98 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j l“93 Ecuries citoyens Moreau l’ainé, Moreau le jeune, uyt père, Basin, Mauroy, père, etc. Il ajoute, en son nom, une des ces médailles fastueuses desti¬ nées à perpétuer le souvenir du mariage d’un de ces despotes qui, sous l’apparence de quelques vertus, cachent tant de vices honteux (Henri IV). Mention honorable et insertion au Bulletin. La Société populaire d’Aumale fait don de 50 marcs d’argenterie provenant de ses églises. Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre de la Société populaire d'Au¬ male (2). La commune, le comité de surveillance et la Société populaire d'Aumale, à la Convention nationale. « Il y a un an que le commune d’Aumale, pressant l’éponge de la vanité sacerdotale, en avait tiré 51 marcs d’argent, qu’elle a donnés à la patrie. Il y restait encore 50 mares qu’elle vous envoie et que ses commissaires vous apportent. Bon cuivre et les ornements du culte sont en route et vous arriveront sous peu de jours* en voici le procès-verbal que nous dépo¬ sons en vos mains. Nous n’avons aucunes reli¬ ques, par conséquent aucunes châsses ; nos saints ne sont que de bois; nous espérons que vous nous permettrez d’en faire du feu. Nous avons bien quelques prêtres, patriotes de poche, fâchés de tout ce que nous vous adressons, mais nous nous chargeons tous de mettre leurs amis et eux à une allure de convenance. Chez nous, la décade s’exécute, et bientôt l’on n’entendra pliis que le langage austère de la raison et de la vérité dans ces lieux, échos privilégiés du men-~ songe, du fanatisme, de la superstition et de l’intérêt. Nos jeunes citoyens de la première réquisition sont organisés en bataillons; ils sont pleins d’ardeur et de courage, ils vont partir et vaincre tous les tyrans. Nos citoyennes se sont disputé le plaisir de travailler gratuite¬ ment à leur équipement, elles viennent de leur 6,000 livres en écus pour être changés contre une pareille somme en assignats. Cette députation demande qu’à l'avenir les juges, les magistrats du peuple n’aient 'point de costume et soient vêtus en sans-culottes. L'orateur dépose une médaille sur l’autel de la patrie. Honneurs de la séance, mention honorable, inser¬ tion au Bulletin. IV. Compte rendu du Bulletin de la Convention. Vu citoyen de Sens apporte à échanger contre des assignats, au nom de plusieurs de ses concitoyens 250 marcs d’argenterie, 2 marcs d’or et 6,000 livres en numéraire, dont moitié en or. Le même dépose en son nom et fait don d’une grande médaille frappée pour le mariage de Henri IV. (Il Procès-verbaux de kt Convention, t. 26, p. 147. (2) Archives nationales, carton G 283, dossier 806. offrir un drapeau, elles leur donneront des pal¬ mes civiques à leur retour. « Vive la République une, indivisible et impé¬ rissable ! ( Suivent 1 1 signatures.) La Société populaire d'Aumale, à la Convention nationale. « Citoyens représentants (1), « Vous avez délivré le peuple français de toutes les oppressions politiques ; fl faut aujourd’hui le soustraire aux oppressions sacerdotales. Nos prêtres se servent de leurs armes pour fanatiser les esprits faibles, il faut les leur arracher. Ce n’est pas assez que nos temples dégorgent leurs ri¬ chesses, il faut cesser d’en payer les ministres; il faut faire plus, citoyens représentants, il faut leur ôter tous les moyens de nuire, car le ser¬ pent qui n’est pas entièrement écrasé conserve toujours un dard pour sa vengeance : nous remettons à votre sagesse le moyen de nous en garantir. Nos temples ont encore sur leurs murs de ridicules images, monuments hideux de la sotte crédulité de nos pères, il faut les en dé¬ pouiller et les brûler aux pieds de celle de la raison; il faut que chacun de nos édifices natio¬ naux n’offre plus que les statues, les emblèmes et les inscriptions de la liberté, de l’égalité et de l’humanité. « La Société populaire d’Aumale vous de¬ mande toutes ces lois parce qu’elles sont dignes de vous, parce qu’elles sont d’une bienfaisance universelle, et nécessaires à la tranquillité pu¬ blique. Avec elles, nous ne craindrons pas plus le fanatisme que les tyrans; avee elles nous vous dirons : tout ira, car nous nous serrerons autour de la Montagne; nous en défendrons les appro¬ ches, nous la sauverons ou nous périrons sous ses ruines. « F. -A. Beu vain, président ; Delmas'&e, secré¬ taire; Legendre, secrétaire. Un citoyen dépose sur l’autel de la patrie 8 croix de Saint-Louis (2). Le curé de Vincennes (Vraeelles), dans le dé-partehient de l’Yonne, abdique ses fonctions. Insertion an « Bulletin » (3). Les représentants du peuple dans le départe* ment de PAisne annoncent que les prêtres s’em¬ pressent de renoncer à leur charlatanisme et qu’ils sont accablés de lettres de prêtrise. Insertion au « Bulletin » (4). (1) Archives nationales, carton C 283, dossier 806. