SÉANCE DU 8 VENDÉMIAIRE AN III (29 SEPTEMBRE 1794) - N0B 11-14 135 consume, ou desseche tout vil rejetton de l’aristocratie, et porte tes feux dévorans dans le sein de ces tyrans coalizés qui ont ozé tenter d’étouffer, à son berceau, la République une et indivisible. Nous avons lu dans une feuille périodique que nos frères d’armes de Paris ont demandé de se former en bataillons, et d’aller remplacer, pour le service des places frontières, les valeureux soldats de la patrie, qui, dans celuy de campagne, sont l’égide impénétrable de la liberté, la terreur des esclaves des tyrans coalizés, le maintien de la gloire du nom françois, et le foudre puissant qui doit écraser l’atroce despotisme. Nous adhérons de cœur et d’ame à la pétition de nos frères de Paris. Le feu qui nous anime n’est qu’une éteincele du brasier ardent qui consume tout républicain françois; mais, comme eux, nous vouons à la patrie le reste de notre sang et de nos vies : heureux et trois fois heureux les vieux soldats de la patrie, dont les blessures, ou les infirmités irréparables d’un âge déjà avancé, ne porteront nul obstacle à l’ardent désir qui nous dévore lorsque la patrie a des ennemis à combatre, c’est pour un soldat républicain, mourir tous les jours que de vé-getter loin des camps. Nous venons jurer, dans le sein de la représentation nationale, de consacrer le reste de nos jours au service de la patrie, et de la servir avec ce zèle et cet amour qui caractérisent tout soldat républicain. Les plus noires trahisons ont fait violer les frontières de la République; mais, si notre pétition est accueillie, nous mourrons tous, avant qu’aucun esclave des despotes coalizés, ne vienne de nouveau souiller le sol de la liberté. Liberté, égalité, union, fraternité, unité et indivisibilité de la République ou la mort. Voilà, citoyens représentans d’un peuple libre, le vœu des officiers, sous-officiers et fusilliers de la 51ème compagnie de vétérans militaires nationaux en garnison à Clermont-Ferrand, département du Puy-de-Dôme. Vive la République, vive la Montagne. Périssent les ennemis du peuple françois. Suivent treize signatures; les vétérans illettrés n’ont pas signé . 11 La société populaire de Montpellier [Hérault] propose à la Convention d’inviter tous les citoyens à déclarer les faits de sus-pection qui peuvent être à leur connois-sance contre les gens suspects, et demandent d’éloigner les ci-devant prêtres de toutes fonctions ; de contenir la liberté de la presse; de faire organiser promptement les nouveaux comités; d'autoriser les nouveaux comités à faire incarcérer tous les gens suspects compris dans la loi du 17 septembre, et d'examiner de nouveau si la loi sur la question intentionnelle, n’est pas susceptible de modification. Renvoyé aux comités de Législation, de Sûreté générale et de Salut public (16). 12 La société populaire de Sedan se plaint de ce qu'on a calomnié le département des Ardennes; elle invite la Convention à se montrer grande et à terrasser l'aristocratie. Renvoyé au comité de Sûreté générale (17). 13 Celle de Dampierre-la-Sourie, département de la Seine-Inférieure, prétend que tous ceux qui se sont montrés à la hauteur de la révolution sont en proie aux persécutions de l'aristocratie, du fanatisme et du royalisme. Elle demande qu'on examine sévèrement tous les élargissemens ; que la Convention perfectionne l'instruction publique, et qu'elle prenne les mesures pour que les patriotes ne soient plus impunément maltraités. Renvoyé au comité de Sûreté générale (18). 14 Les administrateurs du département de l’Isère donnent avis qu'ils ont invité leurs administrés à faire des offres pour la construction d'un vaisseau. Mention honorable, insertion au bulletin (19). [Le président du Directoire du département de l’Isère au président de la Convention nationale, de Grenoble, le 17 fructidor an 77] (20) Le Directoire a invité ses administrés de concourir à la construction d’un vaisseau pour faire rentrer les féroces anglais dans le néant dont Landau les a tiré, il a crû devoir te faire connoitre particullièrement, le don fait par la commune de Toile à Voile, ci-devant Saint-Jean de Boumay, que sa population et le peu de fortune de ses habitans sembloit condamner à ne faire que des vœux contre ces infâmes insulaires. Tu verras par l’extrait de la lettre de la so-(16) P.-V., XL VI, 162-163. (17) P.-V., XLVI, 163. (18) P.-V, XLVI, 163. Mess. Soir., n“ 772. (19) P.-V, XLVI, 153. Bull., 10 vend, (suppl.). (20) C 321, pl. 1340, p. 11. 