[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, I 26 brumaire. .an; II 315 } IG novembre 1793 vention de fixer un point de réunion pour la cava¬ lerie jacobine, et de régler son uniforme : elle propose d’inscrire sur le bouton Cavalerie Jaco¬ bine, et sur la plaque du casque, Mort aux des¬ potes. Renvoyé au comité de la guerre (1). Guillemardet, représentant du peuple, commis¬ saire pour la levée des chevaux, annonce que, dans la 18e division dont il est chargé, la levée de chevaux s’exécute avec le plus grand succès; qu’avant quinze jours il aura de quoi monter 15 escadrons, outre 600 chevaux de charrois; que les équipages arrivent aussi, grâce au zèle des sans-culottes qu’il en a chargés, et que si ses 19 collègues obtiennent le même succès, la cavalerie de la République sera augmentée sous peu de 300 escadrons. « La Convention nationale, ajoute Guillemardet, peut compter que ça ira et au grand galop. » Insertion au « Bulletin » (2). Suit la lettre du représentant Guillemardet (3). Guillemardet, représentant du peuple, commissaire pour la levée extraordinaire des chevaux dans la 18e division, au Président de la Convention nationale. « Versailles, 25 brumaire l’an II. « Pour assurer le triomphe de la liberté, la Convention a requis la jeunesse française de marcher à l’ennemi, et plus de neuf cent mille hommes vont dépasser nos frontières. Chaque jour, la raison remporte des victoires sur le fanatisme et les préjugés. L’aristocratie terras¬ sée est enchaînée par le génie révolutionnaire. Le luxe des riches et la pompe sacerdotale vien¬ nent se purifier dans le creuset national et se convertir en millions de numéraire. Il ne man¬ quait plus au succès des armes de la République qu’une cavalerie formidable. La Convention vient d’y pourvoir par son décret du 17 du mois dernier, qui ordonne une levée extraor¬ dinaire de chevaux. « Ce décret s’exécute avec la plus grande rapi¬ dité dans la dix-huitième division confiée à mes soins. J’aurai, avant quinze jours, de quoi mon¬ ter au moins quinze escadrons au grand complet, sans compter environ six cents chevaux propres aux charrois ou à l’artillerie. « Les équipages des chevaux, les bottes et les armes des cavaliers arrivent aussi, grâce au zèle des sans-culottes que j’ai engagés partout à la plus exacte surveillance. « Tous les agents qui composent l’administra¬ tion du dépôt que j’ai formé ont été choisis par le département révolutionnaire, sur une liste de candidats présentés par les Sociétés populaires. Aussi voit -on partout zèle, activité et probité dans les opérations qui leur sont confiées. « Si mes dix-neuf collègues obtiennent le même succès dans leurs divisions, notre cava¬ lerie sera augmentée sous peu de trois cents escadrons, qui contribueront efficacement à arrêter les brigandages des cruels esclaves des tyrans, et à rompre le cours des succès éphémè-(1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 254. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 254. (3) Archives nationales, carton C 278, dossier 737. res qu’ils n’ont dû, jusqu’ici, qu’à leur cavalerie nombreuse et à la trahison de nos généraux. « Presque tous les chevaux que je reçois au dépôt seront vigoureux, accoutumés à la fatigue et en état de servir sur-le-champ. Lors¬ qu’ils seront montés par des hommes libres, la Convention nationale peut compter que ça ira, et au grand galop (1). « Guillemardet, représentant du peuple. » La citoyenne Huguin, ci-devant religieuse à Soissons et maintenant épouse du républicain Plocq, greffier du tribunal de Soissons, annonce qu’elle est mère, qu’elle est heureuse, et fait pas¬ ser le. contrat odieux de sa renonciation à elle-même. Insertion au « Bulletin » (2). Suit la lettre de la citoyenne Huguin (3). « Soissons, 25 brumaire, l’an