46 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. 4f Ponts, annoncent, ïe 12, f. que la colonne dn géné¬ ral Taponier, apTès s’être battue pendant trois jours, sans avoir pu tourner l’ennemi, s’est aussi retirée en bon ordre sur Homburg et a perdu son trésor consistant en 300,000 livres. (I) Le général de division Dièche, commandant celle de Strasbourg, écrit le 1 1 frimaire : « Hier, l’armée a eu un avantage considérable ; elle s’est battue toute la journée. Notre droite a repoussé l’ennemi au delà de Gambsheim; les redoutes ont été enlevées à la baïonnette ainsi que les hauteurs qu’il occupait. Il a perdu beaucoup de monde. La gauche a aussi gagné du terrain. Il est inutile de dire qu’aucun répu¬ blicain n’a fui. Depuis que nous avons des géné¬ raux sans-culottes, on ne connaît pas ça. « Quelques blessés, que nous avons eus, criaient de toutes leurs forces en entrant à Strasbourg : « Vive la République! Ça va! Ça ira ! mon sang coule ! » Un autre : « J'ai mon bras emporté, mais je m'en /. . . Ça va ! Ça ira ! » Enfin, on ne peut se faire une idée de leur dévouement à la République. » Le général Pichegru informe le ministre de la guerre que nous avons chassé l’ennemi de Gambsheim et de Betnafeim; mais que la divi¬ sion du centre, commandée par Feriur, après après avoir enlevé plusieurs redoutes aux émi¬ grés, a été mise en déroute par la cavalerie ennemie et a perdu quelques canons. Les administrateurs du département d’Indre-et-Loire annoncent que les brigands, après avoir évacué Laval, se sont portés sur Sablé et La Flèche qu’ils ont pillés. Tours, Angers, Saumur, sont menacés. Dans la première com¬ mune on a coupé les ponts et rangé les bateaux sur la rive opposée à la horde catholique. Les représentants du peuple ont déclaré Saumur en état de guerre. Les brigands assiègent Angers au nombre de 2,000 hommes et doivent, dit-on, y prendre leurs quartiers d’hiver; mais la garnison a fait une sortie et l’ennemi est cerné. L’avant-garde de la garnison de Mayence, entrée à La Flèche après le départ des brigands, leur a tué 600 traîneurs. La nudité, la faim, les maladies les maltraitent encore plus et ils ne semblent trouver une apparence de courage que dans leur désespoir même. Le général en chef Dugommier écrit d’Ol-lioules, le 10 frimaire : « Cette journée a été chaude, mais heureuse. Depuis deux jours, une batterie essentielle à notre place faisait feu sur Malbosquet et inquiétait beaucoup ce poste et ses environs. Ce matin, à cinq heures, l’ennemi a fait une sortie vigoureuse qui l’a d’abord rendu maître de nos avant-postes. Mais bientôt, ral¬ liant nos forces, nous avons vivemem repoussé les ennemis qui, se repliant de tous côtés, ont laissé sur le terrain un grand nombre de morts et de blessés. Cette sortie enlève à leur armée plus de 1,200 hommes tant tués, que blesssés ou faits prisonniers. Parmi ces derniers sont plu¬ sieurs officiers d’un grade supérieur et leur général en chef, M. Ohara, blessé d’un coup de feu au bras droit. « Cette action, qui est un vrai triomphe, est (1) Voy, ci-dessus, même séance, p. 31, le texte exact de la lettre de Soubrany et Richaud, d’après M. Aulard, datée de Deux-Ponts, 12 frimaire. d’un excellent augure pour nos opérations ulté¬ rieures; car, que ne devons-nous pas attendre d’une attaque concertée et bien mesurée, lorsque nous faisons bien à l’improvistel » III. Compte rendu de Y Auditeur national (1). Barère, au nom du comité de Salut public, a communiqué les nouvelles des armées. Les représentants du peuple Richaud et Soubrany et le général Hoche écrivent de Scho-neberg et de Deux -Ponts, en date des 11 et 12 frimaire (2), que des défauts d’exécution dans des mouvements combinés, ayant donné le temps à l’ennemi de recevoir un r en for: de 10,000 hom¬ mes, les troupes de la République ont été obli¬ gées à la retraite, pour ne pas engager un combat trop inégal avec un ennemi ayant le double de forces. Cette retraite s’est faite avec le plus grand ordre sur Limbach, Homburg et Deux-Ponts, sans avoir