SÉANCE DU 27 FLORÉAL AN II (16 MAI 1794) - Nos 46 A 48 381 besoins de la famille, je sçais que le nombre des individus de notre commune est assez considérable, et que les ressources y sont fort petites, je sçais, et c’est avec douleur que je sçais, que le nombre de ceux qui ont fait égorger cette année était fort petit; n’importe, de tous les tems nous avons vécu en frères, et personne n’a manqué du nécessaire. Eh bien, soyons encore plus unis, soyons plus économes, soulageons nos frères présents, mais n’oublions jamais que la patrie est notre mère et qu’elle a droit à nos subsistances, à notre économie, ajoutons encore des privations, s’il le faut. Et ces mêmes privations se changeront bientôt en abondance, c’est par ce canal que vous déjouerez les perfides complots de vos ennemis, que vous obtiendrez pour vous et pour vos enfants le bonheur que la Montagne vous prépare. Vous avez jusqu’ici par votre union déconcerté la malveillance qui en a surpris tant d’autres. Eh bien, malgré notre détresse et la misère qui nous environne donnons à notre canton, au district même, l’exemple du désintéressement, et de notre dévouement envers notre mère commune. Vous avez fait le sacrifice, pères et mères qui m’entendez, de ne rien vouloir exiger des gratifications auxquelles vous aviez droit pour le service que font vos enfants dans nos armées, faites en de nouveau, envoyez leur de quoi fournir à leur entretien, qu’un chacun de nous, suivant ses petites facultés, fasse le sacrifice volontaire d’une partie de son salé, surtout en jambon; citoyens, je sçais que je parle à des frères unis, et dont les sentiments me sont connus, il me suffit donc de vous le demander au nom de l’union, de la fraternité, de l’humanité, de l’amour que vous avez pour la patrie qui vous a distingués et vous distinguera toujours. Mon attente ne sera pas frustrée dans son espoir, puisque tous vos élans sont comme les miens à tout sacrifier pour l’intérêt général. Nous voici rassemblés à l’entour de l’arbre, à l’ombre duquel nos neveux se réjouiront un jour en racontant à leurs enfants tout ce que les bons républicains auront fait pour la patrie. Qu’un chacun de nous vienne y déposer son offrande, invitons tous notre corps municipal de vouloir la recueillir et de consigner dans ses registres le verbal de ce qui se passera en ce jour, pour le transmettre à la génération la plus reculée afin de lui conserver la mémoire de notre sincère dévouement envers la patrie et porter à conserver et deffendre avec énergie la liberté qui doit être l’objet le plus sacré des mortels généreux. Le citoyen qui avait pris la parole n’a pas plutôt fini de parler qu’il a été chercher son offrande, tous ceux qui ont pu ont imité son exemple, plusieurs de ceux qui n’ont pu ont versé des larmes de désespoir de ne pouvoir concourir que par des stériles désirs au salut de la patrie. Les uns et les autres ont déposé leur offrande sur l’autel de la patrie, au pied de, l’arbre chéri, en y répétant mille fois vive la République, vive la Montagne. Après quoi, le même citoyen ayant repris la parole a témoigné à l’assemblée combien l’empressement des uns et les regrets des autres, lui confirmaient l’opinion dans laquelle il avait toujours été, que leur dévouement était celui de vrais enfants de la patrie, et rassuré les uns et les autres sur la crainte qu’ils avaient que la modicité de l’offrande ne les ridiculisât aux yeux du public. — Qui donne peu donne beaucoup, lorsqu’il donne ce qu’il a — leur a-t-il été répondu, ne craignez donc pas et soyez persuadés que vos vrais amis, vos frères, prendraient votre deffense en admirant votre exemple. Et l’assemblée ayant demandé qu’extrait du présent verbal fut adressé, pour le plus tard avec l’offrande qui n’étant pas d’un quintal a été complétée par des vrais sans-culottes, le 10 germinal, avec