SÉANCE DU 17 THERMIDOR AN II (4 AOÛT 1794) - N° 37 143 prendre aux pièges qu’on lui avait tendus, et se réveiller esclave ! Mais, non : vous veilliés pour lui, dignes et courageux représentans, vous lui aviés fait l’abandon de votre vie : le peuple a triomphé... c’est à vous, c’est à votre sagesse et à votre énergie qu’il doit son salut. Les traîtres ne savaient-ils donc pas que, tant qu’il restera un homme libre, il saura délivrer son pays de quiconque voudra usurper la puissance souveraine ? Grand Dieu ! Un Cromwel chés les républicains !... Monstre, va rejoindre le tiran que nous avons puni, et que ton ombre aille apprendre à tous les tirans de la terre le sort qui les attend ! Représentans, les habitans du district de Saarbourg, qui, dans toutes les époques de la révolution ont prouvé que la liberté seule, et non le règne de quelques ambitieux, était le but de leurs efforts et de leurs vœux, viennent de manifester de nouveau leur attachement à la cause du peuple, à l’unité de la République, et aux vertueux représentans, qui ne cessent de travailler pour le bonheur public... Des cris de joie retentissent dans tout ce district : partout le serment de vivre libre ou mourir y est répété. Le jour qui a vu délivrer notre pays d’un oppresseur est un jour de deuil pour les ennemis de l’humanité, pour l’aristocratie qui, bientôt, se serait relevée. C’est un jour d’alégresse pour les hommes libres de tous les pays et de tous les siècles. Jamais danger plus grand ne menaça la patrie; la mémoire des Brutus modernes, qui l’en ont délivré, doit être célébrée. La gloire des braves habitans de la cité qui renferme les mandataires du peuple, doit être chantée solennellement. Nous vous demandons l’institution d’une fête pour rappeller l’époque, autant heureuse que mémorable, des 9 et 10 Thermidor. Représentans fidels à la liberté et au peuple, ce jour vous recevrés le prix de vos travaux. Vos noms seront bénis, et tous les citoyens, se formant à votre exemple, acquerront de nouvelles vertus et brûleront de vous imiter. Continués le cours de vos victoires : le Peuple vous a remis sa foudre; lancés-la sur tous les traîtres comme sur tous les rois. Vous avés le levier que désirait Archimède : que la terre s’ébranle à votre voix et engloutisse tous les tirans ! Jacquat, Dognou, A. Jordy ( agent nat.), Fou-CRiET, GiRGONNE ( secrét . gal) [et 2 noms illisibles, dont celui du président \. Les employés à l’administration apprenant qu’une adresse était faite à la Convention, se sont présentés pour la signer, ce qui leur a été accordé. Bertin, Bastien, Calot, Oliou, Michel, Vitman, Schvoerer, Lassus, Maitret, Abley l’aîné, Abley, Clanchey, Deutsche, Cressel fils, Pécheur Berga, Cresel, Faigles, Lagarde l’aîné [et 1 signature illisible]. [Le tribunal du distr. de Sarrebourg à la Conv.; Sarrebourg, 13 therm. II\ Citoyens représentans Encore une conjuration annéantie ! Encore une fois la liberté sauvée et ses inflexibles deffenseurs échappés au fer des scélérats ! Les monstres !... Ils ne savoient pas que le crime lutte toujours en vain contre la vertu ! Grâce soit rendue au génie tutélaire de la République ! Ses incorruptibles représentans sauront braver tous les orages et dirigeront avec calme et sagesse le gouvernail qui leur est confié. Nous venons avec tous nos concitoyens, assemblés spontanément, de renouveller le serment de rester invariablement attachés à la Convention nationale; Nous vous le répétons, citoyens représentans, ce serment inviolable que nulle fraction n’ébranlera. Périssent les traîtres et les usurpateurs du pouvoir dictatorial ! Nous abjurons les vils imitateurs de Cromwel et le génie seul de Brutus nous dirigera dans nos devoirs envers la patrie. Les juges et commissaire national du tribunal du district de Sarrebourg. Bougel, Scotte, J.C. Bard, Digoine J. (commre nal). 