II. « Citoyens représentants, « Jeune et sans expérience, je cherchais le bonheur. Des fanatiques me trompèrent et j’épousai Jésus-Christ. J’ai bientôt reconnu mon erreur, j’ai divorcé pour passer dans les bras d’un républicain. Je suis mère, je suis heureuse, il ne me reste de mon premier état que le contrat odieux de ma renonciation à moi-même, titre encore si terrible que peu de reli¬ gieuses ont osé imiter l’exemple que j’ai été une des premières à leur donner. « Je vous adresse ce titre, citoyens représen¬ tants, je le traduis au tribunal de la raison, et j’en demande une justice éclatante; je demande que vous vous fassiez remettre tous ces monu¬ ments d’esclavage, tous les registres de vêture, ils ne doivent point souiller davantage le sol de la liberté; je demande que vous obligiez ceux qui sont restés dans le célibat, à une abju¬ ration solennelle de leurs vœux, le jour de la fête de la raison, c’est le seul moyen de tirer de la voie du mensonge et de l’égarement., des hommes et surtout des femmes qui doivent des citoyens à la patrie, et qui se doivent eux-mêmes à la liberté. Alors, plus d’espoir, plus de désir de voir renaître l’ancien régime; intéressés comme moi à la stabilité de la République, ils feront comme moi retentir l’air des cris de Vive la liberté! Vive la Montagne (4) ! « La républicaine Huguin, femme du sans-culotte Plocq, greffier du tribunal de Soissons. » A cte de renonciation ( 5 ) . « Au nom de N otre-Seigneur Jésus-Christ, amen. « Ce jour d’hui, deux septembre mil sept cent quatre-vingt-huit, je, sœur Marie-Françoise (1) Applaudissements, d’après le Mercure univer¬ sel [27 brumaire an II (dimanche 17 novembre 1793), p. 270, col. 2]. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 254. (3) Archives nationales, carton G 281, dossier 772. (4) Applaudissements, d’après le Moniteur uni¬ versel [n° 58 du 28 brumaire an II (lundi 18 no vembre 1793), ;p. 235, col. 1]. (5) Archives nationales, carton G 281,. dossier 772. 316 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j fg �““mbre r93 Huguin, surnommée, en religion, de Saint-Louis, de l’évêché de Soissons, voue et promets à Dieu tout-puissant, à la glorieuse Vierge Marie et à toute la Cour céleste, devant vous, Monsieur François Mayaudon, doyen et chanoine de l’église cathédrale de Soissons, sous l’autorité de Messieurs les vénérables prévôts, doyen, chanoines et chapitre de ladite église, nos supé¬ rieurs, de garder perpétuelle pauvreté, chasteté et obéissance en cet Hôtel-Dieu Saint-G-ervais dudit Soissons, et d’être toute ma vie servante des pauvres malades, selon la règle de notre père saint Augustin et les constitutions de cette maison, faites par les abbés et prieurs de Saint-Victor-lès-Paris. « En témoignage de quoi, j’ai signé les pré¬ sentes les jours et an que dessus. « Marie -Françoise Huguin, dite sœur Saint-Louis. » Les administrateurs du district de Versailles pour prouver le bon esprit de leurs administrés envoient l’état de la vente des biens des émigrés d’où il résulte que divers objets estimés 120,578 1. 7,031 livres, et 20,974 livres ont été vendus 267,000, 35,300 et 70,600 livres. « Ça va et ça ira », disent ces administrateurs. Insertion au « Bulletin » (1). Suit la lettre des administrateurs du district de Versailles (2). Les administrateurs du directoire du district de Versailles à la Convention nationale. « Versailles, le 21 brumaire, l’an II de la République, une et indivisible. « Versailles s’est toujours distingué par son patriotisme; il a été le berceau de la liberté, et les sans-culottes de cette commune ont cons¬ tamment travaillé à déjouer les complots des aristocrates et des ennemis de la République. Ils sont tous à la hauteur de la Révolution; ils ont secoué les préjugés de la superstition