(Convention nationale.} ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j «f décembre 1793 391 blique une et indivisible, et la haine de ceux qui ne l’aiment pas, les sans-culottes compo¬ sant la Société populaire et montagnarde de Poitiers. « Raid, président; Mobxon, secrétaires; Cou-tubiee, secrétaire; Desmiee; Rigou-miee, secrétaire. » Les officiers de l’armée de l’Ouest présentent à la Convention nationale une adresse relative au siège d’Angers, dans laquelle ils font le plus grand éloge des citoyens et citoyennes de cette commune, dont ils ont célébré les vertus et le courage dans des couplets patriotiques joints à cette adresse. Mention honorable, insertion au « Bulletin » et renvoi au comité d’instruction publique (1). Suit le texte de cette adresse (2). Adresse à la Convention nationale par les offi¬ ciers de l’armée de l’Ouest, au sujet du siège d’Angers par les brigands. « A Angers, ce 15e jour du 3e mois de la 2e année de la République française, une et indivisible, 2e décade. « Citoyens représentants, « Depuis que nous remplissons la triste fonc¬ tion de combattre et de détruire nécessaire¬ ment des français dans la Vendée, voici la se¬ conde fois enfin que nous avons la consolation de nous trouver avec des citoyens qui soient véritablement dignes d’être appelés nos frères et d’être décorés du glorieux nom de répu¬ blicains. « Nous sommes maintenant si accoutumés à ne trouver partout que de l’artifice et du dan¬ gereux dessous de cartes, qu’en vérité nous pouvons bien regarder comme un vrai phé¬ nomène tout ce qui vient de se passer de beau sous nos yeux pendant les deux jours derniers qu’a duré le téméraire siège d’Angers par les audacieux brigands qui, non contents d’avoir été vigoureusement mis en déroute à Gran¬ ville, il y a trois semaines, ont encore voulu l’être aujourd’hui à Angers. « Le 12 de ce mois, ils bivouaquèrent à une lieue de cette ville, du côté de La Flèche. Sur cette nouvelle, on battit la générale à Angers et tout fut bientôt sur pieds, citoyens comme soldats. On se prépare a faire une vigoureuse résistance, et l’on détache un corps armé, de 5 à 600 hommes, pour aller conduire une pièce de canon au Pont-de-Cé, qui était défendu par 3,000 hommes. « Le 13 à 10 heures du matin, les brigands attaquent. Nos canons les reçoivent, pendant que toute l’armée et les citoyens de la ville se rassemblent et se rendent respectivement à leurs différents postes assignés par les géné¬ raux. Le feu tout aussitôt éclate dans plusieurs maisons dés faubourgs que les brigands au¬ raient pu prendre pour leur retranchement. (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 123. (2) Archives nationales , carton F” 1703, dos¬ sier 1865. « C’était une précaution dont on s’était habilement avisé avant leur arrivée pour leur ôter le plus d’asiles possible dans le voisinage de la ville. « Ils n’en trouvèrent pas moins un ci-devant oouvent et plusieurs grandes maisons en état de les recevoir, tout vis-à-vis l’hôtel de la com¬ mune, qui donne précisément sur le rempart, non loin de la porte Saint-Michel, qui aboutit 4 la route de Paris, que les brigands tenaient en leur pouvoir. De là, ces malheureux fusil¬ laient et canonnaieat la ville et la municipalité surtout avec une ardeur indescriptible. Nous leur répondîmes sur le même ton, et cela dura toute la journée, une partie de toute la nuit et les trois quarts et demi du lendemain, ce -qui les lassa et finit par les mettre en déroute. « Voilà, en deux mots, le résumé de cette nouvelle tentative de la borde exécrable que, depuis sept à huit mois, sans trop savoir pour¬ quoi, nous avons tant de peine à exterminer. Mais voici maintenant, de quelle belle ma¬ nière