SÉANCE DU 11 BRUMAIRE AN III (1er NOVEMBRE 1794) - N° 10 271 Dociles à vos commandemens, nos armées etonnent l’univers par des prodiges de valeur et par la rapidité de leurs conquêtes. Les tyrans ennemis de notre liberté, pâlissent d’effroi sur leurs trônes chancelans. Ils craignent de les voir bientôt s’ébouler et de périr misérablement sous leurs ruines. Votre sagesse doit maintenant s’appliquer à détruire les troubles intérieurs dont la République est encore affligée. Ouvréz il en est temp et faites couler abondamment en tous lieux les sources de l’instruction publique. C’est par là que vous détruirez tous les préjugés qui désolent encore nos campagnes. L’ignorance les a produits et l’ignorance les maintient, dissipez ses épaisses ténèbres et faites luire a tous les yeux l’auguste vérité. Combien d’hommes égarés ou séduits s’empresseraient de se rallier auprès de vous si l’on parvenoit à les désabuser! la douce persuasion aura sur eux un pouvoir plus grand que la force des armes. Frappez, exterminez, sans miséricorde les scélérats avides de carnage et de sang. Prenez, citoyens réprésentans des mésures salutaires pour faire cesser enfin l’horrible guerre et ne confiez l’éxécution de ces mesures qu’a des chefs courageux, habiles, expérimentés, dégagés de tout interest contraire au bien public et vrayement amis de la patrie et de l’humanité. Des hordes de chouans rodent autour de nous ; leurs émissaires sont venus jusques dans nos murs attaquer nuitamment l’arbre de la liberté et porter sur son tronc une main sacrilège. Nous frémissons de n’avoir pu découvrir les auteurs de cet attentat. Périssent ces infâmes brigans qui infestent plusieurs des départemens qui nous avoisinent, pénétrent aussi dans le notre et ne signalent leur présence que par le meurtre et le pillage ! nés dans le sein des convulsions politiques, ils disparoi-tront des que l’action régulière et uniforme d’une justice impartiale aura brisé le mouvement des passions désordonnés qui nous ont si violemment agités. Vous avez comblé nos voeux, citoyens repré-sentans en déclarant que vous resterez a votre poste jusqu’au moment où la Révolution sera consommée et où la république aura triomphé de tous ses ennemis, remplissez vos glorieuses destinées, elles sont liées à celles de la france et feront l’admiration de la postérité. Au Mans, le vingt sept vendémiaire an 3eme de la république française une et indivisible. Ménard, maire, Chaptain, secrétaire, suivent aussi 4 signatures d’officiers municipaux et 5 de notables. h \La société populaire et républicaine de Salins-Libre à la Convention nationale, s. d.] (39) (39) C 325, pl. 1407, p. 18. Unité, Indivisibilité de la République, Liberté, Egalité, fraternité ou la Mort. Citoyens Representans, La france offrait partout naguères le spectacle hideux de la tyrannie la plus intolérable. Le sang des hommes coulait à grands flots, en expiation de leur résistance à cette odieuse persécution. L’inquisition, les bastilles et les ins-trumens de mort multipliés partout, partout semaient la terreur. La postérité frémira en lisant l’histoire de ces temps déplorables, s’il se trouve un historien assés courageux pour tracer le récit de tant d’attentats contre l’humanité. Mais grâces immortelles soient rendues à la Convention nationnale, qui par son énergie salutaire a déjà débarrassé le sol de la liberté, des chefs de cette éxécrable conspiration. Comme à la suite d’un orage dévastateur, l’aspect du soleil rend à la nature son lustre et son éclat, les français à la vüe de l’adresse sublime que vous avés faite au peuple, renaissent à la liberté. Continués, braves Representans, d’ecraser les insectes vénéneux qui s’attachent à l’arbre de la liberté pour en déterminer la chute sur la représentation nationnale et sur tous les français. Que le gouvernement révolutionnaire, qui a sauvé la france soit maintenu dans toute son activité, mais qu’il soit inséparable de la justice. Que les conspirateurs, les intriguans, les ambitieux, les malveillans et tous les ennemis du peuple, de quelque masque qu’ils se couvrent, rentrent dans le néant. Comptés, Citoyens Représentans, comptés sur la force du peuple français ; il vous a honoré de sa confiance; vous pouvés tout ce que vous voudrés pour son bonheur. Ne soufrés pas qu’aucune corporation, ose rivaliser de puissance avec la vôtre, la seule légitime. Ce serait trahir les droits du peuple, qui n’a confié qu’à vous l’exercice de sa souveraineté. Vous resterés à votre poste jusqu’à ce que le régne de l’égalité et de la liberté soit impertu-bablement afermi, par la chûte des tyrans et des traitres : Vous en avés fait la promesse solemnelle au peuple. Nous vous sommons, pour notre part, de tenir vos serments. Recevés celui que nous faisons d’être à jamais unis à la représentation nationnale. Entendés nos bénédictions et que les cris répétés de Vive la République ! Vive la Convention ! la seule Convention ! dont retentit l’enceinte de nos séances, parviennent jusqu’à vous. Salut, respect, confiance. Quintard, président, Noël, vice-président et 4 autres signatures. i [Le conseil général révolutionnaire de la commune de Sedan à la Convention nationale, le 27 vendémiaire an III] (40) (40) C 323, pl. 1388, p. 38.