[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. A *;'.v'iselan 389 ' (27 décembre 1793 ■étouffé, le droit d’élever des orgueilleux dans les familles est anéanti, la dette se régénère, le dédale des finances est ouvert, toutes les com¬ plications disparaissent devant les formes simples, devant la vérité, l’unité, l’égalité, les temps de la République se séparent entiè¬ rement des temps d’intolérance, de tyrannie de l’ancien temps; la croûte des préjugés se détache, l’homme se reconnaît, l’édifice de la raison s’élève, la nature va rire du retour de ses enfants vers elle. « Montagne sainte, représentants toujours fidèles au peuple ! ils te sont dus tous ces bien¬ faits. Gloire à toi, et éternelle reconnaissance dans tous les cœurs républicains. Achève ton ouvrage, ne nous abandonne pas qu’il ne soit parfaitement consolidé, que les rois n’aient reconnu leur sottise et les peuples tes bienfaits. Ton énergie brûlante, ta vigilance étonnante enflamment tous les cœurs républicains, bien¬ tôt tu jouiras du succès de tes immenses tra¬ vaux, et les Alpins du district de Digne n’auront pas été les derniers à suivre avec intrépidité les mouvements rapides que tu donnes à l’affer¬ missement de la République, leur sang servira A en cimenter l’édifice; déjà, sous les murs de l’infâme Toulon, nos jeunes gens, à peine for¬ més en compagnies, sans expérience des armes, se sont battus avec le perfide anglais, et les prisonniers qu’ils ont fait, attestent leur courage ■et leur patriotisme. Un nouveau bataillon est en marche pour sa destination et tous brûlent de se venger de la perfidie. « Tonne, frappe, il est temps ! la liberté ou la mort ! « Les administrateurs du district de Digne, « Guibert, cadet; Stard; Clappier; Brany, président; Leydet; Castellan, pro¬ cureur syndic; Ytard, secrétaire. » Le procureur général syndic du département de l’Aude annonce que partout, dans ce dépar¬ tement, les biens des émigrés se vendent le double, le triple et même le quadruple de leur estimation. Tous lots ont été vendus 500,000 li¬ vres. Mention honorable, insertion au « Bulletin », renvoi au comité de liquidation. (1). Suit un extrait de la lettre du procureur syndic du département de VAude, d’après le Bulletin de la Convention (2). « Le procureur général syndic du départe¬ ment de l’Aude écrit que, malgré que l’ennemi soit aux portes de ce département, les ventes des biens d’émigrés s’élèvent au double, au triple et au quadruple de l’estimation. « Le ci-devant domaine de Jouarre, estimé 160,000 livres, affermé sauf la dîme, 8,000 livres, ■a été adjugé 404,000 livres. « La métairie, dite de Saint-Jean, estimée 33,000 livres, a été adjugée pour 80,000 livres. « lia métairie de Doctouirre, estimée 2,080 li¬ vres, a été vendue 16,080 livres. » (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 122. (2) Premier supplément au Bulletin de la Convention idu 8 nivôse an II (samedi 28 décembre 1793). Les maires, officiers municipaux, notables» réunis à la presque totalité des habitants des deux sexes de Saint-Chamond annoncent que l’éclat de la raison a dissipé les ténèbres que le fanatisme avait enfantées. « La gloire en est, disent-ils, tout entière à la sagesse de la Con¬ vention; c’est la lecture de ses décrets qui fait triompher la raison dans tous les lieux qui avoisinent Saint-Chamond. » Ils vont envoyer au creuset national les dépouilles de leurs ci-devant églises. Mention honorable, insertion au « Bulle¬ tin » (1). Suit l’adresse des maire, officiers municipaux et habitants de Saint-Chamond (2j. Aux citoyens représentant le peuple français à la Convention nationale. « Citoyens représentants, « Après avoir parcouru tout le cercle des plus affreuses calamités durant l’espace de dix-huit siècles d’une oppression sacerdotale, il était bien temps d’en trouver le terme dans l’excès de nos propres malheurs : si à cette heure, en effet, nous ouvrions les fastes de l’histoire, nos larmes en baigneraient les pages à la lecture de tant d’outrages faits à l’humanité par ces mêmes prêtres qui se disaient les interprètes d’un dieu de vérité; les gémissements et les pleurs furent l’unique consolation de nos ancêtres, ils seraient encore la nôtre si, mieux instruits que les généra¬ tions passées, nous n’eussions renversé le taber¬ nacle et l’autel qui nourrissaient chaque jour leur cupidité sacrilège mais notre espérance n’a point été trompée, l’ignorance se trouve arrêtée dans sa course rapide et subitement terrassée par nos mains victorieuses. Une doctrine pure et naturelle va prendre la place d’une illusion men¬ songère et désormais l’homme adorera la divi¬ nité comme il le faisait dans sa première origine. Cependant il faut l’avouer, citoyens représen¬ tants, l’abjuration de nos anciennes erreurs, la superstition confondue, la vérité rappelée, mal¬ gré l’adversité d’opinions qui régnait dans un si vaste empire, devenait une merveille difficile à concevoir, il fallait votre sagesse et votre prë-voyancepour en rendre l’exécution aussi prompte que facile. « A présent nous serait-il permis de considérer un moment lès lieux où s’est opéré ce prodiget D’abord l’on nomme Paris et en le nommant la surprise cesse au regard curieux qui la cherche; cette ville est le centre des lumières, elle en reçoit les premiers rayons de la Convention na¬ tionale; Saint-Chamond, an contraire, est à une distance bien éloignée de cette chaleur bienfai¬ sante; aussi apparaît-il plus surprenant que les églises y aient été fermées, ainsi que dans tout le canton, sans aucune plainte ni réclamations surtout de la part d’un sexe auquel on a tou¬ jours reproché quelque obstination dans sa con¬ duite; cette soumission, cette docilité à suivre les lois, annoncent un peuple instruit et honore (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 122. (2) Archives nationales, carton C 288, dossier 884, pièce 14.