SÉANCE DU 13 PRAIRIAL AN II (1er JUIN 1794) - Nos 18 ET 19 189 18 La société populaire d’Aoste (1) , félicite la Convention sur ses glorieux travaux, sur le décret qui proclame l’existence de l’Etre-Suprê-me et l’immortalité de l’âme, l’invite à rester à son poste, en l’assurant de son amour et de sa reconnoissance, et de l’admiration de la postérité. Mention honorable, insertion au bulletin (2). [Aoste, s.d.] (3). « Représentans du peuple, Vous avez été chargés des pouvoirs de la nation dans les momens les plus difficiles d’une révolution commencée pour le bonheur, écartée Seins cesse de son but par le despotisme qui n’était point encore anéanti, qui tendait à se raffermir en employant, tantôt tour à tour, tantôt à la fois, l’astuce, l’audace et la perfidie et qui, abusant des moyens dangereux que l’Assemblée Constituante avait laissés entre ses mains, s’en servait pour appeler au secours d’un trône chancelant, la corruption qui fait et multiplie les traîtres, la superstition et le fanatisme si puissants sur les âmes faibles qu’ils ont si souvent égarées. Vous avez répondu à sa confiance, rempli en même temps son attente. Votre courage et votre énergie ont renversé et brisé le colosse qui, tôt ou tard, eut écrasé la France de son poids. La République, fondée par vos mains, l’a été sur les bases éternelles de la raison de la liberté et de l’égalité. Le despote et les traîtres qui lui ayant vendu leur honneur et leur propre liberté, voulaient lui vendre aussi celle de la patrie, ont disparu pour jamais. Les lâches ennemis qui se sont coalisés contre nous semblent n’avoir armé leurs esclaves que pour les dévouer à la mort. Ils ont appris qu’il est impossible de vaincre des hommes libres, et leurs succès passagers, dus à la trahison, également honteux pour eux et pour ceux qui les ont favorisés, n’ont servi qu’à leur opprobre et à leur épuisement. Quelles peuvent être encore leurs espérances après ce qu’ils ont vu dans les ci-devant villes de Lyon, de Toulon, et partout où la fierté républicaine a confondu la vanité des rois ! Vous avez éteint les torches du fanatisme en opposant la raison à la superstition, terrassé l’athéisme insensé et coupable qui, limitant l’existence de l’homme à cette vie, l’isole de ses semblables, ferme son cœur à toutes les vertus et ne l’ouvre qu’à l’égoïsme qui ne connaissant point de patrie, ne voit que soi dans l’univers, et ne comptant que sur un instant de durée, est toujours inutile et nécessairement dangereux à ses concitoyens. Vous avez ôté leur dernier prétexte à la malveillance et à la calomnie en consacrant l’idée consolante de l’être suprême et de l’immortalité (1) Et non Aouste, Isère. (2) P V., XXXVIII, 238. B