SÉANCE DU 24 THERMIDOR AN II (11 AOÛT 1794) - N° 1 451 Nouveau Verrès, la justice nationale t’a frappé de sa foudre vengeresse. L’échaffaud a été le prix de ta scélératesse, et celui de la lâcheté de tes infâmes complices. Brave Méda, félicite-toi d’avoir, le premier, enfoncé le fer dans les flancs des traîtres qui voulaient rétablir la tyrannie sur les ruines de la République. 0, législateurs ! Votre attitude majestueuse a fait échouer les conjurations des Cromwel et des Catilina modernes, et la liberté vous doit encore une fois son triomphe. Citoyens repré-sentans, sans la distance des lieux qui nous séparent, vous nous auriés vu voler, avec nos braves frères de Paris, pour vous faire un rempart de nos corps. Nos cœurs, étrangers aux crimes, ont été déchirés à l’aspect de la trame scélérate, ourdie par ceux que nous n’avions cessé de louer, de chérir. 0 sauveurs de la patrie ! Que de dangers vous ont menacés ! mais votre amour pour le peuple que vous représentés vous a rendus inaccessibles à la crainte, et vous a fait déjouer les plus horribles complots. Dignes représentans d’un peuple libre, au nom de la patrie, que vous venez encore de sauver, restés sur vos chaises curules : de là, continués à tracer le chemin de la victoire à nos phalanges républicaines, et frappés ceux qui oseraient encore attenter à la souveraineté du peuple ! [suivent 108 signatures, dont celles de Duver-gins ( agent nat. de la comm.) et de Joseph Laxavin ( agent nat. près, le distr.)]. [Procès-verbal des séances de la société des sans-culottes de Bourg, du quintidi de la seconde décade de thermidor l’an II] (1) Les membres composant la société populaire régénérée de Bourg, réunis dans le lieu ordinaire de leurs séances, où les nouvelles d’une conspiration tramée par quelques représentants du peuple avaient attirées un grand nombre de citoyens. Le président ouvre la séance : un morne silence succède. On fait lecture du journal des Hommes Libres : elle est entendue avec la plus grande attention. Mais cependant tous l’interro[m]pent, plusieurs fois, par des mouve-mens d’indignation contre les conspirateurs qui attentaient à la souveraineté nationale, en marchant au triumvirat. Tous applaudissent aux mesures prises par la Convention pour annéantir les tyrans et la tyrannie; tous chantent l’hymne à la liberté. Un membre demande qu’il soit fait une adresse à la Convention nationale pour la féliciter et la remercier d’avoir de nouveau sauvé la patrie. On fait plusieurs propositions relatives à l’envoi de cette adresse. On demande qu’il soit fait une députation aux autorités constituées pour les inviter à se réunir à la société, pour la rédaction et l’envoi de l’adresse : ces propositions sont délibérées et le président nomme les commissaires. (1) C 315, pl. 1 265, p. 45. On demande qu’il y ait, demain 16, une séance extraordinaire pour la lecture, l’adoption et pour signer l’adresse : cette demande est délibérée. Un membre propose que la société et les citoyens des tribunes se rendent en masse au pied de l’arbre de la liberté sur la place nationale, pour y chanter des hymnes à la liberté en signe de réjouissance de son triomphe sur la tyrannie : cette proposition est délibérée. Le président lève la séance et tous les citoyens et citoyennes se rendent à la place devant la maison commune : ils y expriment tout le républicanisme qui nourit leur âme. Signé au registre par nous, président et secrétaires de la société populaire des sans-culottes de Bourg, le 16 Therm. II. Dallau ( présid .), Casquet {secret.), Eck aîné ( secrét .), Sauvage {secret). n [La sté popul. de la comm. d’Evron{ 1), à la Conu.; s.gê.] (2) Pères de la patrie, Encore une fois vous avez démasqués les traîtres. Encore une fois vous avez fait triompher la liberté. Encore une fois vous avez sauvé la République, et au milieu des plus grands dangers, et en bravant la mort même, vous avez fait tomber le glaive de la loi sur la tête du chef des