SÉANCE DU 25 FRUCTIDOR AN II (11 SEPTEMBRE 1794) - N° 44 85 Renvoi au comité de Sûreté générale, et copie de la pétition aux représentons du peuple, délégués dans le département de l’Aveyron (91). 44 La société populaire de Grenoble [département de l’Isère] envoie à la Convention des exemplaires de l’adresse qu’elle lui a faite, et de sa lettre aux jacobins. Mention honorable et insertion au bulletin (92). [La société populaire de Grenoble à la Convention nationale, s. d. \ (93) Nous vous faisons parvenir plusieurs exemplaires de l’adresse à la Convention nationale et de la lettre aux jacobins de Paris que la société a voté dans sa séance du 14 de ce mois. Nous vous prions d’en faire l’usage que votre patriotisme vous indiquera. Salut et Fraternité. Vive la République et la Convention. Poudre, vice-président, plus deux autres noms. [La société des Jacobins, séante à Grenoble, à la Convention nationale, le 14 fructidor an m (94) Citoyens représentans. Placés depuis 1789 dans l’avant-garde de la révolution notre devoir est de jeter le cri d’alarme lorsque nous voyons l’ennemi s’avancer. Lorsque nous considérons l’audace des ennemis du peuple, l’attitude menaçante qu’ils viennent de prendre tout à coup dans les dé-partemens nous demandons de quels chimériques et nouvels espoirs ils osent donc se bercer; et dans les tempêtes qu’ils préparent, nos cœurs s’adressent et nos yeux se tournent vers vous qui dans toutes les crises, avez développé un caractère plus fort que les circonstances, un courage plus grand que les dangers. La réaction de la dernière révolution est terrible. Au lieu de s’avancer jusqu’à la justice et d’arrêter là le mouvement la masse malveillante qui vient de se lever, nous repousse jusqu’au modérantisme. Dans beaucoup de (91) P.-V., XLV, 207. (92) P.-V., XLV, 207. (93) C. 320, pl. 1318, p. 22. (94) Bull., 25 fruct. Reproduite dans Débats, n° 722, 434- 436. J. Univ., n° 1753. J. Mont., n° 136. Mentionnée dans J. de Paris, n° 620; Rép., n° 266; M.U., XLIII, 411; J. Perlet, n° 719; J. Univ., n° 1752 et n° 1753. F. de la Républ., n° 432. Ann. Patr., n°619; Ann. R. F., n° 284; C. Eg., n°754. Mess. Soir, n° 754; J. Fr., n° 717. La presse fait suivre la lecture de ces adresses par l’intervention de Collot d’Herbois rapportée ci-dessous n° 50. communes on parle et on agit comme si Brissot vivoit encore. Les monstres qui conspiroient contre le peuple et contre vous, en forçant tous les ressorts nous jetent aujourd’hui dans l’extrémité opposée et ils frappent encore le peuple du fond de leur tombeau. Cette secte d’hommes qui a pris tous les masques parce qu’elle est sans courage, qui fut féodale en 1789, impartiale en 1790, fayetiste en 1791, brissotine en 1792, fédéraliste en 1793; cette secte modérée sans modération, dévote sans croire en dieu, et républicaine à l’anglaise; cette secte toujours prête à transiger avec tous les ennemis de l’Etat prouve qu’on lui laisse former dans la République, une aristocratie bourgeoise et terriènne, et qui, pour parvenir à ce but a avili et persécuté les patriotes depuis 1789 sous les qualifications successives d’enragés, de montagnards, de régicides, de maratistes et de sans-culottes; cette secte est aujourd’hui debout et élève le ton avec cent fois plus de hauteur que lors de la mort d’Hébert. Elle cherche à proscrire tous ceux qui sont connus pour ne transiger jamais et qui veulent la République indivisible ou la mort. Elle demande, comme à Toulon, l’ouverture des sections en attendant qu’elle ose demander la convocation des assemblées primaires; l’adoucissement du gouvernement révolutionnaire, en attendant sa dissolution; la liberté des cultes conspirateurs, en attendant le rétablissement des autels; la répression des patriotes, en attendant leur supplice; la destruction des Jacobins, pour parvenir à la destruction de la République; et c’est en dissimulant toujours, qu’elle prélude par les noms d’indulgence et de modération à celui de monarchie qu’elle n’ose encore mais qu’elle osera bientôt, si vous ne l’arrêtez, faire entendre. Que ceux qui ont outragé l’humanité et les lois, qui ont versé le sang de l’innocent ou se sont emparés de ses dépouilles, qui ont fait beaucoup de bruit et peu de bien et qui ont soulevé l’anarchie pour se créer dans les désordres de petits trônes; que ces roitelets, ou plutôt ces vautours de la révolution éprouvent à leur tour la terreur qu’ils ont injustement répandu : soit. Mais que ceux qui, depuis 1788 sont restés fidèles à la cause du peuple, malgré les défections nombreuses dont ils ont vu tant de lâches exemples, qui ont combattu corps à corps, et au péril de leurs têtes, le royalisme, le brissotisme, le fédéralisme et la superstition, qui ont été portés sur toutes les listes honorables de proscription, qui ont calmé le peuple souffrant au lieu de l’aigrir, qui l’ont désabusé au lieu de le tromper, qui l’ont servi au lieu de le flatter : que ces hommes purs soient aujourd’hui persécutés, vous ne le souffrirez jamais. Vous ne souffrirez jamais que des reptiles, nés hier dans les vases fécondes de la démocratie, montent sur le corps des doyens de la révolution qu’ils se nourrissent de leur