[Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [8 mai!790.] 439 M. de la Caille, à cinq pieds huit pouces cinq | lignes un quart. M. l’évêque d’Àutun, en présentant les avantages de cette mesure élémentaire, en a fait voir aussi les imperfections. Il vous a prouvé qu’elle manquait de cette exactitude rigoureuse qu’il est nécessaire de chercher, et peut-être possible d’atteindre, en se livrant aux méditations qui nous occupent. Nous ne répéterons pas ce qu’il a dit, parce que nous présumons que vous le connaissez ; et nous ne nous permettrons pas d’ajouter nos réflexions aux siennes, parce que nous craindrions de ne pas aussi bien dire. Nous nous contenterons de vous annoncer, qu’ainsi que lui, nous nous sommes déterminés en faveur du pendule qui bat les secondes sous la latitude de 45 degrés. Sa longueur a été calculée et estimée à 36 pouces 8 lignes 52 centièmes : mais nous pensons, ainsi que M. l’évêque d’Àutun, qu’il serait nécesssaire de la déterminer de nouveau. Nous adoptons pour cette opération les moyens sages qu’il propose. Nous croyons être informés d’ailleurs que l’Angleterre est prête à se joindre à nous pour en assurer le succès, et nous mettons le plus grand prix à cette association de travaux èt de lumières. Nous croyons que lorsque deux nations, qui ne peuvent presque avoir de rivales qu’elles-mêmes, auront adopté de concert une mesure générale et commune, cette mesure ne tardera pas à devenir celle de! l’Europe et celle de tous les peuples commerçants de la terre. Cette heureuse uniformité sera un lien déplus entre les hommes. Un plus grand nombre d’entre eux pourront se livrer aux entreprises du commerce. Les calculs du négociant seront simplifiés, ses résultats plus certains, ses spéculations moins vaeues. Mais, Messieurs, quelque séduisante que soit cette perspective, osons la laisser encore dans le lointain qu’elle occupe à nos yeux; sachons calmer nos désirs pour mieux èn atteindre le but ; entamons avec vivacité cette grande entreprise, mais suivons-Ia avec lenteur et patience : gardons-nous de rien précipiter. La vérité ne doit jamais s’offrir brusquement aux hommes; et, peut-être que le bonheur lui-même a besoin de trouver des cœurs préparés à le goûter. Votre comité, Messieurs, pour les détails de l’exécution du plan auquel il s’est fixé, a cru devoir vous renvoyer au Mémoire déjà cité de M. l’évêque d’Àutuh. Vous y verrez qu’une opération qui, par sa na-turp, est du domaine des sciences, est presque entièrement confiée à l’Académie des sciences de Paris, et à la Société royale de Londres; c’est-à-dire aux 'deux compagnies les plus savantes du monde savant. Vous y verrez que ce projet, si vous daignez l’adopter, doit être mis en dépôt entre les mains de ces hommes aussi distingués par leur zèle que par leurs lumières, et qu’il doit s’v mûrir en silence, pour ne reparaître dans l’Assemblée législative que lorsqu’il aura atteint toute sa perfection, et que des instructions préalables, universellement répandues, en auront fait désirer partout l’accomplissement. Vous y verrez combien de précautions sont indiquées, soit pour préparer graduellement les peuples à jouir du bienfait que vous leur destinez, soit pour prévenir les dépenses trop fortes qui pourraient en résulter pour le pauvre, soit pour empêcher les secousses qui pourraient naître d’un changement subit. Vous y verrez enfin que le décret préparatoire que vous pouvez rendre à l’instant même, vous acquitte de toutes vos obligations, satisfait à tout ce que l’on attend de vous� et vous conserve cependant la gloire d’une entreprise dont l’exécution sera renvoyée à vos successeurs. Votre comité, en finissant son rapport, croit qu’il est de son devoir de vous avertir que le parlement d’Angleterre touche à la fin de sa session et de vous représenter que, si vous daignez adopter les idées qu’il a eu l’honneur de vous soumettre, il serait extrêmement instant que l’Assemblée nationale voulût bien adopter le projet de décret suivant ; il ne diffère presque en rien de celui qui vous a déjà été proposé par M. l’évêque d’Autun : PROJET DE DÉCRET. L’Assemblée nationale, désirant faire jouir à jar mais la France entièrede l’avantage quidoit résulter de l’uniformité des poids et mesures, et voulant que les rapports des anciennes mesures avec le? nouvelles soient clairement déterminés et facile? ment saisis, décrète, que Sa Majesté sera suppliée de donner des ordres aux administrations des divers départements du royaume, afin qu’elles se procurent, et qu’elles se fassent remettre par chacune des municipalités comprises dans chaque département, et qu’elles envoient à Paris, pour être remis au secrétaire de l’Académie des sciences, un modèle parfaitement exact des différents poids et mesures élémentaires qui y son en usage. Décrète ensuite que le roi sera également sup-plié d’écrire à Sa Majesté Britannique, et de la prier d’engager le Parlement d’Angleterre à convenir avec l’Assemblée nationale à la fixation de de l’unité naturelle de mesures et de poids: qu’en conséquence, sous les auspices des deux nations, des commissaires de l’Académie des sciences de Paris pourront se réunir en nombre égal avec des membres choisis de la Société royale de Londres, dans le lieu qui sera jugé respectivement le plus convenable, pour déterminer, � la latitude de 45 degrés, ou toute autre latitude qui pourrait être préférée, la longueur du pendule, et en déduire un modèle invariable pour toutes les mesures et pour les poids ; qu’après cette opération, faite avec toute la solennité né-* cessaire, Sa Majesté sera suppliée de charger l’Académie des sciences de fixer ayec précision, poup chaque municipalité du royaume, les rapports de leurs anciens poids et mesures avec le nouveau modèle, et de composer ensuite, pour l’usage de ces municipalités, des livres usuels et élémentaires, où seront indiquées avec clarté toute? les proportions. Décrète, en outre, que ces livres élémentaires seront adressés à la fois dans toutes les municipalités, pour y être répandus et distribués; qu’en même temps, il sera envoyé à chaque municipalité un certain nombre de nouveaux poids et mesures, lesquels seront délivrés gratuitement pap elles à ceux que ce changement constituerait dans des dépenses trop fortes. Enfin, que six mois seulement après cet envoi, les anciennes mesures seront abolies et seront remplacées par les nouvelles. M. le Président donne la parole à M.Bureaux de Pusy qui la demande.