264 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE tes... Nous vous dévoilerions les infâmes machinations qu’il ourdit continuellement contre la Nation française. Nous vous montrerions l’assassinat, le poison, l’incendie, mis par lui à l’ordre du jour. Mais il nous suffira de vous rappeler que la Convention a déclaré PITT, l’ennemi de l’humanité; qu’elle a décrété qu’il ne seroit à l’avenir fait aucun prisonnier Anglois, pour vous convaincre qu’il est du devoir de tous les amis de la liberté et de l’égalité, de concourir de la totalité de leurs moyens à la trop juste punition que mérite cette insolente cité. Lorsque les cavaleries Prussiennes et Autrichiennes osèrent disputer la victoire aux républicains, les cavaliers Jacobins se levèrent en masse, et la fixèrent pour jamais aux drapeaux de la République. Ce que l’énergie des patriotes a fait pour les armées de terre, elle peut l’exécuter pour les armées de mer. Londres n’est audacieuse que parce qu’elle se rassure sur les mers qui la séparent du territoire de la République, et qu’elle espère par la supériorité du nombre de ses vaisseaux, se mettre à l’abri de la vengeance des Carmagnoles. Mais montrons à ce tyran des mers que nul obstacle n’est insurmontable aux républicains, qu’ils sauront proclamer et maintenir les droits de l’homme, sur cet élément, comme ils l’ont fait sur terre. Faisons donc une levée en masse de tous les moyens des patriotes, pour porter rapidement la marine de la République au degré de force où elle doit arriver; et que cette nouvelle Carthage apprenne dans l’histoire de l’ancienne, le sort qui l’attend bientôt. Nous avons cru que la manière la plus efficace de remplir le but que nous nous proposons, étoit que chaque Société ouvrît une souscription où les citoyens seroient invités de venir faire leur offrande à la patrie, pour accélérer l’organisation d’une marine redoutable. Vive la République ! Vive la Montagne ! Signé Gaillard, président; Demorande, Frarier, Louvrier, Copinet, secrétaires. [Extrait du procès-verbal de la Société populaire de La Clayette, chef-lieu de canton, district de Marcigny, département de Saône-et-Loire]. cejourdhui, dix thermidor, l’an deux de la République française, une et indivisible, la société s’est assemblée sur les deux heures et demie du soir, au lieu ordinaire de ses séances, en exécution d’une délibération prise par la municipalité, de concert avec les commissaires nommés par la société, dans la séance du jour d’hier, le président a annoncé dans un discours, le but de la fête, qui étoit de célébrer le généreux dévouement et l’héroïsme prématuré des jeunes citoyens Bara et Agricol Viala, morts en défendant leur patrie, et auxquels la Convention nationale a décerné les honneurs du Panthéon français. Après ce discours, les membres de la société, les citoyens des tribunes, la municipalité et le comité de surveillance tous réunis, se sont rendus en masse auprès de la montagne et des arbres chéris de la liberté, au bruit des caisses et autres instrumens de guerre, en chantant des hymnes patriotiques. Arrivés à la montagne : le maire a prononcé un discours analogue à la fête, qui a été célébrée de la manière la plus républicaine, la plus simple et la plus touchante. Tous les citoyens y ont pris beaucoup de part, et ont témoigné leur joie par des chants d’allégresse : les cris mille et mille fois répétés de vive la Convention, vive la Montagne, vivent les troupes de la République, se sont fait entendre à plusieurs reprises. Ensuite étant retourné dans la salle de la société, la séance a été ouverte par le président de la manière accoutumée. Après la lecture du bulletin des lois, des papiers-nouvelles et de la correspondance, on a fait celle du procès-verbal de la dernière séance, dont la rédaction a été approuvée. Un membre ayant développé avec force et énergie les crimes du gouvernement anglois, et fait sentir la nécessité d’augmenter notre marine, l’assemblée entière s’est levée par un mouvement sublime et spontané, et sur-le-champ il a été proposé d’ouvrir une souscription pour aider à la confection d’un vaisseau; d’écrire aux comunes du canton, pour les inviter à y contribuer, et de faire une adresse à toutes les sociétés populaires du département, aux fins de leur rappeler les crimes nombreux du gouvernement britannique, et les engager, au nom de la patrie, à en agir de même, comme un moyen infaillible de donner bientôt à la marine de la République, sur celles de ses cruels ennemis, la même supériorité que nos armées de terre se sont acquises sur les esclaves des tyrans coalisés. Ces propositions ayant été mises aux voix, elles ont été arrêtées par acclamation et à l’unanimité. Il a de plus été arrêté que l’adresse aux sociétés populaires, et extrait du présent procès-verbal, seront envoyés au président de la Convention nationale; et la société a chargé son comité de correspondance de l’exécution desdits arrêtés, et a levé la séance aux acclamations de vivent la République et la Montagne ! Signé sur le registre, Gaillard, président; Demorande, Louvrier, Copinet, Frarier, secrétaires. 