530 [Convention nationale.] ARGHIW; PARLEMENTAIRES, j |g novembreT793 Et toi, Montagne, achève ton ouvrage; le peuple te chérit et reconnaît en toi ses amis. » L’orateur ajoute que dans la seule cave du ci-devant ministre Amelot, il a été trouvé des dia¬ mants et des effets précieux qui s’élèvent à une somme plus considérable qu’il ne faudrait pour nourrir, équiper et armer 1,000 sans-culottes. Il représente le brevet d’une pension annuelle de 40,000 livres « accordée, dit-il, à l’ineptie de l’homme pour prix des bassesses du courtisan ». Mention honorable, insertion au « Bulletin » (1). Suit V adresse de la section de la Fontaine-de-Qrenélle (2). Adresse de la section de la Fontaine-de-Grenelle à la Convention nationale. « Représentants du peuple, « Le despotisme était tombé sous les coups tout puissants du peuple ; un monstre, jadis son appui, lui survivait ; la superstition exerçait encore ses ravages dans les départements fran¬ çais, elle armait, dans la Vendée, le frère contre le frère, le citoyen contre le citoyen et repro¬ duisait, sous les yeux même des représentants de la France, les crimes qui ont souillé l’his¬ toire trop longue de la chrétienté. « Un soleil nouveau est sorti de la Montagne tutélaire de la France; il a dissipé les ténèbres qui obscurcissaient depuis trop longtemps la : philosophie et la raison. La vérité a repris ses * droits, le peuple est libre enfin, dégagé des pré¬ jugés qui F avaient asservi. « Le fanatisme traînait après lui tous les vices; un luxe scandaleux était le prix de l’im¬ posture. L’idole est renversée, nous vous apportons ses dépouilles. Puissent ces richesses entassées par le crime servir au triomphe de la vertu et purifier leur source corrompue, en passant au creuset du patriotisme; que ces métaux, que ces hochets de l’ignorance servent la liberté contre les tyrans qui en faisaient na¬ guère les instruments de leur domination. « Un temple d’un culte puéril existe dans notre section. Bientôt les emblèmes de la sottise vont disparaître et la statue de la liberté va occuper une place trop longtemps prostituée à l’erreur. « Source de tous les biens, principe de toutes les vertus, liberté, divinité chère à nos âmes, répare par tes bienfaits les maux que fit à l’humanité cette religion, qui usurpa, sous de vils despotes, des adorations qui ne sont dues qu’à toi. « C’est devant ton image sacrée que nous fabriquerons des armes pour te détendre. Electrisé par ce spectale ravissant, l’ouvrier trouvera le travail plus facile; tu agrandis son être ; il doublera ses efforts, brûlera de te servir et oubliera sa fatigue en portant un regard fier et sensible sur ta statue révérée. « Ainsi ce temple, régénéré par les vertus du sans-culotte, sera digne d’être l’une des écoles de la morale sublime que le Français va puiser dans les travaux de ses fidèles représentants. « Achève ton ouvrage, Montagne sur la-(1) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 337. (2) Archives nationales, carton C 281, dossier 774. quelle sont assis les fondements de la prospé¬ rité publique, ne laisse aucun repos aux tyrans et aux traîtres. Le peuple, ton souverain, t’a prouvé qu’il chérit ton énergie et qu’il recon¬ naît en t oi ses amis . « Les commissaires nommés par V Assemblée générale de la section de la Fontaine-de-Grenelle. « Raissin; Laugier. » Compte rendu du Bulletin de la Convention (1). La section de la Fontaine-de-Grenelle, de Paris, a applaudi au triomphe de la raison sur le fanatisme. (Suit un extrait de V adresse que nous insé¬ rons ei-dessus d'après un document des Archives nationales). Cette section a déposé une grande quantité d’argenterie qu’elle a découverte dans les caves des aristocrates de son arrondissement, ainsi qu’un brevet de 12,000 livres de pension sur le trésor ci-devant royal, en faveur de la femme de l’ex-ministre Amelot. Mention honorable. Lettre de Taillefer, représentant du peuple, par laquelle il se plaint des calomnies répandues contre lui, et entre dans les détails de sa justi¬ fication. Renvoyée au comité de Salut public (2). Suit la lettre de Taillefer au Président de la Convention (3). « Citoyen Président, « Je te prie de mettre l’incluse sous les yeux de la Convention nationale et de ne pas en retarder la lecture. « Salut et fraternité. « Taillefer. « Cahors, le 22 brumaire. » « Législateurs, (4) « On m’a calomnié près de vous. Quiconque me dénonce, ou m’a dénoncé, est aristocrate (1) Bullelin de la Convention du 1er jour de la lre décade du 3e mois de l’an II (jeudi 21 no¬ vembre 1793). D’autre part, le Mercure universel [1er frimaire an II (jeudi 21 novembre 1793), p. 12, col. 1] rend compte de l’admission à la barre des citoyens de la section de la Fontaine-de-Grenelle dans les termes suivants : « La section de la Fontaine-de-Grenelle est admise. Elle dépose 3 brancard couverts de vaisselle d’ar¬ gent et de vermeil, trouvée dans la cave d’ Amelot, receveur des contributions, et en arrestation. « Il y « a de quoi, dit l’orateur, armer et équiper plus « de 1,000 défenseurs de la patrie. » (Applaudisse¬ ments. ) « Mention honorable du zèle des citoyens de la section de la Fontaine-Grenelle. » (2) Procès-verbaux de la Convention, t. 25, p. 337. (3) Archives nationales, carton AFn 170, pla¬ quette 1396, pièce 27. (4) Archives nationales, carton AFii 170, pla¬ quette 1396, pièce 28. Aulard ; Recueil des actes et de la correspondance du comité de Salut public, t. 8, p. 386.