ARCHIVES PARLEMENTAIRES. {2?“£l"93 388 [Convention nationale.] au royalisme et au fédéralisme, vient de déclarer qu’elle ne reconnaît d’autre culte que celui qui doit être rendu à la raison, à la liberté et à l’égalité, et qu’en conséquence elle a fait une dédicace, solennelle de la Métropole de cette grande commune à la raison; est d’avis que la commune d’Ax imite cet exemple, comme l’ont déjà fait un nombre infini de communes de différents départements; propose en consé¬ quence à l’assemblée de délibérer que dorénavant nous ne reconnaîtrons d’autre culte que celui qui est dû à la raison, à la liberté et à l’égalité, et que, par une adresse faite à la Convention nationale dans laquelle nous lui ferons part de notre résolution à ce sujet, nous demanderons qu’il nous soit permis d’ériger et de consacrer notre ci-devant église paroissiale à la raison, où nous célébrerons nos fêtes civiques, où il sera fait des instructions de morale pour éclairer les personnes qui ne sont pas assez instruites, et où /on expliquera les lois au peuple. En outré, qu’on s’emparera de toute l’argen¬ terie et de tous les autres effets qui servaient auparavant au culte qu’on appelait religieux, pour être envoyés à la Convention nationale après en avoir dressé procès-verbal. Sur quoi l’assemblée est priée et requise de délibérer. Le procureur de la commune entendu ; Le conseil général, pénétré des mêmes motifs et des sentiments qui ont dicté au citoyen maire l’exposé ci-dessus, l’adopte à l’unanimité, et arrête, de plus, qu’extrait de la présente déli¬ bération sera envoyé à la Convention nationale et au conseil général de la commune de Paris, avec une adresse. Ainsi a été délibéré, et nous avons signé avec-nôtre secrétaire greffier. (Suivent 12 signatures J Le citoyen Valdeyron, secrétaire de la muni¬ cipalité de Montjoux, district de Montélimar, département de la Drôme, canton de Dieulefit, annonce de la part de cette municipalité l’envoi à la monnaie de l’argenterie de son église; il invite la Convention à rester à son poste jusqu’à la paix. Mention honorable et insertion au « Bulle¬ tin » (1). La Société populaire de Celles, district de Bar-sur-Seine, département de l’Aube, annonce qu’elle a 80 chemises et 15 livres de charpie pour les défenseurs de la patrie. Elle invite la Convention à rester à son poste jusqu’à la paix. Mention honorable, insertion au « Bulletin » et renvoi au ministre de la guerre (2). Suit l’adresse de la Société populaire de Celles, d’après le Bulletin de la Convention (3). (1) Proeis-verbaux de la Convention, t. 28, p. 121. (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 121. (3 j Second supplément au Bulletin de la Convention du 8 nivôse (samedi 28 décembre 1793). La Société populaire de Celles, district de Bar-sur -Seine, département de VAube, à la Convenu tion nationale. « Nous sommes pauvres, citoyens, nous manquons de pain; chez nous la misère est à-son comble; mais nous sommes républicains. Nos frères des armées manquent de chemises. Eh bien ! nous nous sommes dépouillés des nôtres . pour les en vêtir. Nous en avons 80 et 15 livres de charpie. « Citoyens, donnez des ordres et elles parti¬ ront. Liberté ou la mort : voilà notre devise. Restez à votre poste jusqu’à la paix. » Les administrateurs du district de Digne té¬ moignent à la Convention leur reconnaissance pour les immortels travaux. Ils annoncent que leurs jeunes défenseurs, à peine formés en com¬ pagnies, et sans expérience, se sont déjà battus-sous les murs de Toulon. Les prisonniers an¬ glais qu’ils ont faits sont une preuve non équi¬ voque de leur courage. Un nouveau bataillon est en marche, et tous ceux qui le composent brûlent de venger la République de la perfidie* qu’elle a éprouvée. Mention honorable, insertion au « Bulle¬ tin » (1). Suit l’adresse des administrateurs du district ' de Digne (2). Les administrateurs du district de Digne, à la Convention nationale. « Digne, le 1er frimaire, 2e année républi¬ caine. « Reçois les témoignages de notre recon¬ naissance, de la joie pure de l’homme répu¬ blicain, mont sacré de la liberté, Montagne admirable. « En vain l’Europe entière frémit de cour¬ roux ; en vain tout l’art des perfidies a conspiré contre toi, contre le peuple républicain; tu as vu ses manœuvres, découvert sa trame, compté ses satellites et déjà la Vendée est purgée; les rebelles sont vaincus, le lâche anglais humilié, la Ville-Affranchie punie, l’Espagnol, le B atave poussés dans leurs territoires; F Autrichien aux abois; le Piémontais effrayé et le Mont-Blanc libre. « A ta voix, 500.000 Français sont debout devant les tyrans, les combinaisons politiques sont effrayées et l’Europe est étonnée devant l’énergie républicaine. « Le glaive national a été levé et ils portent enfin la peine de leur audace, ces tigres affamés du bonheur du peuple, ces généraux perfides,. ces mandataires conspirateurs, cette hyène autri¬ chienne si longtemps épargnée, ces fédéralistes forcenés; enfin la perfidie est comprimée et la malveillance renfermée. « Les grands jours de la France sont arrivés, le serpent de la chicane expire, l’agiotage est (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 121.. (2) Archives rialionales, carton C 288, dossier 884,. pièce 13. [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. A *;'.v'iselan 389 ' (27 décembre 1793 ■étouffé, le droit d’élever des orgueilleux dans les familles est anéanti, la dette se régénère, le dédale des finances est ouvert, toutes les com¬ plications disparaissent devant les formes simples, devant la