SÉANCE DU 17 PRAIRIAL AN II (5 JUIN 1794) - N° 35 345 défenseurs, en leur envoyant en don patriotique des chemises, des bas et des couvertures, et qu’ils ont déposé au district l’argenterie et autres dépouilles de leur église. Ils invitent la Convention à rester à son poste jusqu’à ce que le bonheur du peuple soit consolidé, et terminent ainsi : « Législateurs, recevez le ser-» ment solemnel d’un peuple digne de la liberté, » puisqu’il avoit conservé des mœurs même sous » le despotisme; nous jurons de ne jamais cour-» ber nos têtes républicaines sous le joug » d’aucune autorité arbitraire ou despotique, » et de nous ensevelir sous les ruines des » rochers qui nous entourent plutôt que de » survivre à la perte de notre chère liberté. » Mention honorable, insertion au bulletin (1). [Vebron, s.d.] (2). «Eclairés par une connaissance profonde des hommes et des faits de l’histoire, vous avez senti que le gouvernement démocratique était le seul qui convenait à la dignité de la nature humaine, le seul auquel la fierté française peut se soumettre. Des obstacles sans nombre s’opposaient à son établissement, mais enflammés de l’amour le plus ardent pour le peuple, vous n’avez pas calculé froidement des difficultés; vous avez dit que la liberté et l’égalité régissent désormais la France, et soudain la liberté et l’égalité ont remplacé le despotisme royal et religieux et tous les préjugés qui, en tous lieux et dans tous les siècles ont opprimé, dégradé et anéanti les nations. La coalition de tous les rois et de tous les vices n’a pu ralentir d’un instant la rapidité de votre marche politique. Toujours grands et majestueux comme le peuple que vous représentez, d’une main vous avez terrassé les tyrans et factieux, fait monter le crime sur l’échafaud, et de l’autre vous avez présenté au peuple français la charte immortelle qui contient le droit imprescriptible de l’homme et la première constitution libre qui ait existé dans l’univers. Continuez, Législateurs, à manœuvrer le vaisseau de l’Etat; vos mains exercées peuvent seules le faire entrer dans le port et le garantir des nombreux écueils qui l’environnent. Restez à votre poste glorieux où votre génie et la confiance du peuple vous a placés, jusqu’à ce que tous les ennemis du dedans et du dehors soient exterminés, jusqu’à ce que la liberté et la sainte égalité n’aient plus que des adorateurs fidèles et que le peuple français puisse cueillir dans leur maturité les fruits délicieux qu’ils arrosent maintenant de leur sang. Tels sont les vœux que nous formons au milieu. Au milieu des glaces de la Lozère nous portons des cœurs brûlants de patriotisme; que le riche égoïste rougisse s’il le peut, en apprenant avec quel zèle les pauvres habitants de ces montagnes arides vont au devant des besoins de la patrie, et toujours au delà des réquisitions qui leur sont faites par les représentants du peuple. (1) P.V., XXXIX, 43. Bln, 25 prair. (2e suppl1) et 26 prair. (2e supplc). (2) C 306, pl. 1161, p. 12. Que le fanatisme vienne parmi nous et il verra cet édifice qu’on appelait autrefois église converti en un temple dédié à la raison et à toutes les vertus qui peuvent rendre les hommes meilleurs et les consoler dans leurs peines. Il verra cette chaire où l’ignorance en soutane a pendant des siècles insulté à la raison, méconnu les principes de la morale et outragé l’auteur de la nature en lui prêtant les vices honteux, les passions atroces de ceux qui osaient se dire ses ministres; il la verra changée en une tribune, où des orateurs patriotes, dans des discours également éloignés des principes de l’athéisme et de toute espèce de superstition, instruisent le peuple des vertus qui font les bons citoyens, les pères tendres, les époux fidèles, les enfans respectueux. Dans cette auguste enceinte, des chants civiques, propres à enflammer le courage des jeunes citoyens, remplacent le son lugubre des cloches que nous avons envoyées pour être fondues en canons. Malgré la misère où est notre commune, nous avons voulu contribuer par des dons volontaires aux besoins de nos braves défenseurs de la patrie; tous se sont empressés à fournir des bas, des chemises, des souliers et des couvertes que nous avons fait don en regrettant de ne pouvoir en faire davantage. Nous avons été aussi des premiers du département à abdiquer tout culte public et fait passer à notre district toute l’argenterie de l’église et tous les omemens, de même que tout ce qui était relatif au culte protestant. Législateur, reçois le serment solennel d’un peuple digne de la République, puisqu’il avait conservé des mœurs, même sous le despotisme; nous jurons de ne jamais courber nos têtes altières et républicaines sous le joug d’aucune autorité arbitraire ou despotique, et de nous ensevelir sous les ruines des rochers qui nous entourent plutôt que de survivre à la perte de notre liberté et égalité. Vive la République une et indivisible et impérissable, Vive la Montagne. S. et F. » Fouet (présid.), Carrière (secrét.). 35 Le comité de correspondance de la commune d’Epinal (1) annonce à la Convention nationale que les citoyens Joseph Humer, Jean-Hentz, tailleurs d’habits, Louis Larcher et Hubert Chanelle, cordonniers en cette commune, font don à la patrie de leurs lettres de maîtrise. Il joint un extrait des registres d’Epinal, portant qu’il sera écrit au directeur du bureau d’agence nationale, dépositaire desdites lettres, pour l’inciter à les déposer sur le bureau de la Convention nationale. