92 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j b™lri793 ” L’une demande que les citoyens qui se trou¬ vent à la campagne, hors de leur véritable domi¬ cile, soient tenus de rentrer dans la ville où ils sont domiciliés, dans le délai d’un mois, sous peine d’être regardés comme émigrés. La seconde pétition a pour objet de faire sup¬ primer l’usage de dire vous lorsqu’on ne parle qu’à une personne, et de déclarer suspect comme adulateur celui qui ne tutoiera pas son conci¬ toyen. (On applaudit.) Philippeaux demande l’insertion de la der¬ nière pétition au Bulletin avec mention hono¬ rable. Il pense que ce -témoignage de l’assenti¬ ment de la Convention suffira pour déterminer les citoyens à fraterniser dans leur langage comme dans leurs actions. Cette proposition est décrétée. ÏL Compte rendu de V Auditeur national (1). La Société populaire de la section du Muséum présente à la Convention un arrêté qu’elle a pris et communiqué à toutes les autres sociétés, qui ont donné leur adhésion. Par cet arrêté, la so¬ ciété demande une loi qui oblige tous les indivi¬ dus qui habitent les campagnes et les châteaux, et qui ont un domicile en ville, de venir l’habiter dans le délai d’un mois, sous peine d’être traités comme émigrés. « Car il est temps, a dit l’orateur de la députation, que tous les ennemis du bien public soient placés sous la surveillance immé¬ diate du peuple. Les maisons de campagne et les châteaux sont remplis de modérés, d’insouciants, de fédéralistes et de malveillants de toute espèce, qui ne cherchent qu’à égarer nos braves frères des campagnes pour affamer les villes. » Eenvoyé au comité de Salut public. Un autre citoyen de la même députation a de¬ mandé que l’on ne se servît plus du pluriel en parlant à une seule personne. Pour bannir le ton d’orgueil et donner plus de familiarité à notre langage, le pétitionnaire a proposé que tous les républicains français fussent tenus de tutoyer ceux de l’un et de l’autre sexe auxquels ils adres¬ seraient la parole, à peine d’être déclarés sus¬ pects, comme adulateurs et entretenant des usages contraires à l’égalité. Basire, convertissant en motion cette de¬ mande, a proposé qu’elle fût à l’instant décrétée. Mais Philippeaux a pensé qu’il suffisait d’en or¬ donner la mention honorable et l’insertion au Bulletin, parce que sans doute cette approbation de la Convention déterminerait tous les citoyens à remplir ce vœu républicain. Ce dernier avis a prévalu. III. Compte rendu du Journal de Berlet (2). La section du Muséum demande que les riches et tous les messieurs qui hàbitent des maisons de (1) Auditeur national [n° 405 du 11® jour du 2e mois de l’an II (vendredi 1er novembre 1793), P-4]. (2) Journal de Perlet [n° 405 du 11 brumaire an II (vendredi 1er novembre 1793), p. 250J. campagne ou châteaux, et qui ont un domicile en ville, soient tenus d’y rentrer sous le délai d’un mois. Un citoyen demande que tous les républicains français soient tenus de se conformer aux prin¬ cipes de leur langue et de tutoyer ceux ou celles à qui ils parleront individuellement, à peine d’être déclarés suspects comme adulateurs. Basire convertit en motion cette pétition. Charlier. S’il était possible de rendre un décret à cet égard, je voudrais que le vous fût pour l’aristocrate, comme le monsieur est pour l’homme que je n’estime pas. On allait mettre aux voix la motion de Basire. Philippeaux observe que, pour déraciner cet ancien préjugé, il suffira de décréter la mention honorable et l’insertion au Bulletin. Cette proposition est décrétée. IV. Compte rendu des Annales patriotiques et littéraires (1). Une députation de la Société populaire du Muséum demande que tous les citoyens qui ont abandonné les villes pour se retirer dans les campagnes, soient tenus d’y rentrer, sous peine d’être déclarés suspects. Un membre de cette députation, après avoir fait observer que le principe de notre langue s’oppose à ce que l’on se serve de pluriel lorsqu’on parle à une seule personne, que la réforme de ce vice est importante, parce qu’ alors moins d’orgueil, plus de familiarité apparente, a demandé que la Convention décrétât que tous les républicains français seront tenus de tutoyer tous ceux de l’un et l’autre sexe à qui ils adresseront la parole, à peine d’être déclarés suspects comme adula¬ teurs et se prêtant aux formes qui entretiennent l’inégalité. Basire convertit cette pétition en motion et demande qu’elle soit, à l’instant, décrétée. Philippeaux soutient qu’il suffit d’en décréter la mention honorable et l’insertion au Bulletin, parce que cette approbation de l’Assemblée déterminera tous les citoyens à s’y conformer. Cette dernière proposition est adoptée. V. Compte rendu du Journal de la Montagne (2). La barre s’ouvre aux pétitionnaires. Une députation de toutes les Sociétés popu¬ laires de Paris est admise. Citoyens représentants, dit l’orateur, etc... (1) Annales patriotiques et littéraires [n° 304 du 11 brumaire an II (vendredi 1er novembre 1793), p. 1416, col. 1]. (2) Journal de la Montagne [n° 152 du 11e jour du 2e mois de l’an II (vendredi 1er novembre 1793), p. 1115, col. 1],