éprouvé d’autre perte que celle du trésor, qui renfermait 300,000 livres et qui était égaré. C’est après un combat opiniâtre de trois jours, avec un ennemi bien supérieur en hommes et en canons, que cette retraite s’est effectuée. Les représentants et le général s’occupent en ce moment à faire défiler les prises faites en pays ennemis. L’on y a trouvé plus de 700,000 sacs de blé, une grande quantité d’argenterie d’églises et d’aristocrates, des draps, des souliers et beaucoup d’autres effets qui seront d’une grande utilité aux troupes de la République. Le général de l’armée du Rhin écrit de Stras¬ bourg, en date du 12, qu’une division de l’ar¬ mée s’est emparée des postes de Bethnoffen et Gnosselle où l’ennemi a perdu beaucoup de monde. Une autre division, repoussée par la cavalerie ennemie, a perdu quelques canons. Cet échec a été occasionné par la perte du com¬ mandant fait prisonnier au commencement de l’action. Le général Jourdan écrit du quartier général d’Avesnes, sous la date du 14, que les avant-postes de l’ennemi ayant été attaqués par une de nos divisions, il a perdu beaucoup de monde, qu’on lui a fait 150 prisonniers et que Landrecies a été approvisionné. . La correspondance des représentants du du peuple dans le département d’Indre-et-Loire, celle des administrateurs et du comité de cor¬ respondance, donne pour résultat que les rebelles de la Vendée, qui paraissent vouloir regagner leurs anciens repaires, ayant pris et évacué Laval, Sablé et La Flèche, se sont pré¬ sentés devant Angers pour en faire le siège, mais qu’ils y ont été battus par la garnison et l’avant-garde de l’armée de Mayence, qui leur ont tué 5 à 600 hommes. Les lettres s’accordent à dire que ces brigands qui traînent avec eux une grande quantité de prêtres, de femmes, de vieillards et d’enfants, sont accablés de faim, de misère, de malpropreté et de lûaladies. Leur (1) Auditeur national [n° 441 du 17 frimaire an II (samedi 7 décembre 1793), p. 7]. (2) Voy. ci-dessus, même séance, p. 30 et 31, le texte exact des deux lettres de Soubrany et Richaud, d’après M. Aulard, datées de Schôneberg, 11 fri¬ maire, et Deux-Ponts, 12 frimaire. [Coaventiou nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j « Sé“Store“7S3 dessein paraît être de repasser la Loire, mais les mesures sono prises pour les en empêeher. Une lettre du commandant de Saumur an¬ nonce que cette place est déclarée en état de siège et bien fortifiée, que le Pont-de-Cé, ainsi que tous les passages, sont bien gardés. Enfin, une dernière lettre du représentant du peuple Guimberteau (1), écrite de Tours, le 14, annonce qu’une sortie de la garnison d’Angers a repoussé les rebelles sur tous les points, que les mesures sont prises pour les empêcher de repasser la Loire et que les habitants de Tours, dont on a mal à propos inculpé le patriotisme, ne font en¬ tendre que le cri de : Vive la République! La mort aux brigands ! bien résolus de périr jusqu’au dernier plutôt que de se rendre s’ils étaient attaqués. Le rapporteur fait ensuite connaître les dé¬ pêches de l’armée devant Toulon. Il commu¬ nique d’abord une lettre reçue de Londres par le ministre de la guerre, apprenant que le gou¬ vernement anglais, craignant l’effet de la di¬ vision parmi les troupes alliées, a nommé et envoyé pour commandant à Toulon, Ohara, que les rois coalisés se disposent à y faire pas¬ ser leurs contingents d’hommes, et que même le pape doit y en envoyer 2,000. La seconde lettre que lit Barère est du repré¬ sentant du peuple Saliceti (2), datée d’Ollioules le 10. Elle annonce que l’ennemi, voyant qu’il ne pourrait se maintenir à Toulon, s’il laissait subsister une batterie disposée contre le fort Malbosquet, a fait une sortie pour s’en emparer et qu’il en est d’abord venu à bout. Mais bientôt la valeur républicaine a réparé cet échec; la batterie a été reprise et l’ennemi repoussé la baïonnette dans les reins. Il a perdu beaucoup de monde. Nous lui avons fait 200 prisonniers, parmi lesquels se trouve le commandant de la place, le