SÉANCE DU 25 THERMIDOR AN II (12 AOÛT 1794) - N° 1 521 précédé. La statue de la liberté a été ébranlée dans son sanctuaire, mais vous avés découvert les scélérats qui, sous son manteau, creusaient à ses pieds des abimes avec les poignards de la tyrannie. Les hipocrites ! Sous un masque appa-rant de patriotisme et de vertu, ils avoient, pendant longtemps, caché leur noir dessein; et à l’aide d’une réputation acquise par des opinions populaires et des services rendus, ils machinaient dans les ténèbres les maux dont ils dévoient nous acabler. Anéantir la liberté, égorger la Convention nationale, rétablir la tyranie : tel étoit le but de Robespierre, St-Just, Couthon, Le Bas, Henriot & a. Mais votre patriotisme bouillant a déjoués cet infâme complot; votre énergie a triomphé de touts les dangers qui vous environnoient, et vous avés fait une prompte justice des conspirateurs. Grâces vous soient rendues, fidèles représentants du peuple. Le caractère que vous avés déployé, en envoyant à l’échafaud des hommes qui vouloient assassiner la République, vous a acquis de nouveaux droits à l’estime, à l’admiration et à la reconnaissance de touts les vrais amis de la patrie; mais il ne suffit pas que les Robespierre, les St-Just, les Couthon et quelques-uns de leurs complices aient payé de leur tête le crime qu’ils méditoient. Une conspiration, ourdie par des hommes qui avaient acquis de la célébrité et qui jouissaient de quelque confiance, doit avoir des ramifications dans les armées et dans l’intérieur. Poursuivés donc, jusques dans leurs derniers retranchements, les créatures et complices de ces nouveaux Catili-nats. Qu’aucun ne puisse échaper à la vengence nationale. Sévissés contre touts les traîtres; faites tomber toutes les têtes coupables; que le même coup frappe à la fois et les amis tièdes de la liberté, et les fauteurs ardents de la tyrannie. Continués enfin de travailler pour le bonheur du peuple, et le peuple vous bénira. Pour nous, citoyens représentants, pleins de confiance en vous et fidèles à nos serments, nous déclarons que nous vouons à l’exécration publique touts ceux qui voudraient attenter à la souveraineté nationale. Nous vous déclarons solemnelement que nous sommes prêts à mourir pour l’unité et l’indivisibilité de la République, l’entière exécution de la loy et de touts les décrets de la Convention nationale. Tels sont les sentiments dont sont vivement pénétrés les membres composant le conseil général de Moissac. Aurimont ( off. mun. ), Massip ( off. mun. ), Poumel ( off mun. ), Joinac ( off. mun. ), Bleynie {notable), Larnaudés ( off. mun.), Disse fils (notable), Sanson {notable), Latailhede 3e {notable), Tulippe Genyer ( notable), Fougere Belthils fils ( notable), Antne Bonnefous ( notable), Lespinasse {notable), Plantade ( off. mun), Gerbaut ( off. mun.), Mere ( off. mun.), Delon ( notable ), Camuset ( notable ), Péré {notable), Ressayre ( notable), Darier ( notable), Détour ( off. mun.), Fouzet {notable), Fauré ( secrét.) [et une signature illisible]. [Les membres composant le conseil gal de la comm. de Moissac, au peuple de Paris; s.d. ] La commune de Moissac est trop pénétrée de l’énergie que le peuple de Paris a développé dans le dernier événement qui a délivré la République française d’un dictateur, pour ne pas lui manifester ses sentiments. C’est toi, bon peuple, qui as encore une fois sauvé la patrie et la liberté. C’est au milieu des factions et des proscriptions les plus périlleuses que tu as sçu te montrer digne de la souveraineté du peuple. Tu as couvert de ton égide tutélaire la représentation nationale contre les poignards des conjurés. C’est un triomphe de plus remporté contre la tyrannie, qu’il faut ajouter aux conquettes de la Bastille et du château des Tuileries. L’intrépidité de ta conduite ne peut qu’exciter l’admiration et la reconnaissance de la République