[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j Jéeembr/lÆ 139 nordiques et météorologiques, pour les calculs de la connaissance des temps, et autres ouvrages tendants à perfectionner la navigation. Art. 9. Il y aura un hydrographe dans chaque port de la République ; il y enseignera publiquement les sciences nécessaires aux marins. Art. 10. Les différents instituteurs ci-dessus désignés pour remplir le dernier degré d’instruction, se¬ ront salariés par la République. Art. 11. L’enseignement libre des sciences et arts non désignés par le présent décret, n’est pas aux frais de la République. Art. 12. Néanmoins, les jeunes gens qui auraient des dispositions bien prononcées pour quelque art ou science dont l’enseignement n’est pas salarié, pourront, sur l’attestation de l’instituteur qui leur aura donné les premiers éléments desdits arts et sciences, et sur celle du conseil général de la commune ou section, obtenir, dans les cas seulement où ils appartiendront à des pa¬ rents hors d’état de fournir au développement de leurs heureuses dispositions, un secours an¬ nuel d’encouragement pendant un nombre d’années déterminé. SECTION V. Moyens généraux d’instruction. Art. 1er. Il sera formé dans chaque chef -lieu des com¬ munes les plus populeuses de la République, une bibliothèque, un muséum, un cabinet d’histoire naturelle, un cabinet d’instruments de physique expérimentale; et, auprès de chaque hospice, un jardin pour la culture des plantes usuelles. Art. 2. Ces établissements serout ouverts au public deux fois par décade. Art. 3. Les citoyens qui cultivent quelque art ou science relatifs à ces établissements, y seront admis chaque jour, en présentant leur carte civique. Art. 4. Les citoyens qui désireraient ouvrir des cours de physique expérimentale ou d’histoire natu¬ relle, et qui n’auraient pas les moyens de se pro¬ curer les objets et instruments nécessaires à cet effet, pourront, sous leur responsabilité et du consentement de la municipalité et du conseil général de la commune, donner leurs leçons dans les cabinets nationaux. Art. 5. Ces établissements nationaux sont sous la surveillance immédiate des municipalités. Art. 6. Il sera établi dans chacun d’eux un surveil¬ lant particulier, aux frais delà République. Aperçu général des dépenses annuelles, néces¬ saires pour l’exécution du plan proposé. Premier degré d’instruction .... 26,000,000 Dernier degré d’instruction. .... 2,000,000 Moyens généraux d’instruction . . 2,000,000 Total ............ 30,000,000 III. Chant populaire pour la fête de la Raison par S. -B. -J. Noël, mis en musique par Boyeldieu fils (1). ( Suit le texte de ee chant, cl’après le Bulletin de la Convention (2). CHŒUR Nation libre, peuple franc, Vois de la liberté triompher le génie; Forge de tes fers teints de sang, Que l’acier des combats frappe la tyrannie. voix seule, La liberté sourit aux menaces du sort, Et s’armant d’une pique aux jours de ses batailles. CHÇEUR L’épouvante au teint pâle et l’inflexible mort Semant devant ses pas de longues funérailles. GRAND CHŒUR. Le bronze vomit le trépas; Le vil sang des hordes d’esclaves Rougit le fer de nos soldats, Courage, amis, peuple de bravés Tout à la fois franc et romain, Emule des héros du Tibre, Si tu dois vaincre, sois humain; Mais s’il te faut mourir, meurs libre, CHŒUR. Du triomphe déjà n’entends-je point les chants? L’injuste pouvoir tremble, il se trouble et chancelle. Il voit des légions de ses guerriers mourants Descendre à flots pressés dans la nuit éternelle. Nation libre, etc., Ceinte de lauriers teints de sang, Jouis de tes succès, liberté ! tu l’emportes, Salut mille fois, peuple franc, Le despotisme a vu succomber ses cohortes, Enfants de la victoire, à des concerts plus doux, Faites servir le clairon de la guerre. Offrez une fête à la terre. Les préjugés vaincus tombent à vos genoux. (1) Ce chant n’est pas mentionné au procès-ver¬ bal de la séance du 18 frimaire; mais il est inséré en entier dans le Bulletin de cette séance. (2) Supplément au Bulletin de la Convention natio¬ nale du 8e jour de la 2e décade du 3e mois de l’an II (dimanche 8 décembre 1793). ARCHIVES PARLEMENTAIRES-j f JlTmbrc™ È [Convention nationale.] voix seule. La France debout vous contemple, Hymne de gloire à l’ Eternel ! Le globe entier voi’à son temple. Un cœur pur, voilà son autel, , Charme des fêtes populaires, Annonce à la postérité { Bis, Que nous sommes autant de frères i en refrain, Qu’unit la sainte égalité. J La raison parle et nous éclaire. Le fanatisme est abattu, Liberté, que ton