(Convention nationale.] tiques, mais où cependant on trouve mauvais que des autorités, que la force armée ordonnent de déserter les églises, en mettant en arrestation des ministres du culte, à cause de leur qualité seule; des hommes qui, les premiers, ont apporté les dépouilles du culte, ont aussi réclamé; ils ont cédé, dans les premiers moments à l’im¬ pulsion, par amour pour la paix. Je ne dis pas que ces communes soient moins attachées à la liberté qu’à leur culte ; mais enfin elles réclament. Nos ennemis se sont proposé un double but en imprimant ce mouvement violent contre le culte catholique : le premier, de recruter la Vendée, d’aliéner les peuples de la nation fran¬ çaise, et de se servir de la philosophie pour dé¬ truire la liberté; le second, de troubler la tranquillité de l’intérieur, et de donner ainsi plus de force à la coalition de nos ennemis. Je pourrais démontrer jusqu’à l’évidence la conspiration dont je viens de vous montrer les principales bases, si je voulais mettre à nu ceux qui en ont été les premiers agents. Je me contenterai de vous dire qu’à la tête il y a des émissaires de toutes les puissances qui vous font la guerre; qu’il y a des ministres protes¬ tants. Qu’avez-vous à faire dans ces circons¬ tances? Parler en philosophes? Non, mais en législateurs politiques, en hommes sages et éclairés. Vous devez protéger les patriotes contre leurs ennemis; leur indiquer les pièges qu’on leur tend, et vous garder d’inquiéter ceux qui auraient été trompés par des insi¬ nuations perfides; protéger enfin ceux qui veulent un culte qui ne trouble pas la société. Vous devez encore empêcher ces extravagances, oes folies qui coïncident avec les plans de cons¬ piration; il faut corriger les écarts du patrio¬ tisme, mais faites -le avec le ménagement qui est dû à des amis de la liberté, qui ont été un instant égarés. Je demande que vous défendiez aux auto¬ rités particulières de servir nos ennemis par des mesures irréfléchies, et qu’aucune force armée ne puisse s’immiscer dans ce qui appartient aux opinions religieuses, sauf dans le cas où elle serait requise pour des mesures de police. Enfin, je vous propose une mesure digne de la Convention; c’est de rappeler solennelle¬ ment tous les citoyens à l’intérêt public, de les éclairer par vos principes, comme vous les animez par votre exemple, et de les engager à mettre de côté toutes les disputes dangereuses, pour ne s’occuper que du salut de la patrie. Le projet du comité de Salut public présente les mêmes vues. En y réfléchissant, vous sentirez la nécessité d’adopter les mesures que nous vous proposons : si vous ne le faites pas, comptez que les émissaires des cours étrangères profiteront de votre silence pour exécuter leurs projets criminels. Cambon. Vous avez été témoins du mouve¬ ment qui s’est opéré dans les opinions reli¬ gieuses, et vous avez dit : « Nous ne nous mêlerons de rien à cet égard; le peuple est seul son maître. » Eh bien ! vous n’avez pas voulu prononcer votre opinion à cet égard, permettriez-vous donc aujourd’hui, toléreriez-vous que d’autres le fissent, réunis en auto¬ rités constituées? Non, ce serait déplacer la représentation nationale. Vous pouviez, en qualité de représentants du peuple, énoncer son opinion : vous ne l’avez pas fait; nulle autre puissance n’en a le droit. Défendez donc aux autorités constituées, aux communes, à qui 15 frimaire an U 71 3 5 décembre 1793 que ce soit, de déterminer aucun mouvement pour tout ce qui tient aux religions. La Révolution se trouve cependant liée à un - fait que vous devez considérer; Je’ est celui qui a rapport aux prêtres réfractaires ; ceux-là ne peuvent, sans danger pour la Révolution, exercer le culte pendant qu’elle durera. Il faut faire mention de l’exception, mais je ne vois aucun inconvénient à adopter les principes établis par Robespierre. Philippeaux. [Beaucoup de membres sont absents de la séance, parce que l’heure est avancée. Je demande le renvoi des propositions de Robespierre au comité de Salut public, pour les représenter à la Convention dans la séance de demain. Cette proposition est décrétée. X. La Commission populaire établie a Saumur TRANSMET A LA CONVENTION L’ARRÊTÉ PRIS PAR ELLE POUR EXCLURE LES FEMMES QUI ÉTAIENT EN GRAND NOMBRE DANS LES CAN¬ TONNEMENTS de l’armée de l’Ouest (1). Compte rendu du Mercure universel . La Commission populaire établie à Saumur fait passer à la Convention l’arrêté pris par elle, tendant à exclure les femmes qui étaient en grand nombre dans les cantonnements de l’ar¬ mée de l’Ouest. « Ces femmes n’y étaient d’au¬ cune utilité, dit cette Commission ; elles consom¬ maient beaucoup de subsistances et énervaient le courage de nos braves frères d’armes. » La Convention confirme cet arrêté. XI. Adresse de la Société populaire DE LA VILLE DE VlC (2). Compte rendu du Bulletin de la Convention (3). La Société populaire de la ville de Vie demande, par une adresse énergique, l’expulsion des nobles de tous emplois civils et militaires. (1) L’arrêté de la Commission populaire de Saumur n’est pas mentionné au procès-verbal de la séance du 15 frimaire an II; mais on en trouve un extrait dans le compte rendu de cette séance publié par le [Mercure universel [ 16 frimaire an II (vendredi 6 décembre 1793), p. 251, col. 2] et par les Annales patriotiques el littéraires [n° 339 du 16 frimaire an II (vendredi 6 décembre 1793), p. 1536, col. 1]. (2) L’adresse de la Société populaire de Vie n'est pas mentionnée au procès-verbal de la séance du 15 frimaire an II; mais l’extrait que nous donnons est emprunté au Bulletin de la Convention de cette séance. (3) Bulletin de la Convention du 5« jour dé la 2e décade du 3e mois de l’an II (jeudi 5 décembre 1793). ARCHIVES PARLEMENTAIRES, j