entière. De toutes les factions qui ont conspiré contre la liberté, cette dernière a été sans doute la plus dangereuse. Cellui que les Français avaint cru jusques ici l’ami du peuple en était le plus cruel oppresseur. Les mendataires du peuple français ont déjoué cet odieux complot avec un courage peu commun et ont livré à l’échafaut les conspirateurs. Puisse le terrible exemple en imposer à l’avenir à tout audacieux qui voudrait dominer, qu’il sache que c’est le plus grand crime qui puisse être commis chés un peuple libre. La mémoire de ce moderne Catilina et de sa faction nous sera aussi exécrable que celle du dernier tiran couronné. Braves Parisiens, vous avés tout fait pour opérer la révolution; vous avés tout osé pour maintenir et défendre la liberté menacée; rece-vés les marques d’union et d’attachement que la commune de Moissac vous renouvelle en cette circonstance. S. et F. Mere ( off. mun. ), Plantadé ( off. mun. ), Massip ( off. mun.), Fouzet {notable), Gerbaut ( off. mun. ), Camuset ( notable ), Larnaudés ( off. mun. ), Aurimont {off. mun. ), Lespinasse ( notable), Tulipe Genyér ( notable), Latailhede ( notable), Lacassagne jne ( notable), Bleynie {notable), Ressayre ( notable), Darier ( notable), Romarin Bouru (notable), Fougère Belthils fils ( notable), autre Darier ( notable), Cn Caba-nés ( notable ), Marchand ( notable ), Fossat ( notable), Mondin ( notable), Fauré {secrét.). x' [La sté républicaine de Moissac, à la Conv.; Moissac, 18 therm. II] (1). Représentans, Au moment où la République porte, de toutes parts, ses armes victorieuses, au moment où la fuite de ses ennemis annonce la chute de touts les trônes, la mort de la tyrannie et le règne de la liberté, deviez-vous attendre que ceux-là même qui sembloint travailler avec tant de succès pour établir l’indépendance de l’univers, (1) C 316, pl. 1266, p. 24, 25. Mentionné par Én, 1er fruct. (1er suppl1); Moniteur (réimpr.) XXI, 480; J. Fr., n° 687, M.U., XLII, 443. SÉANCE DU 25 THERMIDOR AN II (12 AOÛT 1794) - N° 1 521 précédé. La statue de la liberté a été ébranlée dans son sanctuaire, mais vous avés découvert les scélérats qui, sous son manteau, creusaient à ses pieds des abimes avec les poignards de la tyrannie. Les hipocrites ! Sous un masque appa-rant de patriotisme et de vertu, ils avoient, pendant longtemps, caché leur noir dessein; et à l’aide d’une réputation acquise par des opinions populaires et des services rendus, ils machinaient dans les ténèbres les maux dont ils dévoient nous acabler. Anéantir la liberté, égorger la Convention nationale, rétablir la tyranie : tel étoit le but de Robespierre, St-Just, Couthon, Le Bas, Henriot & a. Mais votre patriotisme bouillant a déjoués cet infâme complot; votre énergie a triomphé de touts les dangers qui vous environnoient, et vous avés fait une prompte justice des conspirateurs. Grâces vous soient rendues, fidèles représentants du peuple. Le caractère que vous avés déployé, en envoyant à l’échafaud des hommes qui vouloient assassiner la République, vous a acquis de nouveaux droits à l’estime, à l’admiration et à la reconnaissance de touts les vrais amis de la patrie; mais il ne suffit pas que les Robespierre, les St-Just, les Couthon et quelques-uns de leurs complices aient payé de leur tête le crime qu’ils méditoient. Une conspiration, ourdie par des hommes qui avaient acquis de la célébrité et qui jouissaient de quelque confiance, doit avoir des ramifications dans les armées et dans l’intérieur. Poursuivés donc, jusques dans leurs derniers retranchements, les créatures et complices de ces nouveaux Catili-nats. Qu’aucun ne puisse échaper à la vengence nationale. Sévissés contre touts les traîtres; faites tomber toutes les têtes coupables; que le même coup frappe à la fois et les amis tièdes de la liberté, et les fauteurs ardents de la tyrannie. Continués enfin de