vérité, l’unité, l’égalité, les temps de la République se séparent entiè¬ rement des temps d’intolérance, de tyrannie de l’ancien temps; la croûte des préjugés se détache, l’homme se reconnaît, l’édifice de la raison s’élève, la nature va rire du retour de ses enfants vers elle. « Montagne sainte, représentants toujours fidèles au peuple ! ils te sont dus tous ces bien¬ faits. Gloire à toi, et éternelle reconnaissance dans tous les cœurs républicains. Achève ton ouvrage, ne nous abandonne pas qu’il ne soit parfaitement consolidé, que les rois n’aient reconnu leur sottise et les peuples tes bienfaits. Ton énergie brûlante, ta vigilance étonnante enflamment tous les cœurs républicains, bien¬ tôt tu jouiras du succès de tes immenses tra¬ vaux, et les Alpins du district de Digne n’auront pas été les derniers à suivre avec intrépidité les mouvements rapides que tu donnes à l’affer¬ missement de la République, leur sang servira A en cimenter l’édifice; déjà, sous les murs de l’infâme Toulon, nos jeunes gens, à peine for¬ més en compagnies, sans expérience des armes, se sont battus avec le perfide anglais, et les prisonniers qu’ils ont fait, attestent leur courage ■et leur patriotisme. Un nouveau bataillon est en marche pour sa destination et tous brûlent de se venger de la perfidie. « Tonne, frappe, il est temps ! la liberté ou la mort ! « Les administrateurs du district de Digne, « Guibert, cadet; Stard; Clappier; Brany, président; Leydet; Castellan, pro¬ cureur syndic; Ytard, secrétaire. » Le procureur général syndic du département de l’Aude annonce que partout, dans ce dépar¬ tement, les biens des émigrés se vendent le double, le triple et même le quadruple de leur estimation. Tous lots ont été vendus 500,000 li¬ vres. Mention honorable, insertion au « Bulletin », renvoi au comité de liquidation. (1). Suit un extrait de la lettre du procureur syndic du département de VAude, d’après le Bulletin de la Convention (2). « Le procureur général syndic du départe¬ ment de l’Aude écrit que, malgré que l’ennemi soit aux portes de ce département, les ventes des biens d’émigrés s’élèvent au double, au triple et au quadruple de l’estimation. « Le ci-devant domaine de Jouarre, estimé 160,000 livres, affermé sauf la dîme, 8,000 livres, ■a été adjugé 404,000 livres. « La métairie, dite de Saint-Jean, estimée 33,000 livres, a été adjugée pour 80,000 livres. « lia métairie de Doctouirre, estimée 2,080 li¬ vres, a été vendue 16,080 livres. » (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 122. (2) Premier supplément au Bulletin de la Convention idu 8 nivôse an II (samedi 28 décembre 1793). Les maires, officiers municipaux, notables» réunis à la presque totalité des habitants des deux sexes de Saint-Chamond annoncent que l’éclat de la raison a dissipé les ténèbres que le fanatisme avait enfantées. « La gloire en est, disent-ils, tout entière à la sagesse de la Con¬ vention; c’est la lecture de ses décrets qui fait triompher la raison dans tous les lieux qui avoisinent Saint-Chamond. » Ils vont envoyer au creuset national les dépouilles de leurs ci-devant églises. Mention honorable, insertion au « Bulle¬ tin » (1). Suit l’adresse des maire, officiers municipaux et habitants de Saint-Chamond (2j. Aux citoyens représentant le peuple français à la Convention nationale. « Citoyens représentants, « Après avoir parcouru tout le cercle des plus affreuses calamités durant l’espace de dix-huit siècles d’une oppression sacerdotale, il était bien temps d’en trouver le terme dans l’excès de nos propres malheurs : si à cette heure, en effet, nous ouvrions les fastes de l’histoire, nos larmes en baigneraient les pages à la lecture de tant d’outrages faits à l’humanité par ces mêmes prêtres qui se disaient les interprètes d’un dieu de vérité; les gémissements et les pleurs furent l’unique consolation de nos ancêtres, ils seraient encore la nôtre si, mieux instruits que les généra¬ tions passées, nous n’eussions renversé le taber¬ nacle et l’autel qui nourrissaient chaque jour leur cupidité sacrilège mais notre espérance n’a point été trompée, l’ignorance se trouve arrêtée dans sa course rapide et subitement terrassée par nos mains victorieuses. Une doctrine pure et naturelle va prendre la place d’une illusion men¬ songère et désormais l’homme adorera la divi¬ nité comme il le faisait dans sa première origine. Cependant il faut l’avouer, citoyens représen¬ tants, l’abjuration de nos anciennes erreurs, la superstition confondue, la vérité rappelée, mal¬ gré l’adversité d’opinions qui régnait dans un si vaste empire, devenait une merveille difficile à concevoir, il fallait votre sagesse et votre prë-voyancepour en rendre l’exécution aussi prompte que facile. « A présent nous serait-il permis de considérer un moment lès lieux où s’est opéré ce prodiget D’abord l’on nomme Paris et en le nommant la surprise cesse au regard curieux qui la cherche; cette ville est le centre des lumières, elle en reçoit les premiers rayons de la Convention na¬ tionale; Saint-Chamond, an contraire, est à une distance bien éloignée de cette chaleur bienfai¬ sante; aussi apparaît-il plus surprenant que les églises y aient été fermées, ainsi que dans tout le canton, sans aucune plainte ni réclamations surtout de la part d’un sexe auquel on a tou¬ jours reproché quelque obstination dans sa con¬ duite; cette soumission, cette docilité à suivre les lois, annoncent un peuple instruit et honore (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 28, p. 122. (2) Archives nationales, carton C 288, dossier 884, pièce 14.