et n’ont pas peur des revenants. Parmi le nombre infini de preuves qu’ils ont données jusqu’ici, nous vous en offrons une récente. Lesbiens de la ci-devant liste civile s’y vendent avec rapidité et y sont portés à un prix auquel on n’aurait pas imaginé d’atteindre. La petite maison de l’Ermitage, avec jardins et portions de terre ajoutées, ci-devant occupée par les tantes de feu Capet, estimée à 120,578 livres a été vendue 267,000 livres; six arpents quinze perches de pré, estimés 7,031 liv. ont été vendus 35,300 livres, et vingt -trois ar¬ pents et demi de terre, dont partie en friche, estimés à 20,794 liv., ont été vendus 70.600 liv. Ça va et Ça ira (3). « Salut et fraternité ». (Suivent 9 signatures.) ï (I) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 254. (2) Archives nationales, carton C 279, dossier 754. (3) Applaudissements, d’après le Moniteur uni¬ versel [n° 58 du 28 brumaire an II (lundi 18 no¬ vembre 1793), p. 235, col. 1] et applaudissements, d’après les Annales patriotiques et littéraires [n° 320 du 27 brumaire an II (dimanche 17 novembre 1793), p. 1484, col. 1], Le citoyen Moline fait hommage à la Conven¬ tion nationale d’une épitaphe pour mettre sur l’urne où seront déposées les cendres de Marat au Panthéon. La Convention en ordonne l’insertion au « Bul¬ letin » et renvoie au comité d’instruction pu¬ blique (1). Suit V épitaphe composée par le citoyen Mo¬ line (2). Epitaphe de marat Dont les cendres seront déposées au Panthéon , par décret de la Convention nationale du quartidi 24 brumaire, Van II de la Bépublique française, une et indivisible. Marat, l’ami du peuple et de l’égalité, Échappant aux fureurs de l’aristocratie, Du fond d’un souterrain par son mâle génie Foudroya l’ennemi de notre liberté. Une main parricide osa trancher la vie De ce républicain toujours persécuté. Pour prix de sa vertu constante, La nation reconnaissante Transmet sa renommée à la postérité. Par le citoyen Moline, secrétaire greffier, attaché à la Convention nationale. « Un membre [Romme (3)] fait remarquer qu’il s’est glissé une erreur dans l’impression au « Bul¬ letin » et au feuilleton des articles 6 et 7 du décret relatif aux tableaux de Lepeletier et de Marat (4), il propose une rédaction de ces deux articles en un, comme il suit : Art. 6. « Il sera distribué un exemplaire de chaque gravure à chaque membre de la Convention natio¬ nale et à chaque administration de département. Les planches resteront à David. Il propose, en outre, que cette rédaction soit insérée dans le « Bulletin » (5) et dans le feuil¬ leton. « La Convention nationale décrète ces deux propositions (6). « La Convention nationale, sur la proposition d’un membre [Charlier (7)], décrète qu’il ne sera envoyé au bureau des procès-verbaux aucun décret dont la rédaction n’ait été relue, signée par le rapporteur ou par celui des membres qui aura fait la proposition, et par le secrétaire chargé de la rédaction du procès-verbal, qui mettra bon à expédier (8). » (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 255. (2) Archives nationales, carton F17 1006, dos¬ sier 1198; Bulletin de la Convention du 6e jour de la 3e décade du 2e mois de l’an II (samedi 16 no¬ vembre 1793); Moniteur universel [n° 58 du 28 bru¬ maire an II (lundi 18 novembre 1793), p. 235, col. 2]. (3) D’après le Journal des Débats et des Décrets. (4) Voy. ci-dessus, séance du 24 brumaire, p. 211, le décret rendu sur le rapport de David et la note. (5) Bulletin de la Convention du 6e jour de la 3e décade du 2e mois de l’an II (samedi 16 no¬ vembre 1793). (6) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 255. (7) D’après la minute du décret qui se trouve aux Archives nationales, carton C 277, dossier 726. (8) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 255.