conspirateurs et de ses principaux complices. Robespierre, ce nouveau Catilina français, avoit sçu, par des dehors trompeurs et sous le manteau du patriotisme, capter notre confiance. Il ne parloit que de vertu, lui qui avoit le crime dans le cœur, et il ne falloit rien moins que votre activité et l’énergie majestueuse que vous avez déployée dans les journées des 9 et 10, pour dévoiler les complots de ce monstre et briser les fers que ce second Cronvel préparoit aux amis de la liberté. Votre conduite, législateurs, étonnera l’Europe entière, elle va faire le désespoir des tirans coalisés; ils vont enfin reconnoître, ces despotes farouches, que la corruption, leur ressource unique, ne sera pas plus puissànte contre nous que ces hordes d’esclaves qu’ils osent opposer à la valleur des républicains. La punition juste et terrible que vient d’éprouver cette municipalité criminelle de Paris, qui a osé méconnoître pour un instant l’authorité du peuple, doit servir d’exemple aux hommes pervers qui auroient encore eu dans le cœur l’espoir de la tirannie. S’il en existoit encore, qu’ils tremblent; le peuple est là, et la vengeance nationale les attend. Mais, citoyens représentans, le peuple de Paris étoit bien éloigné de partager les senti-mens de sa municipalité conspiratrice et de tous les traîtres qui s’étoient réunis à la maison (1) Mayenne. (2) C 315, pl. 1 265, p. 46. Mentionné par 5"1, 1er fruct. (1er suppl1). SÉANCE DU 24 THERMIDOR AN II (11 AOÛT 1794) - N° 1 451 Nouveau Verrès, la justice nationale t’a frappé de sa foudre vengeresse. L’échaffaud a été le prix de ta scélératesse, et celui de la lâcheté de tes infâmes complices. Brave Méda, félicite-toi d’avoir, le premier, enfoncé le fer dans les flancs des traîtres qui voulaient rétablir la tyrannie sur les ruines de la République. 0, législateurs ! Votre attitude majestueuse a fait échouer les conjurations des Cromwel et des Catilina modernes, et la liberté vous doit encore une fois son triomphe. Citoyens repré-sentans, sans la distance des lieux qui nous séparent, vous nous auriés vu voler, avec nos braves frères de Paris, pour vous faire un rempart de nos corps. Nos cœurs, étrangers aux crimes, ont été déchirés à l’aspect de la trame scélérate, ourdie par ceux que nous n’avions cessé de louer, de chérir. 0 sauveurs de la patrie ! Que de dangers vous ont menacés ! mais votre amour pour le peuple que vous représentés vous a rendus inaccessibles à la crainte, et vous a fait déjouer les plus horribles complots. Dignes représentans d’un peuple libre, au nom de la patrie, que vous venez encore de sauver, restés sur vos chaises curules : de là, continués à tracer le chemin de la victoire à nos phalanges républicaines, et frappés ceux qui oseraient encore attenter à la souveraineté du peuple ! [suivent 108 signatures, dont celles de Duver-gins ( agent nat. de la comm.) et de Joseph Laxavin ( agent nat. près, le distr.)]. [Procès-verbal des séances de la société des sans-culottes de Bourg, du quintidi de la seconde décade de thermidor l’an II] (1) Les membres composant la société populaire régénérée de Bourg, réunis dans le lieu ordinaire de leurs séances, où les nouvelles d’une conspiration tramée par quelques représentants du peuple avaient attirées un grand nombre de citoyens. Le président ouvre la séance : un morne silence succède. On fait lecture du journal des Hommes Libres : elle est entendue avec la plus grande attention. Mais cependant tous l’interro[m]pent, plusieurs fois, par des mouve-mens d’indignation contre les conspirateurs qui attentaient à la souveraineté nationale, en marchant au triumvirat. Tous applaudissent aux mesures prises par la Convention pour annéantir les tyrans et la tyrannie; tous chantent l’hymne à la liberté. Un membre demande qu’il soit fait une adresse à la Convention nationale pour la féliciter et la remercier d’avoir de nouveau sauvé la patrie. On fait plusieurs propositions relatives à l’envoi