Séance du 15 brumaire an III (mercredi 5 novembre 1794) Présidence de PRIEUR (de la Marne) 1 A l’ouverture de la séance, on fait lec ture de plusieurs procès-verbaux. La rédaction en est adoptée (1). 2 Un secrétaire fait lecture de la correspondance, dont extrait suit : La société agricole de Sauveterre [Aveyron] félicite la Convention nationale sur ses travaux et son énergie, et l’invite à rester à son poste. Mention honorable, insertion au bulletin (2). [La société agricole républicaine révolutionnaire de Sauveterre à la Convention nationale, le 3 vendémiaire an III] (3) Citoyens representans du peuple. Vous avés abbatu tous les monstres hideux qui ont osé lever leur têtte contre la liberté, leur voix jadis impuissante, croasseroit-elle encore au milieu des tombeaux de la tirannie? Reveiller oit-elle l’esperance des conspirateurs, arretteroit-elle la marche rapide du gouvernement révolutionnaire? Non, citoyens representans, vous etoufferés encore ces reptiles venimeux, vous sauverés la patrie, le peuple se sauvera lui même. Depuis quelque temps, nous entendons retentir les noms de modérantisme, de fanatisme, d’agiotage, de malveillance ; depuis quelque temps sous l’apparence d’un sommeil trompeur couvent des complots effrayans pour (1) P.-V., XL VIII, 194. (2) P.-V., XL VIII, 194. (3) C 325, pl. 1411, p. 9. les patriotes; nous invoquons la sévérité de la justice. Nous appelions l’energie de la probité et au lieu de ces vertus révolutionnaires, des poignards s’offrent a nos yeux, les couteaux des assassins frappent sur les representans du peuple. Peuple, il en est temps, que ton indignation eclatte, la représentation nationale est outragée ; tu es assassiné toi même dans la personne de tes representans. Que ta sainte fureur poursuive donc l’assassin et l’assassinat ; que la probité efface leur nom des fastes de la vertu ; que le glaive de la justice écrasé leurs têtes et qu’une terreur bien ordonnée, celle qu’inspire au scélérat le gouvernement révolutionnaire ne laisse d’autre existance au crime que celle des tombeaux, ainsi le veut le salut de la patrie. Et vous les remparts de la Révolution, sociétés populaires entourés la Convention nation-nale, elle est votre centre, qu’elle soit votre force et votre soutien ; que la patrie soit donc sauvée par l’énergie de vos representans, et par la votre! que le modérantisme cesse de lever la tête; que le fanatisme n’éguise plus ses poignards, que l’agiotage n’ourdisse plus de trames horribles contre la loi du maximum ; que l’egoïsme cesse de spéculer sur la sueur et sur le sang du peuple ; que la sévérité de la justice et la puissance de la probité soient sans cesse a l’ordre du jour, que l’energie du gouvernement révolutionnaire atteigne tous les Robespierre ; que les assassins de la patrie soient immolés sur les marches de ses autels; que tous les hommes suspects, ceux qui ne méditent que sceleratesse, qu’assassinat, ceux qui ne revent que modérantisme, fédéralisme, indulgence pour les ennemis du bien public, soient réduits a l’impuissance de nuire; que la Convention nationnale reste a son poste pour exterminer les tyrans et les conspirateurs, que toutes les sociétés populaires de la Republique l’entourent de leur accord et de leur energie et la patrie sera sauvée. Tels sont, citoyens representans, les voeux sincères des sans culottes laboureurs de la société républicaine révolutionnaire de Sauveterre.