138 iCo»Y0BtfO0 nationale.! ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j f îr e�l 7§3 « Sur la proposition faite par un membre [Louis (J)], la Convention nationale décrète que la Commission des monnaies se concertera avec les inspecteurs de la salle» pour, immédiatement après la séance, faire transporter en lieu sur les offrandes et dons patriotiques qui viennent d’être présentés par les républicains sans-culottes du département de la Nièvre, et en mettre le tableau sous les yeux de la Convention nationale dans sa séance de demain (2). » Suivent, d'après des documents des Archives na¬ tionales: 1° le texte d'une lettre du représentant Fouché pour annoncer l’envoi de dix-sept malles remplies d'objets d’or et d’argent; 2° le texte du dis¬ cours de l'orateur de la députation des citoyens de la Nièvre; 3° le texte de la pétition de la Société populaire de Saint-Pierre-le-Moutier. LÎ ■ 1 I. ? r Lettre du représentant Fouché (3). Le représentant du peuple, député par la Gon-. yention nationale, près les départements du centre et de l’ouest, à la Convention nationale. « Ne vers, le 8e jour de la lre décade du 2e mois de l’an II de la République. a Citoyens collègues, « Je Vous envoie 17 malles remplies d’or, d’argent et d’argenterie de toute espèce prove¬ nant de la dépouille des églises, des châteaux et aussi des dons des sans-culottes. Vous verrez avec plaisir deux belles crosses d’argent doré et une couronne ducale en vermeil. « L’or et l’argent ont fait plus de mal à, la Ré* publique que le fer et le feu des féroces Autri¬ chiens et des lâches Anglais. Je ne sais par quelle imbécile complaisance on laisse encore ces mé¬ taux entre les mains des hommes suspects. Ne voit-on pas que c’est laisser un dernier espoir à la malveillance et à la captivité? Avilissez l'or et l’argent, traînez dans la boue ces dieux de la monarchie si nous voulons faire adorer le dieu de la République et établir le culte des vertus austères de la liberté. « Je dois dire que dans le département de la Nièvre, l’autel de la patrie est surchargé de trésors. La défiance, l’avarice et l’aristocratie les avaient enfouis dans la terre, la confiance et la générosité du patriotisme éclairé par la raison et la philosophie les en font sortir. Chaque citoyen apporte son offrande avec empressement et avec joie, aux cris prolongés de Vive la Montagne , Vive la Convention nationale. « Je vous ferai dans peu un 3e envoi. Vive la République [lj. « Fouché. » IL Discours de l'orateur de la députation d,es citoyens de la Nièvre (2). Représentants du peuple français, Les sans-culottes de la Nièvre, pleins fie mé¬ pris pour l’or et l’argent, viennent déposer dans votre sein les reliques du fanatisme et de l’ or¬ gueil; ils foulent aux pieds les crosses, les mitres et tous les hoohets de la calotte. Les habitants des campagnes viennent eux-mêmes apporter l’argenterie de la table de leur Dieu et de leurs ci-devant seigneurs, ils ont même exprimé le vœu formel pour la suppression des ministres du culte catholique» et demandent à la place des instituteurs de morale. On offre maiûtenaût en vain dans nos cités du numéraire en argent, ij est devenu odieux au peuple, qui sam qu’il fut toujours le prix de la corruption, Les femmes elles -mêmes ont déposé toutes leurs croix en haine du fanatisme* Vrais répu¬ blicains, nous ne voulons plus que du pain et du fer. Du fer, nous en forgeons dans tous les coifis de notre département, et le zèle qu’on met à le forger annonce assez la haine qu’on y a vouée aux tyrans. Vous apprendrez bientôt, représen¬ tants du peuple, qu’il ne reste plus rien à faire dans la Nièvre pour le triomphe de la liberté, et nous vous assurons, au