[Convention nationale.3 ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j Novembre lTOs” 577 Un membre du comité de liquidation [Bou¬ das (1)] donne lecture d’une lettre écrite à ce comité par le citoyen Salie, notaire à Golfiès (2), département de Lot-et-Garonne,� et conçue en ces termes : « La loi du 6 octobre 1791, sur la nouvelle orga¬ nisation du notariat, titre V, article 1er et sui¬ vants, porte que les notaires seront remboursés du montant de leurs offices. Je déclare par la pré¬ sente, quoique peu fortuné, que j’abandonne ce remboursement; j’en fais le don le plus sincère à la patrie. Puisse mon exemple porter tous les notaires de la République à en faire de même! Je demande que ma lettre soit insérée au « Bul¬ letin de la Convention », non par ostentation, mais pour inviter tous mes collègues à m’imiter. » La Convention nationale décrète mention honorable, insertion au « Bulletin », renvoi de la lettre au commissaire liquidateur, pour excep¬ ter le citoyen Salfe de la liquidation, et renvoi d’un extrait du procès-verbal à ce citoyen géné¬ reux (3). Suit la lettre du citoyen Salse (4) : Aux citoyens du comité de liquidation de la Con¬ vention nationale, à Paris. « Golfech, par Valence, département de Lot-et-Garonne, 31 octobre 1793, l’an II de la République française une et indivi¬ sible. « Citoyens, « La loi du 6 octobre 1791 sur la nouvelle organisation du notariat, titre VI, art. 1er et suivants, porte que les notaires seront rem¬ boursés du montant de leurs offices. Je déclare par ma présente, quoique peu fortuné, que j’abandonne ce remboursement; j’en fais le don le plus sincère à la patrie. Prusse mon exemple porter tous les notaires de la République à faire de même; c’est pourquoi je demande que ma lettre soit insérée au Bulletin de la Convention, non pas par ostentation, mais pour inviter tous mes collègues à m’imiter. « Salut et fraternité. « Salse, notaire républicain à la résidence « de la municipalité de Go'fech, district (î de Valence, département du Lot-et-Ga-« ronne. « Je voudrais que l’auteur des Annales patrio¬ tiques, où je suis abonné, insérât ma lettre dans sa feuille. » ' Le citoyen Lemoine Laplanche, juge de paix du canton de Mesle-sur-Sarthe, district d’Alen¬ çon, département de l’Orne, fait don, pour les (1) D’après le Bulletin de la Convention du 8e jour de la 2 e décade du 2e mois de l’an II (vendredi 8 novembre 1793). (2) Golfech. (3) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 61. Cet article du procès-verbal se trouve répété p. 598. (4) Archives nationales, carton G 280, dossier 766. lre SÉRIE. T. LXXVIII. frais de la guerre, de la somme de 1,800 livres, montant de ses honoraires depuis trois années qu’il exerce cette place. Mention honorable, insertion au « Bulletin » et renvoi d’un extrait du procès-verbal au ci¬ toyen Lemoine Laplanche (1). Les président et secrétaires de la Société répu¬ blicaine de Saint-Peray instruisent la Convention que le sans-culotte Beringuier, curé de Tulettes, département de Vaucluse, vient d’épouser la républicaine Rosalie Brouins, que des émis¬ saires de l’évêque de Rome et des femmelettes illuminées avaient voulu détourner de cette al¬ liance (2). Suit la lettre des citoyens Grangeon et Faure, président et secrétaire de la Société républicaine de Saint-Peray (3) : « Citoyens représentants, « Muni des pouvoirs de la sainte Montagne, le sans -culotte Berenguier, curé de Tulettes, dé¬ partement de Vaucluse, vient d’épouser la répu¬ blicaine Rosalie Bravais, de Saint-Peray, dé¬ partement de l’Ardèche, dans le temple même du culte sacerdotal où ce prêtre patriote était persécuté, en 1790, par l’aristocrate Dode, curé, ex-constituant fugitif, et ses vils suppôts; il a reçu la bénédiction