[Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES. [8 septembre 1T91.] Peut-être pensera-t-elle que, quoique ce décret ait été sollicité par M. de Moreton lui-même, la tenue du conseil de guerre a donné lieu à quelques incul pations qui peuvent exiger un j ugement. Si l’Assemblée nationale le décidait ainsi, je me permettrais d’observer que ce qui a empêché le conseil de guerre de Toul de conduire l’affaire de M. de Morelon à sa fin, c’est qu’à peine les membres nommés en prenaient connaissance, qu’ils donnaient leur démission. J’y ai successivement appelé tous les officiers que M. de Moreton avait désignés lui-même, et j’en ai éprouvé de semblables refus ; les événements de la fin de juin ont suspendu de nouvelles tentatives à cet égard. Mais, comme il n’y a pas maintenant de raison d’espérer, de la part des officiers, plus de dispositions pour accepter d’être membres de ce conseil de guerre; que d'ailleurs les conseils de guerre sont supprimés par les décrets, je ne verrais d’autre parti à prendre que celui que j’ai déjà proposé, de convertir le conseil de guerre en une cour martiale. « Je suis, avec respect, Monsieur le Président, votre très humble et obéissant serviteur. « Duport ail. » (L’Assemblée ordonne l’impression de cette lettre et en décrète le renvoi au comité militaire.) M. Males, au nom des comités de Constitution et des rapports, présente un projet de décret tendant à approuver quelques formes testamentaires en usage pour les notaires dans le département de Rhône-et-Loire ; il s'exprime ainsi : Messieurs, en appelant votre attention sur la manière dont les notaires des ci-devant provinces de Vivarais, Forez, Lyonnais et Beaujolais ont exécuté jusqu’à présent quelques dispositions de l’ordonnance de 1735, concernant les testaments et autres actes de dernière volonté, vos comités de Constitution et des rapports ne font que vous porter le vœu pressant des électeurs assemblés en 1789 à Viileneuve-de-Berg, et celui des administrateurs du département de Rbône-et-Loire et de la municipalité de Lyon. Voici ce dont il s’agit : L’article 4 de l’ordonnance de 1735 exige que celui qui fait son testament le signe, et qu’en cas qu’il déclare qu’il ne sait ou ne peut signer, il en soit fait mention. Le même ariicle et quelques autres exigent aussi la signature de tous les témoins et l’article 65 ne fuit exception à cet égard, en faveur des testaments faits à la campagne dans les pays où il est besoin de plus de 2 témoins, qu’à condition qu’il y en aura toujours 2 au moins qui signeront, et qu’à l'égard des autres qui ne sauront ou ne pourront signer, il seia fait mention qu’ils ont été présents et ont déclaré ne savoir ou ne pouvoir signer. Les lois antérieures du royaume et les édits des anciens princes de Dombes avaient prescrit la même condition et les mêmes formalités; de façon que les notaires de Dombes et ceux des pays de Vivarais, Lyonnais, Forez et Beaujolais n’aperçevant dans l’ordonnauce de 1735 l’introduction d’aucune règle nouvelle pour cette partie de leurs a< tes, ont continué d’y employer le même mode de rédaction jusqu’à ce qu’un arrêt du parlement de Paris, reudu entre particuliers, et contraire, dit-on, à des décisions précédentes, est venu en 1777 leur apprendre qu’elle éi ait insuffisante, et menacer ainsi de nullité tous les testaments faits pendant plus de 30 ans. Cet arrêt connu de quelques notaires des villes les a fait aussitôt changer de style; mais le plus grand nombre qui l’ignorait, mais les notaires des campagnes surtout ont continué de suivre leur usage. Cependant peu à peu la chicane s’est éveillée; tous les ardélions du pays se sont empressés de fureter les dépôts des notaires; ils entamaient les procès par centaine, lorsqu’une déclaration donnée par le roi le 25 janvier 1781 leur a fait quitter prise dans les Dombes ; des lettres patentes du 4 mai 1787 les ont également déjoués dans le Franc-Lyonnais; les habitants des ci-devant provinces de Vivarais, Lyonnais, Forez et Beaujolais réclament aujourd’hui de l’Assemblée nationale un pareil acte de justice, et vos comités ont d’autant moins hésité de vous le proposer, que, dans leur opinion, la formule employée par les notaires de ces provinces leur a