86 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE Que l’extravagance soit comprimée, que l’atrocité soit punie, mais que l’heureuse et pure exaltation des patriotes ne soit jamais transformée en crime : cette exaltation est l’ame de la République et la vie de la liberté. Nous vous en conjurons, vous, les hommes du 21 janvier, du 31 mai, et du 9 thermidor, vous tous qui représentez le peuple français ne laissez pas s’enfoncer dans les fanges du modérantisme votre sublime ouvrage; soutenez ceux qui le soutiennent, détruisez ceux qui veulent le détruire. Sans votre courage, il ne nous resteroit bientôt que des pleurs à verser sur ses ruines, ou la mort à attendre. Signé Grand, président, Gros, Paradis et Cadoux, secrétaires. RÉAL: Je saisis cette occasion pour observer à la Convention que l’adresse qu’on vient de vous lire, et qui a obtenu ses applaudissements, est de la société populaire de Grenoble; qu’elle prouve l’énergie et le républicanisme d’une commune que quelques personnes peu instruites sur les faits avaient accusée de fédéralisme. Elle ne pouvait mieux y répondre qu’en exposant sa conduite pendant la révolution. Grenoble fut le berceau de la liberté; c’est du pied des Alpes qu’est parti en 1788 le premier signal de la liberté (95). [La société populaire de Grenoble à la société des Jacobins séante à Paris, le 14 fructidor an II] (96) Frères et amis. C’est avec une vive satisfaction que nous avons appris la justice sévère que vous avez faite contre les conspirateurs qui s’étaient emparés dans la nuit du 8 au 9 thermidor de votre nom et de votre salle, pour opérer la contre-révolution. Votre juste indignation nous est un sûr garant que vous ne souffrirez jamais que les partisans de l’étranger ni que les ambitieux du pouvoir se saisissent de votre pavillon qui fut, jusqu’au 9 thermidor le signe de ralliement des amis de la liberté. Nous croyons devoir vous donner une preuve de notre confiance fraternelle en vous demandant de correspondre avec nous fréquemment, et en vous adressant une copie de notre adresse à la Convention nationale. L’esprit public étoit excellent dans cette commune et dans tout le département; nulle part les lois n’étoient plus régulièrement observées, les malveillans plus rigoureusement comprimés, ni la tranquilité publique plus exactement maintenue : Le peuple y a souffert la faim avec résignation plusieurs fois il s’est levé en masse contre Lyon et les satellites du roi Sarde : mais les faux dévôts, les grands propriétaires, les bourgeois orgueilleux, connus sous le nom de fédéralistes ou de (95) Moniteur, XXI, 733. (96) Bull., 25 fruct. Débats, n° 722, 436-437; Rép., n° 267; J. Univ., n° 1753. feuillans, toute cette masse d’hypocrites qui a été constamment l’avant-garde de l’aristocratie, profite de la nouvelle révolution, pour livrer dans les campagnes une guerre ouverte à tous les vrais républicains et principalement à ceux qui ont désillé les yeux du peuple sur les préjugés religieux. De pauvres habitans des campagnes qui n’ont commis d’autre crime que d’être resté fidèles à la cause du peuple sont traités comme des partisans de Robespierre tandis qu’ils ignoroient jusqu’au nom même de ce triumvir. Pour peu que ces persécutions durent, le champ de bataille restera libre aux agens des seigneurs, aux valets des nobles, aux fanatiques nouvellement convertis, aux même hommes enfin qui corrompirent l’esprit public lors du fédéralisme. Il règne dans certains villages un mécontentement sourd au sujet de l’abolition des cultes. Ces hommes directeurs actuels de l’opinion, pourront en profiter pour susciter des troubles. Il faudroit que la Convention nationale fit une adresse au peuple pour prévenir ce mouvement rétrograde, il faudroit que vous nous adressassiez fréquemment des instructions qui seroient lus dans toutes les tribunes; Il faudroit faciliter par de plus grands salaires l’organisation des écoles primaires qui est suspendue, par le fait, dans les trois quarts des commîmes; Il faudroit prescrire ou du moins indiquer un mode pour célébrer le décadi surtout dans les villages où l’on chomme le jour consacré aux dieux de la Vendée et où l’on méprise la journée simple de la République. Il faudroit des fêtes, des jeux, des chants, pour provoquer la réunion des citoyens le décadi, et remplir par des idées républicaines le vide que laisse dans leurs âmes l’absence des idées religieuses. Il faudroit adopter des mesures sévères contre les mauvais prêtres qui restent dans les villages et encourager et faciliter leur mariage. Il faudroit enfin maintenir dans toutes sa pureté, faire marcher avec la plus grande rapidité le gouvernement révolutionnaire, et employer les armes qu’il nous fournit pour frapper tous les conspirateurs, de quelques masques qu’ils se couvrent. Signé, Grand, président, Gros, Cadoux, Paradis, secrétaires. 45 La société d’Is-sur-Tille, district de Dijon [département de la Côte-d’Or], félicite la Convention sur son énergie; elle demande que les papiers du tyran moderne soient vérifiés, pour connoître ses complices. Renvoi au comité de Sûreté générale (97). (97) P.-V, XLV, 207.