SÉANCE DU 26 BRUMAIRE AN III (16 NOVEMBRE 1794) - N° 1 277 Citoyens Représentans, Vous dire que nous avons lu votre adresse au peuple français, c’est vous dire que nous l’approuvons : depuis longtems les principes que vous y exposés étaient gravés dans nos coeurs : nous nous félicitons de n’etre plus astreints a les taire. La révolution du 9 thermidor nous a fait faire un grand pas vers la liberté. Courage, Citoyens representans, courage; le peuple est las de sang et de terreur. Votre collègue Ysa-beau nous a prouvé que vous ne vouliez que la justice, il a balayé les autorités constituées, la sentine de tous les vices, il a arraché le masque aux hipocrites semblables aux oiseaux nocturnes, que la clarté fait rentrer dans leurs sombres retraites, ces etres malfaisans ont fui a l’aspect de la représentation nationnalle ; s’ils ont jetté un cri ce n’a pu etre que le cri du désespoir. Ce représentant a aussi rendu a leurs familles des individus dont la patrie n’eut jamais a se plaindre. Il n’a cependant il faut le dire, que commencé son ouvrage, les agitations du departement du Bec-d’Ambès ont absorbé tout son tems, celui ci demanderait maintenant sa présence, nous vous en conjurons au nom de la chose publique, citoyens représentans, prolongés au moins pour notre département sa mission dont le terme va expirer. Nul autre ne pourrait, mieux que lui, vous gagner et vous conserver le coeur de ses habitans, nul autre mieux que lui ne connait l’esprit public. Suivent 6 signatures. g [Les membres du tribunal du district de Mon-tauban à la Convention nationale, le 5 brumaire an III] (10) Citoyens Représentans. La tyrannie avoit mis la terreur à l’ordre du jour; vous y avés mis la justice. Nous bénissons avec tous les vrais républicains les mesures de prudence et de raison que vous venez de prendre pour asseurer aux gens de bien la suretté, la confiance et la liberté que d’insolens dominateurs, que des intrigans perfides avoient tenté de leur ravir. Votre adresse au peuple français à ranimé tous les coeurs et réunis tous les suffrages ; nos ennemis même ne pourront vous reffuser leur admiration et leur estime que les principes d’ordre qui l’ont dictée, dirigent constament votre marche jusqu’à la fin; que ce gouvernement révolutionnaire qui doit sauver la patrie soit l’efïroy des méchants, et le reffuge des bons citoyens. Pour nous exclusivement attachés à nos devoirs, ne connoissant pour régulateurs et pour guides que la Convention et les sages loix qu’elle nous donne, nous offrons à la sur-(10) C 324, pl. 1398, p. 10. F. de la Rép., n° 55, mention. veillance la plus active nos oppinions, nos travaux et notre vie entière, heureux si en nous dévouant sans réserve aux fonctions qui nous sont confiées, nous secondrons dignement vos voeux et vos intentions. Delpech, président, Séguy, commissaire national, Astruc, greffier principal et 6 autres signatures. h [Les membres du tribunal civil du district de Moulins à la Convention nationale, s. d.] (11) Représentants, Le peuple français veut la liberté, il vous a délégué ses pouvoirs pour briser ses fers ; investis de la puissance nationale, vous avez pris une marche imposante et digne du grand oeuvre qui devoit s’opérer, vous avez commencé par attaquer la tirannie dans sa source, vous avez soutenu le choc de toutes les passions, de tous les intérêts opposés, vous avez détruit le fanatisme, anéanti le despotisme nobilière, vous avez déjoué et puni toutes les conspirations ; il n’est point de périls, point de dangers qui vous aient arrêté dans votre course majestueuse; enfin, aujourd’hui les armées triomphantes de la République ont repoussés les ennemis du dehors, et la sagesse de vos loix révolutionnaires a fait justice de ceux de l’intérieur. Il n’en faut pas douter la régénération française est écrite dans la destinée des empires. La main invisible de l’être suprême a protégé, soutenû, dirigé vos travaux, ils surpassent les bornes de l’humanité. Il vous reste encore à combattre un ennemi d’autant plus dangereux qu’il se cache dans l’ombre et se couvre du manteau du patriotisme, l’intriguant, l’égoïste, le faux patriote, l’ambitieux qui sont nécessairement agitateurs, méchants et sanguinaires, parce que le trouble et l’anarchie favorisent leurs projets liberti-cides, votre adresse au peuple les a abbattu et déconcerté, en même tems qu’elle a porté le calme dans le coeur de tout bon français ; vous y professés des principes consolants qui relèvent son courage et raniment ses espérances, tel qu’un pilote longtems battû par l’orage, oublie ses peines et ses dangers à l’aspect d’un air tranquil et serein. Le patriote ne se ressouvient plus des maux passés pour n’envisager que le bonheur dont vous voulez le faire jouir. L’effet que votre adresse produit sur les habitans de cette cité se manifeste d’une manière sensible, de toutes parts, on se rapproche, on se rallie pour épancher sa joie : on se dit la Convention ne veut que le bien, elle n’aspire qu’à l’accomplissement du grand ouvrage qu’elle a commencé ; elle frappe les coupables, mais elle (11) C 324, pl. 1398, p. 12. Bull., 27 brum., reproduction partielle.