nos magnanimes frères d’Angers se sont illustrés dans cette épineuse affaire et nous ont aidés à les délivrer du fléau d’un assaut que d’après toutes les funestes expériences réi¬ térées du trop traître passé, nous avions tout lieu de craindre, et pour la République, et pour eux et pour nous. « D’abord les officiers municipaux, dans la cour desquels il y avait une assez forte partie de notre armée qui combattait tour à tour sur leurs remparts, se trouvèrent tous en écharpe sur leur porte, quand nous entrâmes chez eux pour les -défendre. Ils nous reçurent très fra¬ ternellement et ne nous laissèrent manquer de rien de ce qui était en leur pouvoir, tant pour la défense générale de la place que pour les besoins les plus minutieux de tous les individus de notre troupe. On leur doit les plus grands éloges et en même temps la plus grande recon¬ naissance pour le zèle et Tardent patriotisme qu’ils ont tous montrés dans cette occasion dé¬ cisive. Ils ne s’écartèrent pas un instant de leuf poste, ni nuit, ni' jour, disant et répétant bra¬ vement à qui voulait l’entendre, qu’ils avaient juré d’y mourir et qu’eux ainsi que tous les habitants d’Angers étaient très disposés à s’ensevelir sous leurs murs plutôt que d’ouvrir leurs portes aux criminels assiégeants. « On jugea nécessaire de hérisser de petits sacs pleins de terre les rebords des murailles, qui sont trop basses, pour favoriser le soldat assiégé, pendant qu’il observe ou charge son arme; tout aussitôt ces bons magistrats se ré¬ pandirent dans les différents quartiers de la ville pour en solliciter aux femmes, et en moins d’une heure, on en vit déjà arriver de toutes parts. « On leur .fit entrevoir que, pendant que le soldat se battait, il ne pouvait pourvoir à sa subsistance, ils firent aussitôt proclamer au son de la caisse dans tonte la ville qu’on ait à leur faire des soupes pour les sustenter; mais leurs ordres étaient-déjà prévenus par l’hu¬ maine sollicitude du patriotisme rare des res¬ pectables femmes d’Angers; déjà les rues étaient pleines de ces dignes femmes qui s’entrecho¬ quaient et couraient vivement aux remparts, des terrines pleines de viande et de soupe à la main, pain et vin dessous le bras, pour res¬ taurer un peu, disaient-elles, leurs braves dé¬ fenseurs 392 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j ’ nivôse an II (27 décembre 1793 « Grâce à l'empressement, à la tendre huma¬ nité, à la grande affluence de toutes ces dignes citoyennes, si bien méritantes de la patrie, toute notre armée fut en très peu de temps pourvue de subsistances, et ainsi encouragé au combat, chacun de nos soldats devint à l’ins¬ tant pour les brigands un lion terrible, qui aurait voulu sortir, s’élancer et foncer sur eux pour les exterminer tout entiers de sa propre main, sous les yeux attendris de nos magna¬ nimes bienfaitrices, que les balles, ni les bou¬ lets, qui passaient par milliers sur leurs têtes, n’intimidaient aucunement, ne voyant que le salut public et celui de leurs chers volontaires dans leur entreprise courageuse. Ce sublime trait de la part de cette portion délicate et chérissable de la République mérite bien assurément qu’il en soit fait mention très honorable dans les fastes illustres de notre bonne patrie. C’est pourquoi nous nous sommes chargés nous-mêmes de vous en faire la des¬ cription. Vous la solliciter est notre but, la reconnaissance nous y oblige. Il nous semble trop, en cette circonstance, que les Angevins et les Angevines sont à distinguer de la com¬ mune de bien des républicains qui n’en ont que le nom, pour ne pas nous empresser de vous attester les beaux traits de patriotisme dont nous venons d’être et les témoins et les objets dans