nuptiale le 22e jour du 1er mois de la seconde année de la République française une et indivisible. L’acte de son ma¬ riage s’est passé devant l’officier public de Saint-Peray, en présence du maire, du juge de paix, d’un capitaine de la garde nationale et du no¬ taire public qui avait reçu le contrat ainsi que de plusieurs femmes patriotes. Ces quatre témoins, dont trois, membres du comité de sur¬ veillance établi par le représentant du peuple Boisset, ont été les courageux défenseurs de Bérenguier durant sa persécution, lorsque l’aristocratie et l’incivisme comprimaient le patriotisme dans le département de l’Ardèche, dont l’administration supérieure était présidée, à cette époque, par le ci-devant mielleux Latou-rette. « En vain, citoyens représentants, de perfides émissaires de l’évêque de Rome et defemmellettes (sic) illuminées, ont cherché à éloigner la répu¬ blicaine Bravais de cet acte de civisme, elle a voulu donner, la première, l’exemple, dans son département, et montrer à sa patrie que le pré¬ jugé barbare du célibat des prêtres était le comble de la déraison et de la tyrannie, qu’il devait enfin disparaître sans retour dans les campagnes mêmes, et que le plus saint des de¬ voirs est de donner des hommes et des défen¬ seurs à la patrie qu’on puisse avouer. « Nous vous prions, citoyens représentants, d’en vouloir faire faire mention dans le Bulletin de la Convention nationale, à qui nous faisons hommage de notre vœu et de celui de nos con¬ citoyens pour qu’elle reste à son poste jusqu’à ce que la terre de la liberté soit purgée des (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 62. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 62. (3) Archives nationales, carton C 280, dossier 766. 37 578 [Convention nationale.} ÀfiCfflVES PARLEMENTAIRES . j 1793 1 tyrans qui osent la souiller -pour tenter de renouveler Fédifiee de notre liberté. Le 'président et le secrétaire de la Société popu¬ laire et 'républicaine de Saint-Peray, « Grangeon, président; Faure, sans-culotte. » Les citoyens Roussilly (1) et Roueelle, commis¬ saires civils, écrivent de Saint-Quentin, le 12 bru¬ maire, qu’ils viennent de mettre en activité les ouvriers nécessaire? à la préparation des hospices destinés -à recevoir nos braves frères d’armes malades; ils demandent que le comité de la guerre décide quel est celui des modèles de cha¬ riot à soupente, destiné au transport des blessés, qui réunit le plus d’avantages, pour qu’il en soit construit incessamment; en attendant, ils ont mis en réquisition toutes les voitures de luxe des aristocrates, émigrés ou gens suspects, pour tenir provisoirement lieu des chariots qu’ils de¬ mandent. Renvoi au comité de la guerre, pour en faire un prompt rapport, et mention honorable (2). Compte rendu de Y Auditeur national (3). Des commissaires du conseil exécutif écrivent de Saint -Quentin qu’envoyés par le sans -culotte Bouchotte pour choisir les maisons religieuses qui seraient propres à former des hospices, ils ont eu de grands obstacles à vaincre ; mais qu’ils sont parvenus à les surmonter. Déjà les ouvriers travaillent ; une invitation a tenu heu de réqui¬ sition. Ces commissaires demandent : 1° que tous les bâtiments nationaux, qui seront jugés conve¬ nables pour former des hôpitaux militaires soient à la disposition du ministre de la guerre et que les adjudications, en tout ou en partie, qui ont pu être faites de ces mêmes bâtiments soient annulées; 2° qu’un comité décide quel est celui des chariots qui réunit le plus d’avan¬ tages pour le transport des blessés, afin que l’on en fasse construire un grand nombre sur ce modèle; en attendant les commissaires ont mis en réquisition toutes les voitures de luxe pour servir au transport des