[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { IVovembre iras'1 253 j Suit la lettre de la Société montagnarde des « < 1 c 1 amis de la Constitution républicaine, séant à ArL A0- Tartas (1). « Il en sera dressé un état signé par le comman¬ dant, vérifié par un commissaire des guerres et visé par le directoire du département. « Cet état sera remis au ministre de la guerre, qui en ordonnera le payement. Art. 16. « Il sera disposé dans un bâtiment national un logement convenable pour y recevoir cent élèves; les prévôt, maréchal des logis et com¬ mandant y seront logés. Art. 17. «“Les élèves ne pourront être reçus dans l’école que depuis l’âge de 16 ans jusqu’à 18. Ils seront tenus de servir pendant la durée de la guerre. Art. 18. « Lorsqu’ils seront rendus aux corps de troupes à cheval qui leur seront désignés, leurs habille¬ ments seront renvoyés par les conseils d’adminis¬ tration à l’école d’où ils sont sortis. Art. 19. « Les élèves malades seront envoyés à l’hôpital militaire, et il leur sera fait à cet égard la même retenue qu’aux soldats. Art. 20. « Un commissaire des guerres fera, tous les mois, la revue des élèves; il en enverra au mi¬ nistre un état signé par le commandant, et visé par le directoire du département. « Cet état fera connaître les mutations surve¬ nues dans l’école. Art. 21. « La trésorerie nationale tiendra à la disposi¬ tion du ministre de la guerre une somme de 60,000 livres pour subvenir aux premières dé¬ penses de cet établissement (1). » La Société montagnarde des Amis de la Cons¬ titution républicaine séant à Tartas, demande la destitution de Saurine, de Cadroy et de Lefranc, députés du département des Landes, qui ont perdu leur confiance à cause de leurs principes de fédéralisme ; elle demande en outre que leurs suppléants, autres que Méricamp et Ramonborde, soient appelés. Mention honorable et insertion au « Bulle¬ tin » (2). La Société montagnarde des amis de la Consti¬ tution républicaine, séant à Tartas, à la Con¬ vention nationale. « Représentants du peuple français, « Le décret du 2e jour de la 2e décade du 1er mois de la 2e année de la République fran¬ çaise une et indivisible, rendra vos noms chers à la postérité la plus reculée; nos derniers ne¬ veux se diront : « Le berceau de la liberté fran-« çaise fut entouré de traîtres, il y en avait « dans le sein de la Convention nationale, leur « tête tomba sous la hache de la loi, et la li-« berté, l’égalité, la République française une « et indivisible, fut sauvée. » « Que cette image rafraîchisse votre sang échauffé par vos immenses travaux, qu’elle vous suive, lorsque, après avoir affermi sur des bases inébranlables le gouvernement républi¬ cain de la France, vous rentrerez dans vos foyers, qu’elle y soit la consolation de vos vieux jours et un grand exemple à vos enfants. « Vous avez fait beaucoup, mais pas assez, que faites-vous dans votre sein, de ceux-là qui, lors du jugement du monstre Louis Capet, vou¬ lurent, en votant pour le sursis, la réclusion ou l’expulsion, perpétuer l’anarchie, et par ce moyen ramener l’affreux despotisme, et de ceux plus coupables encore, qui, votant pour l’appel au peuple, voulurent parvenir aux mêmes fins, en nous donnant une guerre civile, dont l’effet eût été si terrible, que le sang fran¬ çais eût pu servir à un canal d’union du Rhin à la Bidassoa, du Rhône à la Loire. « O sainte Montagne, purifie ce marais dont les exhalaisons sont pestiférées, que l’explo¬ sion du volcan que tu recèles le comble de ses laves, chasse de la Convention nationale ces représentants coupables, qu’ils quittent Paris chargés de l’indignation publique, qu’ils se retirent chez eux pour s’y rassasier de mépris et de honte. « Trois députés de ce département : Saurine, Cadroy et Lefranc sont de ce nombre impur; puisse cette adresse se perpétuer d’âge en âge, et transmettre l’opprobre imprimé sur leur front j usqu’ aux derniers siècles. « Et vous, qui avez constamment demeuré dans les bons principes, Dartigoeyte, Ducos et Dyzès, recevez le juste tribut que vous doit notre reconnaissance. « Pour remplacer les députés que vous ren¬ verrez, vous appellerez sans doute leurs sup¬ pléants; ceux de ce département, Méricamp et Ramonbordes, n’en sont pas dignes, ils sont convaincus de fédéralisme et nous vous deman¬ dons de décréter qu’ils seront remplacés d’après le mode que vous jugerez être le plus conve¬ nable. « Nous avons une autre demande à vous faire. L’infâme Saurine est évêque de notre département, il a comblé la mesure de sa scélé¬ ratesse en protestant contre les décrets rendus ( 1 ) Procès-verbaux de la Convention, t. 24, p. 307 à 310. (2) Procès-verbaux de la. Convention, t. 24, p. 311. (1) Archives nationales, carton C 280, dossier 764. 