travailler pour le bonheur du peuple, et le peuple vous bénira. Pour nous, citoyens représentants, pleins de confiance en vous et fidèles à nos serments, nous déclarons que nous vouons à l’exécration publique touts ceux qui voudraient attenter à la souveraineté nationale. Nous vous déclarons solemnelement que nous sommes prêts à mourir pour l’unité et l’indivisibilité de la République, l’entière exécution de la loy et de touts les décrets de la Convention nationale. Tels sont les sentiments dont sont vivement pénétrés les membres composant le conseil général de Moissac. Aurimont ( off. mun. ), Massip ( off. mun. ), Poumel ( off mun. ), Joinac ( off. mun. ), Bleynie {notable), Larnaudés ( off. mun.), Disse fils (notable), Sanson {notable), Latailhede 3e {notable), Tulippe Genyer ( notable), Fougere Belthils fils ( notable), Antne Bonnefous ( notable), Lespinasse {notable), Plantade ( off. mun), Gerbaut ( off. mun.), Mere ( off. mun.), Delon ( notable ), Camuset ( notable ), Péré {notable), Ressayre ( notable), Darier ( notable), Détour ( off. mun.), Fouzet {notable), Fauré ( secrét.) [et une signature illisible]. [Les membres composant le conseil gal de la comm. de Moissac, au peuple de Paris; s.d. ] La commune de Moissac est trop pénétrée de l’énergie que le peuple de Paris a développé dans le dernier événement qui a délivré la République française d’un dictateur, pour ne pas lui manifester ses sentiments. C’est toi, bon peuple, qui as encore une fois sauvé la patrie et la liberté. C’est au milieu des factions et des proscriptions les plus périlleuses que tu as sçu te montrer digne de la souveraineté du peuple. Tu as couvert de ton égide tutélaire la représentation nationale contre les poignards des conjurés. C’est un triomphe de plus remporté contre la tyrannie, qu’il faut ajouter aux conquettes de la Bastille et du château des Tuileries. L’intrépidité de ta conduite ne peut qu’exciter l’admiration et la reconnaissance de la République entière. De toutes les factions qui ont conspiré contre la liberté, cette dernière a été sans doute la plus dangereuse. Cellui que les Français avaint cru jusques ici l’ami du peuple en était le plus cruel oppresseur. Les mendataires du peuple français ont déjoué cet odieux complot avec un courage peu commun et ont livré à l’échafaut les conspirateurs. Puisse le terrible exemple en imposer à l’avenir à tout audacieux qui voudrait dominer, qu’il sache que c’est le plus grand crime qui puisse être commis chés un peuple libre. La mémoire de ce moderne Catilina et de sa faction nous sera aussi exécrable que celle du dernier tiran couronné. Braves Parisiens, vous avés tout fait pour opérer la révolution; vous avés tout osé pour maintenir et défendre la liberté menacée; rece-vés les marques d’union et d’attachement que la commune de Moissac vous renouvelle en cette circonstance. S. et F. Mere ( off. mun. ), Plantadé ( off. mun. ), Massip ( off. mun.), Fouzet {notable), Gerbaut ( off. mun. ), Camuset ( notable ), Larnaudés ( off. mun. ), Aurimont {off. mun. ), Lespinasse ( notable), Tulipe Genyér ( notable), Latailhede ( notable), Lacassagne jne ( notable), Bleynie {notable), Ressayre ( notable), Darier ( notable), Romarin Bouru (notable), Fougère Belthils fils ( notable), autre Darier ( notable), Cn Caba-nés ( notable ), Marchand ( notable ), Fossat ( notable), Mondin ( notable), Fauré {secrét.). x' [La sté républicaine de Moissac, à la Conv.; Moissac, 18 therm. II] (1). Représentans, Au moment où la République porte, de toutes parts, ses armes victorieuses, au moment où la fuite de ses ennemis annonce la chute de touts les trônes, la mort de la tyrannie et le règne de la liberté, deviez-vous attendre que ceux-là même qui sembloint travailler avec tant de succès pour établir l’indépendance de l’univers, (1) C 316, pl. 1266, p. 24, 25. Mentionné par Én, 1er fruct. (1er suppl1); Moniteur (réimpr.) XXI, 480; J. Fr., n° 687, M.U., XLII, 443. 