paru satisfaire p'einement le vœu de l’ordonnance de 1735, et qu’il est probable que, sans l’arrêt mauvais ou mal appliqué de 1777, aucun jurisconsulte, ou du moins aucun tribunal ne s’y serait permis d’accueillir une querelle qui ne porte que sur un jeu de mots. Voici le projet de décret que vos comités vous proposent : « L’Assemblée nationale, après avoir entendu le rapport de ses comités de Constitution et des rapports, sur les observations et réclamations des électeurs assemblés, en 1789, à Villeneuve-de-Berg, et sur celles du directoire du département de Rhône-et-Loire et de la municipalité de Lyon ; « Décrète que les testaments et autres actes de dernière volonté reçus, jusqu’à la publication du présent décret, par les notaires des ci-devant provinces de Vivarais, Lyonnais, Forez et Beaujolais, dans lesquels les notaires se seraient bornés à énoncer l’impossibilité ou Ujgnorance des testateurs ou des témoins, de signer, sans faire mention formelle que lesdits testateurs ou témoins ont déclaré ne le savoir ou pouvoir faire, ou ne savoir ou pouvoir écrire, ne pourront être, sous ce prétexte, attaqués de nullité en justice; valide, à cet effet, lesdits t staments et autres actes de dernière volonté, en ce qui concerne ladite omission ; défend aux tribunaux d’avoir égard aux demandes déjà formées, ou qui pourraient l’être par la suite, à fin d’en faire prononcer la nullité, sans préjudice, néanmoins, de l’exécution des jugements rendus en dernier ressort, ou passés en force de chose jugée, avant la publication du présent décret, et sans préjudice également aux parties de leur action pour raison des frais faits dans les demandes formées et non jugées avant ladite publication. « Décrète, en outre, qu’à l’avenir, dans les testaments et autres actes de dernière volonté que les notaires recevront, lorsque les testateurs ou les témoins ne sauront ou ne pourront signer, lesdits notaires seront tenus de faire mention formelle de la réquisition par eux faite aux testateurs ou témoins, de signer, et de leur déclaration ou réponse de ne pouvoir ou savoir signer ; le tout à peine de nullité des testaments et autres actes de dernière volonté, dans lesquels ladite mention aurait été omise. » M. Treilhard. Il vaudrait mieux dire tout simplement que les testaments reçus suivant l’usage de la principauté de Dombes continueront d’être reçus suivant cet usage dans les pays [Assemblée nationale.] ARCHIVES PARLEMENTAIRES, [8 septembre 1791.] désigné, et que ces actes ne pourront être argués de nullité. (Le projet de décret présenté parM. Malès est mis aux voix et adopté.) M. le Président. Voici une adresse des citoyens de Saint-Malo, relative à votre décret du 15 mai ; comme celte matière est très délicate et que l’adresse est très longue, je crois qu’il convient de la renvoyer au comité colonial. ( Marques d’assentiment .) M. de Croix. Il est bon de la lire pour mieux connaître l’opinion générale. (Murmures.) M. Treilhard. Je demande le renvoi; le comité rendra compte de toutes ces adresses. Il est inutile de jeter une pomme de discorde dans l’Assemblée' toutes les fois qu’il plaît à quelqu’un de nous présenter des adresses sur cet objet. M. de Curt.. C’est un despotisme ! Il faut tout lire. Voix nombreuses : Allons donc! le renvoi. (L’Assemblée ordonne le renvoi de l’adresse des citoyens de Saint-Malo au, comité colonial.) M. Gossiu fait lecture d’une adresse des administrateurs composant le directoire du département de la Meuse , ainsi conçue : « Bar-le-Duc, le 4 septembre 1791. « Messieurs, « Nous nous faisons gloire de vous instruire de l’embarras satisfaisant où nous jette le zèle de nos jeunes concitoyens empressés à se ranger sous les drapeaux de la patrie. « Placés entre le nombre des gardes nationales volontaires que le décret du 28 juillet détermine pour notre département, et le refus obstiné que font ceux qui excèdent ce nombre, de se soumettre à une réduction, nous ne pouvons que vous mettre sous les yeux le tableau de notre position, en vous suppliant de la prendre promptement en considération. « Le décret du 21 juin n’ayant pas fixé le contingent de chaque département, nous nous sommes empressés d’ordonner à nos commissaires de recevoir et