400 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE la civilisation des peuples. C’est à nous qu’il appartient de faire tourner à leur profit, les tatonnemens, les erreurs, les déviations, les vertus et les crimes de quarante siècles ; et ceux qui dans une société commençante voient la force des nations, et ceux qui trouvent la garantie de la durée des Etats dans le développement des lumières, tous s’uniront pour assurer le fruit de ses travaux à ce peuple aimant et doux, que quelques passions individuelles travaillent enfin, mais dont les regards et les vœux, quoi qu’on en dise, sont encore tournés vers ses représentans. Où sont ceux en effet qui lui donneroient une garantie telle que la nôtre? Si un tyran régnoit une heure, cette heure seroit celle de notre supplice à tous, et c’est pour nous seuls que le cri de ralliement des Français est en quelque sorte une menace d’avertissement de la part de nos ennemis. Liberté, Egalité, ou la Mort. La malveillance sait trop bien qu’elle sera démasquée à jamais, le jour où les affections de l’état de nature seroient jointes aux avantages de l’état social; elle sait, elle en voit le terme prochain, et voilà la cause de tous ses mouvemens. J’adjure ici au nom de la patrie, tous ceux qui l’aiment et veulent la servir, de ne point retarder plus long-tems l’acquit de leur dette ; et d’apporter à la masse commune le produit de leurs talens et de leurs efforts : tant que le but sera le salut de tous, la calomnie fera silence, ou se rongera elle-même. Serrons-nous, formons un bataillon et ne laissons pas au peuple seul le soin de nous défendre. J’ignore si la différence des opinions doit produire ici d’éternelles divisions ; mais je me demande à quel titre cette vieille aristocratie, que nous avons plus ou moins combattue, viendrait s’immiscer dans nos discussions ; nous ferons justice sans elle et contre elle. Ici fut commencée la révolution : ici elle s’achèvera ; ici l’on anéantira les abus : ici on bâtira pour l’immortalité : tous les vices européens venoient jadis apporter ici leurs offrandes ; un autre genre de tributs est réservé à cette cité fameuse, dont l’aristocratie et l’étranger ont en vain juré la perte ; les arts, le génie, la vertu, de toutes les parties de la France et de l’Europe viendront y contempler, y célébrer ses monumens, ses fêtes, sa gloire, son dévouement et son bonheur. Les intrigans alors auront renoncé aux projets insensés de faire mouvoir, au gré de leurs caprices une masse d’hommes libres, éclairés par l’expérience, instruits par les maux passés, et attachés par les jouissances présentes ; ou s’il s’en élève quelques-uns, sous telle forme qu’ils paraissent, le mot indélébile aristocrate les repoussera dans les ténèbres. Disparaissez donc, prétentions exclusives, cupidités effrénées, sentimens sans règle, ni mesure, idolâtries d’un jour; nous sommes désabusés, et sur cette base dangereuse d’où il me semble entendre tomber les unes sur les autres toutes les idoles, depuis La Fayette jusqu’à Robespierre, la main puissante du peuple scellera en plomb et pour jamais le simulacre sacré de la patrie. 48 Le directeur du spectacle de Commune-Affranchie [ci-devant Lyon, département du Rhône] et de Grenoble [département de l’Isère] envoie à la Convention mille livres, produit d’une représentation au profit des veuves et orphelins qui ont fait des pertes à l’explosion de Grenelle. Mention honorable, insertion au bulletin (108). [Les directeurs de spectacle de Lyon et de Grenoble à la Convention nationale, Lyon, le 1er jour des sans-culottide an II] (109) Egalité, Liberté. Citoyens Représentans, L’exemple de patriotisme que vous donnez aux âmes vraiment républicaines a excité les directeurs du théâtre de Commune-Affranchie [Lyon] a donnés une représentation au profit de ceux qui ont été victimés dans l’affreux incendie arrivée à la poudrière Grenelle. La recette est de la somme de mille livres. Veuillez recevoir ce faible tribut comme un gage assuré de leur entier dévouement au bonheur public et comme l’assurance des sentiments qui les attachent aux devoir de l’homme et du citoyen. Martin Grain et Bouvaret, directeur du spectacle de Commune-Affranchie et de Grenoble. Vive la République. 49 Le citoyen Chodée-Julien Josse offre à la Convention deux ouvrages relatifs au nouveau système du monde. La Convention accepte l’offre, et renvoie l’ouvrage au comité d’instruction publique (110). La séance est levée à quatre heures (111). Signé, A. Dumont, président, Borie, Cordier, Louchet, Pelet, Lozeau, Laporte, secrétaires. (108) P.-V., XLVI, 42. (109) C 321, pl. 1339, p. 9. En marge attestation de la réception du don. (110) P.-V., XLVI, 42-43. (111) P.-V., XLVI, 43. Moniteur, XXII, 61, indique 2 heures. J. Fr., n° 728 donne quatre heures et demie.