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au comité de liquidation (2) . (1) Vosges. (2) P.V., XXXIX, 43. Bin, 25 prair. (2e suppT). SÉANCE DU 17 PRAIRIAL AN II (5 JUIN 1794) - N° 35 345 défenseurs, en leur envoyant en don patriotique des chemises, des bas et des couvertures, et qu’ils ont déposé au district l’argenterie et autres dépouilles de leur église. Ils invitent la Convention à rester à son poste jusqu’à ce que le bonheur du peuple soit consolidé, et terminent ainsi : « Législateurs, recevez le ser-» ment solemnel d’un peuple digne de la liberté, » puisqu’il avoit conservé des mœurs même sous » le despotisme; nous jurons de ne jamais cour-» ber nos têtes républicaines sous le joug » d’aucune autorité arbitraire ou despotique, » et de nous ensevelir sous les ruines des » rochers qui nous entourent plutôt que de » survivre à la perte de notre chère liberté. » Mention honorable, insertion au bulletin (1). [Vebron, s.d.] (2). «Eclairés par une connaissance profonde des hommes et des faits de l’histoire, vous avez senti que le gouvernement démocratique était le seul qui convenait à la dignité de la nature humaine, le seul auquel la fierté française peut se soumettre. Des obstacles sans nombre s’opposaient à son établissement, mais enflammés de l’amour le plus ardent pour le peuple, vous n’avez pas calculé froidement des difficultés; vous avez dit que la liberté et l’égalité régissent désormais la France, et soudain la liberté et l’égalité ont remplacé le despotisme royal et religieux et tous les préjugés qui, en tous lieux et dans tous les siècles ont opprimé, dégradé et anéanti les nations. La coalition de tous les rois et de tous les vices n’a pu ralentir d’un instant la rapidité de votre marche politique. Toujours grands et majestueux comme le peuple que vous représentez, d’une main vous avez terrassé les tyrans et factieux, fait monter le crime sur l’échafaud, et de l’autre vous avez présenté au peuple français la charte immortelle qui contient le droit imprescriptible de l’homme et la première constitution libre qui ait existé dans l’univers. Continuez, Législateurs, à manœuvrer le vaisseau de l’Etat; vos mains exercées peuvent seules le faire entrer dans le port et le garantir des nombreux écueils qui l’environnent. Restez à votre poste glorieux où votre génie et la confiance du peuple vous a placés, jusqu’à ce que tous les ennemis du dedans et du dehors soient exterminés, jusqu’à ce que la liberté et la sainte égalité n’aient plus que des adorateurs fidèles et que le peuple français puisse cueillir dans leur maturité les fruits délicieux qu’ils arrosent maintenant de leur sang. Tels sont les vœux que nous formons au milieu. Au milieu des glaces de la Lozère nous portons des cœurs brûlants de patriotisme; que le riche égoïste rougisse s’il le peut, en apprenant avec quel zèle les pauvres habitants de ces montagnes arides vont au devant des besoins de la patrie, et toujours au delà des réquisitions qui leur sont faites par les représentants du peuple. (1) P.V., XXXIX, 43. Bln, 25 prair. (2e suppl1) et 26 prair. (2e supplc). (2) C 306, pl. 1161, p. 12. Que le fanatisme vienne parmi nous et il verra cet édifice qu’on appelait autrefois église converti en un temple dédié à la raison et à toutes les vertus qui peuvent rendre les hommes meilleurs et les consoler dans leurs peines. Il verra cette chaire où l’ignorance en soutane a pendant des siècles insulté à la raison, méconnu les principes de la morale et outragé l’auteur de la nature en lui prêtant les vices honteux, les passions atroces de ceux qui osaient se dire ses ministres; il la verra changée en une tribune, où des orateurs patriotes, dans des discours également éloignés des principes de l’athéisme et de toute espèce de superstition, instruisent le peuple des vertus qui font les bons citoyens, les pères tendres, les époux fidèles, les enfans respectueux. Dans cette auguste enceinte, des chants civiques, propres à enflammer le courage des jeunes citoyens, remplacent le son lugubre des cloches que nous avons envoyées pour être fondues en canons. Malgré la misère où est notre commune, nous avons voulu contribuer par des dons volontaires aux besoins de nos braves défenseurs de la patrie; tous se sont empressés à fournir des bas, des chemises, des souliers et des couvertes que nous avons fait don en regrettant de ne pouvoir en faire davantage. Nous avons été aussi des premiers du département à abdiquer tout culte public et fait passer à notre district toute l’argenterie de l’église et tous les omemens, de même que tout ce qui était relatif au culte protestant. Législateur, reçois le serment solennel d’un peuple digne de la République, puisqu’il avait conservé des mœurs, même sous le despotisme; nous jurons de ne jamais courber nos têtes altières et républicaines sous le joug d’aucune autorité arbitraire ou despotique, et de nous ensevelir sous les ruines des rochers qui nous entourent plutôt que de survivre à la perte de notre liberté et égalité. Vive la République une et indivisible et impérissable, Vive la Montagne. S. et F. » Fouet (présid.), Carrière (secrét.). 35 Le comité de correspondance de la commune d’Epinal (1) annonce à la Convention nationale que les citoyens Joseph Humer, Jean-Hentz, tailleurs d’habits, Louis Larcher et Hubert Chanelle, cordonniers en cette commune, font don à la patrie de leurs lettres de maîtrise. Il joint un extrait des registres d’Epinal, portant qu’il sera écrit au directeur du bureau d’agence nationale, dépositaire desdites lettres, pour l’inciter à les déposer sur le bureau de la Convention nationale. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au comité de liquidation (2) . (1) Vosges. (2) P.V., XXXIX, 43. Bin, 25 prair. (2e suppT).