64 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE que de le rapporter à la terreur : tant il en coûte à des hommes libres de se prêter à l’idée même d’être comprimé. Continuez, Législateurs, continuez à travailler à notre félicité. La sévérité est nécessaire, mais elle n’est plus à redouter que pour ces hommes injustes qui versent le sang comme l’eau : disons mieux, ce n’est pas sévérité, c’est barbarie; puisque la sévérité n’est autre chose que l’inflexibilité dans l’exécution des mesures qu’a dictées la justice. Salut et fraternité. Pinet (maire), Bireux l’aîné (secrétaire), (et 13 autres signatures.) c [Les administrateurs et l’agent national du district de Chinon, département d’Indre-et-Loire, à la Convention nationale, 13 thermidor an II\ (5) Représentans du peuple français, Il est donc vaincu le plus exécrable de tous les attentats contre la liberté, conçu avec tant d’art, médité avec une dissimulation si profonde, préparé avec ce rafinement d’hypocrisie qu’une étude particulière et constante de tous les crimes a pu seule atteindre, exécuté enfin avec cette scélératesse dont un monstre vient de donner le premier exemple, le plus, grand des forfaits vient de balancer le salut de la patrie. Robespierre ! scélérat consommé ! quelles idées d’indignation et d’horreur tu fais naître ! après ces vertus dont l’éclat imposteur à trompé tant de monde, et qui n’étoient en toy qu’un prétexte infâme pour cacher tes abominables desseins; après ton crime, mis en évidence, quel nom mérites-tu ? te nommer aujourd’huy, c’est te peindre d’un seul trait. Oui, ton nom, par tous les français si justement abhorré, en exécration à toutes les races futures, est placé à la tête du cathalogue des plus grands scélérats qui aient souillé la terre, depuis l’origine du monde. Insensé ! tu croyais arriver à la gloire en anéantissant la liberté qui t’avoit fait naître; tu n’es parvenu qu’à te couvrir d’un opprobre éternel. Voilà le prix de ton forfait et de tes odieux complices. Où êtes-vous tous ? Déjà l’on ne se souvient que de vos crimes pour vous hair et vous détester : et ce souvenir durera jusqu’à la fin des siècles. Tel est le sort qui vous attendoit : il est réservé à tous les traîtres qui tenteroient de vous imiter. Anéantir la liberté ! et qui l’oseroit encore ? et qui le pourroit ? n’est-elle pas gravée dans le cœur de tous les français ? et la force qui la déffend ne la met-elle pas à l’abry de tout insulte ? qui pourroit donc y porter la moindre atteinte ? Attaquée tant de fois, jamais il est vrai, avec des coups si rudes que dans ces momens où nous venons d’échapper au plus grand des malheurs; elle est sortie victorieuse de tous les combats qu’elle a eu à soutenir; elle vient de terrasser ses derniers, ses plus dangereux ennemis; elle (5) C 319, pl. 1304, p. 4 (aucune mention marginale). triomphera de toutes les conjurations que la rage tyrannique, quelque forme qu’elle ait, suscitera contre elle et l’anéantissement total de ses ennemis, quels qu’ils soient, en manifestant sa puissance irrésistible, consolidera encore la baze sur laquelle elle est posée. Mandataires fidèles du peuple, Républicains invariables, que vous êtes dignes du poste où vous êtes placés ! quelle intrépidité de caractère ! et quelle magnanimité dans toutes vos actions ! plus elles sont grandes, sublimes, plus nous les admirons; mais elles ne nous surprennent pas : le crime seul peut étonner dans un représentant du peuple français. Quel exemple de vertus vous nous donnez ! nous les imiterons et l’héroisme de votre conduite sera la règle permanente de nos actions. Fondateurs de la liberté républicaine ! ô vous qui en sentez toute l’excellence, et pourquoi la vie n’est rien sans ce précieux bien; vous vouliez mourir, en la déffendant pour vous, pour le peuple dont les droits sont entre vos mains. Non, vous ne mourrez pas. Les français sont levés. Quelle formidable barrière, opposée à la fureur des tyrans ! Quel coup peut vous atteindre, quand il faut percer les corps de tant de millions d’hommes, pous arriver jusqu’à vous ? Nous vivons : nous sommes déterminés à mourir pour vous sauver, pour sauver la liberté, pour sauver la patrie. Notre salut est essentiellement lié au vôtre, votre cause est la nôtre : elle est celle de tous les français. Non, il n’est pas un seul parmi nous qui voulût survivre à ses représentans, à la mort de la liberté. Nous vous renouvelions avec un enthousiasme unanime le serment sacré de fidélité, de dévouement à la Convention nationale. Nous jurons de nouveau haine aux rois, aux dictateurs, à tout pouvoir arbitraire, aux tirans de toute espèce : nous jurons encore de mourir pour la République une et indivisible : elle est impérissable. Vive la Convention nationale ! Hollandrie (président), Isastard (vice-président), Bonneau,. Dutartre, Babeau, Simon Dubuisson, Paquinot, Champigny, Archambault, Branger, Leconte, Foresty, Lelorrain. d [La société montagnarde régénérée de Tarbes département des Hautes-Pyrénées, à la Convention nationale, s.d.] (6) Sauveurs de la patrie, Les représentans que vous aviez appellé à la victoire immortelle des 9 et 10 thermidor étoient la plupart désignes par les triumvirs : votre digne collègue, Monestier du Puy-de-Dôme, devoit être la victime de Robespierre. Ce tyran ne pouvoit lui pardonner la mort du fanatisme (6) C 320, pl. 1313, p. 40 (mention marginale : I. au