-j 4g �Assemblée nationale.] ARCHIVES Pi* et le gré des intéressés, cet utile établissement en un plus utile encore, sous le nom de Banque nationale ; 5° Que vous rendiez sans délai les décrets nécessaires pour arrêter, par tous les moyens en votre pouvoir, le dépérissement des revenus, et que vous examiniez avec soin les circonstances qui s’opposent à l’action des lois et à l’exercice du pouvoir exécutif, afin d’y porter de toutes vos forces le remède le .plus immédiat. Voilà, Messieurs; entre beaucoup de dispositions intéressantes pour les finances, celles qui sont les plus importantes ; et il me semble qu’après vous en être occupés efficacement, vous pourriez revenir à vos autres discussions importantes avec plus de repos et de sécurité. Vos travaux sur la Constitution sont avancés, et tout semble déjà préparé pour assurer à la nation les dispositions qui forment l’objet de ses vœux; vous ne pouvez plus craindre de vous écarter de l’esprit de vos instructions, en vous occupant efficacement des moyens propres à fonder la confiance sur des bases durables, et en déterminant la mesure et le genre des secours qui seront nécessaires au réta-. blissement de l’ordre. D’ailleurs, est-il besoin de le dire? sont-ce des considérations personnelles ou particulières qui engagent le Roi à vous solliciter d’adopter sans retard les dispositions auxquelles il vous invite ; et la nation qui vous a choisis pour représentants n’a-t-elle pas l’intérêt le plus éminent à prévenir le désordre et la subversion des fortunes? Qui peut en prévoir les effets, qui peut en calculer les suites? Examinez-les au dedans du royaume, considérez-les au dehors ; voyez leurs rapports immenses avec tout, avec la tranquillité publique , avec les subsistances, avec le bonheur, avec la force, avec les diverses circonstances générales et particulières auxquelles l’argent aboutit, et vous me dispenserez, sans doute, de vous faire le triste et déplorable tableau des malheurs qui seraient inévitables, si par des mesures grandes et vigoureuses vous ne veniez pas nous prêter secours, si vous ne veniez pas soutenir ce rocher chancelant, dont le Roi seul, depuis si longtemps, retient et suspend la chute, mais dont l’inclinaison journalière touche à son dernier terme et nous menace tous. Certes, Messieurs, c’est enfin votre affaire et votre grande affaire ; ce n’est pas, je ne puis trop le dire, ce n’est pas sur des décombres et au milieu des clameurs de tous les citoyens, que vous éleverez solidement l’édifice de notre bonheur : la vie est trop courte, les pensées des hommes sont trop circonscrites pour qu’on puisse leur offrir, en dédommagement de leurs maux, la satisfaction incertaine des générations suivantes. Il faut donc unir tout ensemble, l’avenir et le présent , les spéculations et les réalités , la libéralité des principes et la justice pratique et positive, le ménagement des espérances et la garantie de ce qu’on possède, enfin l’estime de la liberté, et le soin continuel de l’ordre public. Je dois mettre au rang des dispositions importantes pour le crédit, la recherche instante et la détermination des moyens propres à mettre une fin à toutes ces terreurs, qui chaque jour éloignent de la France un nombre étonnant de citoyens; émigration qui diminue notre numéraire, et qui fera bientôt de la capitale du royaume un lieu de réunion d’ouvriers sans salaires, et d'hommes industrieux sans occupation. Je me suis réservé de finir par une observation importante : il me semble que vous devez être offensés pour l’honneur de la France, qu’après LEMENTAIRES. [24 septembre 1789.] avoir fait, il y a si peu de temps, une déclaration authentique de la protection que vous accordiez .aux créanciers de l’Etat, et de la résolution où vous étiez de ne soumettre jamais à aucune retenue le payement des intérêts, le crédit n’ait pris aucun accroissement, et se soit même affaibli davantage. Vous ne devez pas supporter plus longtemps que de si justes et de si généreuses intentions m aient pas Fascendant qu’elles méritent. C’est vous-, Messieurs, c’est vous les représentants de la plus grande nation, qui vous êtes expliqués; il faut enfin qu’on vous croie,: mais pour procurer à vos paroles, le respect qui leur appartient, il faut, comme j’ai déjà eu l’honneur de vous le représenter avec force, il faut que ces promesses soient accompagnées de délibérations et de dispositions propres à démontrer réellement et positivement, que par vos soins l’équilibre entre les revenus et les dépenses sera rétabli ; il ne faut pas qu’on entende parler sans cesse d’abolitions ou de diminutions de droits, d’accroissements, de remboursements , de dédommagements nécessaires, et que l’indemnité de ces sacrifices, la balance de ces pertes soient assignées sur des idées générales, sur des ressources vagues, sur le produit confus d’impositions ou d’améliorations dont la mesure et la possibilité restent inconnues. Vous n’empêcherez jamais que l’inquiétude de tous les citoyens sur leur argent, sur leurs revenus, sur leur fortune, n’environne vos travaux, et ne vous suive pas à pas. Répandez donc une tranquillité devenue si pressante et si nécessaire. Ah ! qu’il vous sera beau de relever par un grand effort la-confiance abattue, de garantir l’Etat d’un désordre qui paraît inévitable à tous les yeux, et de rendre à la France cette vigueur intérieure dont on commence à perdre l’espérance, et cette considération politique au dehors, seule capable de la préserver des dangers qui, au milieu de nos fortes distractions, ne sont pas même comptés ; de dangers néanmoins qu'en tous les temps on doit placer au rang des événements possibles, et dans le nombre des motifs qui doivent obliger à s’occuper sérieusement du rétablissement du crédit et de la restauration de l’ordre dans les finances. Vous réunissez, Messieurs, les moyens nécessaires pour remplir ces différents buts, et pour répondre aux besoins de l’Etat : les craintes, les espérances se dirigent vers vous, elles semblent vous environner et comme vous presser de toutes parts; et je n’en doute point, prenant en main les intérêts éminents qui sont en péril , étendant votre sauvegarde sur les fortunes et sur l’honneur national, vous ajouterez cette gloire à celle que vous promettent vos utiles travaux, à celle dont peuvent se flatter, à si juste titre, les généreux citoyens qui, secondant les vues du meilleur des Rois, assureront sur la même base le bonheur des peuples et la liberté publique. M. le Président répond Monsieur, je présenterai à la délibération de l’Assemblée le rapport que vous lui faites de la part du Roi. Quel que soit le malheur des circonstances, la confiance des Français peut encore s’appuyer sur des bases solides : l’Assemblée nationale, Le Roi et , j’ose le dire , le ministre qui a bien mérité de l’un et de l’autre. On demande le dépôt du rapport. Le ministre, en se retirant, promet d’en faire remettre iucessamment copie. Divers orateurs demandent la . parole sur le rapport.