522 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE ceux qui avoint tant de fois préconisé les mo[e]urs et les vertus, ceux-là enfin qui avoint concouru, avec vous, à rappeller l’homme à sa première dignité, eussent formé le coupable projet d’asservir leur patrie, et de renouer les fers que vous seuls aviés eu le courage de briser ? Telle est cependant, citoyens représentai, la cruelle expérience qui vient de se passer sous vos yeux, et la nouvelle qui nous a été transmise par les papiers publics a moins excité notre indignation qu’elle n’a ému notre sensibilité, en apprenant que vos jours ont été menacés, et même qu’ils ont couru le plus grand danger. En effet, citoyens représentants, si, dans cette affreuse catastrophe, vous n’aviés affronté l’oppression affin de la mieux combattre, c’en étoit fait de la liberté. Mais vous avés juré de vivre libres ou de mourir, et il n’en a pas fallu davantage pour que la France ait été sauvée. Semblables aux magistrats de Rome qui préférèrent attendre la mort dans la chaise curulle plutôt que de compromettre les droits du peuple, vous avés bravé les poignards des assassins, et vous avés appris aux Français que, fidelles à vos serments et à vos décrets, vous ne composeriés jamais avec un dictateur, des triumvirs, ni avec le despotisme, sous quelque couleur, sous quelque dénomination qu’il ose se reproduire. Grâces vous soint rendues, citoyens représentants, du courage et de l’énergie que vous avés montré, dans cette circonstance. Grâces vous soint rendues des nouveaux triomphes que vous avés procuré à la liberté, dont le règne ne sera bien affermi que lorsqu’elle foulera sous ses pieds les cadavres de touts les conspirateurs, de touts les intrigants et de touts les hypocrites. Quand à nous, citoyens représentants, pénétrés d’admiration et de reconnoissance envers vos sublimes travaux, nous sommes toujours debout pour l’exécution de vos sages décrets, et, s’il eût été en notre pouvoir de prévenir les événements qui sont arrivés, à coup sûr nous aurions partagé avec nos frères de Paris l’honneur de repousser les scélérats dont vous avez fait avorter les coupables projets. Tels sont, citoyens représentants, les senti-mens dont nous sommes animés. Comme vous, nous avons juré de vivre libres ou de mourir, et, dans l’épanchement de nos cœurs, nous nous plaisons à répéter en ce moment, et d’une voix unanime : vive la République, vive la Convention ! S. et F. Carimont ( vice-présid. ), Lapailhède 3e [et un nom ( de secrétaire) illisible]. [La sté popul. de Moissac au peuple de Paris; Moissac, 18 therm. II]. Encore une fois ton bras vengeur a rougi le sol de la liberté du sang de la tyrannie. Grâces t’en soient rendues, peuple valeureux, peuple conservateur de la République ! Gloire, honneur à la Convention ! Tels que les songes chimériques de la nuit disparaissent au réveil de l’homme effrayé, tels ont disparu les Robespierre, les Couthons, les Saint-Just, les Fleuriots, quand le réveil du peuple a sonné de nouveau pour la liberté. Tels disparaîtront encore leurs complices, leurs imitateurs. Oui, tyrans, oui, conspirateurs, vous serés anéantis, la République seule sera triomphante. Seule elle captera les cœurs, les volontés et les suffrages, et, loin d’être altéré dans sa marche rapide par votre chute honteuse, elle en acquera une nouvelle force, qui, communiquée à ses braves défenseurs, fera de nouveau pâlir sur leurs trônes les rois coalisés contre elles. Carimont ( vice présid. ), Lapailhède 3e [et une signature ( de secrétaire ) illisible]. y' [Le c. de surveillance de la comm. de Moissac, à la Conv.; Moissac, 18 therm. II] (1). Représentans d’un peuple libre, Plus la République a été agitée par les factions qui se sont successivement renouvel-lées, plus vous vous êtes