30 L’agent national du district de Dol, département d’Ille-et-Vilaine, écrit à la Convention qu’un bien d’émigré, estimé 16 899 L a été vendu 46 405 L. Insertion au bulletin (49). 31 Les citoyens des diverses communes de la République, réunis à leurs frères de Beau-caire, département du Gard, applaudissent (49) P. V., XLV, 76. SÉANCE DU 19 FRUCTIDOR AN II (5 SEPTEMBRE 1794) - N* 32-35 265 aux glorieux travaux de la Convention et aux victoires des armées de la République. Ces citoyens ont déposé à la municipalité de Beaucaire la somme de 11 081 L, produit d’une collecte patriotique, au profit des veuves et enfants des héros morts sur le vaisseau le Vengeur. Les républicains Génois en foire à Beaucaire ont concouru au don. Mention honorable et insertion au bulletin (50). 32 Dejean, chef du deuxième bataillon du Calvados, fait hommage d’une ode sur la conjuration de Robespierre. Mention honorable de l’hommage, et renvoi au comité d’instruction (51). La société populaire du Cosne-sur-Loire [département de la Nièvre] propose ses craintes sur le relâchement du gouvernement révolutionnaire : elle ajoute qu’il est nécessaire d’éloigner du gouvernement tous les aristocrates. Mention honorable et insertion au bulletin (52). 34 Celle de Luzy [département de la Nièvre] rappelle les divers dons qu’elle a faits sur l’autel de la patrie. Elle fait passer au creuset national toute l’argenterie de sa ci-devant église. Mention honorable et insertion au bulletin (53). [La société des amis de la liberté et de l’égalité de Luzy à la Convention nationale, le 18 thermidor an II\ (54) Citoyens Représentons, C’est avec le plus vif attendrissement que nous avons aujourd’hui à vous entretenir de vos sublimes travaux et des glorieux triomphes de nos armées, sous le règne affreux du despotisme, courbé sous le joug infâme de la tyrannie et de la supertition, longtemps abusés par des erreurs et des chimères, cette commune sourit aux premiers rayons d’un régime qui devait la délivrer de ses oppresseurs, elle témoigne son vœu prononcé pour la révolution et applaudit toujours avec enthousiasme aux efforts géné-(50) P.-V., XLV, 76. Bull. 19 fruct. (suppl.). (51) P.-V., XLV, 76. Bull. 19 fruct. (suppl.). (52) P.-V., XLV, 77. (53) P.-V., XLV, 77. Bull. 19 fruct. (suppl.). (54) C 318, pl. 1 294, p. 16. reux de ses partisans. Dès l’organisation des premières phalanges de la Liberté, elle offrit à la Patrie plusieurs défenseurs, des pères de familles même se signalèrent par leur dévouement et ne craignirent point de sacrifier leurs affections les plus chères à l’honneur de combattre les tyrans. Plusieurs autres animés du même zèle, guidés par des motifs non moins puissants, se dépouillèrent eux-mêmes en plusieurs circonstances pour équiper les valeureux soldats. Entre autres occasions tout a été mis à la disposition de la patrie, chemises, toiles, fils, chaussures, bas, souliers, chacun s’est empressé de déposer son offrande particulière, le numéraire, l’argenterie est partie pour le creuset national, les emblèmes de la liberté ont remplacé les figures odieuses de la tyrannie et les cloches ont été grossir la main terrible de l’airain destiné à renverser les hordes barbares de l’orgueil et du despotisme. A peine la patrie a-t-elle tourné ses regards sur la fabrication du salpêtre qu’un atelier est établi aux frais de cette commune, tous les citoyens se sont hâtés de contribuer à sa prompte organisation et déjà le succès a rempli nos espérances et plusieurs quintaux de ce foudre propre à anéantir les hordes des tyrans et des suppôts de la tyrannie, ont été fournis aux agents de la République. Tels sont, citoyens Réprésentans, les sentiments magnanimes qui ont toujours caractérisé les citoyens de Luzy, telle est la marche heureuse et rapide qu’ont toujours obtenu les lois révolutionnaires. Leur prompte exécution est un gage assuré de notre reconnoissance envers leurs auteurs. Ce n’est pas sans frémir d’indignation et d’horreur que nous avons appris les coupables desseins doublés [?] de scélératesse sur nos représentants, colonnes inébranlables de la souveraineté nationale, en applaudissant au supplice de ces assassins exécrables, nous avons reconnu le génie de la liberté qui a encore une fois sauvé la France et l’œil vigilant qui a encore déjoué des projets liberticides. Sages Législateurs, continuez d’aussi heureux travaux, dirigez au port le vaisseau de la République que vous a confié l’intérêt de la patrie. Le peuple enfin est debout, des années innombrables sont prêtes à frapper, guidez leurs efforts et que le dernier des vils émissaires de nos ennemis disparaisse, que le patriotisme triomphe. Notre courage est invincible, nous scavons moins, nous pouvons faire plus, nous scaurons vaincre. Salut et fraternité. Les membres du comité de correspondance Bouin, Cerny 35 Le comité de surveillance des jacobins de Toulouse donne avis à la Convention, que depuis le décret qui ordonne la mise en liberté des agriculteurs, les aristocrates lèvent la tête, et qu’ils font des menaces aux patriotes.