[Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [2 juin 1791,] 709 constances, et puisse l’union de sentiments qui mêle aujourd’hui nos regrets, continuer à cimenter les liens d’amitié et d’imérêtqui unissent nos deux nations! Tel est le vœu constant de nos cœurs, et personne ne le forme avec plus d’ardeur et de sincérité, que celui qui, en remplissant l’honorable devoir de transmettre l’expression d’un sentiment public, se félicite de pouvoir en même temps offrir l’hommage du profond respect et de la vénération avec lesquels il a l’honneur d’être, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur, « Signé : Th. JEFFERSON. » Philadelphie, 8 mars 1791. (Applaudissements à gauche.) Avant de vous donner lecture de la lettre des représentants de l’Etat de Pensylvanie, permettez-moi de vous donner connaissance de l’extrait de leurs délibérations : « Nous, députés delaRépubliquedePensylvanie, chambre des représentants, vendredi 8 avril 1791. « L’adresse à l’Assemblée nationale de France lue le 6 du présent mois, a été lue pour la seconde fois et adoptée à l’unanimité; en conséquence, il a été résolu, que l’orateur signerait ladite adresse par ordre de la Chambre et la transmettrait au Président de l’Assemblée nationale de France ». La lettre des représentants de l'Etat de Pensylvanie a été envoyée à l’ambassadeur de France en Angleterre qui l’a fait passer à M. le Président de l’Assemblée nationale; la voici : « Monsieur, « Les représentants du peuple de Pensylvanie ont unanimement manifesté le désir d’exprimer à l’Assemblée nationale de France les sentiments de sympathie qui les attachent à ses généreux travaux dans la cause de la liberté; ils lui adressent leurs félicitations bien sincères sur ses succès, dont ils ont suivi le progrès avec la plus tendre sollicitude et la plus vive satisfaction. « Une nation qui, déployant une politique si magnanime, et animée du plus noble enthousiasme, a si généreusement interposé sa puissance, prodigue ses trésors, et mêlé son sang avec le nôtre pour défendre la liberté américaine, a droit sans doute à la plus entière réciprocité de nos sentiments pour elle, et aux vœux les plus ardents que l’attachement et la reconnaissance puissent exprimer. « Profondément pénétrés de ces sentiments, nous regrettions sans cesse qu’un peuple brave et généreux, qui s’était fait volontairement le défenseur de nos droits, ne jouît pas lui-même des siens, et qu’après nous avoir aidés à nous placer dans le temple de la liberté, il ne retrouvât dans ses foyers que la servitude. Heureusement la scène a changé, et votre situation actuelle excite en nous tout ce que la sympathie la plus douce peut faire éprouver au cœur humain. « Nous voyons dans ce moment, avec des transports d’affection et de joie, le glorieux triomphe que vous avez assuré à la raison sur les préjugés, à la liberté et à la loi sur l’esclavage et sur le despotisme. Vous avez noblement brisé les fers qui vous attachaient à votre ancien gouvernement, et entrepris, aux yeux de l Europe étonnée, une Révolution fondée sur cet axiome pur et élémentaire, que le principe de tout pouvoir réside naturellement dans le peuple, qu’il en est la source, et que toute autorité doit émaner de lui. '< Cette saine maxime, sur laquelle reposent et dont se glorifient nos constitutions américaines, ne pouvait plus être inconnue ou négligée au milieu du foyer de patriotisme et de philosophie, qui, depuis longtemps, éclairait la France. « Nous nous félicitons de ce que votre gouvernement, quoique différemment organisé, offre une telle homogénéité de principes avec le nôtre, qu’il ne peut manquer de cimenter l’amitié qui nous unit par des liens encore plus étroits, puisqu’ils seront plus fraternels. « Pour preuve de cette disposition, nous pouvons vous assurer que les suffrages et les sentiments de nos concitoyens se réunissent unanimement dans la plus vive prédilection pour votre cause et pour votre pays. Nous prévoyons avec joie le bonheur et la gloire qui vous attendent, lorsque les ressources dont vous êtes entourés, ces richesses que la nature a répandues sur vous d’une main si libérale, auront acquis toute l’activité que doit leur donner un gouvernement libre. « Nous nous plaisons à espérer qu’aucune circonstance pénible ou malheureuse n’interrompra votre glorieuse carrière, jusqu’à ce que vous ayez complètement rendu au bonheur d’une égale liberté civile et religieuse, tant de millions de nos frères, jusqu’à ce que vous ayez complètement détruit les odieuses et arrogantes distinctions entre l’homme et l’homme, jusqu’à ce qu’enfin vous ayez fait gprmer dans l’esprit du peuple l’enthousiaste et généreuse passion de la patrie, au lieu de ces sentiments servilement romanesques, qui concentrent toutes les affections d’une nation dans la personne d’un monarque. ( Vifs applaudissements à gauche.) * Mais, tandis que nous consi rnrons avec respect et admiration les principes que vous avez établis, et que nous unissons nos vœux pour qu’ils puissent à jamais braver les attaques du temps, de la tyrannie ou de la perfidie, nous ne pouvons que nous réjouir de ce que, dans les progrès de votre Révolution, vous n’avez éprouvé qu’un petit nombre de ces crises convulsives. (. Murmures à droite.) qui se sont si souvent et si fortement renouvelées dans le cours de la Révolution américain e. ( Vifs applaudissements à gauche.) « Si notre vif intérêt pour vos succès pouvait s’accroître par quelques motifs étrangers, il suffirait sans doute, pour le porter à son comble, de la réflexion satisfaisante et philanthropique, que, par l’influence de votre exemple, les autres nations de l’Europe apprendront à apprécier et à rétablir les droits de l’homme, et que l’on verra devenir de plus en plus générales ces institutions politiques, dans lesquelles l’expérience aura développé à tons les yeux des principes favorables au bonheur de l’espèce humaine, et convenables à la dignité de notre nature » (Applaudissements.) « Par ordre de la Chambre des représentants : « Signé ; Wm Bingham, orateur. » « Philadelphie, 8 avril 1791. » Plusieurs membres : L’impression 1 M. Boutteville-Dumetz. Il faut en envoyer un exemplaire à M. l’abbé Raynal. M, Goupilleau. Je demande la parole. Plusieurs membres : Ce n’est pas fini I