62 [Convention nationate.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. f 4 frimaire-air If ( 24 novembre 1793 tarots du réveil des homme» qu’oo tenait dans les fers, voulut briser cette idole. Il heurta de front les nobles, les sangsues-du peuplé; les agents des tyrans� et fut leur victime. « Dès le 14 juillet 1789, Bordier se dévoua tout entier au service de sa patrie; Il parcourut les environs de Paris, réuni à d’autres patriotes animés des mêmes sentiments que lui, et Paris, dans les moments de trouble où on voulait nous faire périr par la famine, dut une partie de ses approvisionnements à cette cohorte de patriotes. cc Après avoir prêché partout où il passait, la liberté des peuples et la destruction de la tyran¬ nie, Bordier vint à Rouen. S’il y fut reçu avee empressement des amis de la patrie, il fut en même temps regardé avec effroi par l’aristocratie qui lui voua sa haine et jura sa perte. « Je ne retracerai pas ici les scènes-d’horreur qui eurent lieu alors, ôn se rappelle, sans doute, la commotion violente qu’éprouva cette ville; .les agents des despotes y furent terrassés par Bordier; la fuite, en une retraite qu’on ne put découvrir, put seule les soustraire à la punition qui les attendait. <r Mais l’hydre n’était pas entièrement vaincue et les scélérats valets de3 tyrans parvinrent à opérer la perte de leur vertueux ennemi. Aban¬ donné' de ce peuple qu’il avait servi, pour lequel il s’était dévoué, une mort ignominieuse alors devint sa récompense. « J’en appelle à vous, représentants du peuple qui avez connu Bordier, et il en est plusieurs parmi vous, j’invoque votre témoignage. Bor-dîer, sacrifié en 1789, n’était -il pas un républi¬ cain digne du 10 août 1792 ? « Le peuple français laissera-t-il dans l’oubli et, pour ainsi dire, dans l’ignominie celui qui lui sacrifia sa vie, un martyr de la liberté? Non;, représentants du peuple français, do. ce peuple juste et généreux, vous décréterez pour Bordier la couronne civique, et l’amitié sera satisfaite. « Mais Bordier était père et il laissa un orphe¬ lin. La mort de son père lui a tout ravi, appui, fortune; tout a péri pour lui. Sera-t-il malheu¬ reux parce que son père fut l’apôtre delà liberté? sera-t-il condamné à la misère, à l’ opprobre? Non, il doit être l’enfant de la patrie, la Répu¬ blique l’adoptera. <eL ’ ami de B ordier , qui ne fut son ami que parce qu’il était républicain,, l’ennemi des tyrans, de¬ mande que la mémoire de ce martyr de la liberté, de Bordier, soit réhabilitée, que la couronne ci¬ vique lui soit décernée, que son fils soit adopté parla République, élevé dans ses écoles et à ses frais, afin que, suçant de bonne heure les prin¬ cipes républicains, il devienne digne de ce peuple qui l’adopte, digne de son père qui fut une vic¬ time du despotisme, qui mourut pour la liberté. « N*** Bordier, assassiné juridiquement à Rouen �en 1789, sera compté au nombre dès victimes de l’aristocratie et du fanatisme. «- Son fils est adopté par la patrie et sera élevé au nombre des orphelins dè ses défenseurs. » nent de donner un si grand exemple de dévoue¬ ment, qu’il me soit permis de parler d’un martyr de la liberté, dont la mémoire est encore cou¬ verte d’ignominie : c’est Bordier, qui en 1789 fut envoyé à Rouen pour les subsistances. Il fut bien reçu par les sans-culottes, victimes des aris¬ tocrates, qui, pour se venger de son civisme et de ses recherches, le firent assassiner juridi¬ quement. -Je demande que la Convention décrète part, le Journal des Débals et des Décrets (frimaire an II, n° 432, p. 68), l'Auditeur national [n° 429 du 5 frimaire an II (lundi 25 novembre 1793), p. 6], le Journal de Perlet [n° 429 du 5 frimaire an II (luSfii 25 novembre 1793), p. 445] et les Annales patriotiques et littéraires [n° 328 du 5 frimaire an II (lundi 25 novembre 1793), p. 1519, col. 2] rendent compte de la motion de Léonard Bourdon dans les termes suivants • I. Compte rendu du Journal