montrés dignes du poste que vous occupés. Grands dans les événements qui ont menacé notre chère liberté, vous avés partout étalé le courage de Brutus. Malgré les orages qui ont sy souvent grondé sur vos têtes, vous avés constament gardé un sang-froid qui a dû étonner vos assassins, et vous n’avés pas oublié un instant que vous étiés les pères du peuple. En vain, le nouveau Cromwel (l’infâme Roberspierre) avoit attiré sur lui les regards de certains citoyens foibles et crédules. En vain, par une hypocrisie des plus rafinées, a-t-il voulu se servir de la bonté du peuple pour lui donner de nouveaux fers. En vain, le nouveau Catilina de la patrie (Saint-Just) avoit adroitement aiguisé les poignards qui dévoient ensanglanter le sénat françois. En vain certains de leurs collègues et de leurs adhérants les secondoient dans leurs desseins liberticides. Tous ces complots ont été déjoués par votre courage et votre énergie, et ces vils intriguants qui, sous des dehors de popularité, vouloient s’ériger en des nouveaux tirans, sont bientôt rentrés dans la poussière qui les avoit vu naître. Autant nous avons frémy d’horreur au récit de ce noir complot, autant notre âme s’est trouvée satisfaite en apprenant que la peine avoit suivi de près le crime. Grâces immortelles soient rendues à l’Etre suprême qui a constamment veillé sur les destinées de la France, et détourné le fer assassin qui devoit percer le cœur des pères de la patrie. C’est sous son égide que vous venés de sauver encore une fois la liberté, qui, quelques instants, resta chancelante; cependant c’est l’appanage le plus sacré de tous les républicains, leur propriété la plus précieuse; et ces deux mots liberté et patrie se répètent de bouche en bouche avec enthousiasme, d’un bout de la République à l’autre. Oui, représentants, nous le voulons ce don précieux de la nature. (1) C 313, pl. 1249, p. 48, 49. Mentionné par B1", 1er fruct. (1er suppl1); Moniteur (réimpr.) XXI, 480; J. Fr., n°687. 522 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE ceux qui avoint tant de fois préconisé les mo[e]urs et les vertus, ceux-là enfin qui avoint concouru, avec vous, à rappeller l’homme à sa première dignité, eussent formé le coupable projet d’asservir leur patrie, et de renouer les fers que vous seuls aviés eu le courage de briser ? Telle est cependant, citoyens représentai, la cruelle expérience qui vient de se passer sous vos yeux, et la nouvelle qui nous a été transmise par les papiers publics a moins excité notre indignation qu’elle n’a ému notre sensibilité, en apprenant que vos jours ont été menacés, et même qu’ils ont couru le plus grand danger. En effet, citoyens représentants, si, dans cette affreuse catastrophe, vous n’aviés affronté l’oppression affin de la mieux combattre, c’en étoit fait de la liberté. Mais vous avés juré de vivre libres ou de mourir, et il n’en a pas fallu davantage pour que la France ait été sauvée. Semblables aux magistrats de Rome qui préférèrent attendre la mort dans la chaise curulle plutôt que de compromettre les droits du peuple, vous avés bravé les poignards des assassins, et vous avés appris aux Français que, fidelles à vos serments et à vos décrets, vous ne composeriés jamais avec un dictateur, des triumvirs, ni avec le despotisme, sous quelque couleur, sous quelque dénomination qu’il ose se reproduire. Grâces vous soint rendues, citoyens représentants, du courage et de l’énergie que vous avés montré, dans cette circonstance. Grâces vous soint rendues des nouveaux triomphes que vous avés procuré à la liberté, dont le règne ne sera bien affermi que lorsqu’elle foulera sous ses pieds les cadavres de touts les conspirateurs, de touts les intrigants et de touts les hypocrites. Quand à nous, citoyens représentants, pénétrés d’admiration et de reconnoissance envers vos sublimes travaux, nous sommes toujours debout