malades. Renvoyé au comité des domaines. (1) D’après le Bulletin de la Convention du 8e jour de la 2e décade du 2e mois de l’an II (vendredi 8 no¬ vembre 1793)., ce citoyen s’appelle Roussillon et non pas Roussilly . (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 62. (3) Auditeur national [n° 413 du 19 brumaire an II (samedi 9 novembre 1793), p. 2]. D’autre part, le Mercure universel [19 brumaire an II (samedi 9 novembre 1793), p. 139, col. 2] rend compte de la lettre des commissaires civils de Saint-Quentin dans les termes suivants : « Les commissaires civils de Saint-Quentin récla¬ ment que toutes les maisons religieuses, qui pour¬ ront servir d’hôpitaux, soient mises à la disposition du ministre de la guerre. Les voitures pour lè trans¬ port des défenseurs de la liberté, blessés pour sa défense, sont mal suspendues; des voitures plus commodes sont indispensables. En attendant ces nouvelles voitures, nous venons de mettre en réqui¬ sition, pour le transport de nos frères d’armes bles¬ sés, les voitures des émigrés, des riches et des gens suspects, » Les membres du comité de surveillance de Brive, département de la Corrèze, écrivent en date du 14 de brumaire, en ces termes : « Nous prévenons la Convention, que Lidon, député de notre ville, mis hors de la loi pour sa coalition avec le parti de la Gironde, poursuivi d’un côté par les démarches de Lakanal, et dé-eélé de l’autre par une lettre de lui, par laquelle il demandait aux citoyens, membres de notre comité, des chevaux pour se réfugier dans nos murs, s’est défait lui-même, et a abandonné le sol de la liberté, en se tirant un coup de pistolet* « Les bons citoyens de Brive ont reçu cette nouvelle avec l’enthousiasme que prennent les hommes libres lorsqu’il s’agit d’exterminer les traîtres. « Nous sommes après les expéditions des pro¬ cès-verbaux dressés sur les lieux; nous vous les ferons passer par le courrier prochain, et vous y verrez toutes les démarches que nous avons faites pour nous assurer de ce traître à l’unité de la République. En attendant, regardez-nous toujours comme des sincères amis de la liberté, et soyez intimement convaincus que nous ne prendrons de repos que lorsque nous nous serons assurés de tous les ennemis de la République une et indivisible. « Signé : Bidercin; Desprez; Marbeau. « P.-S. La femme, le frère et la maîtresse do ce traître sont en état d’arrestation (1). » Suit la lettre des membres du comité de surveil¬ lance de la ville de Brive (2) : « Brive, le quartidi de la 2e décade de brumaire de l’an II de la République française, une et indivisible. « Citoyen Président, « Nous prévenons la Convention que Lidon, député de notre ville, mis hors de la loi pour sa coalition avec le parti de la Gironde, pour¬ suivi d’un côté par les démarches de lakanal, et décelé du nôtre par une lettre de lui par laquelle il demandait à un citoyen, membre de notre comité, des chevaux pour se réfugier dans nos murs, s’est défait lui-même et a abandonné le sol de la liberté en se tirant un coup de pis¬ tolet. « Les bons citoyens de Brive ont reçu cette nouvelle avec l’enthousiasme que prennent les hommes libres lorsqu’il s’agit d’exterminer les traîtres. « Nous sommes après les expéditions des pro¬ cès-verbaux dressés sur les lieux, nous vous les ferons passer par le courrier prochain et vous y verrez toutes les démarches que nous avons (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 63. (2) Archives nationales, carton C 280, dossier 766 J Bulletin de la Convention du 8e jour de la 2e décade du 2e mois de l’an II (vendredi 8 novembre 1793); Moniteur universel [n° 49 du 19 brumaire an H (samedi 9 novembre 1793), p. 200, col. 3]; Journal des Débats et des Décrets (brumaire an II, n° 416, p. 247).