536 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Législateurs, abattre les bastilles, renverser le thrône, balaÿer, comme le vent balaÿe les feuilles flétries, les satellites des tyrans de la terre de la liberté, les contraindre à courir cacher leur opprobre au delà des fleuves et des mers ; ce sont là sans doute des jeux pour la toute puissance du peuple ; car tout cela se fait dans des combats, et ce sont des françois qui y sont; mais terrasser l’hydre de l’anarchie, anéantir l’immoralité, fonder la liberté sur la seule base sûre; celle des loix sages, celle de l’ordre immuable de la raison, c’est là le travail de la sagesse, de la méditation, de la philosophie ; et vous allez l’achever, votre proclamation le garantit à l’univers. Nous ne disons pas ; demeurez à votre poste, vous l’avez juré, vous n’en descendrez que lorsque vous aurez décrété la paix de l’Europe et assuré la liberté par l’exemple et le bonheur de la France. Nous ne disons pas, les Liégeois sont prêts à mourir pour soutenir les principes que vous venez de rappeller ; il est connu ce peuple ; vous n’en doutez pas. Législateurs ! justice, sensibilité, confiance, morale, humanité, élévation des âmes, indulgence pour l’erreur, anathème seulement au méchant et au conspirateur. Voilà les vrais, les premiers, les plus puissans, les infaillibles leviers révolutionnaires ; voilà ce que vous avez dit : cette déclaration vaut mille victoires elle est le gage de la félicité du globe ; cette félicité, on l’a dit mille fois, doit être votre ouvrage. Henkart, président, Fabry, secrétaire, Spiroux. 16 La société populaire de Montmorillon, département de la Vienne, écrit à la Convention nationale qu’ils sont débarrassés des intrigans, des bourreaux et des assassins; que le républicain Chauvin, digne de sa mission, a dissipé les instru-mens d’oppression, mais qu’ils respirent encore et s’agitent au fond de leurs cachots. Ils ne sont que signalés; il faut qu’ils soient punis. Ils invitent la Convention nationale à en purger le sol de la liberté, comme elle l’a promis dans sa sublime Adresse au peuple français. Mention honorable, insertion au bulletin (33). [La société populaire de Montmorillon à la Convention nationale, s. d.] (34) (33) P.-V., XLIX, 47-48. (34) C 325, pl. 1412, p. 49. Bull., 21 brum. Justice, Liberté, Égalité ou la mort. Législateurs, Elle etoit préparée depuis longtems, cette révolution salutaire qui vient de s’opérer dans le gouvernement français! le peuple par-tout intimidé par les appareils du supplice, comprimait dans son ame les trop justes expressions de sa douleur; tous les liens de la nature et de la société rompus : le frere redoutant son frere, l’ami son ami; des listes de proscriptions contre les vrais appuis de la liberté ; les places publiques inondées du sang des patriotes. La perfidie, l’in-umanité, l’injustice à l’ordre du jour en dictant des loix sanguinaires ; enfin des armées d’espions et de brigands, rependent la terreur et le deuil. Tel est législateurs, l’état de malheur dans lequel le peuple français gemissoit, quand par un magnanime effort, vous avés renversé le colosse effrayant à l’aide de tous les crimes s’ele-voit sur le tombeau de la liberté; vous l’avés voulu, le peuple a recouvré ses droits; vous ne fûtes jamais plus dignes de sa reconnoissance et de son amour. Qu’ils sont grands, qu’ils sont majestueux, en effet ces principes que vous venés de développer dans votre proclamation au peuple français! la justice va donc enfin planer sur l’horison qu’obs-curcissoit le sombre tableau du crime, sans crainte nous pourrons vivre à l’ombre des loix, secourir les malheureux, prendre le parti de l’innocence, sans danger, enfin nous pourrons etre vertueux. Grâce vous soyent rendues dignes représen-tans! encore une fois le peuple fut arraché des mains de ses assassins et la liberté fut sauvée. La commune de Montmorillon avoit aussi ses oppresseurs plusieurs des meilleurs citoyens estoient entrainés, la terreur et la mort estoient à l’ordre du jour ; le représentant Chauvin parut et s’est rendu digne de la mission conciliante dont il fut chargé par vous ; il a fait disparoitre les agens de la tiranie avec les traces de leurs forfaits et l’innocence et la vertue longtems persécutée ont reçu de sa justice les réparations qu’elles avoient le droit d’en attendre. Mais citoyens, ce n’est pas assés que les arti-sants des malheurs du peuple soyent connus, il faut qu’ils soyent punis, les monstres conspirent encore dans la rage et le désespoir; frapés les; qu’une prompte et juste vengeance poursuive tous les ennemis de la nature et aprenne à tous ceux qui seroient tenter de les immiter que sur le sol de la liberté ; le peuple ne souffrira jamais de tirans. Et vous législateurs, appuis de la liberté que vous avés fondée, soutenés le courage heroique qui si souvent vous fit sauver la patrie. Nos efforts comme notre amour sont au degré d’énergie qu’il faut pour terrasser vos ennemis ; ils vous feront un rempart de nos corps ; nous le jurons ; partés, nous périrons tous plutôt que de souffrir qu’il soit porté la moindre atteinte à la souveraineté dont vous este investis et le signal du moindre danger pour la représentation natio-nalle sera celui d’une vengeance terrible contre ses ennemis. Suivent 58 signatures.