prière aux citoyens administrateurs composant le district de La Montagne ci-devant St. Affrique, de la part de la commune d’Ennoux, de vouloir la faire passer à nos braves deffenseurs, à tels que leur sagesse trouvera à propos, et nous officiers municipaux, censés avoir accepté avec plaisir la commission honorable d’après la réclamation de l’assemblée; avons demandé au citoyen qui avait porté la parole de permettre l’insertion de son discours civique au présent verbal, avons recueilli l’offrande avec promesse de la faire passer à sa destination. Bousquet (off. mun.), Anglade (maire), Durand (agent nat.), Tier. 46 La Société populaire d’Arcq, ci-devant Saint-Jean de Maurienne, félicite la Convention nationale sur la découverte de la dernière conspiration, et elle l’invite à rester à son poste. La marche révolutionnaire sera, dit-elle, sans cesse à l’ordre du jour chez les jacobins de la commune d’Arcq : ils sont armés de l’énergie que leur a inspirée le digne républicain Al-bitte, et ils espèrent que les lois qu’il a fait chérir dans le Mont-Blanc ne seront jamais enfreintes dans la commune; ils mourront pour les défendre. Mention honorable, insertion au bulletin (1). 47 Les administrateurs du district de l’Egalité, département de Paris, félicitent la Convention nationale de ce qu’elle a déclaré que le peuple français reconnoit l’Etre-suprême et l’immortalité de l’âme, et ils lui demandent une place dans la fête auguste qu’elle a ordonnée. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au Comité d’instruction publique (2) . 48 La Société populaire régénérée des sans-culottes de Dieppe, réitère le serment de vivre libre ou mourir. Elle a célébré les victoires remportées par les armées des Pyrénées et d’Italie, et elle a arrêté d’élever, dans le lieu (1) P.V., XXXVII, 252. Bin, 28 flor. (suppP); J. M ri fi *n n® fiQ (2) P.V., XXXVII, 253. Bin, 28 flor. (suppl‘) ; J. Sablier, n° 1321. 26 SÉANCE DU 27 FLORÉAL AN II (16 MAI 1794) - Nos 46 A 48 381 besoins de la famille, je sçais que le nombre des individus de notre commune est assez considérable, et que les ressources y sont fort petites, je sçais, et c’est avec douleur que je sçais, que le nombre de ceux qui ont fait égorger cette année était fort petit; n’importe, de tous les tems nous avons vécu en frères, et personne n’a manqué du nécessaire. Eh bien, soyons encore plus unis, soyons plus économes, soulageons nos frères présents, mais n’oublions jamais que la patrie est notre mère et qu’elle a droit à nos subsistances, à notre économie, ajoutons encore des privations, s’il le faut. Et ces mêmes privations se changeront bientôt en abondance, c’est par ce canal que vous déjouerez les perfides complots de vos ennemis, que vous obtiendrez pour vous et pour vos enfants le bonheur que la Montagne vous prépare. Vous avez jusqu’ici par votre union déconcerté la malveillance qui en a surpris tant d’autres. Eh bien, malgré notre détresse et la misère qui nous environne donnons à notre canton, au district même, l’exemple du désintéressement, et de notre dévouement envers notre mère commune. Vous avez fait le sacrifice, pères et mères qui m’entendez, de ne rien vouloir exiger des gratifications auxquelles vous aviez droit pour le service que font vos enfants dans nos armées, faites en de nouveau, envoyez leur de quoi fournir à leur entretien, qu’un chacun de nous, suivant ses petites facultés, fasse le sacrifice volontaire d’une partie de son salé, surtout en jambon; citoyens, je sçais que je parle à des frères unis, et dont les sentiments me sont connus, il me suffit donc de vous le demander au nom de l’union, de la fraternité, de l’humanité, de l’amour que vous avez pour la patrie qui vous a distingués et vous distinguera toujours. Mon attente ne sera pas frustrée dans son espoir, puisque tous vos élans sont comme les miens à