[Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. f novembre 17931 385 que la municipalité de cette ville, premier can¬ ton de ce district, a déjà acheté quatre beaux et bons chevaux; qu’elle s’occupe de l’achat de deux autres et des équipements nécessaires, et que ses cloches sont prêtes à être converties en canons. Son exemple, nous l’espérons, sera, d’a¬ près nos stimulations pressantes, suivi dans tout notre arrondissement. « Vos lois sur les subsistances et le maximum des denrées et marchandises ont ici tout l’effet que vous en attendiez. Les gens suspects sont en état d’arrestation. Les mandements de la con¬ tribution foncière de 1793 sont envoyés aux municipalités ; la confection des rôles va être faite; le recouvrement ne tardera pas. Nous se¬ rions heureux et tranquilles si nous n’avions pas un reste de fanatisme dangereux à combattre. Sans forces, nous nous servons des moyens per¬ suasifs : ci-joint notre proclamation du 1er oc¬ tobre (vieux style) à nos administrés. « Les administrateurs du directoire de J osselin : « Hémon ; Bonnefoy ; Alliot, vice-président ; J.-M.-A. Elie, procureur syndic; Le GIuil-lon; Morel ; Coque, secrétaire. » Les administrateurs du district de J osselin, aux habitants de ce district (1). Frères et amis, Lorsque vous nous avez choisis pour être vos administrateurs,. nous avions votre confiance : si, comme nous le croyons, nous la méritons encore, écoutez notre voix ! Nous allons vous parler le langage simple et facile de la vérité. L’amour de la liberté a fait proscrire la royauté en France; c’est cet amour inné dans tous les citoyens, qui est le fondement, et qui sera le soutien de la République. Avant d’être républicains, qu’étions-nous tous, frères et amis? de vils esclaves de plusieurs tyrans à la fois, les sujets d’un roi et les vassaux des seigneurs. Pour soutenir leur orgueil, leur luxe, leurs voluptés, il nous fallait tout sacrifier. C’était pour eux que nous courbions la tête sous le poids excessif du travail. Nos richesses tom¬ baient dans leur coffres comme dans un gouffre; rien n’en sortait que pour leurs plaisirs, ou pour cacher leurs crimes. La volonté du premier était la loi suprême : tous les emplois brillants et lu¬ cratifs étaient pour les seconds. Si le premier nous armait, c’était pour ses querelles particu¬ lières; nous versions notre sang sans en savoir le motif; il servait de ciment au trône, et le trône nous écrasait. Nous étions commandés par les nobles seuls, et les cadavres des malheureux soldats formaient le marchepied de leur avan¬ cement. Aj Nous avons enfin senti la pesanteur de nos chaînes; nous les avons secouées, nous les avons brisées ; la révolution s’est faite, le grand tyran est tombé sous le glaive de la loi; les tyranneaux ont fui en foule; le régime féodal s’est écroulé de fond en comble. Nous sommes régénérés, frères et amis. Nous sommes actuellement des hommes, et des hommes fibres. Maintenons -nous dans cet état heureux d’affranchissement. Tenons-nous tous en garde contre les insinuations scélérates (1) Archives nationales , carton C 279, dossier 751. lre SÉRIE. T. LXXVIII. de nos ennemis communs ! nous en avons encore parmi nous.. Il en est qui se sont rangés sous le signe tricolore de l’égalité pour mieux nous séduire. Fixez-les d’un œil ferme, vous vous apercevrez aisément que le niveau les gêne. Ëcoutez-les attentivement, à leurs propos étu¬ diés vous connaîtrez bientôt leur perfidie. Ils ne vous parlent jamais que de vos droits, mais ils vous entretiennent de vos devoirs, de vos obligations, pour vous en dégoûter; il les exa¬ gèrent par gradation; ils se couvrent surtout du voile de la religion qu’ils se faisaient gloire auparavant de mépriser pour mieux s’insinuer dans votre esprit. C’est ainsi que l’aristocratie, qui sait se contortionner de mille manières, est parvenue à soulever les malheureux habitants de la Vendée : instruments dé sa rage, ils en seront les victimes. Pour vous préserver de suggestions aussi as¬ tucieuses et qui vous deviendraient aussi fu¬ nestes, souvenez-vous toujours que la vertu seule met de la différence entre les hommes, et qu’elle ne distinguait pas les ci-devant nobles. Songez à vos droits, ils sont naturels et imprescripti¬ bles, ils sont l’égalité, la liberté, la sûreté, la propriété, l’admission