298 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE 3 La société populaire de Boulogne-sur-Mer [département du Pas-de-Calais] déclare qu’elle ne balancera jamais entre de vils dominateurs et la représentation nationale, et que la Convention sera toujours son seul point de ralliement. Mention honorable, insertion au bulletin (6). Législateurs, Nous avons frémi d’indignation au récit de l’horrible attentat qui vient de se commettre. La représentation nationale a été outragée ; un mandataire du peuple est tombé sous les coups d’un vil assassin. La France entière demande justice de ce scélérat, et de tous ceux qui ont dirigé son bras homicide. Législateurs, regardez autour de vous, et souvenez-vous que c’est aux Jacobins qu’on a osé dire : « Des mesures de sûreté générale sont déjà prises; d’autres se préparent dans le silence. » L’on a encore dit dans cette société : « qu’on regarderoit comme ennemis de la chose publique ceux qui se diroient vos amis ». Eh bien ! et nous aussi, nous sommes des ennemis de la chose pubbque, car nous vous regarderons toujours comme notre seul point de ralliement. Nous ne balancerons jamais entre de vils dominateurs et nos représentans. Si les amis de Pitt et Cobourg persistoient à vouloir élever un autel auprès du sanctuaire des lois, c’est à la main qui nous a délivrés du Catilina moderne à renverser ce monument honteux, qui attesteroit la lâcheté des Français. Nous sommes debout, et nous y resterons jusqu’à ce que l’hydre de l’anarchie, qui semble encore s’agiter, soit entièrement anéantie. Vive la République! vive la Convention! à bas les factieux, les dominateurs et les intri-gans (7) ! Les tribunes après avoir entendu la lecture de la présente adresse, ont demandé à la signer; ce qui a été accordé au milieu des plus vifs applaudissements. Suit un grand nombre de signatures (8). 4 Les administrateurs du département de police envoient l’état des détenus dans les diverses maisons d’arrêt de Paris; le total se monte à 5 002. Insertion âu bulletin (9). (6) P.-V., XLV, 344. (7) Bull., 4e jour s.-c. ; Moniteur, XXII, 14 ; Mess. Soir, n° 763 ; Rép., n° 4 ; F. de la Républ., n° 441 ; Ann. R. F., n° 1 ; Gazette Fr., n° 994 ; J. Perlet, n° 728. (8) Moniteur, XXII, 14. (9) P.-V., XLV, 344. [Etat des détenus conforme aux feuilles journalières remises par les concierges des maisons d’arrêt du département de Paris, 3e sans-culottide an II\ (10) Maison de justice du Département 554 Petite-Force 252 Pélagie 142 Magdelonnettes 13 1 Abbaye 41 Bicêtre 736 La Salpêtrière 408 Chambre d’arrêt, à la Mairie 31 Luxembourg 319 Maison de suspicion, rue de la Bourbe 349 Picpus, faubourg Antoine 80 Les Carmes, rue de Vaugirard 178 Les Angloises, rue Victor 131 Les Angloises, rue de l’Oursine 103 Les angloises, faubourg Antoine 60 Ecossois, rue des fossés Victor 80 Lazare, faubourg Lazare 266 Belhomme, rue Charonne, n° 70 22 Bénédictins Anglois, rue de l’Observatoire 80 Maison du Plessis 339 Maison de répression, rue Victor 44 Maison de Coignard, à Picpus 33 Montprin 51 Fermes - Caserne des Petits-Pères 116 Caserne, rue de Sève 119 Caserne des Carmes, rue de Vaugirard 75 Vincennes 262 Total général 5 002 5 La société populaire de Brive [département de la Corrèze] félicite la Convention nationale sur ses glorieux travaux, l’invite à rester à son poste, et à ne pas laisser aux ennemis de la République le temps de former de nouvelles trames ; elle jure de rester toujours ralliée à la Convention, et fait don à la patrie de cent arbres de chêne et d’une somme de 5 054 L un sol pour la construction d’un vaisseau. Mention honorable, insertion du don et de l’adresse en entier au bulletin (11). [La société populaire de Brive à la Convention nationale s. d.] (12) A travers les déchirements qui ébranlent l’Europe, le peuple français n’a qu’un but, celui de rester libre ou de périr tout entier. Dans (10) C 319, pl. 1307, p. 34. (11) P.-V., XLV, 344. (12) C 318, pl. 1297, p. 15. Attestation de la réception des 5 054 L portée en marge. Bull., 1er vend, (suppl.) ; J. Fr., n° 726. SÉANCE DU 4e JOUR DES SANS-CULOTTIDES AN II (SAMEDI 20 SEPTEMBRE 1794) - N° 6 299 sa marche révolutionnaire, il a poursuivi depuis cinq ans, il a renversé, il a écrasé les dominateurs de toute espèce. Les trames intérieures, les trahisons, la guerre civile, combinées avec les efforts de l’étranger, n’ont fait qu’accroitre son énergie, multiplier ses forces et préparer ses triomphes; il a vu fuir et tomber sous ses coups les troupeaux innombrables d’esclaves, vomis par les tyrans; de tous côtés leur territoire ensanglanté est devenu le théâtre de nos victoires. C’étoit au milieu de ces succès