(Convention nationale.] le bonheur de votre pays; mais la carrière qui vous reste encore à parcourir est immense; nous gémissons surtout de voir que l’ instruction qui se donne aujourd’hui fait des fanatiques au lieu de faire des citoyens. L’homme né pour vivre en société n’y reçoit aucune notion de ses devoirs et de ses droits politiques. Hâtez-vous de joindre au bienfait d’une sage législation votre travail tant désiré sur l’instruction publique, si nécessaire à la perfection de nos connaissances, de nos mœurs, et qui deviendra la base de la félicité nationale. « Faites disparaître de nos écoles ce fatras de propositions théologiques qui ne sont entendues ni de l’instituteur ni de l’institué; remplaeez-le par une instruction aussi simple et aussi natu¬ relle que la Constitution dont la France est rede¬ vable à vos énergiques travaux. « A la Ferté-Gaucher, le 2e jour de la 3e dé¬ cade du 1er mois de la 2e année de la République française, une et indivisible. « Pouzolot, 'président; Jamain, secrétaire, » N° 48. La Société républicaine et montagnarde de la ville d’Eauze, district de Condom, département du Gers, à la Convention nationale (1). « Citoyens représentants, « Après avoir écarté de votre sein ces êtres immoraux qu’il était impossible de ramener aux vrais principes, après que parmi vous la majorité des patriotes »’est réunie pour former un gou¬ vernement républicain, le but que vous vous étiez proposé, vous l’avez atteint; vous avez tari tous nos maux, la Constitution a paru, c’est à votre courage et à votre persévérance que la France doit aujourd’hui son salut et sa gloire. « Cependant, législateurs, vos engagements ne sont point entièrement remplis, au moment du danger le pilote n’abandonne point le gou¬ vernail de son vaisseau battu par la tempête; vous nous avez sauvés en nous donnant une Constitution basée sur la liberté et l’égalité, telle que nous la désirions; vous aurez avec nous la satisfaction de voir rétablir l’ordre et l’union dans toute la République et de faire trembler nos ennemis en occupant encore quel¬ que temps le poste glorieux que nous vous avons confié. Vous les voyez, législateurs, les moyens qu’emploient les malveillants, les traî¬ tres, les anarchistes, pour détruire votre ouvrage ! Ils cherchent par toutes les manœuvres à élaguer avec la cognée de la calomnie les branehes de notre liberté naissante; déjouez leurs complots liberticides, continuez à nous donner des lois qui soient le tombeau du vice et la basé de l’ordre et de la paix; si vous avez besoin d’être sous l’égide de la force, tous les Français sont là, mais si votre fermeté et votre zèle ont sauvé l’empire, finissez glorieusement votre carrière, prenez les rênes du gouvernement, jusqu’à ce qu’ayant terrassé tous les despotes et leurs vils satellites qui souillent le sol de la liberté, la (lj Archives nationales, carton C 281, dossier 775,' 195 France ait jeté les fondements d’une république universelle, propre à faire le bonheur de tous les peuples. « Fait à Eauze, en Société, le 7 octobre 1793, l’an II de la République une et indivisible. » (Suivent 54 signatures,) N° 49. Montagne (Rochefort-Montagne), département du Puy-de-Dôme (1). N® 50. La Société des Amis de la République séant à Vence, département du Var, à la Convention nationale (2). « Législateurs, « Grâces immortelles vous soient à jamais rendues de la Constitution populaire et vrai¬ ment républicaine que vous nous avez donnée et qui fut unanimement acceptée en cette ville, le premier août dernier, malgré les insinuations perfides des fédéralistes et contre-révolution» n aires de Marseille et de Toulon. Nous avons depuis renouvelé entre les mains des représen¬ tants du peuple près l’armée d’Italie, à Nice, le serment de vivre libres ou de mourir. « La République est en danger,' les satellites du despotisme souillent, dans quelques points, la terre sacrée de la liberté. Il existe encore trois Vendées dans l’intérieur, il serait impolitique et dangereux de remettre dans ces circonstances, le dépôt qui vous a été confié. Continuez donc, législateurs,, à lever vos mains sur la sainte Montagne _ jusqu’à l’extinction des troubles intérieurs et jusqu’à ce que les stipendiés des tyrans coalisés soient chassés du territoire de la République. « Empressez-vous d’organiser l’instruction publique, d’achever le code et de faire régner les seules lois. « Tel est le vœu des républicains vençois et de tous les vrais amis de la liberté et de l’égalité. « Délibéré à l’unanimité dans l’assemblée générale de la Société, le 6 octobre de l’an II de la République française, une et indivisible. « Jacques Bérenger, président; P. Hugues, Gairaud, secrétaires. » N° 51. La Société populaire de Tarrare (Tarare), à la Convention (3). « Citoyens législateurs, « Une Société naissante vient de s’établir dans la ville de Tarrare; les aspérités de nos mon-(1) Nous n’avons pu découvrir cette adresse. 2) Archives nationales, carton C 281, dossier 779. 3) Archives nationales, carton C 281, dossier 775. archivés Parlementaires. I an ir ( 20 novembre 1793 ! 