substance et qu’ils s’abreuvent de leur sang. 86 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Que l’extravagance soit comprimée, que l’atrocité soit punie, mais que l’heureuse et pure exaltation des patriotes ne soit jamais transformée en crime : cette exaltation est l’ame de la République et la vie de la liberté. Nous vous en conjurons, vous, les hommes du 21 janvier, du 31 mai, et du 9 thermidor, vous tous qui représentez le peuple français ne laissez pas s’enfoncer dans les fanges du modérantisme votre sublime ouvrage; soutenez ceux qui le soutiennent, détruisez ceux qui veulent le détruire. Sans votre courage, il ne nous resteroit bientôt que des pleurs à verser sur ses ruines, ou la mort à attendre. Signé Grand, président, Gros, Paradis et Cadoux, secrétaires. RÉAL: Je saisis cette occasion pour observer à la Convention que l’adresse qu’on vient de vous lire, et qui a obtenu ses applaudissements, est de la société populaire de Grenoble; qu’elle prouve l’énergie et le républicanisme d’une commune que quelques personnes peu instruites sur les faits avaient accusée de fédéralisme. Elle ne pouvait mieux y répondre qu’en exposant sa conduite pendant la révolution. Grenoble fut le berceau de la liberté; c’est du pied des Alpes qu’est parti en 1788 le premier signal de la liberté (95). [La société populaire de Grenoble à la société des Jacobins séante à Paris, le 14 fructidor an II] (96) Frères et amis. C’est avec une vive satisfaction que nous avons appris la justice sévère que vous avez faite contre les conspirateurs qui s’étaient emparés dans la nuit du 8 au 9 thermidor de votre nom et de votre salle, pour opérer la contre-révolution. Votre juste indignation nous est un sûr garant que vous ne souffrirez jamais que les partisans de l’étranger ni que les ambitieux du pouvoir se saisissent de votre pavillon qui fut, jusqu’au 9 thermidor le signe de ralliement des amis de la liberté. Nous croyons devoir vous donner une preuve de notre confiance fraternelle en vous demandant de correspondre avec nous fréquemment, et en vous adressant une copie de notre adresse à la Convention nationale. L’esprit public étoit excellent dans cette commune et dans tout le département; nulle part les lois n’étoient plus régulièrement observées, les malveillans plus rigoureusement comprimés, ni la tranquilité publique plus exactement maintenue : Le peuple y a souffert la faim avec résignation plusieurs fois il s’est levé en masse contre Lyon et les satellites du roi Sarde : mais les faux dévôts, les grands propriétaires, les bourgeois orgueilleux, connus sous le nom de fédéralistes ou de (95) Moniteur, XXI, 733. (96) Bull., 25 fruct. Débats, n° 722, 436-437; Rép., n° 267; J. Univ., n° 1753. feuillans, toute cette masse d’hypocrites qui a été constamment l’avant-garde de l’aristocratie, profite de la nouvelle révolution, pour livrer dans les campagnes une guerre ouverte à tous les vrais républicains et principalement à ceux qui ont désillé les yeux du peuple sur les préjugés religieux. De pauvres habitans des campagnes qui n’ont commis d’autre crime que d’être resté fidèles à la cause du peuple sont traités comme des partisans de Robespierre tandis qu’ils ignoroient jusqu’au nom même de ce triumvir. Pour peu que ces persécutions durent, le champ de bataille restera libre aux agens des seigneurs, aux valets des nobles, aux fanatiques nouvellement convertis, aux même hommes enfin qui corrompirent l’esprit public lors du fédéralisme. Il règne dans certains villages un mécontentement sourd au sujet de l’abolition des cultes. Ces hommes directeurs actuels de l’opinion, pourront en profiter pour susciter des troubles. Il faudroit que la Convention nationale fit une adresse au peuple pour prévenir ce mouvement rétrograde, il faudroit que vous nous adressassiez fréquemment des instructions qui seroient lus dans toutes les tribunes; Il faudroit faciliter par de plus grands salaires l’organisation des écoles primaires qui est suspendue, par le fait, dans les trois quarts des commîmes; Il faudroit prescrire ou du moins indiquer un mode pour célébrer le décadi surtout dans les villages où l’on chomme le jour consacré aux dieux de la Vendée et où l’on méprise la journée simple de la République. Il faudroit des fêtes, des jeux, des chants, pour provoquer la réunion des citoyens le décadi, et remplir par des idées républicaines le vide que laisse dans leurs âmes l’absence des idées religieuses. Il faudroit adopter des mesures sévères contre les mauvais prêtres qui restent dans les villages et encourager et faciliter leur mariage. Il faudroit enfin maintenir dans toutes sa pureté, faire marcher avec la plus grande rapidité le gouvernement révolutionnaire, et employer les armes qu’il nous fournit pour frapper tous les conspirateurs, de quelques masques qu’ils se couvrent. Signé, Grand, président, Gros, Cadoux, Paradis, secrétaires. 45 La société d’Is-sur-Tille, district de Dijon [département de la Côte-d’Or], félicite la Convention sur son énergie; elle demande que les papiers du tyran moderne soient vérifiés, pour connoître ses complices. Renvoi au comité de Sûreté générale (97). (97) P.-V, XLV, 207.