[Convention natienale.] ARCHIVÉS PARLEMENTAIRES, f gj 595 honte des tyrans couronnés. La prise de Toulon est une des victoires les plus mémorables, grâce à nos généraux, et à nos représentants qui, par leur courage, donnèrent à toute notre armée cette force qui ne connaît d’autres bornes que celle de terrasser son ennemi. Quelle prudence dans nos braves Sans-Culottes ! Maîtres de Tou¬ lon, ils ont laissé et laissent encore flotter l’éten¬ dard de nos ennemis sur les remparts de toutes les places fortes. Aussi les vaisseaux qui appor¬ taient les secours aux Anglais, Espagnols, etc., se prennent aux filets; ils arrivent tranquille¬ ment, et leur surprise de se voir au pouvoir des républicains, les rend tout stupéfaits. C’est ainsi que, pendant quelque temps, l’ha¬ meçon fera rentrer dans notre chère ville de Toulon des prises qui nous dédommageront en partie. On a trouvé dans Toulon 30,000 charges de blé et autres articles très importants. Enfin, les lâches, ils ont laissé en fuyant jusqu’à leur trésor; et depuis qu’ils ont quitté la rade, un vent des plus orageux met à coup sûr leur flotte dans le cas de faire naufrage sur nos côtes ou sur le golfe de Lyon. Une des batteries des Marseillais, à quelque distance du château d’If, canonna hier un bâtiment espagnol; deux corsaires l’ont amené aujourd’hui dans le port de Marseille. Je l’ai vu entre 4 et 5 heures du soir. De Notre-Dame-la-Garde, nous avons dis¬ tingué un vaisseau anglais et une frégate dém⬠tés; si le vent continue, ils viendront voir Mar¬ seille. IV. Adresse des Sans-Culottes de la commune de Sommièues (Gard) (1). Suit le texte de cette adresse d’après l'original gui existe aux Archives nationales (2). La Société des Sans-culottes de la commune de Sommières, chef-lieu de district, département du Gard, à la Convention nationale « Législateurs. « Les ennemis de la République ne se rebutent pas; leurs projets de destruction, toujours découverts et toujours déconcertés, se repro¬ duisent sans cesse sous de nouvelles formes. L’expérience leur a appris que le défaut de sub¬ sistances est une des grandes causes des sédi¬ tions populaires, et que ces mouvements dirigés et mis à profit par des hommes pervers peuvent n° 470, p. 194]. D’après le Journal de Perlet [n° 468 du 14 nivôse, an II (vendredi 3 janvier 1794), p. 266], le Mercure universel [14 nivôse, an II (vendredi 3 janvier 1794) p. 224, col. 1] et les Annales patrio¬ tiques et littéraires [n° 367 du 14 nivôse, an II (ven¬ dredi 3 janvier 1794), p. 1653, col. 2], là lecture de cette lettre fut suivie de vifs applaudissements. (1) L’adresse des sans-culottes de la commune de Sommières n’est pas mentionnée au procès-verbal de la séance du 13 nivôse, an II; mais on en trouve un extrait dans le compte rendu de cette séance, pu¬ blié par le Moniteur universel. (2) Archives nationales, carton C 289, dossier 890, pièce 15. amener à de nouvelles révolutions, et ce moyen ne leur a point échappé. Au milieu de l’abon¬ dance, ils ont tenté de nous créer, par l’acoa-parement, une disette de toutes les choses de première nécessité; et c’est lorsque nous sommes cernés de toutes parts par des ennemis acharnés à notre perte, et que toutes nos ressources sont concentrées dans l’étendue de la République que s’exécutait ce complot meurtrier ! Les lois sévères que vous avez portées contre les acca¬ pareurs, celles qui fixent le plus haut prix des denrées et marchandises de première nécessité, feront encore avorter les coupables machina¬ tions des lâches ennemis de la cause du peuple. Elles seront le dernier coup porté à l’hydre sans cesse renaissante de la malveillance. Elles sau¬ veront la République que vous ayez établie; la Liberté ne périra pas et les espérances de l’humanité entière ne seront pas trompées. « Législateurs, en vous témoignant notre reconnaissance sur ces mesures révolutionnaires, nous obéissons au plus doux et au plus indis¬ pensable des devoirs ! Pour nous, sentinelles placées par la constitution pour veiller sur le maintien de l’ordre public, nous nous montre¬ rons toujours dignes de l’objet de notre sainte institution, et les complots des malveillants n’échapperont point à notre vigilance. En con¬ séquence, nous avons arrêté à l’unanimité de rejeter de notre société tout citoyen qui ose¬ rait violer ou favoriser la violation des bien¬ faisants décrets que vous venez de rendre pour assurer au peuple les moyens de pourvoir à sa subsistance. « Législateurs, si de vils égoïstes, si des hommes pervers, plus attachés à leurs intérêts personnels qu’à l’intérêt de tous, vous calom¬ nient, la partie la plus saine et la plus nom¬ breuse de la nation applaudit à vos travaux, et la prostérité, dégagée de nos passions et de nos préjugés, vous attend pour vous placer au temple de la gloire. « Cardon, Président; Mitton; secrétaire; Meinadier, secrétaire; Veissières, secré¬ taire. » Compte rendu du Moniteur universel (1) La Société populaire de Sommières annonot qu’elle a pris un arrêté pour exclure de son sein tout individu qui aurait cherché à entraver l’exécution des lois tendant à assurer la sub¬ sistance du peuple. (On applaudit.) (1) Moniteur universel [:n° 105 du 15 nivôse, an II (samedi 4 janvier 1794), p. 422, col, 1.]