288 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE de quelque côté quelles se tournent ; et, la main toujours sur la massue populaire, dans l’attitude du commandement, avec le sentiment de ta force, avec la conscience de ta cause, avec la majesté de la toute-puissance, attends que la paix vienne à toi. Courage ! Union ! la voila qui, dans le lointain, s’avance amenée par nos victoires innombrables. Courage ! Union ! et son ( illisible ) sacrée, déposée sur ton front par la gloire, va devenir la couronne étemelle de la République. Suivent 136 signatures. b [Les membres de la société populaire de Montmo-rillon à la Convention nationale, Montmoril-lon, le 30 brumaire an III\ (64) Citoïens, Vous nous avés rendu la liberté et la vie, en abolissant le reigne de la tirannie qui nous anéantissait, vous travaillés sans cesse à nous rendre cette vie douce, en affermissant de plus en plus, chaque jour, l’empire de la justice et des vertus. De même que nos armées que vous dirigées, ne cessent de bien mériter de la patrie en dispersant les vils troupeaux d’esclaves déchaînées contr’elle; de même vous acquiérés sans cesse des droits à sa reconnaissance, en réduisant à l’impuissance les cruels partisans de la terreur et de l’oppression. Le neuf thermidor, vous avés fait tomber la tête des grands coupables, vous venés de porter les premiers coups à ceux que la même main n’avait pu frapper alors ; vous venés de fermer ce heu de ralliement, de malveillants, qui, prétextant l’intérêt du peuple, voulaient se mettre à la place de ceux à qui il les avait confiés. Continués, dignes représentants, conduisés le peuple français à la hauteur des destinées qui lui sont préparées ; nous entrevoyons le terme heureux où ce peuple victorieux pourra se reposer à l’ombre de ses lauriers: hâtés ce moment en poursuivant toujours, avec une constance méditée, ses ennemis intérieurs et extérieurs ; préparés, en attendant ces lois de sagesse qui doivent perfectionner la morale publique et conduire le peuple au bonheur que promet le gouvernement républicain qu’il a choisi. Pour nous qu’un enthousiasme mal réfléchi n’a jamais porté à des adulations iméritées, nous scavons exprimer notre satisfaction quand elle est réelle ; satisfaits de vos travaux, nous les secondons de tous nos efforts, et nous avons pour devise, vive le peuple, vive la Convention natio-nalle qui seule se représente ; vive la République, haîne aux tirans, haîne aux agitateurs, haîne enfin à tous ceux qui voudraient usurper la souveraineté du peuple en se mettrant en opposition avec la Convention nationalle. Suivent 81 signatures. 37 Un membre [CLAUZEL au nom] du comité de Sûreté générale monte à la tribune, et y donne lecture de plusieurs pièces concernant le procès de Carrier. Lecture faite d’une lettre de Carrier, accusé, relative aux récusations qu’il a professées au Tribunal révolutionnaire, et de plusieurs pièces envoyées par l’accusateur public près ce tribunal, concernant lesdites récusations (65). CLAUZEL : Votre comité de Sûreté générale, qui ne veut point dépasser les limites des pouvoirs que vous lui avez délégués, m’a chargé de vous lire les pièces suivantes : La première est une lettre de l’accusateur public près le Tribunal révolutionnaire de Paris, qui annonce que le Tribunal a rendu officiellement le décret d’accusation contre Carrier. La seconde est une lettre du même, qui accuse réception de l’acte d’accusation dressé par la commission des Vingt et Un, et décrété par la Convention, et qui demande les pièces qui sont à l’appui de l’accusation. La troisième est une lettre du président du même Tribunal, qui apprend la récusation que Carrier a faite de lui, de l’accusateur public, et de toute la section qui s’est occupée du comité de Nantes. La quatrième est une lettre de Carrier au président de la Convention, par laquelle il réclame le droit accordé à tout accusé d’être jugé par des jurés choisis par le sort. La cinquième est le jugement du Tribunal, qui après un long délibéré, déclare qu’attendu la connexité de l’affaire de l’accusé Carrier avec celle du comité de Nantes, la même section connaîtra de l’accusation contre Carrier (66). [L’accusateur public du Tribunal révolutionnaire aux citoyens représentants du peuple membres du comité de Sûreté générale, Paris, le 6 frimaire an III] (67) Citoyens, Je vous instruit que j’ai reçu hier à deux heures après midy avec la lettre d’envoi de la commission des administrations civiles et d’expédition en forme du décret par lequel la Convention nationale a déclaré qu’il y avoir lieu à accusation contre le représentant du peuple Carrier. La lecture de ce décret et la consignation sur les registres du tribunal ont été ordonnés à la séance de ce matin sur mon réquisitoire. (65) P.-V., L, 164. (66) Moniteur, XXII, 619. Débats, n° 796, 972 ;Ann. Patr., n° 697 ; C. Eg., n° 832; F. de la Républ., n° 69; J. Fr., n° 794; Gazette Fr., n° 1061; M.U., n° 1356; J. Univ., n° 1828; Mess. Soir, n° 832 ; Ann. R.F., n° 69 ; J. Perlet, n° 796. (67) C 327 (2), pl. 1442, p. 12 précise que la lettre a été remise au « président » du comité. (64) C 328 (2), pl. 1457, p. 48.