des Débats et des Décrets. Bourdon (du Loiret). Au moment où la Conven¬ tion est à même d’apprécier la grande preuve d.e dévouement à la patrie qui vient d’être donnée, qu’il me soit permis de lui rappeler la perte d’un ancien ami de la liberté. Je veux parler de Bordier; il est connu par les services qu’il a rendus à la liberté. Ce fut lui qui, en 1789, contribua à assurer les sub¬ sistances de Paris. Il alla pour cela à Rouen, où les sans-culottes le reçurent à bras ouverts; mais les aristocrates avaient toute puissance. Dispensez-moi de retracer ici les scènes d’horreur dont Bordier fut la victime; je vous demande de consacrer sa mé¬ moire. Thuriot pense qu’il faut bien connaître les faits avant de prononcer. Rewbell affirme ce qu’a dit Bourdon. Tout est renvoyé au comité d’instruction, publique qui se fera apporter la procédure instruite à Rouen. II ! Compte rendu de V Auditeur national. Léonard Bourdon a ensuite deman dé la réhabi¬ litation de la mémoire de Bordier et de Jourdain, amis de la liberté, assassinés juridiquement à Rouen dans les premières époques de la Révolution. Les comités d’instruction publique et de sûreté générale sont chargés de faire un rapport à cet égard; la procédure instruite à Rouen leur sera ap¬ portée. III. Compté rendu du Journal de Perlel. Léonard: Bourdon-demande que Bordier, pendu à Rouen, soit déclaré victime de la Révolution et que son fils soit adopté par la République. Cette proposition est renvoyée aux, comités réunis d’instruction publique et de sûreté générale qui se feront rapporter les pièces du procès et qui, dans leur projet de décret, comprendront Jourdain, com¬ pagnon, d’infortune de Bordier. Compte, rendu du Moniteur universel (1). f" Léonard Bourdon. Au moment où les sec¬ tions des Tuileries et des Champs-Élysées vien-I MfT) Moniteur universel [n° 65 du 5 frimaire an II (lundi 25 novembre 1793), p. 264, col. 1]. B’autTe IV. Compte rendu des Annales patriotiques et littéraires - L’Assemblée charge1 le même comvté [celui de Salut public] cF examiner la procédure, par IaquelleBordiec et Jourdain ont, été condamnés-à perdre la tête dans les:premiers jours de là Révolution, etd?en faire in¬ cessamment son rapport, afin de savoir si ces deux citoyens ont été réellement martyrs de la liberté. [Coavention nationale.] ARCHIVES-PARLEMENTAMES. » nÔraSwa «» 53 que Bordier sera compté au nombre des victimes de l’aristocratie, que sa mémoire sera honorée par la nation, et son fils adopté par elle. Bourdon (de VOise). Je demande la même dis¬ position pour Jourdain, qui subit le meme sort à la même époque; et comme la justice doit être éclatante et que les enfants ont droit à une in¬ demnité, je demande le renvoi de ce dernier ob¬ jet au comité des finances. ÎLa Convention renvoie ces propositions aux comités de sûreté générale et des finances, et ordonne l’apport de la procédure, instruite à Rouen. On entend un rapport [Barbeau du Barran, rapporteur (1)] du comité de sûreté générale, à la suite duquel le décret suivant est rendu : « La Convention nationala, après avoir en¬ tendu son comité de sûreté générale sur le décret par elle rendu le 20 de brumaire au sujet du nommé Dubosc, administrateur du .département de Rhone-et-Loire (2) ; « Rapporte ledit décret charge le ministre de la justice d’envoyer, sans délai, te présent décret aux représentante du peuple (3) enviés à Com¬ mune-Affranchie (4). » Compte rendu du Journal des Débats et des Décrets (5). Du Barran fait, au nom du comité de sûreté générale un rapport sur le sursis déjà décrété du jugement de Dubose ( Dubosc ), administra¬ teur de la ci-devant ville de Lyon. Le sursis était motivé sur la rétractation que l’on pré¬ tendait avoir été faite par Dubose (Dubosc). Une connaissance plus approfondie des faits a instruit le comité que Dubose (Dubosc) a signé des arrêtés liberticides ; que sa signature y est restée, et qu’il présidait l’ Administration qui provoqua