Séance du 16 vendémiaire an III (mardi 7 octobre 1794) Présidence d’André DUMONT 1 La séance est ouverte par la lecture de la correspondance. La société populaire de Marseille [Bouches-du-Rhône], régénérée, écrit à la Convention nationale : « Il n’est plus, ce colosse monstrueux, cette hydre épouvantable, cette détestable coalition anti-populaire. Votre décret du 5 des sans-culottides lui a porté le coup de la mort. Grâces éternelles vous soient rendues, représentans : encore une fois votre énergie a sauvé le Midi. Veillez autour de vous, législateurs, comme vos dignes délégués veillent à la sûreté des départemens que vous leur avez confiés; c’est à la sagacité de ceux que vous nous avez envoyés, c’est à leur énergie, à leur courage héroïque que nous devons le jour heureux de notre régénération ». Mention honorable, insertion au bulletin, et envoi à toutes les communes de la République (1). Un secrétaire lit l’adresse suivante : [La société populaire de Marseille régénérée, à la Convention nationale, s. d.] (2). Représentants, Il n’est plus, ce colosse monstrueux, cet hydre épouvantable, cette détestable coallition anti-populaire : votre décret du cinq des sans-culottides lui a porté le coup de la mort, et son agonie convulsive n’a servi qu’à manifester ses projets liberticides, l’atrocité de ses moyens, et à découvrir aux yeux d’un Peuple bon, vertueux, (1) P.V., XLVII, 1. Ann. R. F., n" 16; C. Eg., n° 780; F. de la Républ., n” 17; Gazette Fr., n° 1010; J. Fr., n° 742; F. de la Républ., n“ 17 ; J. Mont., n° 161 ; J. Perlet, n” 744 ; Mess. Soir, n 780; M. U., XLIV, 258-259; Rép., n" 17. (2) C 322, pl. 1352, p. 14. Débats, n” 746, 258-260; Moniteur, XXII, 174-175 ; Bull., 16 vend. ; J. Paris, n' 17. mais comprimé, la conspiration la plus noire, la trame la plus odieuse que des monstres prêts à être découverts puissent enfanter dans leur désespoir déhrant. Grâces étemelles vous soyent rendues, Représentants! Encore une fois votre énergie a sauvé le midi à la Répubbque ; encore une fois vous préparez de nouveaux triomphes à nos frères d’armes, en étouffant dans l’intérieur les factions scélérates et fédéralistes, qui n’avoient aidé la Révolution que pour s’arroger la puissance du peuple, qui ne voyoient la République que dans eux, le gouvernement, que dans leurs mains, et la nation dans les assemblées révoltées, d’où ils expulsoient les hommes énergiques qui pouvoient les démasquer, et arracher le Peuple de l'erreur dans laquelle ils avoient soin de l’entretenir. Veillez autour de vous, Législateurs, comme vos dignes délégués veillent à la sûreté des départemens que vous leur avez confié : c’est à la sagacité de ceux que vous avez envoyés, c’est à leur énergie, à leur courage héroïque, que nous devons le jour bienheureux de notre régénération : Si, foibles, ils balancent un moment entre leur vie et leur devoir, ils tomboient sous les coups meurtriers des assassins qui les entou-roient, et Marseille disparaissoit du sol de la Répubbque. Ils ont bravé le fer homicide, aidés du commandant de la place, de la brave garnison qui est dans nos murs, des autorités épurées et des bons citoyens, ils ont terrassé les scélérats, et les Marseillois les livreront sans pitié, comme sans miséricorde, à la vengeance nationale qui les attend. Mais, Représentants, l’arbre conspirateur n’est qu’élagué, ses racines sont profondes, et ne détruire que ses ramifications, ce seroit ne donner que plus de force au tronc. Sauvez le Peuple, Représentants, arrachez le masque à tous les perfides, prémunissez les bons citoyens de Paris contre le poison de la révolte que l’on cherche à faire circuler dans toute la République! Terrassez ces insolents dominateurs qui voudroient créer une puissance à côté de la représentation nationale, qui, au nom du Peuple, qui ne les connoit que par leur audace 360 ARCHIVES PARLEMENTAIRES - CONVENTION NATIONALE et leur immoralité, voudroient dicter des lois et usurper le pouvoir qui réside en vos mains. Le Peuple, qui vous l’a confié, veut que vous l’exerciez seuls et sans influence, il attend tout de ses représentants et c’est à leur énergie, à leur courage, à leur vertu républicaine à le sauver de la nouvelle tyrannie qui le menace. C’est vous, Représentants, qui