aux emplois pu mies, etc. Refisez-en la sublime déclaration en tête de notre chère Constitution; en remplissant vos devoirs, vos obligations envers la patrie, rappelez-vous que les corvées des grands chemins, celles sei¬ gneuriales, les devoirs onéreux et risibles de la vassalité, les dîmes, les banalités, les rentes féo¬ dales et tous les abus du même genre sont à jamais anéantis; qu’il vous est permis de détruire le gibier qui dévorerait vos moissons, de vous amuser à la pêche, de partager les communaux ; sachez que la religion de vos pères n’a pas reçu la moindre atteinte par le nouveau régime, qu’elle est même formellement respectée par la disposition législative du fibre exercice des cul¬ tes; n’oubliez pas que les assignats, que les mal¬ veillants cherchent à discréditer parmi vous, ont une hypothèque bien assurée sur tous les do¬ maines nationaux; apprenez que les dilapida¬ tions d’une cour corrompue et les frais d’une guerre injuste qu’elle nous a suscitée, sont la cause de rétablissement et de la circulation de cette nouvelle monnaie que la sagesse de nos législateurs saura faire disparaître lorsque la paix nous fera goûter ses douceurs. Nous pou¬ vons l’obtenir promptement, cette paix si dési¬ rable : levons -nous ! Écrasons les tyrans qui veulent nous asservir. Pourrions -nous balancer un instant à les terrasser? Frères et amis, souffririez-vous dans vos mé¬ nages des voisins ridicules et fâcheux, qui vou¬ draient absolument que vous vous y compor¬ tassiez comme ils agissent dans le leur?Non, sans doute, vous les en expulseriez par la force. Eh bien ! nos chers amis, les tyrans de l’Europe qui nous font la guerre sont des voisins f⬠cheux, ils veulent que nous nous régissions à leur mode, et nous, peuple français, nous vou¬ lons nous conduire à la nôtre. Que la fureur républicaine nous anime donc contre ces mons¬ tres qui veulent nous subjuguer; que le moindre fer nous�arme; notre liberté est certaine et notre félicité sera bientôt consolidée. Que notre jeu¬ nesse marche la première, la Convention lui ac¬ corde cet honneur; il n’est pas un vrai répu¬ blicain qui ne l’envie. Pour subvenir aux frais de cet armement ter¬ rible et nécessaire, hâtons -nous de payer nos contributions ! Autrefois, les impôts tournaient 25 386 [Convention nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. { 15 brumaire an il 1 J 1 b novembre 1793 au profit du crime monarchique; aujourd’hui, les contributions tombent. dans la caisse natio¬ nale; elles servent à la paye de nos troupes, elles fournissent des secours aux familles pau¬ vres des défenseurs de la République, aux en¬ fants naturels de la patrie, aux vieillards et aux indigents; elles réparent les pertes que les dé¬ partements éprouvent par des grêles, des in¬ cendies, des inondations et autres accidents im¬ prévus, provenant de l’intempérie des saisons; elles pourvoiront à l'établissement des greniers d’abondance dans chaque district, où les citoyens qui auront besoin d’une avance en grains pour leur subsistance la trouveront à crédit sur un bon de leur municipalité; elles sont enfin les revenus de la grande famille, dont le bonheur est le but d’un gouvernement démocratique. Ne prêtez plus l’oreille, frères et amis, aux critiques adroites que vos ennemis, d’autant plus dangereux qu’ils savent se déguiser sous les ap¬ parences du patriotisme, font des décrets mûris par la sagesse de vos représentants, celui sur les subsistances surtout est marqué au coin d’une prudence consommée, de l’amour parfait du peuple. La fixation du prix des grains, farines et fourftiges dans toute l’étendue de la Répu¬ blique, est suivie de celle de toutes les autres denrées de première nécessité. L’excès du luxe a toujours été la cause de la décadence des em¬ pires; une heureuse médiocrité les consolide. Nos législateurs veulent cette heureuse médio¬ crité pour la République. Frères et amis, nous sommes les maîtres d’as¬ surer notre tranquillité, de jouir d’un bonheur perdurable ; surveillons, dénonçons tous les gens suspects ! Soyons unis : rallions-nous fermement à la Convention; que ses lois soient notre bous¬ sole, nous mouillerons au port de la paix. Fait en directoire, à Josselin, en séance pu¬ blique et permanente, le 1er octobre 1793, l’an II de la République française une et indivisible. Signé : Alliot, vice-président; Morel; Hé-mon; Bonnefoy; J.