SÉANCE DU 23 FRUCTIDOR AN II (9 SEPTEMBRE 1794) - N“ 15-16 15 Garçon et sa femme, morts l’un et l’autre en vingt-quatre heures; et qu’en outre, il a été fait une collecte en faveur des veuves et des enfans des deux braves marins massacrés par les brigands en combattant contr’eux. Mention honorable, insertion au bulletin (26). [Les officiers municipaux et le conseil de la commune du canton de VIsle-la-Montagne aux citoyens représentants du peuple à Paris, le 24 thermidor an II] (27) Citoyens représentans, C’est avec la plus vive joye que nous avons appris que vous aviez frappé du glaive de la loi les conspirateurs Robespierre, Saint-Just, Couthon et autres puis-que par cette mesure, vous avés encore une fois sauvé la patrie. Nous scavons que vous avés couru les plus grand dangers puis-que ces scélérats non seulement avoient égarés de bons citoyens par leurs écrits et discours astucieux mais encore qu’ils avoient attiré auprès d’eux dix mille hommes et 40 pièces de canons pour vous égorger; nous avons frémi d’horreur, mais en même temps nous avons tous dit que vous étiés dignes d’être nos représentans d’après le courage et l’energie que vous avés montré dans cette ci-constance la plus périlleuse. Continuez donc à frapper tous les traitres, les despotes et les intrigans et nous jurons que nous suivrons sans cesse vos sages décrets et que nous em-ploirons tous nos moyens pour les faire éxé-cuter. Aussitôt, représentans, que nous avons appris la victoire que vous veniés de remporter sur la tirranie, les authorités militaires, la société populaire et nous, avons arrêté de construire une montagne et dans deux jours elle a été construite à hauteur d’environ 25 pieds, c’étoit une grande douceur pour nous de voir les habitans des campagnes, de la ville et la �garnison y travailler à l’envies afin qu’elle fut achevée pour la fête du 10 août ce qui a eu lieu, aussi la célébrâmes nous hier avec toute la pompe que purent nous fournir nos moyens. Nous avons placé sur le haut de notre montagne un arbre de la liberté au cime duquel nous y avons établi un drapeau tricolore et le bonet rouge. Nous en avions planté un autre arbre que nous avions garni des signes de la féodalité et du fanatisme au pied duquel étoit un buchet ou nous mimes le feu afin d’en faire disparoitre sur notre sol jus-qu’aux moindres traces, cette fête fut accompagnée de discours patriotiques tant par les authorités militaires de terre et de mer que par celles adminitratives. Les chansons civiques ne furent pas non plus oubliées ainsi que les actes de bienfaisances et nous devons pas vous laisser ignorer que sur la proposition faite par le (26) P.-V., XLV, 170-171. (27) C 319, pl. 1307, p. 5 et p. 6. Seul le don patriotique est mentionné dans Bull., 26 fruct.(suppl.). général Sabatier à la troupe de donner une journée de sa paye et à l’état major deux journées aux dix malheureux enfans de Jean Garçon et sa femme qui venoient de mourir dans 24 heures l’un après l’autre, que tout le monde y accéda par un mouvement spontané et qu’en-suite l’agent national ayant aussi proposé de faire à l’instant une collecte en faveur des veuves Luc Duport et Philibert Masson marins massacrés par les brigans en combattant contre eux dont la première est mère de quatre garçons et l’autre de deux, tous en bas âges. Elle eut heu aussitôt. Après tout ceci fait, le peuple se rendit à la société populaire où l’on chanta l’imne à la liberté et ensuite on se rendit sur la place du même nom où l’on dansa jus-qu’à minuit, après quoi chacun se rendit paisiblement chez lui. Ainsi Vive la République démocratique, haine aux tirans, aux intrigans et à tous les ennemis de la liberté et de l’égalité. Salut et fraternité! Coindet, officier municipal, l’agent national Viand, Lebreton aîné, Th.PiNEAUZ, Vurnau secrétaires. 15 La société populaire du canton d’Aubin-Rousseau, département du Calvados, envoie à la Convention nationale le procès-verbal de la fête civique qu’elle a célébrée le 30 messidor en l’honneur des martyrs de la liberté, et pour l’inauguration du buste de Marat. Mention honorable, insertion au bulletin, et renvoi au comité d’instruction publique (28). 16 L’agent national de Béziers, département de l’Hérault, informe la Convention nationale qu’un citoyen qui, sous le voile de l’anonyme, a déjà fait plusieurs dons à la patrie, vient de lui remettre une somme de 600 livres pour être employée à l’objet d’utilité publique qu’elle désignera. H annonce que, pendant le mois messidor, des biens d’émigrés, estimés 275 721 livres 10 sols, ont été vendus 891 282 livres; et que depuis le 29 germinal jusqu’au 19 thermidor, plus de cent soixante quintaux de salpêtre ont été versés dans le dépôt du district de Béziers; il ajoute encore que, depuis trois mois, plus de trois mille baïonnettes ont été fabriquées dans plusieurs ateliers établis dans le district. (28) P.-V., XLV, 171.