196 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j L�emb�e 1793 tagnes qui retentissaient aux (sic) cris des fédéralistes, ne servent plus d’écho qu’aux canons et aux bombes qui foudroient les rebelles lyonnais; tandis que nos enfants s’élancent contre ces monstres, nous frappons de la foudre des lois les aristocrates, les fanatiques, les accapareurs et tous les ennemis de la République. Le citoyen Dorfeuille nous a fait sentir notre force, les traîtres de nos contrées tremblent de¬ vant nous, comme les satellites des despotes devant les armées que vous dirigez contre eux. « Nous sommes à notre poste, restez au vôtre, vous sauverez ie vaisseau de l’État. Nous avons du chêne dans nos montagnes, les couronnes civiques vous attendent, méritez-les. « Girard, président; Zein, vice-président; Dalbespierre -Lacroix ; D orfeuiixe, commissaire national; Barbier, secré¬ taire. » N° 52. Narbonne (1). N° 53. Adresse à la Convention nationale par la Société populaire et républicaine d’ Avignon (2). « Représentants, « Les habitants du département de Vaucluse, comblés plus particulièrement que tous autres des bienfaits de la Montagne, dont deux de ses membres, Rovère et Poultier, sont parmi nous, vous témoignent que jamais ils ne se sont senti plus de courage et de fermeté, tant à oublier les maux qu’ils ont soufferts pour devenir libres, qu’à combattre et vaincre les ennemis de la chose publique. Les deux représentants qui sont dans leurs murs ont mis toute l’intelli¬ gence et la sagesse que la localité exigeait pour mettre ces malheureuses contrées à la hauteur de la Révolution, et déjouer les infâmes manœuvres que les malveillants employaient pour la dé¬ truire. Rien ne leur a échappé jusqu’à ce mo¬ ment. Sans cesse occupés du bonheur et de la gloire des Vauclusiens, ces représentants ré¬ pandent les vrais principes du républicanisme, savent les faire adopter et chérir. Nous tou¬ chons au moment où, par une constance infatigable et des travaux les plus pénibles, ils feront disparaître l’égoïsme, le fanatisme et les vengeances pour faire triompher la vertu. Partout où leur présence devient nécessaire, ils en reviennent couverts de l’estime et de l’amitié des patriotes ; les aristocrates et les malveillants perdent courage et, partout, enfin, ils parvien¬ nent à faire aimer la Révolution. Il serait donc bien malheureux pour nous et pour la chose pu¬ blique qu’ils n’achevassent pas une si belle car¬ rière. Toutes les administrations formées sous leur égide s’entendent parfaitement avec eux. et les rouages de ce département com¬ mencent à développer un mouvement si bien (l]Nous n’avons pu découvrir cette adresse. (2) Archives nationales, carton C 281, dossier 775. concerté que la République entière en sentira les meilleurs effets. « L’opinion prononcée le plus généralement dans les cœurs des vrais patriotes vauclusiens, est que les fiers montagnards, qui composent la Convention, restent, malgré la tempête et les orages, au sommet de leur montagne, qu’ils y gardent leur poste jusqu’à ce qu’un temps calme et serein leur annonce que la patrie est sauvée. Déjà la loi a purgé cette ville de quelques traîtres et a fait tomber leurs têtes, par le rasoir de la nation; les fédéralistes, roya¬ listes et anciens suppôts de la divinité papale et imaginaire, sont à l’agonie, et nous, qui avons juré mille fois de soutenir la Montagne, qui ou¬ vrons tous les jours nos séances en son nom, et qui jouissons d’un département qui, organisé par deux montagnards, remplit nos vues et notre bonheur, nous jurons encore de périr tous plutôt que d'abandonner un pouce de terrain à nos ennemis. Fiers de nos serments, jaloux de notre gloire, nous saurons voler partout où le danger de la patrie et de nos frères de tous les départements nous appellera; nous vaincrons, ou en périssant, nos derniers soupirs rendront ces mots sacrés, et si cruels à nos ennemis : Vive la République ! vive la Montagne! » (Suivent 52 signatures.) N° 54. La Société républicaine de Saint-Marcellin, à la Convention nationale (1). « Saint-Marcellin, département de l'Isère, le 9e jour de la 3e décade du 1 er mois de la 2 e année de la République française, une et indivisible. « Citoyens représentants, « Les membres soussignés composant la Société républicaine de la ville de Saint-Marcellin, persuadés que le bonheur de la France est atta¬ ché au succès de vos travaux, n’ont cessé, dès les premiers jours de votre réunion, de tenir leurs regards fixés sur vous, et de vous considérer comme le plus ferme appui de leurs espérances. Les heureux effets que nous éprouvons de la sagesse de vos décrets et des mesures vigou¬ reuses que vous avez prises pour anéantir les efforts de nos ennemis et notamment de ces méprisables suppôts de l’aristocratie et du des¬ potisme, qui avaient su capter les suffrages de leurs commettants pour aller se placer dans le sein même de la Convention nationale, nous ont fait éprouver le besoin de vous en témoigner notre satisfaction. « L’histoire des autres nations nous apprend qu’il leur a fallu des siècles pour abattre les têtes des despotes et, encore en abattant ces têtes superbes, elles ne brisaient qu’en appa¬ rence les liens qui enchaînaient les peuples, puisque leur sceptre ne faisait que passer en d’autres mains, et qu’en laissant subsister la royauté, cet assemblage monstrueux de tous , (1) Archives nationales , carton C 281, dossier 775-