l’assassinat du patriote Chalier. Le sursis est levé. (1) D’après la minute du décret qui existe aux Archives nationales, carton G 282, dossier 787. (2) Voy. Archives parlementaires, 1T® série, t. LXXVIII, séance du 20 brumaire an II (p. 718, col. 1), le décret rendu sur la motion de Moyse Bayle en faveur du citoyen Dupont, ou Dupuis, ou Dubost. (3) Voy. t. LXXIX, séance du 2 frimaire an II, p. 626, la lettre par laquelle Fouché et Collot-d’Herbois se plaignent du décret rendu en faveur de Dubosc. (4) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 135. (5) Journal des Débats et des Décrets (frimaire an II, n° 432, p. 69). D’autre part, le Mercure uni¬ versel [5 frimaire an II (lundi 25 novembre 1793), p. 77, col. 2] rend compte du rapport de,Barbeau-du-Barran dans les termes suivants : « Du Barran, au nom du comité de sûreté générale, expose qu’un administrateur de Lyon, qui était venu faire sa rétractation sur les mesures de rébellion prises dans cette ville, est cependant l’un des auteurs de la plupart de res mesures, et notamment de la mort de Chalier. « L’Assemblée décrète qu’elle rapporte le décret déclarant un sursis pour l’exécution de Dncos (Du-bofic), administrateur de Lyon, charge le ministre delà justice d’envoyer sur-le-champ le présent décret aux représentants de Ville-Affranchie. » Sur un rapport gmlui-estfait nu nam Au co¬ mité des finances, l’Assemblée rend le décret sui¬ vant : « La Convention nationale, après avoir en¬ tendu te rapport fie ses comités fie finances «t de législation réunis, « Déerète que l’article 14 du décret ôu 54 sep¬ tembre dernier (vieux style), concernant tes comptes à rendre par les ci-devant fermiers et régisseurs généraux, n’est applicable aux em¬ ployés de ces ci-devant fermiers et régisseurs; aux invalides, aux plumets porteurs de charbon de la ville de Paris, aux ouvriers râpenrs de tabac, aux ficeleurs et hacheurs, et finalement à te veuve Vauteain, de Nancy, qui tous avalent commencé des pomsnites et obtenu des condam¬ nations avant l’époque dudit décret, non pim qu’à aucun citoyen qui a des titres valables contre eux. En conséquence, la surséance prononcée par le même article 14 dudit décret deme®e levée envers chacun des ci-dessus dénommés. » On propose [Bourdon (de VOise) fl)] de faire mettre en état d’arrestatten tes fermiers géné¬ raux, et de décréter que si dans un mois ils n’ont pas rendu leurs comptes, ils seront punis de mort comme rétentionnaires fie deniers publics,* plu¬ sieurs opinante parlent sur cette matière, fit te Convention rend le déeret suivant : « La Convention nationale déerète (2) que tous les ci-devant fermiers généraux seront mis en état d’arrestation dans la même maison; que leurs papiers y seront transférés, fit que leurs comptes seront prêts dans un mois,* à faute de quoi, 1a Convention prononcera centre eux ce qu’au cas appartiendra. « Le ministre de la justice, la municipalité de Paris sont chargés d’exécuter te présent déeret dans le jour. » « Sur la proposition d’un membre [Goult (3)], d’étendre les dispositions du décret qui vient d’être porté contre tes fermiers généraux, sur tous les intendante et les receveurs généraux des finances, « La Convention nationale adopte cette propo¬ sition et décrète que tous tes intendante et tes receveurs généraux des finances seront mis en état d’arrestation, pour y rendre leur compte dams un mois pour tout délai (4). » Compte rendu du Journal des Débats et des Décrets (5). Un membre, au nom du comité des finances, présente un projet de déeret qui se rapporte (1) D’après les journaux de l’époque. (2) La minute du décret n’est pas signée. (3) D’après la minute du décret qui se trouve aux Archives nationales, carton G 282, dossier 787. (4) Procès-verbaux de la Convention, t. 26, p. 1.36 et 137. (5) Journal des Débats et des Décrets ( frimaire an II, n° 432, p. 69,). D’autre part, le Moniteur uni¬ versel [n° 65 du 5 frimaire an II (lundi 25 no-