devez extirper jusques aux dernières racines des factions conspiratrices qui voudroient encore désoler la France. Pour nous, entièrement dévoués à la Convention, nous n’aurons d’autre sollicitude que celle de sa sûreté, d’autre centre d’union, qu’elle, d’autre pouvoir à reconnoître que ceux qui en émaneront. Ses décrets, les arrêtés de ses délégués seront pour nous sacrés, et ce sera dans cette source pure que nous puiserons la règle de notre conduite, et nous resterons debout tant que le pouvoir suprême qui réside en vos mains sera menacé et méconnu par de vils intrigants, par d’audacieux dominateurs. Et que l’aristocratie ni le modérantisme ne pensent pas à empoisonner notre bonheur, nous surveillons tous les ennemis du Peuple, et pourroient-ils se flatter d’échapper à l’oeil vigilant du patriotisme épuré? Non, Représentants, tous les coupables, quelles que soient leurs fonctions, doivent être livrés à la justice ; la justice est la sauvegarde des principes et c’est d’elle que le Peuple français attend son bonheur et sa sûreté. Besson, président, Roumieu, secrétaire, et 7 pages de signatures. Cette adresse est vivement applaudie. Plusieurs voix : La mention honorable et l’insertion au bulletin! CAMBOULAS : Comme cette adresse contient le code le plus parfait des principes que professe la Convention, des principes du gouvernement révolutionnaire, et comme il est instant que la République et sur-tout les départemens du Midi agités par les agens sortis du nouveau gouffre contre-révolutionnaire qu’on vient de détruire, soient éclairés, je demande non-seulement la mention honorable et l’insertion au bulletin, mais aussi que cette adresse soit imprimée séparément en placard et affichée dans toutes les commîmes de la République. On applaudit. Un membre observe que l’insertion au bulletin remplit le but du préopinant; que cette adresse, par ce moyen, sera affichée dans toutes les communes; que les placards ne seroient qu’une dépense inutile, un moyen superflu. L’assemblée décrète la mention honorable et l’insertion au bulletin (3). 2 La société régénérée des amis de la constitution de 1793, les officiers munici-(3) Moniteur, XXII, 175; Débats, n° 746, 260; Ann. Patr., n' 644; F. de la Républ., n° 17. paux, notables, le comité de surveillance, le juge de paix et greffier de la commune de Beauvais, ci-devant Saint-Barthélémy [Lot-et-Garonne], félicitent la Convention nationale pour l’énergie qu’elle a déployée contre le tyran Robespierre ; ils jurent de n’être fidèles qu’aux principes et à la masse entière de la Convention. Mention honorable, et renvoi au comité de Sûreté générale (4). 3 La société populaire de Vannes [Morbihan] témoigne l’indignation et l’horreur dont elle a été pénétrée, en apprenant que des scélérats cherchent à rivaliser l’autorité nationale. Toujours fidèles à nos principes, écrivent ces républicains, notre cri de ralliement sera sans cesse : confiance en la Convention nationale, union dans son sein, force au gouvernement révolutionnaire, protection aux patriotes, mort aux tyrans, aux intrigans, aux voleurs publics, aux scélérats de toute espèce. Mention honorable, insertion au bulletin (5). 4 Les administrateurs du district de Niort [Deux-Sèvres] écrivent à la Convention nationale : le hasard nous a placés sur les frontières de la Vendée, mais un tel voisinage n’a point refroidi la chaleur de notre patriotisme ; exalté, au contraire, par le tableau des horreurs commises par les ennemis de la révolution, par le sang de nos frères que nous avons vu couler en combattant les rebelles, il se fronce devant la tyrannie, et menace de briser, dans sa réaction, le trône abominable sur lequel elle voudroit fonder sa puissance. Mention honorable, insertion au bulletin (6). [ Les administrateurs du district de Niort à la Convention nationale, s. d.] (7) Liberté, Egalité, Fraternité ou la mort Unité et indivisibilité de la République (4) P.-V., XLVII, 2. F. de la Républ., n° 17 ; J. Mont., n' 161. (5) P.-V., XLVII, 2. Voir n° 62. Bull., 24 vend, (suppl.); Gazette Fr., n° 1010. (6) P.-V., XLVII, 2. Bull., 17 vend. ; Ann. Patr., n” 647 ; F. de la Républ., n° 17 ; Gazette Fr., n° 1010; J. Fr., n' 742; M. U., XLIV, 248. (7) C 321, pl. 1345, p. 17.