-M.-A. Elle, procureur syndic ; Coque, secrétaire. Le maire de la commune de Dourdan fait pas¬ ser à la Convention nationale copie du procès-verbal de la réorganisation des autorités consti¬ tuées de cette commune, opérée par le représen¬ tant du peuple Couturier. Le procès-verbal con¬ tient aussi l’invitation des autorités constituées à la Convention nationale de rester à son poste, jusqu’à ce que les ennemis de la République soient terrassés. Mention honorable, insertion au « Bulle¬ tin » (1). : Copie du procès-verbal relatif au renouvellement des autorités constituées de la ville de Dour¬ dan (2). Ce jourd’hui lundi sept octobre mil sept cent quatre vingt-treize, l’an deuxième de la Répu¬ blique une et indivisible, les représentants du peuple Robin, Besson et Couturier, répartis par la Convention nationale pour la surveillance de la vente des effets de la liste civile, ayant les (1) Procès-verbaux de la Convenlion, t. 24, p. 336. (2) Archives nationales, carton C 279, dossier 751. mêmes pouvoirs que les autres commissaires près les armées de la République, informés que les membres qui composent les autorités cons¬ tituées du district de Dourdan ne jouissent pas de la plénitude de la confiance des patriotes si nécessaire dans les circonstances difficiles où nous nous trouvons, ont unanimement arrêté, le jour d’hier, que le citoyen Couturier se trans¬ porterait dans tous les points du district où il était instant de régénérer les autorités consti¬ tuées, et par là de revivifier l’esprit public. En conséquence, j’ai Jean-Pierre Couturier* député à la Convention nationale, l’un des membres de la Commission repartie à Ram¬ bouillet, me suis rendu dès hier soir audit Dour¬ dan, où étant, j’ai requis le procureur syndic du district de faire convoquer toutes les auto¬ rités constituées de la ville à ce jourd’hui huit heures du matin. M’étant transporté à neuf heures dans la salle du conseil de l’administra¬ tion du district, j’ai trouvé tous les corps cons¬ titués assemblés. La séance s’est ouverte par un discours patriotique que je lui ai tenu et par la lecture de l’arrêté de la Commission susdaté, de suite par des discussions sur la situation poli¬ tique desdits corps, d’où il est résulté qu’il n’existait pas maintenant de Société populaire dans ladite ville, qu’il est instant de destituer l’administration du district, le conseil général de la commune et le comité de sûreté générale de ladite ville; que, quant au comité de surveil¬ lance, il devait encore subsister provisoirement, et que finalement il serait bon de faire exécuter dans le jour le décret du vingt-trois juillet der¬ nier, concernant les cloches. A quoi procédant, j’ai déclaré, au nom de la loi, que l’administra¬ tion du district, le conseil général de la com¬ mune et le comité de sûreté générale étaient dès ce moment destitués. J’ai ensuite fait don¬ ner lecture des noms des citoyens destinés à la nouvelle création des mêmes corps, lesquels j’ai soumis à la censure de toute l’assemblée qui était très nombreuse. Cette lecture, bien loin d’éprouver des oppositions, fut couverte par un applaudissement général. Après quoi des ci¬ toyens se sont présentés en grand nombre et ont manifesté le désir de concourir à la forma¬ tion d’une Société populaire, que j’ai en consé¬ quence arrêtée ; la liste des citoyens signataires a été à l’instant terminée, et sur ce que l’as¬ semblée parut vivement désirer que l’organisa¬ tion s’en fît ce soir, que je la présidasse, et que 3e citoyen Charpentier, administrateur du direc¬ toire du département, présent, remplît provi¬ soirement les fonctions de secrétaire. J’ai fixé cette réunion à ce jourd’hui cinq heures de relevée, ensuite j’ai proclamé, aux applaudissements réitérés de : Vive la Bépu-blique ! Vive la Convention nationale ! la nou¬ velle formation de l’administration du district, du conseil général de la commune et du comité de sûreté générale ainsi qu’il suit : Directoire du district. Binois, ancien procureur syndic, procureur syndic ; Raguidan, ancien administrateur, admi¬ nistrateur; Savouré fils, idem; Stourn et Mi-chard. fl C Conseil de district. La Montagne, Fargis, Horeau père, Besnard, Dumesnil, Robineau, Lecomte, Flabbée fils.