sanctuaire Soit le temple de la vertu. Charme des fêtes, etc., Peuple, ta cause est triomphante, Le sacerdotisme n’est plus, Et la tyrannie expirante S’épuise en efforts superflus. Charme des fêtes, etc. L’erreur s’envole comme un songe Devant le souffle du matin, 11 ne reste plus du mensonge Qu’un souvenir faible et lointain. Charme des fêtes populaires, ) Transmets à la postérité, ( Bis, Que nous sommes autant de frères [ en refrain Qu’unit la sainte égalité J GRAND CHŒUR. Salut, peuple français, honneur à ta mémoire ! Accord fraternel et touchant, Passe aux âges futurs et porte-leur la gloire. Un jour l’homme reconnaissant, L’Europe et l’Univers heureux par sa victoire Ne l’appelleront plus que Temple bienfaisant. I V. Copie de la lettre écrite a la Commission DES SUBSISTANCES ET APPROVISIONNEMENTS de la République, le 10 primaire, l’an II DE LA RÉPUBLIQUE UNE ET IMPÉRISSABLE, PAR LE CITOYEN MARCHAND, AGENT DE LA Commission des subsistances et appro¬ visionnements DE LA RÉPUBLIQUE, DANS LES DÉPARTEMENTS DU PAS-DE-CALAIS ET DE la Somme (1). Compte rendu du Journal des Débats et des Décrets (2). Frètes et amis, La liberté est la source de toutes les vertus; elle élève l’homme au-dessus de sa propre nature, remplace la faiblesse par le courage... fait des héros ! Je cède au sentiment profond que j’éprouve; et quoique je vous aie promis d’attendre mon retour pour vous rapporter ce que je sens, ce qu’il me sera impossible d’exprimer, il faut que la République entière ne tarde pas plus (1) La lettre du citoyen Marchand n’est pas men¬ tionnée au procès-verbal de la séance du 18 frimaire an II; mais elle est indiquée, par le Journal des Débats et des Décrets, comme appartenant à cette séance. (2) Journal des Débats et des Décrets (frimaire an II, n° 451, p. 334). longtemps à connaître ce que peut l’amour de la patrie sur des hommes libres. Une partie des sept navires arrivés à Calais, pour le compte de la République, n’avait pu aborder le rivage faute d’eau. On semble craindre que les grains qui y sont renfermés, ne s’échauffent et ne périclitent... Je m’élance à la tribune; je parle au nom du Salut public... et le plus morne silence règne. Républicains, les navires qui sont dans votre port peuvent, dit-on, appréhender la perte des grains qu’ils renferment... Il ne manque que des bras pour les décharger... Allons, que chacun de nous saisisse sans plus tarder, un sac... une brouette... un panier... ce qu’il trouvera... Volons à l’instant à la mer, arrachons-lui la subsistance de nos frères, dont elle est chargée. Nous n’avons ni chevaux, ni voitures... nous suppléerons à tout... Nous sommes Français ; il s’agit d’affermir la liberté !... Un mouvement spontané fait lever l’assemblée toute entière. On ne se permet plus de parler, on agit. Administrés, administrateurs, tous travaillent avec un zèle infatigable, et dans un moment les vaisseaux sont déchargés, au milieu des cris perçants de Vive la République! Vive la Montagne ! Que ce spectacle était attendrissant ! Le vieil¬ lard, suranné et infirme, traînant sa brouette; la femme timide serrant dans son tablier le dépôt précieux que ses forces lui permettent de porter; le citoyen vigoureux pliant sous le poids des sacs, et tous répétant cent fois avec un courage héroïque, ce dur et pénible exercice. Tel est, frères et amis, le tableau que je vous présente. Il a arraché des larmes à ma sensibilité... et les vôtres s’y mêleront, j’en suis sûr. Les habitants de Calais ont des droits à la reconnaissance publique; je les réclame pour eux, et je vous abandonne, citoyens, le plaisir de rapporter aux représentants de la nation française une conduite aussi républicaine. Pour moi, frères de Révolution, glorieux d’être employé pour la République, je déploie partout la fureur républicaine que vous me connaissez. Je poursuis les accapareurs et les empoisonneurs publics ; et je fais mon devoir ! Je vous ai mille obligations de m’avoir fourni une aussi belle occasion d’être utile à ma patrie. Salut et fraternité. Signé : Marchand, président du comité de surveillance du département de Paris, com¬ missaire de la Commission. Pour copie conforme : Signé : Tissot, secrétaire général de la Commission. V. Pétition des ex-administrateurs du Finistère (1). Les ex-administrateurs et secrétaires du département du Finistère, présentement déte¬ nus en la maison d’arrêt à Rennes, demandent à jouir de leur liberté provisoire, comme cinq de (1) Bulletin de la Convention nationale du 8e jour de la 2e décade du 3e mois de l’an II (dimanche 8_décembre 1793).