37 La société populaire de Champ-social (1) écrit à la Convention nationale, qu’elle n’a pu soutenir l’idée de la scélératesse du projet liberticide de Robespierre et complices; elle rend grâce au génie de la liberté, qui a éloigné la foudre qui devoit faire de la sublime montagne un nouvel Etna. Mention honorable, insertion au bulletin (2). [Champ-social, 12 therm. II\ (3) Citoyens représentans, A la nouvelle de l’abîme affreux que creusait sous vos pas une faction aussi puissante que scélérate, nos sens ont été paralisés, une froide consternation s’est emparée de nos esprits. C’est en vain que nous tenterions d’exprimer l’indignation peinte sur les visages, le frémissement d’horreur qui s’est fait sourdement entendre, à la vue de cette montagne célèbre, qui, changée tout à coup en un nouvel Etna, nous a paru prête à engloutir dans une explosion terrible les premiers athlètes de la révolution. Mais grâces au génie sublime qui veille sur les destinées de la France, le crime ne s’est point consommé. Le courage et la vertu ont brisé le masque des traîtres, et la République a distingué encore une fois ses fidèl[e]s deffenseurs. Pour vous, braves et généreux Parisiens, attentifs à ce signal, vous avez sçu reconnaître vos véritables amis, et vous vous êtes acquis une gloire immortelle en protégeant de vos armes ce dépôt précieux que vous a confié le peuple (1) Ci-devant Harcourt, district de Bernay, Eure. (2) P.-V., XLIII, 21. Mention in B m, 26 therm. (2e suppf). (3) C 315, pl. 1260, p. 3. SÉANCE DU 17 THERMIDOR AN II (4 AOÛT 1794) - N° 37 143 prendre aux pièges qu’on lui avait tendus, et se réveiller esclave ! Mais, non : vous veilliés pour lui, dignes et courageux représentans, vous lui aviés fait l’abandon de votre vie : le peuple a triomphé... c’est à vous, c’est à votre sagesse et à votre énergie qu’il doit son salut. Les traîtres ne savaient-ils donc pas que, tant qu’il restera un homme libre, il saura délivrer son pays de quiconque voudra usurper la puissance souveraine ? Grand Dieu ! Un Cromwel chés les républicains !... Monstre, va rejoindre le tiran que nous avons puni, et que ton ombre aille apprendre à tous les tirans de la terre le sort qui les attend ! Représentans, les habitans du district de Saarbourg, qui, dans toutes les époques de la révolution ont prouvé que la liberté seule, et non le règne de quelques ambitieux, était le but de leurs efforts et de leurs vœux, viennent de manifester de nouveau leur attachement à la cause du peuple, à l’unité de la République, et aux vertueux représentans, qui ne cessent de travailler pour le bonheur public... Des cris de joie retentissent dans tout ce district : partout le serment de vivre libre ou mourir y est répété. Le jour qui a vu délivrer notre pays d’un oppresseur est un jour de deuil pour les ennemis de l’humanité, pour l’aristocratie qui, bientôt, se serait relevée. C’est un jour d’alégresse pour les hommes libres de tous les pays et de tous les siècles. Jamais danger plus grand ne menaça la patrie; la mémoire des Brutus modernes, qui l’en ont délivré, doit être célébrée. La gloire des braves habitans de la cité qui renferme les mandataires du peuple, doit être chantée solennellement. Nous vous demandons l’institution d’une fête pour rappeller l’époque, autant heureuse que mémorable, des 9 et 10 Thermidor. Représentans fidels à la liberté et au peuple, ce jour vous recevrés le prix de vos travaux. Vos noms seront bénis, et tous les citoyens, se formant à votre exemple, acquerront de nouvelles vertus et brûleront de vous imiter. Continués le cours de vos victoires : le Peuple vous a remis sa foudre; lancés-la sur tous les traîtres comme sur tous les rois. Vous avés le levier que désirait Archimède : que la terre s’ébranle à votre voix et engloutisse tous les tirans ! Jacquat, Dognou, A. Jordy ( agent nat.), Fou-CRiET, GiRGONNE ( secrét . gal) [et 2 noms illisibles, dont celui du président \. Les employés à l’administration apprenant qu’une adresse était faite à la Convention, se sont présentés pour la signer, ce qui leur a été accordé. Bertin, Bastien, Calot, Oliou, Michel, Vitman, Schvoerer, Lassus, Maitret, Abley l’aîné, Abley, Clanchey, Deutsche, Cressel fils, Pécheur Berga, Cresel, Faigles, Lagarde l’aîné [et 1 signature illisible]. [Le tribunal du distr. de Sarrebourg à la Conv.; Sarrebourg, 13 therm. II\ Citoyens représentans Encore une conjuration annéantie ! Encore une fois la liberté sauvée et ses inflexibles deffenseurs échappés au fer des scélérats ! Les monstres !... Ils ne savoient pas que le crime lutte toujours en vain contre la vertu ! Grâce soit rendue au génie tutélaire de la République ! Ses incorruptibles représentans sauront braver tous les orages et dirigeront avec calme et sagesse le gouvernail qui leur est confié. Nous venons avec tous nos concitoyens, assemblés spontanément, de renouveller le serment de rester invariablement attachés à la Convention nationale; Nous vous le répétons, citoyens représentans, ce serment inviolable que nulle fraction n’ébranlera. Périssent les traîtres et les usurpateurs du pouvoir dictatorial ! Nous abjurons les vils imitateurs de Cromwel et le génie seul de Brutus nous dirigera dans nos devoirs envers la patrie. Les juges et commissaire national du tribunal du district de Sarrebourg. Bougel, Scotte, J.C. Bard, Digoine J. (commre nal). 37 La société populaire de Champ-social (1) écrit à la Convention nationale, qu’elle n’a pu soutenir l’idée de la scélératesse du projet liberticide de Robespierre et complices; elle rend grâce au génie de la liberté, qui a éloigné la foudre qui devoit faire de la sublime montagne un nouvel Etna. Mention honorable, insertion au bulletin (2). [Champ-social, 12 therm. II\ (3) Citoyens représentans, A la nouvelle de l’abîme affreux que creusait sous vos pas une faction aussi puissante que scélérate, nos sens ont été paralisés, une froide consternation s’est emparée de nos esprits. C’est en vain que nous tenterions d’exprimer l’indignation peinte sur les visages, le frémissement d’horreur qui s’est fait sourdement entendre, à la vue de cette montagne célèbre, qui, changée tout à coup en un nouvel Etna, nous a paru prête à engloutir dans une explosion terrible les premiers athlètes de la révolution. Mais grâces au génie sublime qui veille sur les destinées de la France, le crime ne s’est point consommé. Le courage et la vertu ont brisé le masque des traîtres, et la République a distingué encore une fois ses fidèl[e]s deffenseurs. Pour vous, braves et généreux Parisiens, attentifs à ce signal, vous avez sçu reconnaître vos véritables amis, et vous vous êtes acquis une gloire immortelle en protégeant de vos armes ce dépôt précieux que vous a confié le peuple (1) Ci-devant Harcourt, district de Bernay, Eure. (2) P.-V., XLIII, 21. Mention in B m, 26 therm. (2e suppf). (3) C 315, pl. 1260, p. 3. 144 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE français. Fidèl[e]s à votre poste, croyez que nous le serons à nos sermens « d’exterminer les traîtres et les factieux qui tenteraient de nous asservir, de deffendre jusqu’à la mort nos représentans, et de verser jusqu’à la dernière goutte de notre sang, plutôt que de souffrir qu’il soit porté atteinte à la liberté, à l’égalité, à l’unité et à l’indivisibilité de la République ». Et vous, courageux représentans, pères du peuple et sauveurs de la patrie, restés fermes à votre poste. Tous, nous jurons de vous faire de nos corps un rempart inexpugnable, et que vous trouverés dans tous les républicains de la société de Champ-social, autant de Brutus prêts à poignarder les nouveaux tyrans. Fouquet ( présid .), Terrier ( secrét .), Roussel (présid. par absence ). 