SÉANCE DU 24 BRUMAIRE AN III (14 NOVEMBRE 1794) - N» 23 201 a écrasé toutes les factions, désespéré les agitateurs et a réuni tous les coeurs. Mention honorable, insertion au bulletin (57). [La société populaire de Noyers à la Convention nationale, s. d .] (58) Citoyens Législateurs Votre adresse aux françois a écrasé les factions, désepéré les agitateurs et reuni tous les coeurs à la représentation nationale. Que le crime démasqué rentre timide et honteux dans son antre ensanglanté : que les tyrans de toute espece apprennent à respecter la liberté : et que le patriotisme guidé par la loi n’ait pas d’autre intérêt que celui de la République, ni d’autre centre que la représentation nationale. Homage vous soit rendu, citoyens représentons pour le décret salutaire qui concentre les sociétés populaires dans le peuple et les met à l’abri de l’influence dangéreuse de mille intri-gans qui y souffloient l’anarchie et y préchoient l’atrocité et le brigandage. Ne voir que la patrie, ne respirer que la liberté, ne rien souffrir qui soit au préjudice de l’unité républicaine; tel est le voeu que nous avons constamment formé, et que nous formons de plus fort, ne reconnoissant d’autre cri de ralliment que celui de vive l’égalité, vive la Convention nationale. Suivent 26 signatures. 23 La société populaire de Geffosses, district de Coutances, département de la Manche, invite la Convention à frapper sans pitié ceux qui voudroient faire revivre le système de terreur et de tyrannie de l’infâme Robespierre ; puis elle jure entre ses mains de ne reconnoître que la Convention nationale, et de plutôt mourir que souffrir qu’elle soit attaquée. Mention honorable, insertion au bulletin (59). [La société populaire de Geffosses à la Convention nationale, le 20 vendémiaire an III] (60) Liberté, Égalité, Fraternité. Immortels Représentants Qu’elle est digne de vous cette éclatante victoire que vous venez de remporter sur les ennemis du peuple. Ainsi donc, malgré leur rage (57) P.-V., XLIX, 149. (58) C 326, pl. 1417, p. 8. (59) P.-V., XLIX, 149. (60) C 326, pl. 1417, p. 9. Bull., 24 brum. forcennée, vous faite succéder le règne bienfaisant de l’humanité, et de la justice, au règne affreux de la terreur et du crime. Grâce aux nobles sentiments qui vous animent, ils ne sont plus ces jours de deuil et de calamité, ou le citoyen paisible était partout victime de l’intrigue et de la scélératesse, ces jours affreux ou l’époux n’ayant contre lui d’autres crimes que ses propres vertus inhumainement arraché des bras de son épouse desolée, l’épouse des bras de son époux, gémissoient plongés dans des cachots en attendant le jour fatal ou le tyran et ses agens decidoient de leur sort au gré de leur cupidité, de leur ambition et de leur fureur. Ils ne sont plus enfin ces jours, où tant de malheureuses victimes ne dévoient comptés sur leur existance qu’autant que les monstres qui pendant quelque tems ont désolé la France, les croyoient dans l’impossibilité morale et phisique de porter le moindre obstacle a leurs complots sacrilèges. Vous les avez scü démasqués ces atroces conspirateurs, vous avez déployé contre eux toute votre énergie ; et la nuit du dix thermidor les a vus plonger dans l’abime du néant. C’est a cette époque mémorable que la liberté s’eleve de ses ruines plus triomphante que jamais, la sagesse de vos decrets la consolide encore de jour en jour ; c’est enfin par vos soins et sous vos auspices, qu’il s’élève, qu’il croit cet arbre magnifique, l’honneur des forêts, sous l’ombrage duquel l’innocence trop longtems en bute à la persécution, va pouvoir désormais trouver un sur abrit. Au milieu de tant d’evenements aussi heureux qu’extraordinaires, si quelque chose pouvait altérer la joie que produit en nous cette dernière révolution si necessaire, si intéressante, et qui amene infaiblement le bonheur de la France, ce serait ces hommes de sang, ces continuateurs des amis de Roberspierre qui pour jet-ter un voille sur leurs forfaits, voudroient faire revivre son sisteme tyrannique : mais votre sagesse, et votre fermeté nous rassure au surplus; si malgré la contenance ferme et vigoureuse, si malgré l’attitude imposante que vous prenez devant eux, ils osent encore lever une tête insolente, législateurs, la foudre est dans vos mains. Si le peuple vous l’a confiée, c’est pour vous en servir contre ses ennemis, lancez la donc sur ces tygres, cette foudre vengeresse de toutes les vertus outragées, et que ces monstres dispa-roissent devant nous avec plus de célérité encore s’il est possible que disparoissent les satellites du despotisme devant les dignes enfants de la liberté qui composent nos armées. C’est ainsi que vous calmerez les flots encore agités sur lesquels vogue le vaisseau de la République, et que vous le conduirez tranqui-lement au port. Tel est, Citoyens Représentants, l’opinion et le voeu de la société populaire de Geffosses, qui vous a juré et vous jure encore dans ce moment de n’avoir d’autre raliment que la Convention; et de contribuer par tous les moyens qui sont en son pouvoir au bonheur du peuple dont elle fait partie. Marinq, président, Laisney, Terry, secrétaires.