inouis que des traitres avoient osé tenter dans leur délire inconcevable, de s’en approprier exclusivement le fruit. Le glaive révolutionnaire en a fait justice. Ce grand événement servira d’exemple à leurs imitateurs, à tous ces ambitieux égoïstes qui n’embrassent la cause de la liberté que pour s’acquérir les moyens de dominer, qui n’affectent la popularité que pour tromper le peuple. Mais ce n’est pas la seule espèce d’ennemis intérieurs dont il faut se garder. Les royalistes, les fanatiques, les modérés et tant d’autres sectes de malveillants sont encore là qui cherchent à mettre à profit la haine que le peuple vient de faire éclater contre de vils agresseurs, à exciter sa défiance envers vous, envers les patriotes qui soutenoient sa cause avec un zèle pur et désintéressé. Déjà ils ont osé former des vœux sacrilèges pour l’abolition du gouvernement révolutionnaire, déjà ils ont osé voter pour la convocation des assemblées primaires. Pères de la patrie, redoublez de courage et de vigilance contre les perfides manœuvres. Restez fermes à votre poste. Le peuple français ne doit point espérer de le faire occuper par des hommes plus dignes de le représenter, plus désireux de son bonheur et de sa liberté. Et ce n’est pas au mibeu des intrigues dont il seroit infailliblement assailli qu’il pourroit se flatter de faire un heureux choix. Serrez les rênes du gouvernement révolutionnaire. Centralisez ses forces, imprimez lui le mouvement rapide et sûr qui fait franchir les écueils et renverser les obstacles. Ne laissez pas aux ennemis de la Répubbque le temps de respirer, moins encore le loisir de former de nouvelles trâmes. Pourquoi discuter encore sur les bâses de ce gouvernement : ne sont-elles pas solidement posées? que sert la distinction entre la justice et la terreur? sans doute il n’est pas question de comprimer l’énergie du peuple et de ses fonctionnaires fidèles, mais que les mais intentionnés, que les hommes douteux continuent à trembler; que les coupables soient punis. La justice est pour tous les citoyens, autant elle protège les bons, autant elle est terrible aux méchans. Pour nous qui sentons tout le prix d’un gouvernement qui aura sauvé la République, qui n’en jugeons pas, sur quelques abus inséparables de la corruption des hommes, et que vous achèverez d’extirper; nous jurons de vous seconder de tous nos moyens pour le maintenir, nous jurons de rester toujours ralliés autour de vous. Nous jurons fidélité éternelle à la République une et indivisible. Recevez ces serments des patriotes de Brive. Veuillez aussi accueillir les sacrifices provisoires qu’ils font d’une somme de 5 054 L pour contribuer à l’armement d’un vaisseau et d’une centaine d’arbres (chênes) propres à la construction. Lacoste, président et deux autres signatures. Envoy par la sociétté de Brive, porté dans la séance du 25 fructidor, en un paquet cacheté contenant cinq différents petits paquets assignats y compris 5 L en numéraire. Savoir - un paquet de la somme de 1 225 - un d’it. 1 000 - un d’it. 1 000 - un d’it. 1 000 - un d’it. 829 Total 5 054 Cent pieds d’arbres pour la marine. 6 Le citoyen Luc Barbier, lieutenant au cinquième régiment d’hussards, annonce à la Convention nationale l’arrivée de dif-férens chefs-d’œuvres des arts provenant de la Belgique, qu’il étoit chargé, par le représentant du peuple Richard, d’accompagner jusqu’ici : sa mission étant finie, il demande à retourner combattre les despotes. Mention honorable, insertion au bulletin (13). GUYTON-MORVEAU : J’annonce à la Convention l’arrivée du premier envoi des superbes tableaux recueillis dans la Belgique ; ils ont été accompagnés par un lieutenant de hussards, membre d’une commission formée par les représentants du peuple pour les rassembler et les faire transporter à Paris; car aujourd’hui les armées de la République offrent toutes de braves guerriers, des hommes instruits et distingués par leurs connaissances en tout genre. Je demande que cet officier soit admis à la barre pour faire hommage à la Convention nationale de cette collection (14). Luc BARBIER : Représentans du peuplé, les fruits du génie sont le patrimoine de la liberté, et ce patrimoine sera toujours respecté par des armées de citoyens. Celle du Nord a porté le fer et la flamme au milieu des tyrans et de leurs satellites; mais elle a soigneusement conservé les nombreux chef-d’œuvres des arts que, dans leur fuite rapide, les despotes coalisés nous ont abandonnés. Trop longtemps ces chef-d’œuvres avoient été souillés par l’aspect de la servitude. C’est au sein des peuples libres que doit rester la trace des hommes (13) P-V, XLV, 344. (14) Moniteur, XXII, 26.