l’enceinte de leurs murailles; espé¬ rant bien qu’ensuite vous vous empresserez, à votre tour, de leur rendre justice, et de les traiter tout aussi honorablement qu’ils le mé¬ ritent. « Comme votre temps est précieux, nous n’en dirons pas davantage. Ce n’est point des discours prolixes qu’il faut ici, c’est de la con¬ cision, ce sont des faits; or voilà la relation de tout ce qui s’est passé de plus remarquable au siège d’Angers; nous n’avons plus qu’à gar¬ der le silence, vous en savez assez pour faire Votre devoir. « N’oubliez pas surtout qu’un des bons offi¬ ciers municipaux qui se sont si bien montrés pendant tout le siège d’Angers, a été tué d’un coup de biscayen, pendant qu’il était en fonc¬ tions et que cette mort glorieuse est encore bien plus digne de vos éloges et de vos apo¬ théoses que celle de l’équivoque Simoneau. « Gossec, quartier-maître du détachement et lieutenant de la lre compagnie du 7e ba¬ taillon de Paris, au nom de tous ses ca¬ marades, étant pressés de partir à la poursuite des brigands, pour réunir leurs signatures. » 2e couplet. En amis de la République, Ils ont tout fait pour son salut; Leur ardeur assez nous l’explique, On voit, on sent qu’il est leur but; (bis) Avec nous ils prirent les armes Pour se mêler à nos combats, Entre eux n’ayant d’autres débats Que ceux des guerriers sans alarmes. Allons, etc. 3 e couplet. Leurs magistrats, par leur présence, Nous animaient tous au travail. Ils ne se permettaient d’absence Que pour s’occuper de détail. (bis) Jurant de mourir à leur poste, Us électrisaient tous nos cœurs, Et si nous devînmes vainqueurs, Nous leur en devons la riposte. Allons, etc. 4 e couplet. L’un de ces magistrats si sages, En périssant au haut des murs, A consterné tous nos visages Pour lui craignant ces lieux peu sûrs. (bis) Sa mort est belle et glorieuse, Il est digne d’être admiré; En héros il est expiré, Pour la cause victorieuse. Allons, etc. 5e couplet. Pour faire longue résistance Chacun à l’œuvre met la main, Les femmes prêtent l’assistance Et déploient leur cœur humain, (bis) Au milieu du feu de nos armes, Pour restaurer nos combattants, Par les mets les plus nourrissants Elles vont exposer leurs charmes. Allons, etc. 6e couplet. Que partout on suive l’exemple De ces dignes républicains, La France deviendra le temple De la déesse des Romains (bis) Granville, Angers sont des fidèles Qui doivent nourrir notre espoir. Pour nous, ah ! qu’il est doux de voir Sous nos yeux de si beaux modèles I Qu’en pensez-vous, soldats, leurs efforts sont divins. Chantons (bis ) les Granvillois et les bons Angevins. Deux cantiques des Parisiens, l'un en l’honneur des Angevins, l'autre en l'honneur des Angevines. Par A.-F.-J. Gossec, quartier-maître. 1er cantique en l’honneur des Angevins. Sur l’air : Allons, enfants de la patrie. D’Angers célébrons la victoire, Pour nous c’est un devoir sacré; Qu’un trophée au temple de la gloire Lui soit à jamais consacré. (bis) Des brigands soutenant le siège, Son bon peuple, loin de broncher, Sur terre a bien su les joncher, Et se pourvoir contre leur piège. Allons braves soldats, en buvant leurs bons vins Chantons (bis) en grand chorus, vivent les Ange-[vins I 2e cantique en l'honneur des Angevines. Sur l’air : Des Visilandines. Dans Angers sont -des citoyennes Que n’effraient point les boulets; Leurs vertus ne sont pas moyennes Sous leurs petits sons aigrelets; (bis) Sans ménagement pour leurs mines, Qui la plupart sont des beautés, Aux soldats prouvent leurs bontés Toutes les tendres Angevines (bis) 2e couplet. Pendant que contre les rebelles, Ceux-ci font tourner leurs mousquets, On voit courir toutes ces belles Tenant en main de bons brouets. (bis)