136 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE ciété populaire de cette petite commune qu’elle offre 1642 aunes de toile à voile à la patrie. Salut et fraternité. SUABY. [Copie de la lettre de la société régénérée des sans-culottes de Toile à Voile, ci-devant Saint-Jean-de-Bournay, au Directoire du département de Tlsère, le 12 fructidor an II] (21) Sur la notice que vous aviez pris un arrêté portant invitation aux citoyens de concourir à la construction d’un vaisseau pour combattre les féroces anglais, la société ouvrit un registre de souscription. Les citoyens des tribunes, jaloux d’y concourir demandèrent des commissaires pour recevoir leurs offrandes, et d’une decade à l’autre, ce registre contint des soumissions pour douze cent aunes de toiles à voile fabriquées dans le sein de la commune, et la lecture de votre arrêté faitte dans la séance de la dernière decade en a produit quatre cent quarante deux aunes de manière que dans ce moment la société dépositaire de seize cent quarante deux aunes de ces toiles qui sont prettes à expédier. Et la société nous charge de vous en prévenir et de vous demander sy aux termes de votre arrêté nous devons les envoyer au district de Vienne qui vous les fera passer pour être adressées à la Convention nationale. Vous nous permettrez de vous observer que ce circuit serait coûteux à la République et qu’il seroit moins dispendieux de les adresser directement aux représentants du peuple en mission au port de la Montagne ou au district de Vienne qui les feroit passer à cette destination. La société tiendra à cet égard la conduite que vous voudrez bien lui tracer. Salut et fraternité. Vive la République une et indivisible. P.S. Les fabriquants en toile de cette commune se disposent à faire passer au port de la Montagne à la fin de la decade par l’intermédiaire du district, cinq mille aunes de toiles, ce qui feroit un chargement complet sy vous croyez que celles offertes doivent être envoyées au même port. [Extrait du procès-verbal du Directoire du département de l’Isère, du 15 fructidor an //)] (22) Un membre a fait lecture d’une lettre de la société régénérée des sans-culottes de Toile à Voile (ci-devant Saint-Jean-de-Boumay) district de Vienne, en date du 12 du courant par laquelle elle annonce qu’elle est dépositaire de 1642 aunes de toile à voile offerte pour la construction d’un vaisseau destiné à combattre les féroces anglois; ensuite de l’arrêté du Directoire du 25 messidor dernier et de son invitation du 27 du même mois, et par laquelle elle demande au Directoire de lui désigner le lieu où elle doit les déposer. La matière mise en délibération, vu l’arrêté sus énoncé, Le Directoire arrête 1°. Qu’il sera fait mention honorable du don de la société de Toile à Voile dans le procès verbal de la présente séance à la suite duquel sera enregistrée la lettre ci-dessus visée. 2°. Que copie en sera envoyée à la Convention nationale avec un extrait du présent, ainsi qu’au rédacteur du courrier patriotique de Grenoble avec invitation de l’insérer dans le dit journal. 3°. Que les citoyens Français et Gros, deux de ses membres sont chargés d’en faire part à la société des Jacobins de Grenoble et de l’inviter à accélérer le plus qu’elle pourra cette souscription civique. 4°. Qu’extrait du présent sera envoyé à la société des sans-culottes de Toile à Voile avec invitation de faire passer la quantité de toiles dont elle est dépositaire au Directoire du district de Vienne qui les enverra au port de la Montagne, s’en fera délivrer un récépissé et le fera parvenir à celui du département, pour l’adresser ensuite à la Convention et qu’à cet effet extrait du présent sera envoyé au Directoire dudit district. 5°. Enfin que le président écrira une lettre circulaire aux Directoires des districts pour les inviter à accélérer dans leur ressort respectif la souscription civique dont il s’agit. Certifié conforme à l’original. Suaby, Lezal, BorgÉe. 15 Les citoyens composant la société populaire d’Auffay, département de la Seine-Inférieure, prétendent que l’aristocratie lève une tête altière ; qu’on annonce le retour du sacerdoce; que des officiers publics ont parcouru les campagnes pour empêcher aux parens des défenseurs de la patrie de recevoir les secours de la nation, sous prétexte qu’ils vendroient leurs en-fans s’ils recevoient l’indemnité. Renvoyé au comité de Sûreté générale (23). 16 Les administrateurs du district de Mor-tagne [Orne] transmettent à la Convention une adresse faite aux administrés, pour les (21) C 321, pl. 1340, p. 9. (22) C 321, pl. 1340, p. 10. (23) P. V., XLVI, 153-154. Gazette Fr., n° 1002.