général Ohara, blessé au bras, un colonel espagnol et plusieurs autres officiers de marque. De notre côté nous avons eu 40 tués et 100 blessés. Une autre lettre, écrite par le général Dugom-mier, qui a été légèrement blessé, confirme cette bonne nouvelle, il assure que la perte de l’en¬ nemi, en tués, blessés et prisonniers est au moins de 1,200 hommes. Il fait un grand éloge de la bravoure et de la tenue des troupes de la Répu¬ blique. IY. Compte rendu du Journal de Perlet (3). Barère donne lecture des nouvelles parve¬ nues au comité de Salut public. Au Rhin et à la Moselle, nos braves soldats se battent avec une bravoure incroyable contre un ennemi fortement retranché et qui reçoit tous les jours de nouveaux renforts. Dernière¬ ment, nous avons perdu dans une retraite le trésor consistant en 300,000 livres; un de nos généraux a été fait prisonnier. (1) Voy. ci-dessus, même séance, p. 32, le texte exact de la lettre de Guimberteau, datée de Tours, 14 frimaire. (2) Voy. ci-dessus, même séance, p. 33, le texte exact de la lettre de Saliceti, datée d’OIliouies, 10 frimaire. (3) Journal de Perlel [n° 441, du 17 frimaire an II (samedi 7 décembre,. 1793), p. 52]. 47 Le 8 frimaire, nous avons enlevé à l’ennemi deux redoutes et lui avons tué beaucoup de monde. Le 13, une colonne l’a chassé de deux villages. mais la division du centre a été déroutée par la cavalerie prussienne et nous avons perdu quelques pièces de canon. Au nord, nos troupes, à la faveur d’un brouil¬ lard, sont tombées sur les hussards ennemis, les ont dispersés et leur ont pris beaucoup de mous¬ quetons, sabres, manteaux et 117 chevaux qui ont été conduits à Réunion-sur-Oise. A la Vendée, les rebelles se sont portés, de Laval sur Ch ât eau - Go ntier et La Flèche. Us se sont emparés de Chemillé. Le canon a grondé le 13 frimaire sur tous les points, du côté d’An¬ gers, qui est bien fortifié, bien gardé. Les rebelles ne pourront passer le Pont-de-Cé, comme ils paraissent l’avoir résolu. Saumur a été proclamé en état de siège. Le 14, La Flèche a été évacuée. Les rebelles ont perdu 300 hommes auprès d’Angers. Us sont cernés à l’ouest et au nord-ouest. Les dispositions sont faites pour empêcher le passage de la Loire. L’année catholique est dans un piteux état. Au midi, les rebelles de Toulon se sont portés le 13 sur l’aile gauche de notre armée. Ils se sont d’abord emparés de nos avant-postes et d’une batterie; mais les républicains se sont ralliés, les ont attaqués, et la victoire n’a pas été long¬ temps incertaine. Nos avant-postes et la batte¬ rie ont été repris et les rebelles forcés de rentrer dans Toulon. Nous leur avons tué 400 hommes et fait 200 prisonniers, parmi lesquels on distingue le général Ohara, leur commandant en chef, et un général espagnol, aide-de-camp du général Gravi na. Leurs blessés sont au nombre de 600 hommes environ. Nous n’en avons eu que 180 et 40 autres tués. Le général Leygonier (Dugommier) a reçu un coup de feu au bras. Nous avons pris, en outre, aux Anglais, un grand nombre de tentes. (Vifs applaudissements.) V. Compte rendu du Journal des Débats et des Décrets (1). Barère, rapporteur du comité de Salut pu¬ blic, dit : Le comité voudrait n’avoir que des succès à vous annoncer : mais tel est le sort de plusieurs armées agissantes à la fois sur plusieurs points de la République, qu’il faut voir partager entre elles les hasards de la guerre. Voici les résultats : Aux armées du Rhin et de la Moselle bravoure inouïe, des succès retardés; au nord, des succès réels; à la Vendée, les bri¬ gands cherchent à rentrer dans leurs anciens re¬ paires. Au midi, succès constants, une conduite courageuse. Voici des détails. Ici, Barère fait lecture de plusieurs lettres écrites de Schoneberg, sous la date des 11 et 12 frimaire. Elles sont adressées par les repré¬ sentants du peuple près l’armée de la Moselle, Soubrany et Richaud; elles contiennent les dé¬ tails d’une affaire qui a eu lieu entre les troupes & (1) Journal des Débals et des Décrets (frimaire an II; n° 444, p. 226).