B., renvoi au C. de Salut public, le 12 fructidor); Bull., 12 fruct. (suppl.). SÉANCE DU 12 FRUCTIDOR AN II (29 AOÛT 1794) - N° 1 65 et la répression de l’aristocratie dans nos contrées. Mais les monstres ne sont plus; la vérité, la justice retentissent seules dans votre enceinte. Monestier par ses leçons et par ses exemples nous prêcha toujours la plus pure morale. Il travailloit nuit et jour au bonheur du peuple; aussi son départ fit couler les larmes de tous les patriotes. Il n’avoit cessé de faire le bien du département mais il n’avoit fini ses opérations révolutionnaires lorsqu’il fut rappellé. Il devoit épurer encore plusieurs autorités constituées infectées de modérantisme et d’aristocratie. Citoyens représentans, le triomphe de la Convention est assuré pour toujours. Rendez-nous le montagnard Monestier. Il a la confiance et l’amour du peuple, il connoit les mœurs et les localités du pays, il distingue les tartuffes des vrais patriotes. Qu’il vienne terminer l’ouvrage qu’il a si bien commencé, en plaçant partout des Montagnards purs et dignes de la liberté et de l’égalité. Vive la Convention ! à bas les ambitieux ! Coriandre Bernard (président), Cuvouls (secrétaire) (et deux pages de signatures.) e [La société populaire de Paillet, département du Bec-d’Ambès à la Convention nationale, 30 thermidor an II] (7) Législateurs, Encore une fois vous avez sauvé la Patrie, et la patrie reconnaissante proclame avec enthousiasme l’énergie de ses représentants, et celle des fidelles sections de Paris qui ont repoussé avec indignation les mesures liberticides d’une municipalité rebelle à l’autorité souveraine. Les sentiments qu’elles ont manifesté à cette occasion, sont les nôtres, ce que le peuple de Paris a fait pour la garde du dépôt précieux de la Représentation nationale, nous l’eussions fait nous mêmes si comme eux nous eussions été placés au poste d’honneur. Cette révolution ne sera pas inutile à la liberté, elle consolidera d’avantage, car si elle est pour le peuple une grande leçon, elle est encoi'e plus terrible pour les hypocrites ambitieux qui pourraient avoir conçu quelques espérances de domination. Le peuple sera toujours le même, toujours il se réunira à la Convention en masse, et jamais à aucune faction dominatrice. Gardés vous, Législateurs, de vous désaisir un instant de l’autorité que le peuple vous a déléguée, conservés cette mâle énergie qui porte la terreur dans l’âme des conspirateurs; soyez grand comme le peuple que vous représentés; du haut de la Montagne, lancés la foudre sur la tête des ambitieux. Pulvérisés tous les partis qui chercheraient à envahir l’autorité souveraine, comme vous l’avés fait en frappant de mort ce (7) C 320, PI. 1313, p. 41 (mention marginale : M.h., I. au b., le 12 fructidor); Bull., 12 fruct. (suppl.). nouveau Périclès et quelques autres faux amis du peuple, usurpateurs d’une renommée qu’ils paraissaient avoir méritée après six années de duplicité révolutionnaire. Restez, fidelles montagnards, au poste ou la nation vous a placés, nous vous conjurons de ne l’abandonner, que lorsque la République n’aura plus d’ennemis à punir. Les membres composant la société populaire de Paillet, Lafon (président), Gros, Poupard (secrétaires). f [Les membres composant la société populaire et régénérée de Chinon département d’Indre-et-Loire, à la Convention nationale, 13 thermidor an II] (8) Mort aux tyrans de toutes couleurs Citoyens Représentans, Il est donc vrai que la liberté vient de courir de nouveaux dangers ! il est donc vrai que ce sont ceux-là même sur lesquels elle eût du compter, qui dévoient luy porter des coups parricides ! ô vertu, tu fus le manteau dont ils voilèrent leurs poignards ! Les insensés, ils voulaient donner un dictateur, un tyran a une nation qui fait trembler jusqu’aux tyrans étrangers. Comment ont-ils pû penser quelle en souffrit dans son sein ! elle a juré haine et extermination aux rois, c’est bien moins le nom que la chose qu’elle a proscrit dans sa juste indignation. Elle ne veut pas plus d’un dictateur, d’un tribun, d’un triumvir, que d’un roy. Qui que vous soyez qu’un semblable pouvoir puisse tenter encore, voyez nos Représentans là. Vous n’échapperez pas à leur vigilance. Robespierre affecta hier le dictatoriat, il n’est plus peut-être aujourd’huy. Voyez encore à Paris et dans les départemens une armée de Brutus. Si Cromwell mourut dans son lit, César tomba sous le glaive tyrannicide. Citoyens Représentans, vous venez de déjouer la plus atroce des conspirations qui ait jusqu’icy menacé la liberté. Qu’était celle de Danton et complices? le vice n’a jamais que quelques instants de triomphes : mais la vertu, les talents, tout ce qu’il y a de plus séduisant, nos modernes Catilina s’en étaient emparés. Vous leur avez arraché le masque, l’homme est resté et le héros s’est évanoui. Aux yeux de la France surprise et indignée, n’ont plus paru que des conspirateurs à punir. Grâces vous soient rendues, Représentans, pères de la patrie, vous l’avez encore une fois sauvée. Ce n’est pas là sans doute le dernier danger qu’elle courrera, car les ennemis de la liberté ne sont pas tous anéantis. Allons, citoyens, continuez de courage et de vigueur. Restez à un poste où vous acquérez chaque jour des droits à la reconnaissance du peuple. Ne désemparez pas que vous n’ayez conduit au port (8) C 320, pl.1313, p. 49 (aucune mention marginale). 5