de cette adresse. On demande qu’il soit fait une députation aux autorités constituées pour les inviter à se réunir à la société, pour la rédaction et l’envoi de l’adresse : ces propositions sont délibérées et le président nomme les commissaires. (1) C 315, pl. 1 265, p. 45. On demande qu’il y ait, demain 16, une séance extraordinaire pour la lecture, l’adoption et pour signer l’adresse : cette demande est délibérée. Un membre propose que la société et les citoyens des tribunes se rendent en masse au pied de l’arbre de la liberté sur la place nationale, pour y chanter des hymnes à la liberté en signe de réjouissance de son triomphe sur la tyrannie : cette proposition est délibérée. Le président lève la séance et tous les citoyens et citoyennes se rendent à la place devant la maison commune : ils y expriment tout le républicanisme qui nourit leur âme. Signé au registre par nous, président et secrétaires de la société populaire des sans-culottes de Bourg, le 16 Therm. II. Dallau ( présid .), Casquet {secret.), Eck aîné ( secrét .), Sauvage {secret). n [La sté popul. de la comm. d’Evron{ 1), à la Conu.; s.gê.] (2) Pères de la patrie, Encore une fois vous avez démasqués les traîtres. Encore une fois vous avez fait triompher la liberté. Encore une fois vous avez sauvé la République, et au milieu des plus grands dangers, et en bravant la mort même, vous avez fait tomber le glaive de la loi sur la tête du chef des conspirateurs et de ses principaux complices. Robespierre, ce nouveau Catilina français, avoit sçu, par des dehors trompeurs et sous le manteau du patriotisme, capter notre confiance. Il ne parloit que de vertu, lui qui avoit le crime dans le cœur, et il ne falloit rien moins que votre activité et l’énergie majestueuse que vous avez déployée dans les journées des 9 et 10, pour dévoiler les complots de ce monstre et briser les fers que ce second Cronvel préparoit aux amis de la liberté. Votre conduite, législateurs, étonnera l’Europe entière, elle va faire le désespoir des tirans coalisés; ils vont enfin reconnoître, ces despotes farouches, que la corruption, leur ressource unique, ne sera pas plus puissànte contre nous que ces hordes d’esclaves qu’ils osent opposer à la valleur des républicains. La punition juste et terrible que vient d’éprouver cette municipalité criminelle de Paris, qui a osé méconnoître pour un instant l’authorité du peuple, doit servir d’exemple aux hommes pervers qui auroient encore eu dans le cœur l’espoir de la tirannie. S’il en existoit encore, qu’ils tremblent; le peuple est là, et la vengeance nationale les attend. Mais, citoyens représentans, le peuple de Paris étoit bien éloigné de partager les senti-mens de sa municipalité conspiratrice et de tous les traîtres qui s’étoient réunis à la maison (1) Mayenne. (2) C 315, pl. 1 265, p. 46. Mentionné par 5"1, 1er fruct. (1er suppl1). 452 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE commune; vous l’avez vu, ce peuple vertueux, se presser autour de vous; vous l’avez vu se porter à la maison commune; vous l’avez vu tomber sur les traîtres qu’elle renfermoit et les livrer à la justice. Qu’ils sont heureux, nos frères de Paris, voisins de la Convention ! Chaque fois qu’elle a été menacée par des conspirateurs, ils ont éprouvé la douce satisfaction de voler à son secours. Pour nous, trop éloignés de vos séances, nous n’avons que des vœux à former pour votre conservation. Ils sont sincères. Nous veillons sur les malveillans de notre territoire, et nous jurons avec vous de nous ensevelir plutôt sous les ruines de la France, que de vivre sous la verge d’un despote. Vive la Convention ! Vive la République ! Manganneau ( présid .), Turmeau ( secrét .), Ges-SARD le jeune (secrét.). o [Le c. révolutionnaire d’Evron à la Conv.; 17 therm. II] (1) Législateurs, Sur les débris odieux du ci-devant trône de l’infâme Capet, voulait s’élever un nouveau tyran; l’hideuse contre-révolution allait allumer la