[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j ” 621 venger la République. Représentants, ah! qu’il est doux de mourir pour la patrie! « Dans notre visite à l’hôpital, quelques-uns de ceux à qui il manque un bras nous présen¬ taient celui qui leur restait en nous disant : Que les ennemis de la pairie tremblent! celui-là me reste pour les anéantir! « Enfin, citoyens collègues, nous vous ferons passer successivement la liste de ces braves républicains, et le nom de ceux qui en mourant ont, par leurs dernières expressions, immortalisé leur gloire. « Salut et fraternité. « Eicord, Paul Barras, Sauceti. » « P. -S. Nous formons des Commissions pour l’administration de la marine, des effets des rebelles, etc., et une commission qui jugera révolutionnairement tous les coquins. « Signé : Eicord, Paul Barras. » Copie d’une lettre du général Chamboué au citoyen Rouchoite, ministre de la guerre. « De Béunion-sur-Oise, le 8 nivôse, l’an II de la Eépublique (1). « Citoyen ministre, voici les détails d’une action qui s’est passée dans la nuit du 5 au 6 ni¬ vôse. Un de mes guides, après avoir pris une exacte connaissance de 3 postes occupés par l’ennemi à la gauche d’Hannappes en allant au Cateau, vint en faire le rapport au citoyen De-maret, capitaine commandant un détachement du 19e régiment de chasseurs (ci-devant légion de Eosendal), cantonnée à Tupigny. Perraut, adjudant, en est instruit; il forme le projet d’en enlever un; le plus faible, en effet, mais le plus périlleux lui paraît le plus glorieux à emporter. Il va trouver son capitaine; à sa demande, le capitaine, sûr de sa bravoure, lui confie l’exécu¬ tion de son projet. « Perraut expose à ses camarades le danger qu’ils ont à courir, mais ils le comptent pour peu. L’espoir de faire une belle action les anime, rien ne peut les arrêter. Us veulent tous en par¬ tager la gloire : Pour éviter toute esclandre et d’être privé par là de la réussite, un petit nombre lui suffit. Il fait prendre aux guides habillements et armes de chasseurs, et, à la fa¬ veur de la nuit, ils marchent tous en bon ordre et se glissent au milieu du poste qu’ils avaient juré de détruire. Sabre d’une main et pistolet de l’autre, ils tombent sur les gardes, s’emparent du poste, y sèment l’alarme; et de 18 esclaves qui le gardaient, 17 sont à l’instant privés de la vie; un seul l’obtient en la demandant à genoux, il est fait prisonnier. Cependant, au bruit de ce qui se passe, la trompette sonne, les deux autres postes sont en armes; nos braves républicains allaient être enveloppés; mais, sai¬ sissant le moment favorable, ils échappent au danger, ils rentrent victorieux à leurs canton¬ nements, emmenant avec eux 14 chevaux des ennemis. Un seul chasseur a été malheureuse¬ ment blessé d’un coup de carabine. J’ai fait donner au guide 200 francs; les chevaux ont été ramenés à la Eéunion-sur-Oise, pour le ser¬ vice de la Eépublique. « Signé : Chamboué. » (1) Supplément au Bulletin de la Convention du 14 nivôse an II (vendredi 3 janvier 1794). Barère propose, à la suite de ce rapport, un projet de décret, qui est adopté en ces termes : « La Convention nationale, après avoir en¬ tendu le rapport de son comité de Salut public, décrète : Art. 1er. « Le ministre de la marine est chargé de donner sur-le-champ les ordres nécessaires pour la construction de tous les vaisseaux que les cales et les emplacements du port de la Mon¬ tagne pourront contenir. Art. 2. « Il donnera en même temps des ordres, dans tous les ports de la Méditerranée, pour faire construire tous les bâtiments de guerre qui pourront contenir dans les cales et dans les chantiers de construction. Art. 3. « Le ministre de la marine fera réparer à Tou¬ lon, avec la plus grande célérité, tous les éta¬ blissements dépendants de son administration, et est autorisé, à cet effet, à mettre en réquisition tous les maçons et ouvriers nécessaires du dépar¬ tement du Var et de tous les départements voi¬ sins. Art. 4. « Les représentants du peuple envoyés dans les départements méridionaux, feront partir vers Marseille et Toulon, aussitôt que le décret leur sera parvenu, tous les bois de construction, tous les objets et matières mis déjà en réquisi¬ tion, et qui sont propres à la construction et à l’armement des vaisseaux. Art. 5. « Les corps administratifs sont tenus de mettre la plus grande activité pour faire par¬ venir à leur destination les divers objets et matières destinés au service de la marine. Art. 6. « Les représentants du peuple, envoyés dans le département du Mont-Blanc, sont chargés d’accélérer l’exécution du décret précédemment rendu pour la coupe des bois dans ce départe¬ ment; ils les feront parvenir incessamment à Marseille et à Toulon. Art. 7. « Les ouvriers propres à la construction et aux travaux de la marine, et qui se trouveraient faire partie de la première réquisition armée, sont requis, par le présent décret, de se rendre à Toulon, pour les travaux qui vont être com¬ mencés; le ministre de la guerre et celui de la marine donneront à cet effet les ordres néces¬ saires. « Le ministre de la marine enverra à la Con¬ vention et fera imprimer la liste des citoyens qu’il tirera de la réquisition, pour les employer dans la marine. Art. 8. « Le ministre "disposera le service de la marine de manière à ce que les marins des régions mari¬ times de l’ouest, soient employés dans les régions maritimes du sud, et réciproquement.