nom de nos conci¬ toyens, que la nouvelle de la punition des chefs de la faction brissotine causera dans notre pays la plus vive satisfaction (3). Vive la République une et indivisible,' vive la Convention nationale; vive la Montagne! Socrate Dam ours; Moreau; Bonnerot; Mutins Cassol; Batiuliat; Chaumette père; M. Seignïeür l’aîné; Doin. III. Pétition de la Société populaire de Saint-Pierre le-Moutier (4). La Société populaire de Brutus-le-Magnanime, ci-devant Saint-Pierre-le-Moutier, à la Con¬ vention nationale. « Représentants du peuple, << L’origine de cette société n’est pas ancienne, c’est sous les auspices de Fouché, de Nantes, (1) D’après le Journal des Débats, et des Décrets. (2) Procès-verbaux de la Convention , t. 24, p. 259. (3) Archives nationales, carton C 277, dossier 734. Bulletin de Iq Convention du ler jour de la 2e décade du 2“ mois de l’an II (vendredi Jer novembre 1793); Moniteur universel [nô 43 du 13 brumaire an II (dimanche 3 novembre 1793), p. 174, col. ï]; Journal des Débats et des Décrets (brumaire an II, n° 409, p. 151); Aulard : Recueil des Actes et de la Correspon¬ dance du comité de Salut public, t. 8, p. 113. (1) Applaudissements, d’après le Mercure univer¬ sel [12e jour de brumaire an II (samedi 2 no¬ vembre 1793), p. 24, col. 2]. (2) Archives nationales, carton G 277, dossier 734. Bulletin de la Convention du let jour de la 2e décade du 2? mois de l’an H (vendredi Ier novembre 1793)5 Moniteur universel [n° 43 du 13 brumaire aii 11 (dimanche 3 novembre 1793), p. 174, Col. 1]. (3) Applaudissements, d’apres le Moniteur (Ibid.). (4) Archives nationales,fcartcm G 28Q, dossier 702* [Convention natioaale,] 4RGfl|YJSg PAftbTOflrrAïfiES, { JL 419 Yotr-ô collègue, quelle s’est formée; avant qu’elle eut une existence politique, le républicanisme était dans nos cœurs; aujourd'hui l’explosion s’en fait, et le bruit doit en retentir jusqu’au sommet de la Montagne, C’est à vous, fondateurs de la République, immortels Montagnards, que nous offrons le tribut de notre admiration, vous ave? d’une main hardie, à la religion, arra¬ ché le bandeau; la philosophie, par vos soins, a pris la place du fanatisme; la punition des crimes du tyran et de son épouse a suivi de près l’ abolition de la royauté. Au règne du despo¬ tisme succède celui de l’ égalité et de la liberté, en un mot, nous nous régénérons en élevant une tête altière. Le nom do Brutus-lo-Magnanime est devenu celui du pays que nous habitons, con¬ sacre? ce nom par un décret, nous aurons le courage de ce grand homme; déjà nous en ayons le désintéressement, l’or n’a plus de prix pour nous, le papier nous suffit, la vertu nous soutient, nous fabriquons du for pour nous défendre. Re¬ cevez 30,000 livres qui no sont que le prélude d’un envoi plus considérable, « Pour vous, représentants, reste? jusqu’à la paix au poste qui vous est confié; continuez de le défendre avec courage. Si des lâches Vont abandonné, le tribunal extraordinaire va les en punir; le gouvernail ne peut être confié à des mains plus habiles que les vôtres, nous serons au moins les mousses du vaisseau de l’État, si nous n’en sommes pas les matelots ; quand on a bien commencé on a plus de moitié fait, vous touchez à la fin de votre ouvrage, la victoire vous couronnera, notre reconnaissance vous accompagnera et vous recueillerez celle de la postérité. « Fait à Brutus-le-Magnanimé, le septidi brumaire de l’an II de la République française, une et indivisible. « Robert, président; J. Marchand, secrétaire; Fontenay, secrétaire. » Compte rendu du Moniteur universel (1). Une députation des citoyens de Nevers est admise à la barre. Ils portent de grandes croix d’or, des crosses, des