254 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j inove’rXe 1793 ' le 31 du mois dernier, déclarez -le déchu de cette place. « Délibéré à Tartas, le 17 octobre 1793, l’an II de la République française une et indivisible. « Poymiro, président ; Lafitte, secrétaire ; Baffoigne, secrétaire. » On admet à la barre une députation de la sec¬ tion des Arcis; un citoyen de cette section pré¬ sente une pétition tendant à changer dans la République le nom des communes, des rues, places, etc., en adoptant un système de nomen¬ clature d’après toutes les vertus nécessaires au soutien de la République. Le pétitionnaire offre une esquisse de ce système pour quelques quar¬ tiers de Paris. Mention honorable et insertion au « Bulletin » de la pétition et de la réponse du Président (1). Compte rendu du Bulletin de la Convention (2). Un pétitionnaire admis à la barre a prononcé le discours suivant : Représentants du peuple français, il est une maxime connue de tous les législateurs : « Point de mœurs, point de République. » Le citoyen P. Chamouland, de la section des Arcis, jaloux d’asseoir les vraies bases de la République fran¬ çaise, a médité sur les moyens d’y parvenir. Le résultat de ces réflexions est qu’en familia¬ risant le peuple avec la vertu, on atteindra cer¬ tainement au but désiré. Une inscription multipliée des noms de toutes les vertus, qui s’offrira sans cesse aux yeux du peuple; le langage de la vertu qu’il sera forcé d’avoir à chaque instant sur les lèvres, fera passer aisément dans son âme le goût d’une morale pure, et, par suite, l’heureuse habitude pour sa pratique; mais il faut que ce langage soit clair, simple, s’explique de lui-même; il faut enfin que ce langage soit vraiment popu¬ laire. Toutes ces conditions se trouvent rem¬ plies dans une idée qu’il a présentée au con¬ seil général de la commune pour la régénération des mœurs dans Paris, idée qui renferme un but moral et physique. L’auteur a cru devoir le généraliser pour le plus grand bien de sa patrie. En voici l’exposé exprimé d’une manière brève. La France sera regardée comme une espèce de livre moral ouvert; les communes, petites et grandes, seront divisées en arrondissements particuliers, dont chaque place publique sera le centre. Toute place publique représentera un chapitre de ce livre de morale, qui portera pour titre le nom d’une vertu principale, qu’on choisira analogue, soit à quelque époque remar¬ quable qui s’y sera passée dans notre Révolu¬ tion, soit à des établissements publics qu’elle renfermera dans son enceinte. Chaque rue, affectée à l’arrondissement de cette place, sera comme une section de chapitre de ce même livre de morale, et sera distinguée par le nom (1) Procès-verbaux de la Convention, t. 24, p. 311. (2) Supplément au Bulletin de-la Convention du 4e jour de la 2e décade du 2e mois de l’an II (lundi 4 novembre 1793). d’une vertu, sœur de la vertu principale-, l’ad¬ jectif républicain accompagnera les noms des divers ponts, postes, barrières et routes de tous ces endroits, les rues exceptées, afin que ce mot rappelle sans cesse au peuple que le vrai répu¬ blicain doit posséder telle ou telle vertu. Quoique cette idée soit très simple, l’auteur va la rendre encore plus sensible par quelques exemples particuliers pris dans Paris. Le Palais national s’appellera, par exemple, Temple ou Centre du républicanisme; qu’on ne se serve plus de ces mots : palais ou hôtel ; ils ne conviennent point à la simplicité républicaine. La place du Parvis-Notre-Dame se nommera place de l’Humanité; l’Hôtel-Dieu, Temple de l’ Humanité républicaine; la place du Palais, place de la Justice; la Halle, place de la Fru¬ galité républicaine, etc... En passant maintenant aux rues d’arron¬ dissement, par exemple à celles de la place de la Justice, on y rencontrera la rue de la Sévérité, de l’Impartialité, de l’Équité, etc.; enfin, de toutes les vertus qui auront un rapport direct avec la justice. De même, pour la place de la Frugalité républicaine, il y aura, à chaque ins¬ tant, le mot d’une vertu dans la bouche, et bientôt la morale dans le cœur. Rappelez-vous, législateurs, cette belle maxime de Condillac : Nous ne pensons qu’avec le secours des mots. Le but physique de cette idée est aisé à sentir. Un citoyen ne connaîtra pas Paris ou toute autre commune. Il aura besoin, par exemple, dans la rue de la Tempérance; il saura que cette rue ne peut être que dans l’arrondisse¬ ment de la place de la Frugalité, parce que la Tempérance est sœur de la Frugalité. Il ne lui sera pas alors difficile de se diriger vers le point où. ses affaires l’appelleront. Béponse du Président. Vous avez conçu une idée grande et qui honore tout à la fois votre âme et votre génie. C’est surtout dans ce moment, où la raison s’occupe d’effacer les caractères de la supers¬ tition et de l’erreur, qu’il importe d’imprimer partout ceux de la vertu. Citoyen, vous avez dit une vérité éternelle : sans mœurs, point de félicité publique, point de liberté. La Conven¬ tion nationale applaudit à votre civisme et à votre patriotisme, et vous accorde les honneurs de la séance. Compte rendu du Moniteur universel (1). Une députation de la section des Arcis est admise à la barre. E. Chamouleau, orateur de la députation (2). Il est une maxime incontestable, connue de tous les législateurs : point de mœurs, point de République. En familiarisant le peuple avec la vertu, on fera passer aisément dans son âme le goût d’une morale pure, et par suite l’heu¬ reuse habitude pour sa pratique. Pour arriver à ce but, il propose de faire faire au peuple un (1) Moniteur universel [n° 46 du 16 brumaire an II (mercredi 6 novembre 1793), p. 186, col. 2]. (2) Auteur du Plan d'un établissement national d'humanité, etc. (Note du Moniteur.)