d’enrôler tous les hommes de bonne volonté et propres au service, qui se présenteraient; et, en vertu d’un de nos arrêtés, en date du 25 du mois dernier, et des ordres subséquents que nous avons donnés en conséquence, plusieurs de ces commissaires se sont rendus, les 1er et 2 du présent mois, à Verdun, avec les volontaires qu’ils avaient formés en compagnies dans leurs districts respectifs pour les former en bataillons. « Le district de Verdun ayant fourni seul un bataillon, il n’en reste plus à former que deux qui doivent être pris dans le nombre d’hommes que présenteront les autres districts ; ,et ce nombre, qui ne devrait se porter qu’à 1,148, s’élève à 2,450, tous résolus à servir, et refusant constamment de se rendre à la réduction fixée par le décret. « Dans cette position embarrassante, et en attendant vos ordres, nous avons arrêté que la marche des volontaires des districts de Commercy et deGondrecour, au nombre de 800, qui sont en route pour se rendre à Verdun, serait suspendue, et que ces hommes resteraient à Saint-Mihiel jusqu’à nouvel ordre; que les hommes déjà rassemblés à Verdun y seraient formés en bataillon; que ceux qui excéderaient le nombre nécessaire pour 1- Série. T. XXX. m les deux bataillons qu’il nous reste à fournir, resteraient aussi, jusqu’à nouvel ordre, à Verdun, et que l’étape et le logement leur seront fournis dans l’une et l’autre ville, jusqu’à ce que vous ayez fait parvenir vos intentions sur le parti que nous avons à prendre. « Nous avons l’honneur de vous envoyer la copie de cet arrêté et celle d’une lettre qui nous a été écrite à ce sujet par les commissaires du dépar tement. « Daignez, Messieurs, nous vous en prions instamment, accueillir avecbontélezèle de nos jeunes concitoyens, et la demande que nous vous faisons d’augmenter en leur faveur le nombre des bataillons répartis à notre département. « Veuillez bien aussi, Messieurs, prendre à cet égard une détermination très prompte pour diminuer les frais qu’occasionne à l’Etat ce rassemblement considérable d’hommes à Saint-Mihiel et à Verdun, et ne pas perdre de vue que le salut de la patrie sollicite des forces importâmes et dirigées par l’amour de la Constitution. « Nous sommes, etc. « Signé : Les administrateurs du département de la Meuse. » (L’Assemblée applaudit au patriotisme dont sont animés les citoyens du département de la Meuse et ordonne qu’il en sera fait mention honorable dans le procès-verbal.) M. Goupil-Préfeln. Je demande que l’arrêté et l’adresse du département de la Meuse soient renvoyés au pouvoir exécutif et que M. le Président soit chargé d’écrire aux citoyens armés actuellement à Saint-Mihiel et à Verdun, pour leur témoigner toute la satisfaction que l’Assemblée nationale a éprouvée de leur patriotisme et pour les en féliciter. ( Applaudissements .) M. Bouche. Je demande qu’en écrivant à ces jeunes citoyens pour les féliciter de leur zèle, M. le Président insère dans sa lettre une phrase pour les engager à se rendre aux ordres qui seront donnés en conséquence des décrets relatifs à l’organisation et formation des gardes nationales destinées à défendre la patrie sur les frontières du royaume. (Les propositions de MM. Goupil-Préfeln et Bouche sont mises aux voix et adoptées.) M. le Président annonce que : 1° M. de Resicoui't, officier du génie , employé à Saint-Omer , auteur de divers ouvrages patriotiques sur l’éducation publique, dont il a fait hommage à la nation, offre à l’Assemblée un assignat de 80 livres pour l’entretien des gardes nationales des frontières. ( Applaudissements .) 2° Les commis du district de Lesneven offrent une somme de 124 livres pour le même objet, laquelle somme se prendra en déduisant un sol pour livre de leurs appointements. (Applaudissements.) M. Duport, au nom du comité de Constitution - Messieurs, il se perçoit, sur la Saône, un droit connu sous le nom de « droit de Saône » : il s’est élevé des difficultés pour savoir si ce droit avait été supprimé par vos décrets. Le comité de Constitution propose le décret suivant : « Sur ce qui a été représenté à l’Assemblée nationale que la perception des octrois de la Saône avait élé perpétuée jusqu’à ce jour, sous le prétexte que leur suppression n’avait pas été 19