance ou par la sombre inquiétude de quelqu’un de ces triumvirs qui souil-loient le temple des loix où ils avilissoient la vertu dont les expressions touchantes étoient sur leurs lèvres impures tandis que le crime rongeoit leur cœurs. Héros représentants, une trame si profonde ourdie depuis longtems qui a fait périr tant d’innocents peut-être, dont le sang a été mellé avec celui des ennemis du peuple; d’un projet qui, non exécuté encore, faisoit déjà frémir par ses approches les plus purs patriotes sur leurs destinées, il est impossible que cette trame n’ayt jetté des racines étendues dont vous découvrirés la trace. Votre sagesse, votre énergie, votre patience, le génie de l’Etre suprême qui veille sur le peuple et qui dirige vos actions, l’amour de ce même peuple dont vos cœurs sont embrasés vous feront découvrir des grands complices des tirans. Frappés, législateurs, frappés ! Le moindre rejetton de la tirannie suffit pour faire renaître des nouvelles allarmes et exciter des nouveaux troubles. Frappés avec assurance ! Les valeureux Parisiens sont là, qui veille sur vous. Nous sommes tranquilles ainsi qu’eux. Nous jurons de périr jusqu’au dernier pour l’égalité, pour la liberté, ainsi que nos frères de Paris. Nos cœurs seront déchirés en lambeaux avant qu’il soit porté atteinte à la Convention nationalle qui a toujours eu notre confiance, dont l’idée seule nous soutenoit dans l’exercice de nos fonctions au milieu des allarmes dont on nous environoient. Gloire à l’Etre suprême ! Gloire au peuple ! Vive la Convention nationalle, vive la Montagne ! Périssent tous les tirans et tous les traîtres ! Robert ( présid .), L. Bordes père, Chaussade fils ( secrét .), Bruno, Cardeilhac, Gabarra, Coriandre Bernard. e [Les adminn du directoire du district du Coiron, séant à Aubenas (1), à la Conv.; s.d. ] (2) Citoyens représentans, Jamais votre sublime et énergique courage ne vous a suggéré des mesures plus promptes, plus vigoureuses, plus sages pour abbattre un tyran, au moment où il rassembloit ses infâmes satellites pour égorger la Convention nationale et perdre la patrie. Notre reconnoissance n’a pas d’expressions pour se démontrer, celle des vrais citoyens de ce district est sans bornes. Fidelles à nos sermens, nous seconderons vos (1) Ardèche. (2) C 319, pl. 1300, p. 18. Mentionné par B™, 4 fruct. (Ier suppl ). efforts pour déblayer cette partie de la République des souillures que la tyrannie nouvelle y a laissées. Le voile du patriotisme et de la vertu sous lequel s’étoient cachés un tyran et ses horribles créatures est tombé; leur spectre odieux est repoussé de toutes parts. Qu’ils aillent rejoindre le tyran, tous ces vils individus, ces intriguants, ces hommes immoraux, ces sangsues du peuple, masques changeants suivant les circonstances, coalisés avec le tyran et désignant déjà leurs victimes. Les représentans du peuple envoyés dans le département de l’Ardèche qui ont mis à l’ordre du jour la justice et la vertu dans ce district connoissent leur immoralité profonde et leur scélératesse qui les rendoient les dignes suppôts du tyran. Vive la République ! Vive la Convention nationale, périssent les tyrans ! Tremole, Embry, Flaugergues J., Cornuscle (présid.), Mestre (secrét.). f [La société populaire de Séverac, département de l’Aveyron, félicite la Convention nationale sur ses glorieux travaux, l’assure de son dévouement, l’invite à rester à son poste jusqu’à l’entière destruction des tyrans et de leurs satellites, et lui annonce qu’elle a monté un jeune cavalier patriote qui s’est offert de lui-même pour la défense de la patrie, et qui, à l’exemple des soldats romains, a juré de revenir vainqueur; qu’elle a en outre fait don de 9 chemises, 23 paires de bas, 9 paires de souliers qui ont été remis à son district; que les métaux de cloches, argenterie, cuivre et plomb des églises sont déjà parvenus à leur destination (1)]. g [La sté montagnarde dAramon (2), à la Conu.; quintidi mess. II] (3) Représentants d’un peuple libre, Que vos opérations sont sublimes ! Elles sont dignes d’admiration et de la reconnaissance la plus entière. Votre décret sur la notion de l’Etre suprême et l’immortalité de l’âme a terrassé les aristocrates, détruit les égoïstes, fait pâlir les tyrans coalisés et leurs vils satellites. Soyés donc à jamais loués, inébranlables Montagnards; soyés loués à jamais, infatigables membres du comité de salut public ! Que l’Etre suprême qui a arrêté le fer assassin sur vos personnes, veille sans cesse sur votre conservation, et alors la République n’aura plus d’ennemis à combattre dans son sein; alors que ces infâmes qui ont osé ourdir jusques sous vos yeux leur abominable complot en se préparant avec les poignards d’une nouvelle Corday et d’un autre Pâris pour détruire Robespierre et Collot d’Herbois, verront leur conspiration anéantie. (1) B‘n, 7 fruct. (suppl1). (2) District de Beaucaire, Gard. (3) C 318, pl. 1291, p. 12. B‘n, 6 fruct. (suppl l). 