38 L’agent national près le district de Pon-trieux (1) annonce que ses concitoyens ne croyent plus aux revenans; qu’une retenue estimée 27 530 liv. a été vendue 56 700 liv., et qu’un pré estimé 2 370 liv. a été porté à 18 600 liv. Insertion au bulletin, et renvoi au comité des domaines nationaux (2). 39 Le conseil général de la commune de Rouen (3) transmet à la Convention nationale le détail de la fête célébrée le 26 messidor correspondant au 14 juillet; la majesté du peuple s’y est montrée, surtout sous le rapport de la reconnoissance due aux martyrs de la liberté. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au comité d’instruction publique (4). 40 Votre énergie, écrit à la Convention nationale la société populaire de Canteleu, district de Rouen (5), en sauvant la liberté, a sauvé la République. Mention honorable, insertion au bulletin (6). (1) Côtes-du-Nord. (2) P.-V., XLIII, 21. Bm, 25 therm. (2e suppl1). Mentionné par J. Sablier, n° 1480. (3) Seine-Inférieure. (4) P.-V., XLIII, 22. J. Sablier, n° 1480. Mentionné par Bm, 27 therm. (1er suppf). (5) Seine-Inférieure. (6) P.-V., XLIII, 22. Texte identique à l’original, C 315, pl. 1260, p. 16 (l’adresse, datée du 14 therm. II, est signée Ph. L. Gallot (secrét.), Nederiez (présid.)). Mention dans B1", 26 therm. (2e suppl1). 41 Les représentans du peuple près l’Ecole de Mars transmettent à la Convention nationale une lettre de félicitation aux braves enfans d’Avesnes, sur leur conduite héroïque à la reprise de Landrecies; elle a été rédigée au concours par le jeune Lafaille, et adoptée aux applaudissemens de tous ses camarades. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au comité d’instruction publique (1). [Applaudissements] — Un secrétaire lit la lettre suivante : Les représentants du peuple près l’Ecole de Mars au président de la Convention nationale. Du camp des Sablons, le 13 therm. II. Citoyen président, un concours proposé aux élèves de l’Ecole de Mars pour une lettre de félicitation aux braves enfants d’Avesnes, sur leur conduite héroïque à la reprise de Landrecies, m’a mis à même de juger l’excellent esprit qui règne dans le camp des Sablons. Dans le grand nombre de projets dont j’ai fait l’examen, celui que je t’adresse m’a paru le plus propre à remplir l’objet que je m’étais proposé. Lecture en a été faite aux élèves, qui l’ont adopté avec enthousiasme à l’unanimité. L’auteur était encore ignoré, je ne connaissais que son nom : je l’appelle au centre du bataillon, et le jeune Lafaille reçoit de moi l’accolade fraternelle, aux acclamations de joie et aux applaudissements de tous ses camarades. Je t’invite, citoyen président, à faire donner lecture de sa lettre à la Convention nationale. PEYSSARD. Les élèves de VEcole de Mars aux jeunes citoyens d’Avesnes. Chers camarades, elle a retenti dans notre camp, elle a retenti dans nos cœurs, la nouvelle de votre courage. Destinés par notre institution à l’école de toutes les vertus, nous avons été charmés de trouver des modèles parmi des citoyens aussi jeunes que nous. Oui, nous le promettons, nous marcherons sur vos traces; et nous aussi nous rejetterons les conseils timides; nous pensons, comme vous, que quand on attaque la liberté, tout républicain doit être sous les armes; et nous aussi nous irons affronter les soldats des despotes; et nous aussi nous leur ferons rendre les armes, non devant nos villes livrées, mais peut-être devant leurs capitales. Nous sommes bien jeunes, mais les héros d’Avesnes comptaient des succès à notre âge. Chers camarades, nous n’envions pas votre gloire, mais nous envions votre estime : l’estime des héros est le foyer du courage. (1) P.-V., XIII, 22. Mess. Soir, n° 715; J. S. -Culottes, n° 537: Rép., n° 229; F.S.P., n° 396; J. Perlet, n° 681.