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 147. (3) Procès verbaux de la Convention, t. 26, p. 148. (4) Ibid. [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j " 99 Suit la lettre des représentants du peuple dans le département de V Aisne (1). S. -P. Lejeune et Poux , représentants du peuple dans le département de V Aisne et autres circon-voisins , à la Convention nationale* « Laon, le 2 frimaire, l’an II de Père répu¬ blicaine. « Citoyen* collègues, « Nous vous envoyons des exemplaires de la proclamation et de l’arrêté que nous venons de prendre; les prêtres s’empressent de renoncer à leur charlatanisme; nous sommes accablés de lettres de prêtrise; déjà plusieurs communes ont fermé les temples consacrés à la supersti¬ tion et à l’erreur et ne veulent plus avoir d’autre culte que celui de la raison ; le fanatisme est aux abois; les vieilles dévotes n’osent plus se montrer et le triomphe de la vérité est assuré {nous l’espérons), dans tout ce département. « Nous allons vous faire passer un convoi considérable de vases, de guenilles sacrés, qui figureront mieux à la Monnaie que dans les maisons de nos modernes druides, vive la Répu-folique ! vive la liberté ! Ça ira, et ça va ! « Salut et fraternité. « S. -P. Lejeune; Roux. Proclamation (2). Nous, représentants du peuple dans le dépar¬ tement de l’Aisne et autres circonvoisins. Depuis trop longtemps, citoyens, la raison et la vérité n’osaient se faire entendre; des pré¬ jugés funestes tyrannisaient tous les cœurs, l’homme avait oublié ses droits, il ne se souve¬ nait plus qu’il était né pour être libre, il n’osait se livrer aux doux sentiments de la nature; triste jouet de son imagination égarée, il se proster¬ nait lâchement devant son ouvrage, et cherchait dans les cieux un bonheur qui le fuyait sur la terre; il ne voyait pas qu’il ne vivrait heureux et libre que quand il serait sans rois et sans prêtres. Mais, la voix de la philosophie et de la raison a retenti parmi nous; aussitôt, l’ouvrage de la superstition, de l’ignorance et de l’imposture, a disparu sans retour; les fers honteux sous les¬ quels nous gémissions, ont été brisés; le trône des Capet s’est écroulé sous les coups de la massue populaire, et la tête du dernier de nos tyrans est tombée sur l’échafaud; la royauté, l’exécrable royauté, a été arrachée de dessus ses antiques fondements, et, au milieu de ses débris fumants, on a vu s’élever l’édifioe majestueux d’un gouvernement libre. (1) Supplément au Bulletin de la Convention du 5e jour de la lre décade du 3e mois de l’an II (lundi 25 novembre 1793); Archives nationales, carton G 283, dossier 798. Aulard : Recueil des actes et de la correspondance du comité de Salut public, t. 8, p. 630. (2) Archives nationales, carton G 283, dossier 798. Aulard : Recueil des actes et de la correspondance du comité de Salut public, t. 8, p. 629. • Les prêtres, ces ministres du mensonge, jet¬ tent, aux pieds de l’autel de la patrie, leur masque hypocrite; ne pouvant pim tromper les humains et' protéger la tyrannie, ils abjurent le*; erreurs cruelles dont ils ont rempli la terre; ils ne reconnaissent aujourd’hui d’autre culte que celui de la raison; et, par cet hommage rendu à l’éternelle vérité, ils avouent haute¬ ment que l’invention de& prêtres et dm rois est le plus grand fléau politique qui puisse affliger l’espèce humaine. La Révolution, dans sa marche rapide et brû¬ lante, renverse tout ce qui s’oppose à ses progrès, tous les préjugés s’enfuient devant elle, comme on voit la poussière se dissiper à l’aspect de l’aquilon. La nature reprend ses droits impres¬ criptibles ; et le peuple français s’avance à grands pas vers le tenue heureux de ses travaux et de se* efforts. Depuis quatre ans, citoyens, nous sommes des modèles de constance, de courage et d’éner¬ gie; dans la lutte terrible qui s’est élevée entre les peuples et les rois, nous avons donné un grand exemple à la terre. Le peuple français a effacé, par ses vertus, les plus belles actions des peuples de l’antiquité, haine éternelle aux oppresseurs des nations ! Guerre implacable au fanatisme et aux infâmes royalistes ! Que la race impie des tyrans qui avaient usurpé nos droits, soit exterminée jusqu’au dernier ! C’est le vœu de tous les hommes libres; c’est le vœu du peuple tout entier. Coupons l’arbre de la superstition et du fana¬ tisme jusque dans ses racines ; abattons ces vai¬ nes et grossières idoles que l’ambition et l’im¬ posture avaient inventées pour enchaîner les hommes. Le genre humain attend de tous la vérité; il attend de nous sa rédemption. N’est-il pas honteux que les maisons de culte, que ces maisons dédiées au mensonge, à l’hypocrisie, ne soient pas encore dépouillées des ornements imposteurs qui les décorent? N’est-il pas temps que les vases, que les fétiches d’or ou d’argent exposés dans les temples à la vénération des sots, soient conduits à la Monnaie, et qu’à la place de ces vils métaux, la vérité triomphante éblouisse tous les yeux? Que les monuments élevés à la superstition par l’imbécile crédulité de nos pères, soient consacrés aujourd’hui aux dieux de l’homme libre; la raison, l’égalité, la justice, l’humanité, voilà les dieux; n’ayons, donc plus d’autre culte que celui de la liberté» d’autre temple que celui de la raison, d’autre religion, enfin, que celle de la patrie. Arrêtons, en conséquence : Art. 1er. « Tous les vases d’or ou d’argent, toutes les figures de ce métal, les pierres précieuses dont elles peuvent être enrichies, les galons d’or ou d’argent qui sont encore dans les maisons de culte, seront portés à la Monnaie, à Paris, pour être employés au service de la patrie et au soula¬ gement de l’humanité souffrante. Art. 2. « Le poids ou la quantité de l’or ou de l’argen¬ terie, ainsi que le .nombre et le poids des pierre» précieuses, envoyés à la Monnaie, seront cons¬ tatés par des procès-verbaux en bonne forme.