mitres, des saints, et 17 malles remplies de vaisselles et autres effets d’argent. Parmi ces richesses on remarque une cuvette remplie de pièces de monnaies appelées ci-devant doubles louis, plusieurs sacs remplis d’éous de 6 livres. Uni membre aperçoit une couronne ducale; il demande qu’elle soit foulée aux pieds. Cette motion est accueillie par acclamation. Un huis¬ sier la prend et la brise sous @es pieds, aux cris de plusieurs fois répétés de : Vive la Eépublique! Un secrétaire ht la lettre suivante : (Suit le texte de la lettre de Fouché, que nous reproduisons ci-dessus, page 138 d'après un docu¬ ment des Archives nationales.) Le même secrétaire lit une adresse de la Société populaire de Brutus-le-Magnanime, ci-devant Saint-Pierre-le-Moutier. (1) Moniteur universel [n° 43 du 13 brumaire an ÏI (dimanche 3 novembre 1793), p. 173, col. 3]. Voy. d’autre part ci-après, annexe n° 2, p. 148, le compte rendu, d’après divers journaux, de l’admis¬ sion à la barre des citoyens de Nevers, ( Suit un extrait de la pétition de la Société po-, putatre de Saint-Fierre-le-Moutier, que noya reproduisons ci-dessus, page 138 d'après un docu¬ ment des Archives nationales. ) Cette demande convertie en motion est décré¬ tée. Les sans -culottes de la Nièvre, qui avaient apporté les caisses remplies d’argent, demandent' là parole. L'orateur. Représentants du peuplé fran¬ çais, etc... (Suit le texte du disçour s que nous re¬ produisons ci-dessus, page 138, d'après un meu-ment des Archives nationales.) Les pétitionnaires sont admis aux honneurs de la séance, et la partie de leur pétition, relative aux subsistances, est renvoyée au comité çhàfgé de cet objet. Louis. U est important de recueillir les effets précieux qui viennent dé VOUS être apportés par les citoyens du département de la Nièvre. Je demande que la Commission des monnaies en dresse l’état, et qu’ils soient envoyés à là tré¬ sorerie nationale, Ces propositions sont adoptées, « Sur la proposition d’un membre [Louis (1)], tendant à détruire ou faire vendre sur-le-champ les voitures de luxe pi ont servi aux ridicules çérémonies 4tt régipiè féodal. « La Convention nationale passe à l’ordre du jour, motivé sur ce que la Commission des dis est chargée de pourvoir à la vente ou disposition de ces objets (£), » Compte rendu du Journal des Débats et des Décrets (3). Louis propose à lé Convention de se faire rendre compte par un comité des moyens de tirer (1) D’après le Journal des Débats et des Décrets, le Moniteur universel et le Mercure universel. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 24, p. 260. (3) Journal des Débats el des Décrets (brumaire an II, n° 4Û9, p. 154). D’autre part, lé Moniteur uni¬ versel [nP 43 du 13 brumaire an II (dimanche 3 no¬ vembre 1793), p. 174, col. 1] et le Mercure universel [12e jour de brumaire (samedi 2 novembre 1793), p. 24, col. 2] rendent compte de la motion de Louis dans les termes suivants : I. Compte rendu du Moniteur universel. Louis. Il y a encore un grand nombre de vpiturçg de luxe dans ce qu’on appelait ci-devant Petites Écuries. Je demande que là Convention fasse exa¬ miner, par un comité, le parti utile qu’on en pourra tirer. Le comité de Salut public est chargé de cet objet. II. Compte rendu du Mercure universel. Louis demande qu’il soit fait incessamment un rapport sur les voitures de luxe qui sont dans les environs des Écuries, et provenant de la liste civile, afin que la République puisse en tirer le meilleur parti. Sergent observe que les commissaires aux ventes; dans les maisons ci-devant royales, sont autorisés à vendre les voitures. Déjà ils ont vendu les corbil¬ lards, et la vgiture du sacre le sera bientôt.