546 [Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES* [27 juin 1791. de la somme de 300 livres pour être employée à la solde des braves gardes nationales qui se dévoueront à la défense delà cause commune. Je vais déposer sur le bureau cette offrande consistant en un assignat de 300 livres, et je me félicite d’avoir été choisi par cet estimable citoyen pour être auprès de l’Assemblée nationale l’interprète de ses sentiments. » (L'Assemblée agrée ce don et ordonne qu’il en sera fait mention honorable dans le procès-verbal.) M. le Président. Une députation de L'assemblée électorale du département de Seine-et-Marne demande à présenter ses hommages à l’Assemblée; permet-elle qu’elle soit admise? (Oui! oui!) (La députation est introduite à la barre.) M. Pierre Tlieun, évêque du département de Seine-et-Marne. Messieurs, nous sommes députés de l'assemblée des électeurs du département de Seine-et-Marne; voulez-vous bien écouter l’expression de leurs sentiments? M. le Président. Monsieur, l’Assemblée nationale vous écoutera avec intérêt. L'orateur de la députation s’exprime en ces termes : « Messieurs, « Nous étions réunis dans le chef-lieu du département et nous allions procéder aux élections ordonnées par la loi du 29 mai. L’événement qui alarmait toute la France n’avait pu arrêter notre zèle. Nous avons au contraire pensé gue plus la chose publique est en danger, plus il importe que les bons citoyens se réunissent pour la défendre. « Vous avez, par votre décret du 24 juin, suspendu nos travaux : la loi parle ; nous nous empressons d’obéir. Nous avons seulement vérifié nos pouvoirs, alin d’assurer le titre des électeurs pour qu’ils puissent procéder incessamment dans leurs districts respectifs au remplacement des curés qui ont refusé de prêter le serment prescrit par la loi, ou qui l’ont rétracté. « Mais, avant de nous séparer, nous avons unanimement arrêté de renouveler entre vos mains le serment de vivre et mourir libres : nous jurons d’obéir à tous vos décrets, et notamment à ceux que vous avez rendus depuis la désertion du premier fonctionnaire public de l’Empire. « Continuez, sages législateurs, le grand ouvrage que vous avez entrepris; ne craignez pas qu’aucune puissance ose tenter de le détruire. Tous les patriotes sont unis plus que jamais ; les rivalités, les dissensions sont anéanties. C’est dans les grandes circonstances que les vrais amis de la liberté doivent se rallier autour de la loi, et se presser sous son égide sacrée. Elle seule peut sauver les Empires ; elle seule peut réunir tous les habitants d’une vaste contrée, les animer du même esprit, leur inspirer la même volonté, et faire de toutes les forces individuelles une seule force qui renverse tous les obstacles. Un peuple libre ne peut triompher que par la loi. « Vous êtes nos représentants, nos législateurs ; la puissance de la nation est entre vos mains. « Nous vous promettons un courage égal au vôtre, la plus prompte soumission à la loi. Nous avons juré de maintenir la Constitution; nous n’imiterons point ceux qui sont parjures à leurs ( serments. Toute volonté particulière doit fléchir devant la volonté de la nation. ( Applaudissements .) « Signé : Fouinoz, Bouillard, Bénard, Jolli-vet, Sauvage, Roze, F.-J.-T. Prévôt, J.-L-F. Godart, Comur, Barbé, Le Cocq, Le Roy, Borniche, Goureau, Hostain, La-barre, de Ligny, Avril Lorry, Brillad, Heurlier, Lambin aîné, Thevenon, Feuillu, Thibault, Frieotelle, Bronissant, Pour-rat, Barat, Mechelet, de Ligny, Coileau, Leclerc, Minard, Purgé, Jean Leroy, Courcelles, Belin, Geoffroy jeune, Laurent, Chalumeau, L. Marchand, Sarazin-Demarais, Gharré, Martin, Lecurez, Longuet, Gartault, Nouette, Martin, Faucher, Gourenot, Grandjean, J. de La Gaux, Bergeron, Simon Martin, Atfroi, Margny, Ginot, Baulan, Geollot, Lambert, curé; M. A. Gaillard, Et. Penancier, Girardot, Soullier, Garnot, Thouzard, Martin, Ra-qumard, Maillard-Chantelou, Bouraine, Bellot, Colmadaing, Dalleux, Gibert, Compagnon, Bellanger, Gallois, Latou-raille, Rouire, Beuve, Despinal, Bazilly, Berlin, Legras, A.-G. Brisnot, P.-G. Viat, Vignez, R. Detteville, Lefevre, Goisy, Ghabamany, Gorpachot, Magdelain, Qua-tresolz, Déchamp, Hardouin, üagron, Lienard, Lucien Noël, Pichonnier, curé d'Andreselles ; Hutteau, Nahuet, Damas, Bridon, Lesueur, Géant, Souchet, Prévôt, Chagot, Lefevre, curéd’Othis ; P.-S. Tlieun, évêque du département de Seine-et-Marne ; Fouquet, fi. Rondelet, Faudar, vicaire de la cathédrale ; Salmon, Ghobert, Chifolot-d’Armantier, Duhamel, Gardinal-Beau-repaire, Dësorme, Bailly, Marest, Dupor-tail, Bancetm, Courry, Lebesque, Roger, Thomé, Aussenard, Tracy, Monchanin, de la Casse, Bannissant, Corbilly, Goyer, Rémi, Lambert, E. Gitlard, Cordelier, notaire , Naret, Gouere, Denis Balastre, flervieux, Jérôme, Millet, Mallet, Picart, Regnier, Guesdin, Martin, B. Bertin, Jai-let, Golinard, Cadrtbert, Bourgeois, Michel, Gorveau, Gilbon, Pépin, Gourgnan, Jancourt, Bermer, la Richarderie, Vie-not-Vaublanc, Segretier, Delaistre, Marinier, Pierre Chevalier, Milet, J.-L. Pauly, Picault, Bénard de Saint-Etienne, Théodore Giot, Lecourageux. » M. le Président répond : « Dans une crise politique, excitée par des efforts contre la liberté publique, tout citoyen s’empresse à montrer son dévouement à la patrie, son zèle pour resserrer le lien social qu’en vain on a tenté de rompre. Cette crise n’a servi qu’à prouver qu’une organisation politique établie sur les principes du droit naturel, et fondée sur l’amour de la patrie, est indestructible comme l’amour de la liberté, lorsqu’une fois ce feu sacré brûle dans le cœur des citoyens français. « Les électeurs du département de Seme-et-Marne offrent à tous les électeurs l'exemple utile de la soumission à la loi. Bientôt ils nommeront nos successeurs; bientôt ils nommerontceux qui doivent consolider notre ouvrage. L’imposante fermeté de ce peuple nous assure que nos travaux pourront continuer avec la même activité, puisque son humanité généreuse a empêché les troubles intérieurs, et que sa fierté et sa contenance nous préserveront des efforts extérieurs. 547 [Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [27 juin 1791.] « L’Assemblée nationale, doublement satisfaite, et par votre conduite et par vos hommages, vous invite à assister à sa séance. » ( Applaudissements. ) V orateur de la députation / Nous sommes chargés par rassemblée électorale de rendre hommage devant les représentants de la nation au zèle et au patriotisme de ceux qui ont empêché le roi de sortir du royaume; nous sommes chargés de plus, par eux, de vous demander de prêter ici en leur nom le serment qu’ont prêté les citoyens de la ville de Paris. ( Applaudissements .) M. le Président lit la formule du serment. Les membres de la députation prêtent le serment au milieu des applaudissements. M. l