20 306 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Nous ne resterons jamais immobiles. La société montagnarde d’Aramon aura toujours l’oeuil actif sur les malveillans. Les fourneaux salpêtriers travailleront nuit et jour avec rapidité. L’agriculture tirera seulement du sein de la terre sa subsistance, et le surplus servira aux frais de la guerre. L’artiste prépare ses bras pour détruire les tyrans, tandis que ses enfants sont en activité sur les frontières. Une offrande de 100 pistoles, jointe à 8 marcs d’argenterie pour la construction d’un vaisseau de ligne dans le département du Gard, a été envoyée à nos frères de Nismes. Grand nombre de chemises, vieux linge, charpie, cuivre, 54 marcs d’argenterie servant au ci-devant culte, 5 cloches jointes à 12 marcs d’argenterie, avoient précédé cette offrande. Quoique peu fortunés par la mortalité des oliviers et les dégradations causées par les inondations du Rhône, notre zèle ne se rallentit pas. La patrie doit touts ces avantages à l’anéantissement de l’athéisme, au progrès de la saine philosophie et à la continuation de la présence du citoyen Borie dans notre département. Un jeune élève vient de partir pour l’école de Mars; grand nombre de nos jeunes citoyens se disputoient à l’envi cet honneur. Daignés donc, législateurs philosophes, continuer vos immortels travaux. Développés à l’Univers entier la justice d’Aristide, la sagesse de Socrate et vous trouverés pour votre défense dans la commune d’Aramon autant de Brutus que l’on peut y compter de citoyens. Pansier ( présid .), Bernard (secret.), Avez (secret.). h [Les membres composant la sté popul. et rêpubl. de Condrieu (1), à la Conv. s.d. ] (2) Citoyens représentans, Souffrant sous la tirannie, des hommes de notre canton se levèrent; la majorité suivit leur impulsion et notre société s’accrut en hommes, en connoissances et en courage. Elle ne se flatera pas de ce qu’elle a fait; peu d’autres n’ont émis de vœu révolutionaire comme elle; des hommes de son sein furent persécutés, mais le temps et votre courage les firent triompher. L’intention du peuple, la vôtre, était faussement rendue par les hébertistes; la société combattit ce système, elle eut des ennemis puissants qui firent trembler la majorité et persécutèrent des sages; mais, revenant de sa stupeur, cette majorité se leva, et, peu de temps avant la découverte des complots d’Hébert, elle se déba-rassa de l’intrigue malgré les efforts de sa rage. Vous nous avés fait triompher en anéantisant ce parti destructeur de toute moralité; vous avés plus fait, vous avés guéri les blesures faites à la révolution par Hébert, qui révoquait l’existence divine; vous l’avés reconnue, comme notre intelligence la reconnaisait. Vous l’avés dévelo-(1) District de la campagne de Commune-Affranchie, Rhône. (2) C 318, pl. 1291, p. 13 à 16. B ", 6 fruct. (suppl1). pée, et nos âmes, dégagées de l’esclavage et de la superstition, guidées par le flambeau de la raison dont vous avés jettés les premières lumières, braveront toute attaque phisique et morale. Empêchés autant qu’il vous sera possible aux faux zélateurs de disputer : ils obscurcissent la raison. Détournés les poignards dirigés contre la liberté et ses défenseurs. Nous n’avons pu parer les coups portés contre Robespierre et Collot Dherbois mais nous avons veillé de plus près leurs ennemis et les vôtres. C’est à vous de les faire poursuivre, de les arracher de leurs repaires et d’en purger la terre de la liberté, afin que vous viviés pour l’anéantissement de la tiranie et le triomphe de la République démocratique. Fait en séance tenante à Condrieu le [un blanc] l’an IIe de la République une indivisible et démocratique. Enemond Chapre (vice-pré sid.), Mouton (secret.), Thevenon ( secrét .). P. -S. Les dons faits par notre société ne sont pas portés sur les bulletins. En voici l’état détaillé. Veuillés les y rétablir. Liberté, égalité, triomphe de la République ou la mort ! Extrait des minutes du comité révolutionnaire du canton de Condrieu, département du Rhône. Magazin général [de] distribution Armée des Alpes Effait mobilier Egallité, liberté. Le 27 pluviôse l’an II de la Répeubli-que françoise une indivisible et démocratique 2 heure de relevé, je, commisaire des guerre de Ie classe employer à l’armée des Alpes, sur la réquisition qui m’a été faite par le cytoyen Darc, garde-magazain, de procéder à la virification d’effait arrivés de Condrieu, me sui randu audit magazain où ile m’a été présonté une letre écrite par le présidant et les menbre du comité révolutionaire de Condrieu, par laquel il annonce 4 caisse contenant 553 chemise, 59 draps de lit, 35 paire de soullier, 3 chapaux, 7 mouchoir, 3 nape, une veste et une cullote. Je sur le champ fait ouvrir les dit caisse en présance du cytoyen Darc, et ile a été reconnut qu’elle renfermion 1° 553 chemise, dont 315 d’homme bonnes, 225 médiocres et 13 de famme, dont 6 bonnes, et 7 en mauvès état. 2° qu’au lieu de 59 draps de lit annoncé, ils sont né réellement trouvé que 57, dont 36 bon et 21 mauvais. D’où il résulte un défusit des 2 draps. 3° 35 pairre de soulliers dont une vieillie. 4° 3 serviette dont 2 [et] un essueye main. 5° 7 mouchoir de poche. 6° 3 chapaux. 7° une veste blanche uniforme. 8° une culotte uniforme. 9° un gilet tricot de soye. Tous lesquelle effait ay remis à la garde du cytoyen Darc qui san né charger et serat tenut dant donné respicé à la commune de Condrieu. Et a signier avec mois. Fait et arrêté à Grenoble les jour, mois, ans que dessus. Renomedon et Nadaut. Tous les effait énoncé dont (sic) le procès-verbal de autre part ont été déposer au maga-