tout sacrifier pour l’intérêt général. Nous voici rassemblés à l’entour de l’arbre, à l’ombre duquel nos neveux se réjouiront un jour en racontant à leurs enfants tout ce que les bons républicains auront fait pour la patrie. Qu’un chacun de nous vienne y déposer son offrande, invitons tous notre corps municipal de vouloir la recueillir et de consigner dans ses registres le verbal de ce qui se passera en ce jour, pour le transmettre à la génération la plus reculée afin de lui conserver la mémoire de notre sincère dévouement envers la patrie et porter à conserver et deffendre avec énergie la liberté qui doit être l’objet le plus sacré des mortels généreux. Le citoyen qui avait pris la parole n’a pas plutôt fini de parler qu’il a été chercher son offrande, tous ceux qui ont pu ont imité son exemple, plusieurs de ceux qui n’ont pu ont versé des larmes de désespoir de ne pouvoir concourir que par des stériles désirs au salut de la patrie. Les uns et les autres ont déposé leur offrande sur l’autel de la patrie, au pied de, l’arbre chéri, en y répétant mille fois vive la République, vive la Montagne. Après quoi, le même citoyen ayant repris la parole a témoigné à l’assemblée combien l’empressement des uns et les regrets des autres, lui confirmaient l’opinion dans laquelle il avait toujours été, que leur dévouement était celui de vrais enfants de la patrie, et rassuré les uns et les autres sur la crainte qu’ils avaient que la modicité de l’offrande ne les ridiculisât aux yeux du public. — Qui donne peu donne beaucoup, lorsqu’il donne ce qu’il a — leur a-t-il été répondu, ne craignez donc pas et soyez persuadés que vos vrais amis, vos frères, prendraient votre deffense en admirant votre exemple. Et l’assemblée ayant demandé qu’extrait du présent verbal fut adressé, pour le plus tard avec l’offrande qui n’étant pas d’un quintal a été complétée par des vrais sans-culottes, le 10 germinal, avec prière aux citoyens administrateurs composant le district de La Montagne ci-devant St. Affrique, de la part de la commune d’Ennoux, de vouloir la faire passer à nos braves deffenseurs, à tels que leur sagesse trouvera à propos, et nous officiers municipaux, censés avoir accepté avec plaisir la commission honorable d’après la réclamation de l’assemblée; avons demandé au citoyen qui avait porté la parole de permettre l’insertion de son discours civique au présent verbal, avons recueilli l’offrande avec promesse de la faire passer à sa destination. Bousquet (off. mun.), Anglade (maire), Durand (agent nat.), Tier. 46 La Société populaire d’Arcq, ci-devant Saint-Jean de Maurienne, félicite la Convention nationale sur la découverte de la dernière conspiration, et elle l’invite à rester à son poste. La marche révolutionnaire sera, dit-elle, sans cesse à l’ordre du jour chez les jacobins de la commune d’Arcq : ils sont armés de l’énergie que leur a inspirée le digne républicain Al-bitte, et ils espèrent que les lois qu’il a fait chérir dans le Mont-Blanc ne seront jamais enfreintes dans la commune; ils mourront pour les défendre. Mention honorable, insertion au bulletin (1). 47 Les administrateurs du district de l’Egalité, département de Paris, félicitent la Convention nationale de ce qu’elle a déclaré que le peuple français reconnoit l’Etre-suprême et l’immortalité de l’âme, et ils lui demandent une place dans la fête auguste qu’elle a ordonnée. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au Comité d’instruction publique (2) . 48 La Société populaire régénérée des sans-culottes de Dieppe, réitère le serment de vivre libre ou mourir. Elle a célébré les victoires remportées par les armées des Pyrénées et d’Italie, et elle a arrêté d’élever, dans le lieu (1) P.V., XXXVII, 252. Bin, 28 flor. (suppP); J. M ri fi *n n® fiQ (2) P.V., XXXVII, 253. Bin, 28 flor. (suppl‘) ; J. Sablier, n° 1321. 26