guere civile et flétrir la liberté. Mais vous avés, législateurs, par votre mâle énergie, préservé la République de cette épidémie : la tête du scélérat Robespiere est tombée sous le glaive de la loi; celles de ses vils satellites ont subies le même sort. Courage, Convention ! Montagne sainte, reçois les félicitations du comité révolutionnaire d’Evron qui, tandis que tu veilles pour le bonheur de la patrie, ne cesse d’avoir les yeux ouverts sur les ennemis du peuple. Guere aux traîtres, mort aux tyrans, vivre libre, ou mourir !W oilà ses derniers mots. Drouin, Lecerf Grandmaison, Hubert, L. Jofi-meau, D. Linet, Couard, Thaire, Lurinoy, Minier, Lelievre (présid.), Moriceau (secrét). P [L’administration révol. du distr. de Brutus-Villiers( 2), à la Conv.; Brutus-Villiers 12 therm. II] (3) Citoyens représentans, Le vaisseau de l’Etat, que quelques-uns de ses timoniers eux-mêmes cherchent à engloutir dans les eaux, est encore une fois sauvé. Les traîtres ont passé, comme ils passeront tous, et la République n’en est que plus majestueusement assize. En applaudissant à leur supplice, à la conduite de la section du peuple de Paris, en vouant à l’indignation qu’ils méri-(1) C 313, pl. 1 248, p. 10. Mentionné par B “, 30 therm. (1er suppl1). (2) Ci-devant Montivilliers, Seine-Inférieure. (3) C 313, pl. 1 248, p. 7. Mentionné par ffn, 30 therm. (1er suppl1). tent ses perfides magistrats, nous vous félicitons, nous vous remercions de l’énergie que vous avés montrée dans ce nouveau moment de danger. Que la fidélité des braves élèves du camp de Mars vous soit un sûr garand de celle des districts purgés de l’écume du fédéralisme. En restant fermes à votre poste, acquérés de nouveaux droits à la reconnoissance du peuple français; on pourra encore le tromper, mais jamais on ne l’asservira. Gloire à la Convention ! Gloire à la République, voilà notre cri, voilà celui que vous allés entendre répéter de nouveau d’un bout de la France à l’autre. Michel, Lefebvre, Leblond, Entheaume, Fi-quet, Le Mary, Jules Hardoüin, H. Vauchel, Costé (présid), Demanendre. Q [Les administrateurs et agent nat. du directoire du distr. d’Evron, à la Conv.; s.d] (1) Législateurs, Un second Cromvell se nourrissoit dans votre sein; il y éguisoit les poignards qui dévoient assassiner la liberté; il y préparait le poison, qui selon lui, devoit nous endormir dans les chaînes de la Servitude. Ce nouveau Crom-vel, c’étoit Robespierre : ce mon[s]tre, que nous regardions comme une des plus fermes colonnes de notre révolution. Par ses dehors trompeurs, sous un masque imposant de fausses vertus, il a sçu longtems nous séduire. Plus nous l’avons cru digne de notre confiance, plus nous avons été saisi[s] d’horreur lorsque la noirceur de son âme et sa profonde ambition se sont développées à nos yeux. Législateurs, nos regards ont constamment été attachés sur vous; vous occupiez toute notre âme, vos dangers nous plongeoient dans les plus douloureuses agitations... Vos dangers ! Combien ne se sont-ils pas multipliés dans un cour (sic) d’intervale ! Les agens de cette infernale ligue s’applaudissoient déjà du succès de la plus noire des trahisons. Sans la plus grande énergie, sans la plus grande sagacité de votre part, c’en étoit fait de la liberté; de nouveaux fers nous étoient préparés. Mais pourquoi parler de fers ? Ne sont-ils pas brisés pour toujours ? Si ce crime attroce se fût consommé, frémissez, législateurs, frémissez de l’excès de notre indignation et de notre désespoir !... L’horreur du crime dirigeoit notre vengence, et les cannibales qui auraient violé toutes les lois de la justice et de l’humanité périssoient tous, ou nous nous ensevelissions sous les ruines de la France entière. Qu’ils apprennent donc, les despotes coalisés, que leurs efforts pour nous asservir seront vains, que leur frêle puissance viendra toujours se briser contre le rocher de (1) C 313, pl. 1 248, p. 8. Mentionné par B>n, 30 therm. (1er suppl1).