[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. i M brumaire an II 273 1 (4 novembre 1793 ne voulait céder à l’autre. Les ennemis de la République osèrent même donner deux fois l’assaut à nos braves soldats postés sur une hauteur ; mais deux canons de 8 et deux obusiers qui arrivèrent encore à propos firent un tel effet qu’ils payèrent cher leur audace. La jour¬ née d’hier a coûté aux ennemis 150 morts, le nombre des blessés n’en aura pas été moins con¬ sidérable. Selon le dire général nous n’avons eu de tués que 4 hommes et 7 chevaux, et environ 60 hommes de blessés. Dans la nuit encore les ennemis se retirèrent par Steinbruck. « Il est vraisemblable que leur quartier géné¬ ral est maintenant à Rouxviler. « Leur aile droite s’étend vers les montagnes de Neuviler, Dosenheim et Ernoldsheim. « A Neuviler ils ont posté, à l’aide des habi¬ tants, des canons sur les montagnes pour em¬ pêcher nos troupes de pousser plus avant. « Leur aile gauche est placée du côté d’Ins-heim, Hattmatt et Steinbruck. « Le centre est près de Kriesbach et plus en avant jusqu’à une lieue d’ici. Selon le dire d’un déserteur, ils sont forts de 15,000 hommes. Leur cavalerie consiste en une division de hus¬ sards hessois de 400 hommes, 2 divisions de hussards de Toscane, 800 hommes, une divi¬ sion du corps franc à cheval de Wurmser, de 400 hommes et une division de dragons hessois, 400 hommes. Ensemble 2,000 hommes. « Parmi leur infanterie il se trouve 2 ba¬ taillons de Hasey, 1,500 hommes, 2 bataillons de Kaiser, 1,500 hommes, un bataillon de Michalowitz et un bataillon de Julai; les res¬ tants nous sont encore inconnus, ainsi que leur artillerie, mais nous espérons en être instruits demain par deux émissaires que nous venons d’expédier. « Il est extrêmement difficile de trouver, dans ces contrées aristocratiques, des émissaires. « Toutes les troupes sont commandées par le général Hotze, Suisse du canton de Zurich. « Les émigrés sont postés dans les environs de Hochfelden et font construire des retran¬ chements par les paysans; ils ne doivent avoir que 9 canons. « Nos troupes ont partout une position excel¬ lente, et forment une chaîne depuis Saverne jusque vers Strasbourg. « L’aile gauche est postée vers les montagnes et occupe toutes les hauteurs jusqu’au couvent de Saint-Jean, dont elle domine les environs. « L’aile droite est en face de la gauche des ennemis et est couverte par les bois. « Entre Schnershein et Obenheim sont postés quelques bataillons sur des hauteurs garnies de vignes, leur position paraît avantageuse et est en face des émigrés. « Les ennemis veulent, à ce que rapportent les déserteurs, forcer Saverne pour se couvrir le dos et bloquer Strasbourg; ils disent tout haut que leur projet est de bloquer Strasbourg encore cet hiver. « Le général Bourcie, qui, à l’affaire d’hier, commanda l’aile gauche où les ennemis cher¬ chaient à pénétrer à toute force, possède entiè¬ rement la confiance des officiers et soldats. « Vous voyez que nous occupons un poste dangereux, nous avons besoin de chevaux pour des excursions indispensables à la sûreté de l’armée, envoyez-nous-en au plus tôt. « La communication de Phalsbourg avec l’ar¬ mée de la Moselle et celle du Rhin est encore ouverte. « Nous avons besoin de quelques canons, sur¬ tout 2 obusiers nous seraient bien nécessaires. » Pour traduction conforme : « Petersen. » IV. Lettre des représentants à Vannée du Rhin au comité de Salut public (1) : « Strasbourg, 5e jour du 2e mois de l’an II. a Citoyens nos collègues, « Nous avons adressé un courrier à nos col¬ lègues pour l’armée de la Moselle pour être ins¬ truits de la position de cette armée dont les mouvements doivent combiner désormais avec celle du Rhin. Nous leur avons demandé 6 ba¬ taillons pour les porter sur les gorges à Saverne, poste important qui décidera du sort de la campagne vers le Rhin. Si nous le conservons et que l’armée de la Moselle puisse avancer, l’ennemi fuira bientôt. Si nous perdions ce poste, l’ennemi serait maître cet, hiver d’établir ses quartiers dans le Haut-Rhin. « Hâtez les renforts que nous vous avons demandés. Vous avez délivré 8,000 prisonniers à la Vendée, vous avez vaincu partout, toute notre énergie doit se porter maintenant sur le Rhin. « L’ennemi dirige sur Saverne ses efforts. Il y a perdu 3 hommes il y a quelques jours. Ilier, on s’est battu toute la journée au bois de Reichstett; nous avons chassé l’ennemi avec perte de son côté. Nous avons perdu quelques hommes à Wantzenau, près de là. « Pichegru n’est pas encore arrivé, nous lui avons dépêché ce matin un courrier. « Nous avons visité l’avant-garde et tous les postes; l’armée est bonne; elle n’a besoin que d’un chef entreprenant, elle n’a qu’un cri contre la bassesse de tous ceux qui la commandaient avant la prise des lignes, à l’exception de deux ou trois officiers généraux. Nous allons l’épurer, nous allons discipliner les chefs ; ils en ont plus besoin que le soldat. « Nous attendons les secours que nous vous avons demandés. Comptez sur notre zèle à remplir vos vues. Nous espérons que l’armée du Rhin ne restera point en retard et que la Répu¬ blique ne verra autour d’elle que des victoires. « Les représentants du peuple près V armée du Rhin, « Saint-Just, Le Bas. «P. -S. Envoyez-nous ce que nous vous avons demandé et nous serons bientôt à Landau. Pichegru arrive à l’instant; c’est un homme résolu, nous allons l’installer et frapper. » (1) Archives nationales, carton AFn n° 249; Au-lard : Recueil des Actes et de la Correspondance du comité de Salut public , t. 8, p. 31. Cette lettre, repro¬ duite par extrait dans le compte rendu de la séance du 14 brumaire publié par le Journal des Débats et des Décrets, semble être la même que celle, datée du 9 brumaire, reproduite dans le compte rendu de ladite séance, publié par le Moniteur. (Voy. ci-après, p. 276, les comptes rendus de ces deux journaux.) lTe SÉRIENT, lxxviii. 18