[Assemblée nationale.] ARCHfVRS PARLEMENTAIRES. prisopniers soient conduits à Paris sous bonne et sûre garde. J’observe que l’inviolabilité dès députés a pour but de les soustraire aux poursuites arbitraires des tribunaux, mais non à pelles qui se feraient en vertu des ordres dé l’Assemblée. Je demande aussi que le roi soit supplié de donner des ordres pour que le sieur de Rio! les, arreté à Lyon, soit conduit à Paris et que les papiers trouvés sur Jui soient mis en sûreté. M. Delley d’Agier. Les trois personnes ne doivent pas être conduites dans le même local. Il faut désigner, à l’avance, une prison spéciale pour le sieur de Bonne-Savardin. M. d’IIarainlmre. Je propose de charger M. |e président de témoigner la satisfaction de l’Assemblée à M. de Lafayette, à son aide de camp et aux officiers municipaux de Châlons-sur-Marne. M. l’abbé de Ifontesquiou. L’Assemblée doit mettre une différence entre le traitement de M. de Bonne-Savardin, accusé du crime de lèse-nation, et les sieurs abbé de Barmond et Eggss, dont tout le tort a été de s’être rencontrés dans sa compagnie. M. Charjes deJLamcth. M. de Bonne-Savardin s’est déjà sauvé de l’abbaye Saint-Germain-dés-Prés; il faut veiller sur lui et empocher qu’on ù’enlève ses papiers. M. le Président met aux voix le projet de décret proposé par M. Barnave. Il est adopté en ces termes : « L’Assemblée nationale décrète que le roi sera prié de donner des ordres pour que le sieur abbé Perrotiu, dit de Barmont, député à l’Assemblée nationale, et les sieurs Eggs et Bonne-Savardin soient conduits àParis séparément et par les gardes nationales, pour être les sieurs Eggs et Bonne-Sa-vardin déposés séparément dans les prisons de Paris, et le sieur Perrotin, dit de Barmont, gardé dans sa maison, jusqu’à ce qu’après l’avoir entendu, il ait été statué à son égard par l’Assemblée nationale. « Décrète que les papiers saisis par la municipalité de Châlons-sur-Marne seront remis dans l’état énoncé par le procès-verbal des officiers municipaux aux commandants des gardes nationales, et par ces derniers au comité des recherches. « Décrète, en outre, que le sieur Drouard, dit de Rîoles, détenu à Lyon, ainsi que le' particulier arrêté aussi et détenu à Bourgoin, seront aussi conduits dans les prisons de Paris par les gardes nationales, et que les pièces saisies sur eux par les officiers municipaux de Bourgoin et de Lyon seront pareillement apportées au comité des recherches par les chefs desdites gardes nationales. « Charge son président d’écrire aux officiers municipaux et gardes nationales de Châlons-sur-Marne, Bourgoin et Lyon, au commandant général de la garde parisienne et aux sieurs Julien et de Mestre, pour leur témoigner la satisfaction de l’Assemblée sur les preuves de zèle et de patriotisme qu’ils ont respectivement données. » (La séance est levée et indiquée à demain neuf heures du matin.) (29 juillet 1790.] PREMIÈRE ANNEXE A LA SÉANCE DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE DU 29 JUILLET 1790. Rapport dans l'affaire de MM. d'Hosier et Petit-Jêan, lu aux comités des recherches de l'Assemblée nationale et de la municipalité de Paris, le 29 juillet 1790, par M. J. P. Brissot, membre du comité des recherches de la muniéipalité de Paris. Si les actions publiques des hommes qui affichent une doctrine extraordinaire méritent de iïxer l’attention de ceux qui sont charges de maintenir la tranquillité générale, c’esf surtout dans les temps de troubles, où des folies et des visions peuvent servir à' couvrir des projets dangereux pour la Constitution; c’est, surtout, lorsqu’elles tendent ’à alarmer sur la sûreté du chef suprême du pouvoir exécutif. ' ' • Telle est la double considération qui a déterminé le comité de recherches de l’Àssémblée nationale et celui de la municipalité dé Paris’ à porter l’attention la plus profonde dans l’examen du projet bizarre des deux personnes arrêtées à Saint-Cloud. Ils ont cru de leur devoir' dè ne rien négliger pour en découvrir le véritable objet; et maintenant que leurs recherches sont terminées, ils croient devoir en publier le résultat, parce qu’on doit tout dire au peuple, et que, dafns la circonstance particulière, il importé de lé tran-quUtlser. , . P L’histoire de MM. d’IIosier etPeüt-Jean tient en partie au fameux magnétisme Animal’, et en partie à la croyance de révélations faites par la Vierge à des personnes jetées dans l’état de somnambulisme. l)n ne croirait pas que, dans Un siècle où la philosophie a répandudes lumières Ai brillantes, où les hommes ont appris à n’appuyer leurs opinions que sur des bases solides, il se trouvât dès êtres assez faibles pour adopter les visions les plus extravagantes, d’après des faits insignifiants et des discours tenus dûns le délire. Ce phénomène moral eixiste cependant; les sectes d’illuminés augmentent, au lieu de diminuer; peüt-être n’est-ee qu’un résultat des circonstances politiques de la France, qui rallie, à leur doctrine mystérieuse, les hommes mécontents du nouvel ordre de choses, et qui espèrent y trouvér des moyens de le détruire. Cet exposé déchirera le voile qui les couvre, préviendra leurs manœuvres, et c’est un nouveau motif de le publier. MM. d’Ho-sier et Petit-Jean (1) se rendirent au château de Saint-Cloud 1 é 29 juin dernier, jour dé saint Pierre (1) M. D’Hosier, qui joue un grand rôle dans cette aventure mystique, est president de la Chambre des comptes de Rouen. Jeune, car il n’est âgé que de 25 ans, on conçoit comment il est crédule, et la douceur qui règue dans sa physionomie explique comment il a été si facile à croire une doctrine, dont la sensibilité est une des bases, et à se prêter à la mission dangereuse dont on l’a chargé. M. Petit-Jean, ancien receveur des droits et domaines en Corse, plus âgé de dix ans, d’un temperammerit sec, annonce, dans sa physionomie mélancolique, ce caractère ferme et prononcé, qui appartient à cette espèce do tempérament, qui porter vers les idées sombres et entraîne à l’opiniâtreté. Il n’est pas indifférent de marquer ces circonstances physiques et morales ; elles peuvent servir à expliquer, à juger la conduite de ces deux individus, a ver ,,