pour l’exécution de vos sages décrets, et, s’il eût été en notre pouvoir de prévenir les événements qui sont arrivés, à coup sûr nous aurions partagé avec nos frères de Paris l’honneur de repousser les scélérats dont vous avez fait avorter les coupables projets. Tels sont, citoyens représentants, les senti-mens dont nous sommes animés. Comme vous, nous avons juré de vivre libres ou de mourir, et, dans l’épanchement de nos cœurs, nous nous plaisons à répéter en ce moment, et d’une voix unanime : vive la République, vive la Convention ! S. et F. Carimont ( vice-présid. ), Lapailhède 3e [et un nom ( de secrétaire) illisible]. [La sté popul. de Moissac au peuple de Paris; Moissac, 18 therm. II]. Encore une fois ton bras vengeur a rougi le sol de la liberté du sang de la tyrannie. Grâces t’en soient rendues, peuple valeureux, peuple conservateur de la République ! Gloire, honneur à la Convention ! Tels que les songes chimériques de la nuit disparaissent au réveil de l’homme effrayé, tels ont disparu les Robespierre, les Couthons, les Saint-Just, les Fleuriots, quand le réveil du peuple a sonné de nouveau pour la liberté. Tels disparaîtront encore leurs complices, leurs imitateurs. Oui, tyrans, oui, conspirateurs, vous serés anéantis, la République seule sera triomphante. Seule elle captera les cœurs, les volontés et les suffrages, et, loin d’être altéré dans sa marche rapide par votre chute honteuse, elle en acquera une nouvelle force, qui, communiquée à ses braves défenseurs, fera de nouveau pâlir sur leurs trônes les rois coalisés contre elles. Carimont ( vice présid. ), Lapailhède 3e [et une signature ( de secrétaire ) illisible]. y' [Le c. de surveillance de la comm. de Moissac, à la Conv.; Moissac, 18 therm. II] (1). Représentans d’un peuple libre, Plus la République a été agitée par les factions qui se sont successivement renouvel-lées, plus vous vous êtes montrés dignes du poste que vous occupés. Grands dans les événements qui ont menacé notre chère liberté, vous avés partout étalé le courage de Brutus. Malgré les orages qui ont sy souvent grondé sur vos têtes, vous avés constament gardé un sang-froid qui a dû étonner vos assassins, et vous n’avés pas oublié un instant que vous étiés les pères du peuple. En vain, le nouveau Cromwel (l’infâme Roberspierre) avoit attiré sur lui les regards de certains citoyens foibles et crédules. En vain, par une hypocrisie des plus rafinées, a-t-il voulu se servir de la bonté du peuple pour lui donner de nouveaux fers. En vain, le nouveau Catilina de la patrie (Saint-Just) avoit adroitement aiguisé les poignards qui dévoient ensanglanter le sénat françois. En vain certains de leurs collègues et de leurs adhérants les secondoient dans leurs desseins liberticides. Tous ces complots ont été déjoués par votre courage et votre énergie, et ces vils intriguants qui, sous des dehors de popularité, vouloient s’ériger en des nouveaux tirans, sont bientôt rentrés dans la poussière qui les avoit vu naître. Autant nous avons frémy d’horreur au récit de ce noir complot, autant notre âme s’est trouvée satisfaite en apprenant que la peine avoit suivi de près le crime. Grâces immortelles soient rendues à l’Etre suprême qui a constamment veillé sur les destinées de la France, et détourné le fer assassin qui devoit percer le cœur des pères de la patrie. C’est sous son égide que vous venés de sauver encore une fois la liberté, qui, quelques instants, resta chancelante; cependant c’est l’appanage le plus sacré de tous les républicains, leur propriété la plus précieuse; et ces deux mots liberté et patrie se répètent de bouche en bouche avec enthousiasme, d’un bout de la République à l’autre. Oui, représentants, nous le voulons ce don précieux de la nature. (1) C 313, pl. 1249, p. 48, 49. Mentionné par B1", 1er fruct. (1er suppl1); Moniteur (réimpr.) XXI, 480; J. Fr., n°687.